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Résumé Le Provencal

du 16 septembre 1973

 

L'O.M. a rempli son contrat !

La supériorité marseillaise jamais contestée par les Luxembourgeois 

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Les commentaires

Une rare leçon de sportivité

LUXEMBOURG - Il n'y a pas de commune mesure entre le football de Luxembourg et celui de France. Même si ce dernier est considéré comme médiocre à l'échelon supérieur, il n'en est pas moins pratiqué par des athlètes de métier avec tout ce que cela implique.

L'après-midi même de la rencontre qui nous occupe, les joueurs du Grand Duché s'étaient rendus au travail comme tous les jours que Dieu fait.

"Pourquoi dérangeraient-ils à leur habitude, devait nous dire leur entraîneur Noerdlinger ? Cela ne ferait que les troubler, les énerver pour rien.

Dans ces conditions, ne pouvait-on s'étonner que la première minute n'étant pas écoulée, l'excellent gardien et capitaine Pletschette ait du s'envolé littéralement pour capter de tir terrible de Skoblar, puis de Kusowski.

Il intervenait ensuite remarquablement sur une tentative vicieuse du grand Bracci, mais extrêmement athlétiques et courageux, ses partenaires ne parvenaient pas à s'organiser pour faire échec aux professionnels marseillais.

 TRAHI PAR LES SIENS

Incapables d'utiliser rationnellement la balle quand ils parvenaient à la maîtriser, commettant de fréquentes erreurs de passes, ses coéquipiers sur une attaque générale de l'O.M. s'affolaient au point que Hardt, le garde du corps de Skoblar ne laissait à personne le soin de loger la balle dans ses propres filets.

Les Luxembourgeois, il faut en convenir, n'avaient vraiment pas besoin de ce coup du sort.

Au bout d'un quart d'heure de jeu, Magnusson réussissait son numéro favori, sur l'aile droite et exécutait un centre au millimètre au profit de Kusowski dont la reprise de plein fouet du gauche ne pardonnait pas.

Dès lors la cause était définitivement entendue et les Marseillais pouvaient en toute quiétude penser à leur match de samedi prochain à Troyes tout en demeurant prudemment à l'abri de tous contacts un peu rudes.

 UNE PARTIE DE CAMPAGNE

Dans le front, c'est à une partie de campagne que nous étions conviés hier soir, par nos aimables voisins. La soirée était douce, le cadre champêtre, la pelouse verte, l'éclairage excellent, et l'accueil, précisons-le bien, en tous points formidables.

Nos amis Luxembourgeois en se mettant en quatre pour nous rendre la vie plus agréable, alors qu'ils pouvaient s'attendre aux pires traitements de la part de nos représentants, nous ont donné par une rare leçon de sportivité, car, avouons-le, nous n'en avons pas l'habitude.

Tout au long de la rencontre fort correcte, le public applaudit sans réticences, aux meilleures actions marseillaises.

Souhaitons à nos amis du Grand Duché, d'être payés de retour, et reçus aussi bien par le public le jour du match que par les organisateurs.

 PAS D'HÉCATOMBE

Menant 3-0 après une demi-heure de jeu, les Marseillais ne forcèrent pas leur talent, se contentant de faire circuler la balle, pratiquement sans contrôle, comme à l'entraînement, recherchant l'ouverture, sans prendre de risques physiques.

C'est de cette façon que Kuszowski, à nouveau rabattu au centre, marqua comme à la parade, réussissant le hat-trick, après que Magnusson ait réalisé un "décalage", en éliminant plusieurs adversaire à la façon des grands trois-quarts de rugby.

Un 5e but marseillais fut très applaudi par le public, car Buigues en pivotant et en logeant de 20 m. de la balle dans la lucarne, réalisa l'un des exploits du match.

Ainsi, à Luxembourg, il n'y eut ni surprise, ni massacre. Les joueurs du Grand Duché n'ont pas signé le "gag du siècle", mais ils ont obtenu le résultat honorable qu'ils espéraient, car cinq buts d'écart entre l'O.M. et l'Union Sportive locale sont vraiment un minimum sur ce que nous avons pu voir hier soir.

Louis DUPIC

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Ils disent

Bonnel :

"Le score mais surtout la manière"

Dans les vestiaires marseillais, dès la fin de la rencontre, joueurs et dirigeants étaient, bien sûr, satisfait de cette première manche gagnée, bien que tous ne soient aperçus que l'adversaire n'était pas de taille.

