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Résumé Le Provencal

du 07 janvier 1974

 

O.M. : la lente progression se poursuit

Mais STRASBOURG a longtemps fait planer le doute

 

Les commentaires

STRASBOURG - Nous avons entendu deux sons de cloche après ce match de la Meinau. Un supporter alsacien, assis par hasard auprès de la tribune de presse, nous dit tout d'abord en reconnaissant nos origines marseillaises : "Vous avez de bonnes individualités, mais pas de véritable équipe..."

Était-ce un sentiment motivé par une sort de déception , ou bien notre interlocuteur de rencontre avait-il mûrement pesé ces paroles ? Toujours est-il qu'en arrivant aux vestiaires, Fernando Riera, lui, se montra fort satisfait, à la fois du résultat et du jeu de son équipe.

Autrement dit, un spectateur neutre avait de quoi y perdre son latin du football.

Et, nous avons nous nous l'avouons en toute honnêteté, nous nous sommes à notre tour posé quelques questions, ne serait-ce que pour savoir quel point de vue était le plus proche de la réalité.

 OUI MAIS...

Pour ne pas gâcher le fond de notre pensée, disant que l'O.M. sur le plan purement pratique, fut l'auteur hier après-midi, d'une bonne performance.

Ne partage pas qui veut les points sur le terrain de l'adversaire.

Mais en y regardant de plus près on s'aperçoit aussi que l'équipe marseillaise était passé bien près, non pas d'une petite catastrophe, mais du moins de la défaite, ce qui revient au même en considérant la position classement du club marseillais.

N'oublions pas non plus un autre argument qui a son importance : Strasbourg, comme l'indique également sa situation, n'était pas à proprement parler d'un foudre de guerre. Les Alsaciens, de surcroît, avaient abordé la partie avec un handicap certain. Joseph, le puissant centre, se trouvait sur le banc des remplaçants. Gilbert Gress, malade, avait dû déclaré forfait en dernière heure, et Robert Domergue s'était trouvé dans l'obligation d'incorporer dans la bataille pas moins de quatre jeunes joueurs de moins de vingt ans.

Tout cela n'a pas empêché les Strasbourgeois de tenir longtemps la dragée haute à leurs visiteurs. Alors, en pesant le pour et le contre, on se prend à penser que l'O.M., large vainqueur au match "aller, avait pour lui des conditions favorables.

En définitive, il ne les a exploitées qu'à demi.

Nous laissons le soin aux lecteurs de déterminer si l'on doit ou non leur en faire le reproche.

 UN ESPRIT TOUT DE MÊME ENCOURAGEANT.

Ceci précisé, il faudrait se garder de dresser un bilan plus sombre que rose, les circonstances d'ailleurs ne s'y prêteraient guère.

La formation marseillaise a tant causé de déceptions à ses supporters depuis le début de la saison qu'on aurait mauvaise grâce à lui chercher la petite bête quand elle essaie précisément de redresser la tête.

L'O.M. hier après-midi, s'il n'a pas tout à fait rappelé équipe irrésistible de ces dernières années, a eu au moins le mérite de se battre, de ne jamais renoncer et de croire jusqu'au bout en ses chances ; ce ne fut pas toujours le cas, on le sait, dans un passé plus ou moins récent.

Ce nouvel état d'esprit est donc à mettre à l'actif des anciens champions de France.

Et, sur ce point précis, nous sommes tout à fait d'accord avec Fernando Riera. On peut même se persuader que Joseph Bonnel, s'il était encore là, aurait noté lui aussi, un mieux sensible. En un mot, l'O.M. a confirmé hier son lent redressement et répétons-le, il serait malvenu de ne pas lui en rendre justice.

 LA PART

DE ROBERT BUIGUES...

Quant à la rencontre proprement dite, elle a pris tournure après une longue période d'observation avec une reprise fulgurant du capitaine Hausser qui trompa Carnus en toute début de la deuxième mi-temps. Un but psychologique s'il en fut, et le sort du match aurait pu basculer. Mais les Marseillais se serrèrent les coudes et en furent récompensés par un coup de tête victorieux de Buigues, un joueur, entre parenthèses, qui démontra tout au long des 90 minutes son sens de l'opportunisme.

