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Résumé Le Provencal

du 04 février 1974

 

NOUVELLE CATASTROPHE OLYMPIENNE

BONNEL et BEZIERS vainqueurs, à la loyale, 1 à 0 après prolongation

 

Les commentaires

Jo a gagné son pari

SETE - Incroyable mais vrai ! Jo Bonnel a gagné son pari.

La forteresse du rugby a éliminé la place forte du football. Rien, décidément, cette saison, n'aura été épargné à l'O.M.

Le plus triste pour un supporter olympien bien entendu, est qu'il n'y a pas grand-chose d'autre à ajouter.

Le match, fut régulier, le but collectif de Béziers aussi beau qu'indiscutable et si la foule soutint, de bout en bout, équipe de 2me Division, cela fait partie en Coupe de la règle du jeu. De plus, on n'eut à déplorer, de part et d'autres, aucun véritable excès.

De l'énervement, certes, quelques coups réciproques, mais étant donné l'importance de l'enjeu, rien ne sortant de l'ordinaire. Quant à l'arbitre, s'il avantagea un peu Béziers, ses décisions n'eurent aucune influence sur le déroulement du jeu et sur son résultat.

L'O.M. AU PETIT PAS

La simple vérité est que l'O.M. ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Il se montra incapable, de bout en bout, de dominer le sujet, d'imposer sa méthode, si tant est qu'il en avait une.

La plupart du temps, sous la direction très technique, mais très lointaine de Leclercq, et joua exactement comme il aurait dû le faire s'il avait mené par 4 à 0.

Abus de passes latérales ou arrière, jeu au petit pas et trop de courses inutiles et fatigantes avec le ballon. À l'exemple de Nice, le dimanche précédent, les Olympiens jouèrent à la baballe.

QUATRE OU CINQ OCCASIONS

DE BUTS, PAS PLUS

Il nous suffit de consulter notre carnet de notes pour illustrer le manque d'esprit pensif de l'O.M. En première mi-temps, le seul véritable danger pour le gardien de Béziers, Molina fut un forte bon tir de Leclercq en direction de la lucarne.

En deuxième mi-temps, les Olympiens attendirent la 80me minute pour se manifester efficacement dans la surface de réparation biterroise.

Trois actions de Buigues et un fort bon type bon tir à côté de Leclercq purent faire croire que les Olympiens allaient avoir leurs adversaires à l'usure.

Mais avouez que 4 ou 5 occasions de buts en 90 minutes contre une équipe de 2me Division est vraiment un minimum.

Les Biterrois que l'on croyait alors à bout de souffle, marquèrent dès le début de la prolongation et à partir de ce moment ils devinrent des lions.

Il leur suffit sous la houlette de Bonnel, de jouer la prudence pour contenir une équipe olympienne pleine de bonne volonté, mais brouillonne au possible.

BRAVO LES JARDINIERS SÉTOIS

Après Béziers, les grands vainqueurs de ce match vraiment de coupe furent les jardiniers municipaux de Sète. Que la pelouse du vieux stade des Métairies ait pu absorber toute l'eau tombée sur elle depuis plus d'une semaine est tout à l'honneur de ces modestes travailleurs.

N'en déduisait pas trop hâtivement que la rencontre se déroula sur un tapis, mais compte tenu des conditions météorologiques, on peut dire que le jeu a été compliqué, mais pas faussé par le terrain.

Les deux équipes étant logées à la même enseigne, l'excuse de la pelouse que pourraient invoquer les Olympiens est sans valeur.

Jusqu'à preuve du contraire, ce sont toujours les meilleurs qui bénéficient des conditions exceptionnelles de la partie.

BONNEL :

UN MATCH DE GENTLEMEN

On redoutait, pour l'O.M., la présence de son ancien meneur de jeu et entraîneurs "Jo" Bonnel dans l'autre camp. On avait tort de raison.

Bonnel, l'ex-terrible "Jo" des grandes années de l'O.M. joua constamment avec le sourire, s'appliquant à calmer ses partenaires et à boucler les trous sans jamais commettre l'ombre de la moindre irrégularité.

À le voir, ou plutôt à le revoir, calme, précis, lucide, on se rendit compte de ce qui manque aussi à l'O.M. cette saison : un autre Bonnel. En parfait capitaine, bien qu'il n'en portât pas le brassard, il sut diriger et placer ses partenaires. Cette victoire, qui fera grand bruit à Béziers, n'est pas que la sienne, mais on peut affirmer que sa nouvelle équipe lui doit beaucoup. Bravo Jo !