M. Gallian, le premier, donnait son impression aux nombreux journalistes :

"Je crois qu'on peut se montrer satisfait, nous dit-il, de la partie jouée par nos hommes. Je sais bien que notre adversaire luxembourgeois ne pouvait que nous opposer des arguments d'amateur, mais l'O.M., malgré ce, s'est efforcé de jouer d'une manière plaisante. La balle circulait bien, et, en un mot, toute l'équipe à donner une impression de facilité qu'elle n'a pas toujours eue, il faut bien le dire, depuis l'ouverture de notre championnat."

Nous avons demandé au président s'il pensait que la rencontre serait aussi facile :

"Non, nous a répondu M. Gallian, je m'attendais à beaucoup plus de résistance de la part des Luxembourgeois. Mais peut-être comme je vous le signalais tout à l'heure, c'est parce que nos joueurs ont fourni pour leur compte un match sans reproche".

Joseph Bonnel était en tous points d'accord avec son président :

"Pour moi, nous dit-il, les cinq buts marqués n'ont pas une grande signification. Je peux surtout retenir la manière avec laquelle mes joueurs ont opéré sur le terrain, et, ma foi, je suis bien obligé de reconnaître qu'ils se sont montrés à leur avantage. Je leur avais recommandé de jouer un match sérieux, et surtout de ne pas faire preuve d'une confiance excessive. Mes consignes ont été respectées à la lettre, ce qui me permettra, ce soir, de distribuer des éloges à toute l'équipe".

LA JOIE DU CAPITAINE

FRANCESCHETTI

Du côté des joueurs, nous avons demandé tout d'abord l'opinion d'Antoine Kuszowski, qui avait réussi à marquer trois buts au cours de la rencontre. L'ailier gauche se plaignait d'un coût reçu au mollet.

"Mais, nous dit-il, le mal passe au second plan quand on vient d'obtenir une victoire aussi nette. J'ai réussi à marquer trois buts, et, bien entendu, je le dois à tous mes camarades. Sur la rencontre proprement dite, je dirais que nous avons tous joué de la manière qu'il fallait en faisant circuler le ballon et en imposant notre manière. Si vous voulez, on a pu démontrer dès le début que notre supériorité était bien évidente".

Keruzore, pour sa part, estimait que le premier but inscrit à la 10e minute avait contribué à libérer totalement ses camarades :

"Vous savez, on a beau se persuader que l'adversaire est inférieure, c'est surtout sur le terrain qu'il faut faire différence. Alors, à mon avis, ce but marqué dans les premières minutes a été le bienvenu".

Magnusson, lui non plus, n'était pas mécontent de sa soirée :

"C'est vrai que les Luxembourgeois n'étaient pas de la même valeur que les équipes que nous avons l'habitude de rencontrer en France, mais il n'empêche que l'O.M. a fourni pour sa part une partie sans reproche. Dans ces conditions, le résultat ne pouvait pas faire de doute".

Nous avons interrogé aussi les joueurs de la défense, qui avaient passé une soirée pour le moins confortable :

"Nous n'avons pas encaissé de but, disait Lopez, c'est la preuve que nous avons rempli notre contrat".

"Le principal est fait", ajoutait trésor.

Quant à Bracci, il essayait de situer la valeur de l'adversaire :

"Les Luxembourgeois ont à peu près les mêmes moyens qu'une équipe de 3e Division en France. Mais Joseph Bonnel nous avait demandé, même devant un tel adversaire, de jouer notre jeu habituel. Nous avons suivi les consignes et, ma foi, nous n'avons pas à nous en plaindre."

"Je pensais que ce serait plus difficile, reconnaissait Georges Franceschetti, en sortant de la douche, mais enfin, je crois que cette victoire, bien qu'obtenue devant un adversaire modeste, va contribuer à maintenir notre moral au beau fixe. Maintenant, il ne reste plus qu'à continuer sur cette lancée, et je pense surtout à notre prochaine rencontre de championnat".

Robert Buigues, qui fut lui aussi auteur d'un but magnifique, nous faisait part de sa satisfaction :

"Quel que soit adversaire, ajouté-t-il, c'est toujours agréable de voir trembler les filets".

Quant à Skoblar, nous lui avons fait remarquer qu'il n'avait pu réussir à tromper le gardien luxembourgeois, bien que la tâche des attaquants marseillais fut relativement facile :

"Eh non, répondit Josip, cela arrive quelquefois qu'on manque de réussite. Mais cela n'a pas d'importance, puisque, en fin de compte, l'O.M. a largement gagné".

