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Résumé Le Provencal

du 17 décembre 1973

 

NANTES : un autre COLOGNE !

L'O.M., complètement dépassé a sombré corps et biens

 

Les commentaires

NANTES - L'O.M. de Fernando Vieira n'a pas réussi la passe de trois. Il n'a pas fait le poids au stade Marcel-Saupin et a été taillé en pièces, comme à ses plus mauvais jours, par une excellente équipe nantaise.

Ce n'est pourtant pas faute de prudence, les Marseillais ayant tiré devant le but de Carnus un double rideau qui leur permit de faire illusion pendant près d'une demi-heure. Au cours de cette période, on vit la défense bas-bretonne campée en permanence sur la ligne médione, et 21 joueurs se débattre comme de beaux diables dans une moitié de terrain, celle de l'O.M.

Évidemment, les Nantais trouvaient beaucoup de monde devant eux et, pressés par les encouragements de leurs nombreux supporters, étaient contraints à tirer de loin, avec tout ce que cela comporte d'incertitude. De ce fait, s'il avait vu le ballon de beaucoup plus près, Carnus, après 25 minutes de jeu, n'avait pas eu tellement plus de travail que son jeune successeur en équipe de France Bertrand Demanes. Autrement dit, pas le moindre tir dangereux à arrêter.

D'ailleurs, ses camarades menaient plutôt habilement leur combat défensif, le trio Buigues - Keruzore - Franceschetti protégeant par son activité le travail du dernier bastion.

SOUDAIN LE DRAME !

Comme cela arrive souvent, il fallut un accident incident de jeu pour faire la décision. Une longue passe de Michel récupérée sur la ligne de but, à un centimètre près, par le jeune Vendrely qui réussissait à centrer malgré Bracci.

L'ailier allemand Maas, en ratant complètement sa reprise de volée du pied droit, servait magistralement et miraculeusement le malin Blanchet placé en embuscade, et dont la pichenette, toujours de volée et à bout portant, venait à bout de Carnus.

On le constate, un rare concours de circonstances et un but plutôt heureux dans sa conception et sa réalisation.

Mais les Nantais n'allaient pas en rester là et obtenaient très vite le second but, magnifique celui-là, un centre "au cordeau" de Gaby De Michele étant repris de la tête par l'inévitable Bernard Blanchet.

Ainsi, le petit attaquant breton, qui avait failli ne pas jouer le match est devait à nouveau blessé, abandonner ses camarades après une heure de jeu, avait réussi, à moins de cinq minutes un k.o. sensationnel.

LA CHASSE AUX BONUS

Dès lors pour les Nantais, follement encouragés et qui, il faut bien le reconnaître, faisant feu des quatre fers depuis le début de la partie, les vagues déferlaient sans cesse vers le but marseillais. Et l'honneur d'obtenir le troisième point revenait à Maas, décidément veinard hier après-midi.

Attaqué vigoureusement par Lopez au moment du tir, il avait la surprise et la chance de voir la balle échouer dans les filets après avoir subi une trajectoire extrêmement tourmentée.

Évidemment, la cause était alors définitivement entendue.

À LA DÉRIVE

La seconde période ne pouvait avoir d'intérêt que pour les supporters nantais, pas souvent à pareille fête. Les "Canaris" maintenaient leur pression face à une équipe marseillaise désemparée, à la dérive, dont les rares éléments qui se battaient encore couraient après une balle insaisissable.

Rampillon marquait un quatrième but, comme à la parade devant une défense figée et croyant au hors jeu... Denoueix pouvait prendre la place de Blanchet sans que le rendement des Bretons, qui s'en donnaient à coeur joie, s'en trouve affecter.

Parallèlement, entrée en jeu de Victor Zvunka, remplaçant numériquement Keruzore, et le remaniement qui s'en suivait, Bosquier passant milieu du terrain, ne modifiaient en rien les données du problème côté marseillais.

Les Nantais faisaient plus que jamais la loi, et après avoir atteint matériellement leur objectif, donnaient un spectacle d'une rare qualité, le ballon circulant de l'un à l'autre avec une facilité presque cruelle pour leurs malheureux adversaires qui frôlaient le ridicule.