Dans son équipe, le Brésilien Plinio fit un travail de récupération, absolument harassant.

En nota également les qualités naissantes du jeune Fernandez, le perçant d'Albert et ce qui n'est pas une découverte, la super technique de Melic. Les autres se battirent avec une énergie qui, si elle ne fut pas toujours d'une régularité parfaite, ne fut jamais celle du désespoir.

UNE CATASTROPHE

La conclusion nous est venue d'un spectateur sétois, amoureux du football et n'ayant aucune attache biterroise : "Il est triste notre O.M. cette année !"

C'est sans doute vrai, l'O.M., cette saison, pour des tas de causes trop longues à développer ici, n'a jamais pu trouver son unité et, à meilleure raison, son style.

Sans espoir en championnat, le voilà éliminé de la Coupe, dès le premier tour, sans gloire et sans excuse valable.

Et maintenant, que va-t-on dire, que va-t-on faire alors que nous ne sommes que le 2 février ?

Sportivement et financièrement, cet échec et une catastrophe.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

Fernando RIERA :

"J'ai ma part de responsabilités"

Il fallut attendre, d'interminables minutes avant de voir s'ouvrir la porte des vestiaires marseillais, et malgré ce temps de recul, les visages n'avaient pu parvenir à trouver un semblant de sérénité. Oui c'était plutôt la désolation dans le camp de l'O.M.

Fernando Riera que nous avons interrogé le premier en rompant le lourd silence, était encore sous le coup d'une profonde déception :

- Tout cela est de ma faute, nous dit l'entraîneur d'une voix tremblante. J'ai voulu prendre le risque d'aligner Magnusson et le comportement de Roger sur le terrain a prouvé que sa blessure n'était pas guérie. Sur ce côté je ne cherche pas à fuir mes responsabilités.

Je me reproche de n'avoir point convaincu mes joueurs de garder toujours la plus grande vigilance. Surtout pourtant, je les avais avertis que ce match serait difficile. Malgré mes recommandations, nous avons encaissé un but en début de prolongations. Un but, je le souligne, que nous n'aurions pas dû prendre, notre équipe, et surtout notre attaque, était diminuée, mais nous avions malgré tout les moyens de terminer avec un match nul.

Ceci dit, il faut admettre que les circonstances, et l'arbitre notamment ne nous ont guère été favorables. M. Mougeotte a donné encore un avertissement à deux de nos joueurs et, chaque fois qu'il y avait un litige, ses décisions invariablement étaient à l'avantage de Béziers.

Comment voulez-vous, après cela, que les gars n'aient pas d'appréhension à se livrer. Je sais bien que vous allez me répondre que l'O.M. et son standing étaient au-dessus de tout cela. N'empêche qu'un public contraire, un arbitre tout acquis à l'adversaire, et une équipe marseillaise handicapée et de surcroît pas tellement à l'aise, sont finalement beaucoup de difficultés à surmonter. Enfin, si j'en crois les réactions de la foule, tout le monde a été ravi de notre défaite. J'espère que l'O.M. restera quand même l'O.M.

 M. GALLIAN :

"Une catastrophe"

René Gallian pour sa part, n'était guère plus réjoui.

- C'est un coup du à tous les points de vue, nous a déclaré le président, et je peux même ajouter que cette défaite est pour nous une véritable catastrophe financière. Nous comptions sur la coupe pour renflouer nos caisses, nous voilà dans une toute autre situation.

Que dire sur le match ?

- L'O.M. jouer sans attaque, vous avez pu le noter comme moi. Il faut admettre, autre part, que les joueurs de Béziers ont livré le match de leur vie. Mais je ne m'attendais jamais à un tel dénouement.

Vous avez assisté, en quelque sorte, la victoire de Bonnel.

- Oui, c'est la vérité. Et Joseph, je dois le souligner, s'est comporté sur le terrain en véritable sportif.

Bravo pour sa belle performance.

Puis le président s'est tourné vers ses joueurs, tous plus ou moins accablés en leur disant :

- Allons les gars, il faut réagir !

Mais personne, avouons-le, avait vraiment le courage.

Magnusson toute triste dans un coin, et déjà rhabillé, nous donnait des explications sur la fameuse blessure.

- J'étais pourtant rétablis, nous confia-t-il, mais au cours de la partie, j'ai pris un coup sur le genou et ensuite la douleur s'est de nouveau réveillée dans ma cheville. Je ne pouvais plus continuer.