A signaler que l'avant-centre olympien pensait que la victoire se chiffrait par six à zéro. Nous avons donc été obligés de lui reprendre le compte, ce qui, d'ailleurs, n'a pas enlevé son sourire au bouillant attaquant, pour une fois vraiment détendu.

Jean FERRARA

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Les Luxembourgeois :

"Résultat normal"

Dans le camp luxembourgeois, on ne se faisait pas trop d'illusions sur l'issue de cette rencontre : on n'était pas tellement déçu par la tournure des événements. M. Chiltz, le président, estimait, pour sa part, que la différence entre les deux équipes se reflétait au tableau d'affichage.

M. Noerdlinger, l'entraîneur, essayer de son côté de nous commenter la défaite de ses hommes.

"Il faut, dite nous a-t-il dit, conserver les pieds sur terre. Nous n'avions pas la prétention de rivaliser avec le même et ses vedettes.

"Peut-être le score est-il un peu sévère pour nos garçons, qui se sont bien battus.

"Ils ont eu la malchance d'encaisser le premier but sur une action malheureuse de notre stoppeur Hardt, mais, de toutes façons, ce but marqué contre notre camp n'a pas changé grand-chose au résultat. Les Marseillais étaient vraiment trop forts pour nous".

Nous sommes allés trouver le gardien Pletschette, qui, en quelque sorte, avait été le héros malheureux de la soirée.

"C'est vrai, nous dit-il, que ce premier but marqué par un de nos joueurs contre son camp, nous a donné un sérieux coup au moral. Je reconnais que l'O.M. était capable de nous marquer trois ou quatre autres buts but, mais il faut admettre que nous n'avions pas besoin de ce coup du sort.

"Vous me demandez si je m'attendais à un tel score ? Franchement oui, j'estime même que nous avons limité les dégâts. Le joueur marseillais qui m'a fait le plus impression est Magnusson, dont les dribbles sont vraiment déroutants. Mais je vous le répète, je ne suis pas surpris de la nette victoire des marseillais. J'ai eu d'ailleurs maintes fois l'occasion de suivre quelques-uns de leurs matchs, notamment quand ils se produisaient en Lorraine, et j'avais dit à mes camarades qu'il ne fallait guère se faire d'illusions."

J.F.

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Le fait du match

Trop grande différence de classe

Que faut-il retenir après cette rencontre à sens unique, qui a vu les Marseillais se qualifier pratiquement pour le prochain tour de la Coupe d'Europe de l'U.E.F.A. ?

Eh bien, tout simplement, comme nous l'avions prévu après avoir vu évoluer l'équipe luxembourgeoise, c'est la nette différence de classe qui a dominé les débats. Pour une fois, à l'échelon européen, l'O.M. est tombé sur un adversaire qui, logiquement, ne pouvait nourrir aucune prétention. On doit rendre cette justice à l'équipe olympienne d'avoir rempli son contrat, c'est-à-dire que chacun a joué un match sérieux, sans jamais se laisser aller à la facilité.

D'ailleurs, les dirigeants, qu'il s'agisse du président ou de l'entraîneur Bonnel, n'avaient que des satisfactions à nous rapporter, au sujet de l'ensemble.

On sait que l'O.M. a eu un début de saison plutôt dofficile, et quelquefois devant des équipes qui n'avaient pas son standing. Nous pensons notamment à Bordeaux, Nancy et même Monaco, au cours d'une rencontre amicale de triste mémoire.

Sans doute, forts de l'expérience, les Marseillais ont fait des efforts louables pour se comporter d'une manière beaucoup plus en rapport avec leurs moyens.

Nous reconnaissons que les joueurs de l'Union Sportive de Luxembourg n'étaient pas de taille à rivaliser avec l'équipe de Bonnel, mais les Olympiens, hier soir, sous les yeux de quelque 2.500 spectateurs, ont montré le visage plaisant d'une bonne formation professionnelle.

Disons, en conclusion, qu'elle a su confirmer, aux yeux des spectateurs, cette réputation vantée ici par tous les journaux locaux.

C'est déjà pas mal d'être à l'origine d'une bonne propagande.

J.F.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

L'UNION : Une équipe

de troisième division française

 

 Comment situer la valeur de l'équipe de l'Union Sportive du Luxembourg ?