C'est encore Robert, en effet, qui mit les deux adversaires à égalité alors que venait de se déroulé une histoire tragi-comique de penalty dont l'auteurs à la fois heureux et malheureux ne fut autre que Pauvert ; le garde du corps de Skoblar transforma en but un premier coup de pied de réparation pour une faute bénigne de Marius Trésor, et en manqua un autre pour une intervention de Bracci, beaucoup plus suspect celle-là ; comme quoi le football, il n'y a pas toujours de justice.

Il n'en reste pas moins que Robert Buigues, en se trouvant deux fois point nommé, fut le grand bonhomme de cette rencontre. Avec lui, l'O.M. a peut-être trouvé un nouveau réalisateur. C'est assez encourageant.

...ET CELLE DE FERNANDO RIERA

on se demandera maintenant, puisque nous avons parlé d'état d'esprit, pourquoi l'O.M. a pu si vite modifier le sien. Les joueurs sont les mêmes, les dirigeants n'ont pas changé,. Seul Joseph Bonnel est parti. Et nous ne pensons pas que ce départ ait pu modifiait grand-chose, notamment les résultats de l'équipe.

Au cours des entraînements on a pu remarquer que les méthodes de Fernando Riera ne différaient guère de celle de ses prédécesseurs. Alors ?

Et bien ! si le nouvel entraîneur ne possède pas de remède magique, il a au moins le mérite d'être le chef. C'est lui désormais qui commande, comme il l'avait demandé en signant son contrat. Plus de contestation, plus de murmure. La formation marseillaise a trouvé un patron, un vrai. Souhaitons, pour le bien de tous, qu'il puisse ainsi tenir la barre le plus longtemps possible.

Jean FERRARA

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Ils disent

Fernando Riera :

"Notre meilleur match à m'extérieur

Dans les vestiaires marseillais, la note était à l'optimisme après la rencontre, l'entraîneur Fernando Riera a analysé posément la rencontre en ces termes :

"Je suis assez satisfait du résultat final. Je crois que nous n'avons pas mal joué ; des deux côtés, il y a eu quelques bons mouvements, chaque équipe opérant dans des styles différents. Il y a eu beaucoup de renversement de situation et je peux affirmer que c'est le premier match à l'extérieur ou nous avons eu si souvent le ballon et au cours duquel nous avons su créer des situations redoutables pour l'adversaire.

"Si le deuxième penalty qui a été sifflé contre nous était valable, dans tous les cas, premier ne l'était pas.

"En définitive, je pense que c'est un résultat encourageant, surtout à cause de la façon dont il a été acquis".

M. Barthélémy constatait de son côté avec plaisir :

"Ce qui m'a surtout fait plaisir aujourd'hui, c'est le moral accrocheur de l'équipe. J'ai constaté d'ailleurs au cours du voyage aller, que nos joueurs étaient plus gais qu'il y a quelques semaines, et cette gaieté s'est heureusement répercutée sur le terrain !".

Ce qu'ils pensent

Lopez remarquait d'un air sombre :

"Il a fallu cravacher ferme ! Ce n'est pas facile, mais en toute objectivité, j'affirme que le premier but alsacien est proprement scandaleux !"

Couecou pensait déjà à l'avenir :

"Ce match nul est encourageant. Maintenant, il faut faire un bon résultat contre Nîmes, et nous le verrons l'avenir un peu plus en rose !"

Carnus soulignait de son côté :

"Le terrain était terriblement glissant, et par conséquent les balles difficiles à arracher et, de ce fait, très dangereuses".

Le joueur le plus heureux de l'équipe marseillaise était sans conteste possible Buigues, qui avait signé les deux buts de son équipe :

"En première mi-temps, nous avons fait le jeu ! Nous avons en eu plus d'occasions que nos adversaires, malheureusement, nous n'avons pas su les exploiter. Mais je pense qu'en définitive, nous sommes vraiment sur la bonne voie !"

Franceschetti, le capitaine, nous a dit à son tour :

"Evidemment, nous n'avons pas été gâtés par l'arbitrage et il nous a fallu remonter deux fois à la marque. Mais nous avons su le faire avec beaucoup de crânerie, ce qui prouve que nous avons confiance en nos moyens !