Georges Carnus, lui, avait la tête dans les mains.

- C'est un véritable désastre, nous souffla le gardien. Rien à dire sur le but de Béziers. Mais je pense que nous aurions du faire la différence bien avant.

Couecou essuyait bien essayé bien de se remonter le moral.

- Il faut concentrer nos efforts pour réaliser une belle remontée en championnat, s'exclamait-il avant de passer sous la douche. Reste à savoir comment l'O.M. va digérer ce coup de massue.

 BONNEL :

"C'est magnifique"

Joseph Bonnel follement acclamé par tous ses camarades, était au bord des larmes à la fin du match.

- Je n'en peux plus, dit-il, enfoui sous les accolades. Sans trop y croire, je voulais cette victoire de tout mon coeur. Aujourd'hui, j'ai autant de joie qu'après le succès en coupe sur Bordeaux avec l'O.M. Oui ! C'est magnifique.

Vous considérez peut-être que je suis dur pour mon ancien club. Non, pas du tout. L'O.M. n'a pas toujours été chic avec moi. Maintenant c'est oublié. D'ailleurs, je ne considère pas cette qualification comme une revanche. Elle prouve seulement qu'en football, il existe quelquefois une justice. Je n'en souhaite pas moins à mes anciens équipiers de réagir en championnat..."

Le tout c'est terminé par un terrible banc en l'honneur du nouveau Biterrois. Des cris de joie, vous vous en doutez, qui ont été durement ressentis.

Jean FERRARA

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Le fait du match

LE DRAME

SETE - La rencontre était si manifestement dominée par une peur et réciproque, que nous ne pensions pas que les deux adversaires parviendraient à se départager.

L'O.M. n'avait pas profité du net fléchissement biterrois de la seconde période et qui ne faisait de doute pour personne qu'il faudrait recourir la prolongation.

Bonnel devait nous avouer après coup qu'il ne croyait guère aux chances de son équipe. Il avait si peur de Magnusson, par exemple, qu'il composa et recomposa maintes fois sa formation dans cette optique, alors que le Suédois ne fut pratiquement d'aucune utilité à l'O.M.

Privé de son gardien Iche, il craignait beaucoup pour Molina, son remplaçant au pied levé. Or Molina eut une seule parade difficile à exécuter et se tira facilement d'affaire.

Tous les calculs qu'on peut faire en football s'avèrent souvent inexacts, pour la bonne raison que le football n'est en rien une science exacte.

Ainsi, la plupart des Biterrois paraissaient au bout du rouleau quand se développa une action purement classique, à la 94e minute : il ne faut pas s'étonner que Melic ait été à son origine. Le Yougoslave servit habilement Brender à la limite du hors jeu. Le solide breton démarra "dans le dos" de Bracci, et alors que la précision n'est pas son point fort, il réussit un centre parfait, qui trouva exactement la tête de son camarade Albert.

Mais ou se trouver donc les défenseurs marseillais ?

Bracci se pris "entre deux" et ne put arrêtait Brender. Le centre de ce dernier survola Carnus pour trouver Albert libre de tout mouvement, complètement démarqué. Et ce fut le drame !

Fernando Riera, qui ne cherchait d'ailleurs pas d'excuses, ne manquait pas de regretter que sa défense se soit conduite sur cette action avec autant de légèreté. Et on le comprend.

Être tenu en échec par Béziers, ce n'était pas brillant. Mais l'espoir demeurait, alors que la défense doit être accueillie comme une véritable catastrophe. Quelques secondes d'inattention vont coûter sa saison à l'O.M. !

Louis DUPIC

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

PREMIÈRE QUESTION :

Certains craignaient, et d'autres espéraient, bien sur, que ce match de coupe serait un sombre règlement de compte entre Béziers, survolté par Bonnel, et l'O.M. Que peut-on en penser ?

RÉPONSE : il y eut certes quelques flambées de violence surtout en début de match, et des accrochages entre Couecou et Facerias, Buigues et Melic et quelques autres. Mais ils se produisirent dans le jeu et ne sont pas des actes vraiment délibérés. D'ailleurs le président Gallian devait nous dire après coup qu'il avait trouvé la rencontre plutôt correcte. À la fin de la partie, les joueurs des deux camps échangèrent leurs maillots de façon plutôt sympathique.

Aux amateurs de précisions, disant que Bonnel, le héros du jour, échangea le sien avec Daniel Leclercq.