UN AUTRE COLOGNE

Nous n'avons pas assisté à la déroute de Cologne... Mais nous doutons fort que l'O.M. ait été ce soir-là autant dépassé par les événements qu'il le fut hier après-midi à Nantes pendant une heure de jeu. Les attaquants marseillais, on les vit seulement dans la surface de réparation bretonne au cours du dernier quart d'heure, alors que Vendrely, blessé à la cheville avait dû quitter le terrain sur une civière.

Skoblar, curieusement absent du débat jusqu'alors, marqua un but qui sauvait sans doute, théoriquement, l'honneur marseillais, mais ne modifiait en rien la désastreuse impression produite hier par son équipe.

Certes, on pouvait aussi bien, selon l'humeur, rendre responsable du désastre un compartiment plutôt qu'un autre, une défense perméable plutôt qu'une attaque absolument inexistante. Ce ne serait que querelles bizantines. C'est malheureusement l'ensemble de l'équipe, Carnus excepté, qui sombra corps et biens à Nantes.

Louis DUPIC

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Ils disent

Fernando RIERA, réaliste :

"Les Nantais étaient les meilleurs !"

Signe des temps, peut-être, les curieux se font de moins en moins nombreux dans les vestiaires marseillais : il est vrai que la liesse y éclate de moins en moins fréquemment.

Fernand Moreira, que nous avons rencontré en premier lieu, accueillait cette défaite avec sang-froid :

"En football comme en tout, il n'y a pas de mystère. Lorsque la logique est respectée, c'est le meilleur qui l'emporte, et en ce moment c'est Nantes qui est meilleur que nous.

"Même s'ils ont eu un peu de réussite, il n'y a absolument rien à redire sur la victoire. a ë à ù pour moi, c'était d'ailleurs fini, ous ne pouvions plus remonter.

"Tout a été loin d'être parfait aujourd'hui, mais je ne peux redire que ce que j'ai toujours dit : une équipe est un tout. C'est pourquoi cette défaite ne va pas m'amener à provoquer des bouleversements.

"Un état d'esprit ne se forge par en un jour. De toute façon c'est contre une très bonne équipe que nous avons perdu aujourd'hui.

"Enfin, je répéterai encore une fois : j'espérais, lorsque j'ai pris l'équipe en main récolter quatre points en trois matches. Nous les avons. Et Nantes, au reste, constituait de loin le plus difficile des trois matches en question".

René Gallian : "L'absence

de Magnusson"

Didier Couecou, le presque régional de l'étape, était évidemment déçu : "Nous avons raté notre match, et pourtant je vous l'assure, nous étions venus ici pour gagner. Si nous avons pu paraître recroquevillés en défense en première mi-temps, c'est tout simplement parce que nous ne pouvions pas faire autrement. Ils étaient plus forts que nous. C'est égal, j'aurais bien boulu faire un résultat ici."

Le président René Gallian, lui, déplorait surtout l'absence de Magnusson : "C'est dans des matches comme celui-là qu'il nous manque le plus, en monopolisant deux ou trois adversaires. Sa présence aurait peut-être pu changer quelque chose pour la première demi-heure, alors que le match n'était pas encore joué.

"Mais il faut être réaliste. Nantes a été très bon, c'est indiscutable, et nous, beaucoup moins..."

Georges Carnus qui aura, une fois de plus, encaissé plusieurs buts, sans être responsable en quelque chose, constatait : "Au début nous n'avons pas joué comme il le fallait et après il était trop tard. Ce sont eux qui avaient prient le dessus. Nous aurions dû en fait, attaquer plus franchement. À Nantes, pour faire un résultat, faut bien jouer.

"Avrès trois ans sans défaite, ici, nous avons peut-être cru un peu vite que c'était arrivé."

Marcel Pougenc : "Je suis déçu"

Autre olympien déçu, et plus profondément encore, Marcel Pougenc, qui, en hochant tristement la tête, déclarait : "Oui, je suis tellement déçu. Pas de jeu collectif, pas de rigueur défensive. C'est à n'y rien comprendre".