"Je pense que la mauvaise passe est terminée, et que maintenant, nous allons remonter nettement classement général !"

Skoblar ajoutait avec un large sourire :

"Malgré leurs nombreux remplaçants, ces Strasbourgeois n'étaient pas faciles à manoeuvrer, et c'est pour cela que notre match nul à d'autant plus de prix !"

Bracci, lui aussi, était satisfait :

"Le destin n'était pas de notre côté aujourd'hui, mais nous avons su faire face, et c'est le meilleur enseignement de cette partie".

Alain DELCROIX

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Robert Domergue : "Le 2me penalty fut le tournant du match"

Dans le camp strasbourgeois, chacun était heureux du résultat nul, mais regrettait que le bonus ait échappé à l'équipe strasbourgeoise.

Entraîneur Domergue nous faisait remarquer : "Le deuxième penalty fut le tournant du match, si nous l'avions réussi, la cause était entendue. Pauvert ne voulait pas le tirer, il avait demandé à l'un de ses camarades de le faire à sa place, mais celui-ci a refusé.

"Hélas ! nous avons perdu des points précieux sur notre terrain, je crois que nous sommes au creux de la vague, et que, dans l'avenir, la situation s'améliorera !

"N'oublions pas, qu'aujourd'hui, nous avions de nombreux blessés, et que nous avons fait jouer quatre joueurs ayant moins de vingt ans".

A.D.

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Le match en bref

Malgré deux penalties...

Les Strasbourgeois avaient un affront à réparer, celui du match aller au stade vélodrome. N'avaient-ils pas encaissé en début de saison un catastrophiques 6 à 1 ?

Dès le début, l'O.M. obtenait un corner botté par Buigues. Skoblar reprenait la balle, Dropsy sortait à contretemps la balle allait pénétrer à l'intérieur des filets, mais Pauvert sauvait sur sa ligne.

Ensuite, sur une faute commise par Trésor sur Roy, l'arbitre accordé un coup franc à l'intérieur des 18 mètres.

Hausser donnait à Spiegel et la balle s'écrasait sur le mur marseillais. Hausser tentait encore sa chance, de loin, mais Carnus arrêté bien (11me minute).

Gemmrich fonçait seul dans un style spectaculaire et il était stoppé in extremis par Zvunka (23me). Quelques instants plus tard, Buigues expédiait une balle vers les nuages, puis on notait une jolie tête de Couecou.

Gemmrich, encore lui, centrait, Carnus raté la balle et qui partait en corner (26me). Une minute plus tard, Dropsy repoussé avec brio un tir puissant de Skoblar. Aussitôt après, Carnus devait plonger dans les pieds de Spiegel (23me minute).

Attaquant israélien décochait encore un tir "vicieux" que Carnus ne parvenait pas à bloquer et avait du mal à repousser (36me minute). Les Alsaciens accentuaient leur pression et Gemmrich à deux reprises et Wagner mettaient en danger le gardien marseillais.

En deuxième mi-temps, en trois minutes, nous allions assister à trois buts !

À la 50me minute, sur centre de Roy, Hausser fusillait Carnus.

Strasbourg : 1 - O.M. : 0.

À la 51me minute, sur un long centre Franceschetti, Buigues de la tête, tromper Dropsy

Strasbourg 1 - O.M. 1.

Sur une main de Trésor, l'arbitre accordé un penalty, Pauvert réussissait à la 53me minute.

Strasbourg 2 - O.M. 1.

Skoblar manquait de peu ensuite l'égalisation d'une tête bien ciblée (64me minute).

Puis, Bracci fauchait Wagner la surface de réparation 65e minute. Pauvert tirait le penalty, mais le ratait, la balle heurtant le montant gauche du poteau !

L'O.M. bientôt égaliser à nouveau sur passe de Skoblar. Buigues ratissait la balle et l'envoyait dans les bois de Dropsy (72me minute).

Strasbourg 2 - O.M. 2.

Roy était mis k.o. sur le coup de coude de Skoblar (77me minute). Quelques instants plus tard, Keruzore rentrait et remplaçait Couecou.

Finalement, l'O.M. et Strasbourg ne pouvaient se départager.

A.D.