On sait que l'Union Sportif a terminé troisième d'un championnat qui groupait une douzaine d'équipes.

N'oublions pas que le Grand Duché du Luxembourg compte dans son ensemble 350 mille habitants, dont 80.000 dans la capitale.

La valeur de l'équipe de l'Union Sportive est, à notre avis, celle d'une équipe de Deuxième division, sous statut amateur, ou d'une équipe de Troisième Division.

 Certains joueurs luxembourgeois de cette équipe pourrait-il être des recrues valables pour des clubs français ?

On sait que de nombreux joueurs du Grand Duché ont brillé dans des équipes françaises ou étrangères. Citons actuellement Jeitz et Braun à Metz. On sait que Pilot fut l'une des vedettes du Standard de Liège, qui était une formation de bonne renommée européenne.

Pour ce qui est de l'U.S. Luxembourg, son ailier gauche Zangerie, un peu perdu au milieu d'une formation limitée, fut un professionnel en Belgique.

Sur ce que nous avons vu hier soir, le gardien et capitaine Pletschette pourrait faire le bonheur de beaucoup d'équipes françaises.

Il est athlétique, racé et a une excellente prise de balle.

 Comment expliquer le peu d'empressement montré par le public de la capitale du Grand Duché ?

Le football est loin, semble-t-il, d'être le sport N.1 au Luxembourg.

En effet, la grande journée de football, avec ses six rencontres, n'avait rassemblé au total qu'un peu plus de 8.000 spectateurs.

On nous a dit que le public luxembourgeois était littéralement blasé à la suite des nombreuses retransmissions télévisées des grands matches joués en Allemagne de l'Ouest.

Il est vrai que le résumé filmé donné par la télévision allemande et qui retrace toutes les meilleures passes et tous les buts d'une journée de championnat, ne peut être comparé à ce que l'on proposait hier soir.

 La Coupe d'Europe justifiait-elle une telle rencontre qui n'apporte rien à personne ?

Après tout pourquoi pas ? Le Grand Duché, dans un État souverain, possède son championnat, et nous ne voyons pas pourquoi il ne serait pas représenté en compétition européenne.

Après tout, la disproportion des forces a bien souvent joué au désavantage des équipes françaises face à des grandes formations étrangères.

 Est-il logique qu'Emon et Leclercq n'aient pas été utilisés au cours de ce match facile ?

C'est l'affaire de l'entraîneur. Il dispose, pour le moment, d'une équipe type. Il n'a sans doute pas voulu la modifier pour ne pas détruire des automatismes, juste au moment où ces derniers commencent à se voir dans le jeu collectif.

L.D.

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Le match en bref

Comme prévu l'O.M. n'a pas éprouvé de bien grosses difficultés pour enlever cette manche, face à son adversaire luxembourgeois.

L'équipe marseillaise, qui a dominé d'entrée, ne parvenait pas à trouver la faille, quand, à la 10me minute, son adversaire allait lui donner un petit coup de main : une longue ouverture de Buigues parvenait à Skoblar, posté comme toujours au coeur de la défense adverse ; Josip pour tromper ses garde de corps, effectua une talonnade acrobatique ;

la balle passait, et Hardt, pressé par l'action et à la fois surpris, tentait dans un effort désespéré de dévier la trajectoire pour son gardien ; hélas, Pletschette s'était avancé sur l'action de Skoblar et la balle terminait sa course par la cage vide (10e).

Le deuxième but marseillais était marqué par Kuszowski qui reprenait victorieusement un centre de Magnusson (15e).

L'ailier gauche olympien profitait ensuite d'une bonne passe de Franceschetti pour obtenir le troisième but (36e).

C'est sur le score de 3 à 0 que les deux équipes se séparèrent à la mi-temps.

À la reprise de c'est encore Kuszowski qui reprenait de plein fouet un centre de Magnusson (58e) après qu'un but de Skoblar eut été refusé pour hors jeu.

À la 70me on notait un bon tir de Martin sur passe de Bollendorf, mais la balle passait à côté.

C'est Buigues dans un bel exploit technique, qui allait clôturer la marque. Sur un centre de Lopez il amortissait le ballon de la poitrine, le dos tourné au but ; il pivotait ensuite, avant de décrocher un tir qui s'enfonçait dans la lucarne de Pletschette.

Cela faisait 5 à 0, une différence qui, déjà, ne laisse plus de doute pour la qualification de l'O.M.

J.F.

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