Q. : L'O.M. a-t-il des excuses à faire valoir ?

R. : Il n'en a guère. La seule est bien que tout se déroula comme si on devait célébrer à Sète la fête de Jo Bonnel. On peut dire qu'il joua son match de coupe sur terrain adverse, dans une ambiance qui n'était d'ailleurs pas très hostile mais plutôt ironique. Et le handicap se traduisit par une foule de petits détails dans l'attitude de l'arbitre, M. Mouchette par exemple, qui ne passa rien aux Marseillais, sans d'ailleurs influencé sur le résultat de la rencontre, puisqu'il n'eut pas de but refusé ou de coup litigieux à juger.

Dans le fond, l'O.M. a fait ce qu'il a pu et c'est bien regrettable, étant donné que le plus souvent il apparut totalement impuissant.

Q. : Pourtant, deux joueurs marseillais, Buigues et Bracci ont reçu un avertissement. Pour quelles raisons ?

R. : Buigues a reçu un avertissement pour plusieurs tentatives croc-en-jambe à l'encontre de Melic, sur lequel il finit par se coucher complètement. C'est également pour charge par derrière commise sur Brender, que François Bracci écopa de la même sanction.

Q. : Comment se comporta Bonnel ?

R. : C'est, bien entendu, la question du jour. En aucun cas, il ne mit de l'huile sur le feu. Il ne participa à aucune échauffourée et se conduisit de façon très sage. Sur le plan technique, il se tint en retrait et dirigea le jeu de son équipe en bon animateur.

Si nous entrons dans le détail, précisons alors qu'il fut l'auteur de l'action biterroise la plus dangereuse, en dehors du but de Albert, avec une reprise de la tête qui frôla le poteau. Il sauva également son camp pour une autre occasion, en dégageant sur sa ligne, après un tir de Franceschetti. Donc un bon match, et surtout un match très efficace.

Q. : Riera a-t-il eu raison de faire jouer Magnusson ?

R. : Il a lui-même admis qu'il avait eu tort. Mais il ne faut pas oublier qu'il était déjà privé de Skoblar et que le Suédois avait insisté pour tenir sa place.

Q. : Peut-on considérer que Béziers n'est pas à sa place en queue du classement de seconde division ?

R. : Il ne faut pas oublier qu'il doit ce classement à un très mauvais départ en championnat. Depuis, il a récupéré Iche, Melic et Bonnel, qui figurent parmi ses hommes de base.

Logiquement, équipe de Bonnel devrait se tirer d'affaire, d'autant plus que son moral va se trouver singulièrement renforcé par sa surprenante qualification.

L.D.

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Le match en bref

94e : un coup de poignard

SETE - Après une période d'observation, pendant laquelle les joueurs essayaient de trouver leur équilibre sur une pelouse glissant, c'est Leclercq qui mit en quelque sorte le feu aux poudres. Son formidable tir du pied gauche déclenché de 25 bons mètres, prenait le chemin de la lucarne, quand Molina, qui remplacé Iche au pied levé, vint capter le ballon d'une belle envolée (15me).

La réplique venait de Melic, dont le tir passa au-dessus de la cage olympienne (22me). Quelques minutes plus tard, Béziers fut à deux doigts d'ouvrir la marque par le même Melic. Un coup de tête de Bonnel frôla le montant droit des buts de Carnus (25me). Il s'en était fallu de quelques centimètres.

Les Marseillais allaient pourtant bien débuter la reprise, par deux tirs successifs de Sikely et de Buigues, mais sur une longue ouverture de Bonnel, Brender eut une nouvelle fois le but au bout du pied, la balle passant de très peu à côté. Bonnel, omniprésent, se trouva toutefois à point nommé pour suppléer son gardien sur la ligne, après un tir de Franceschetti.

Le Boedec remplaçait ensuit Magnusson, qui boitait bas depuis quelques instants (70me). nE dépit des dernières tentatives de part et d'autres, le score en resta là jusqu'à la fin du temps réglementaire. L'O.M. était réduit à jouer les prolongations.

Le drame survint à la 94me : un travail préparatoire de Melic avait mit Brender en possession de la balle, sur la droite ; l'attaquant biterrois échappa au retour d'un défenseur marseillais, pour adresser un centre impeccable. Le ballon arriva sur la tête d'Albert, curieusement esseulé devant la cage de Carnus, et sa reprise inexorablement secouait les filets. Ce véritable coup de poignard survint à la fin, ou presque, d'un match éprouvant, devant sonner, hélas, le glas des espérances marseillaises.

J.F.

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