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Le fait du match

Sur un penalty raté

L'O.M. est donc revenu de Strasbourg avec un point précieux. Les Olympiens sont même parvenus, comme à Lyon, à marquer, pour une des rares fois de la saison, deux buts à l'extérieur.

On avait parlé alors, après la performance de Gerland, d'un nouveau visage de la formation marseillaise.

Bien que les circonstances et surtout l'adversaire ne soit pas tout à fait les mêmes, il ne serait pas logique cette fois de minimiser l'événement.

Il n'en reste pas moins que les Strasbourgeois, hier après-midi, avait réussi à prend l'avantage à la marque, notamment sur un penalty transformé par Pauwert et consécutif à une faute déjà qualifiée de bénigne de Marius Trésor.

Or, après cet incident, il se trouva que Bracci, à son tour, eut une intervention irrégulière cette fois, sans aucune équivoque, sur la personne de Wagner. Et M. Frère, l'arbitre ne pouvait faire autrement que de désigner à nouveau le fameux point de réparation.

Les joueurs de Domergue à ce moment-là menaient, rappelons-le : 2 buts à 1 et on imagine aisément qu'elle aurait pu être la suite si ce même Pauwert avait eu la même réussite qu'à la première tentative.

Heureusement pour l'O.M., hélas ! pour Strasbourg, la balle du défenseur alsacien trouva le montant d'un poteau sur sa trajectoire et les deux équipes restèrent sur leur position.

Incontestablement, ce penalty raté fut le tournant de la rencontre.

Le jeu, dit-on, ne demande que faute. Personne ne nous contredira et les spectateurs de la Meinau, les beaux premiers, si nous disons que celle-là avait été bénéfique à l'O.M.

J.F.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

 Fernando Riera a employé son douzième homme à un quart d'heure de la fin. Cela faisit-il partie d'une tactique établie à l'avance ?

Nous avons posé la question à l'entraîneur après le match :

- Dans une rencontre de football, nous a-t-il répondu, on ne peut guère prévoir à l'avance ce qui va passer sur le sur le terrain. Vous dire que j'avais prévu de faire rentrer Keruzore à ce moment précis, ne serait pas le reflet de la vérité. Cependant, quand notre équipe parvint à égaliser pour la première fois, je pensais utiliser les services de Raymond au milieu du terrain pour permettre de conserver le plus possible la maîtrise du ballon. C'est alors que Strasbourg a marqué son deuxième but et il n'était plus questions de modifier quoi que ce soit dans notre équipe. J'ai dû attendre une nouvelle égalisation pour faire appel à notre douzième homme. Le match pouvait encore basculer en notre faveur. Il n'en a rien été, mais j'estime qu'un entraîneur doit pouvoir miser sur tout son effectif pour forcer le résultat.

D'entrée, un douzième homme peut parfois déclencher une sorte de déclic.

 L'O.M., a défaut d'une manière parfaite, a-t-il retrouvé au moins sa joie de jouer ?

- Incontestablement oui ! C'est d'ailleurs M. Barthélémy le dirigeant - accompagnateur, qui nous le faisait remarquer après le coup de sifflet final :

"Depuis le début du championnat, nous dit-il, je n'ai jamais vu l'équipe tout entière dans un tel état d'esprit".

Vous savez que l'O.M. a été mené deux fois au score. Les joueurs n'ont jamais montré le moindre signe de renoncement, leur coeur à l'ouvrage en fin de compte en fut justement récompensé.

 Buigues a écopé d'un nouvel avertissement. Pourquoi ?

- Au moment de tirer son premier penalty, Pauvert avait bien entendu poser la balle sur le point de réparation. Mais une mote de terre sans doute la fit rouler et la déporta ainsi sur la gauche. Bouygues se déplaça alors pour mettre le ballon à sa place. Intervention que M. Frère le directeur de jeu, n'apprécia pas. On se demande d'ailleurs ce qu'il avait bien pu trouver de grave dans le geste du marseillais.

Buigues ne méritait donc pas cette nouvelle sanction. Tout comme la main de Marius Trésor qui avait motivé ce penalty, ne valait pas une sentence si sévère.

Nous étions bien dans la surface de réparation, mais c'était bel et bien la balle qui était allée à la main du défenseur marseillais, et non le contraire.

J.F.

 

 

 

 

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