Nous laisserons la conclusion a tout cela à Trésor qui laissait tomber sur un ton philosopho-humoristique, mais avec une grande tristesse dans la voix : "C'est décidément une malédiction. Nous donnons le bonus à toutes les équipes de têtes que nous rencontrons : Nantes après Nice et Nîmes".

José Arribas : "Une victoire

indiscutable".

Une joie très mesurée dans le vestiaire nantais. L'allégresse de la victoire était tempérée, il est vrai, par la perte en cours de match de deux joueurs : Blanchet et Vendrely, blessés tous deux, en disputant la balle à Bracci, ce qui provoqua la colère du public contre ce dernier.

Blanchet pourtant, nous a précisé : "Il n'y était pour rien. J'ai tout simplement reçu un coup au mollet, ce qui m'a fait tomber sur le genou, ce qui a réveillé une éternelle blessure".

Quant au match lui-même, il s'est montré "surpris de la façon dont à opérer l'O.M. en première mi-temps". "Je ne comprends pas par exemple, a-t-il poursuivi, pourquoi Marius Trésor opère un marquage individuel aussi aveugle, lui, qui est plutôt du genre à briser les attaques adverses, en fondant sur les adversaires. Pour le reste, je crois que notre victoire est indiscutable".

C'était également l'opinion de José Arribas : "On dit que nous avons bénéficié d'une certaine part de réussite. Mais il faudrait peut-être dire aussi, que nous avons tout fait pour que nous vienne cette réussite. Quoiqu'il en soit, c'est une bonne journée pour nous. Nous n'osions pas espérer le bonus devant l'O.M. et pourtant nous l'avons. Que demander de plus ?"

Enfin Henri Michel, auteur d'un très bon match constatait : "Ca faisait bien longtemps que nous n'avions pas gagné ici contre l'O.M. Notre seul regret évidemment concerne la perte de Blanchet et de Vendrely".

On ne savait pas encore, hier soir, en effet si le jeune ailier droit nantais souffrait ou non d'une fracture de la cheville.

Alain PECHERAL

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Le match en bref

Un long monologue. Voilà ce que fut cette rencontre, que l'on redoutait à juste titre pour l'O.M.

En trente minutes, tout était consommé. Concrètement s'entend, car depuis longtemps déjà l'issue du match semblait ne plus faire de doute.

C'est ainsi que Bertrand - Demanes dut attendre la 10me minute pour toucher sa première balle... sur une sortie de but ! C'est d'ailleurs pratiquement tout ce qu'il eut à faire en cette première mi-temps, qui ne vit pas un seul tir marseillais parvenir jusqu'à lui.

Les Nantais, eux, firent feu de tout bois par Blanchet, Rampillon, Maas, Michel, etc. Sans succès jusqu'à la 26e minute ou, sur un centre de Vendrely, Maas ratait sa reprise, mais pas Blanchet qui, récupérant la balle, fusillait Carnus.

Quatre minutes plus tard, il récidivait, de la tête cette fois, et sur un centre de Rampillon venu de la gauche.

Le 3me but, celui du bonus, allait être, lui, quelque peu heureux : un tir de Maas, contré par Lopez, lobait proprement Carnus au terme d'une trajectoire inattendue (41e minute).

Autant dire qu'à la mi-temps, le match était terminé. Lopez marquera un but (47e minute) mais il fut refusé par M. Besory, qui avait déjà sifflé un coup franc en faveur des Marseillais.

Mais la note s'alourdissait encore à la 55e minute par l'intermédiaire de Rampillon, peut-être hors-jeu - mais quelle importance - qui reprenait une balle de Michel.

Immédiatement après Zvunka et Denoueix remplaçaient Keruzore et Blanchet.

Nantes, des lors, se contentait de faire courir la balle. À dix cependant, le jeune ailier droit Vendrely ayant été emporté sur une civière.

Skoblar toutefois, mince consolation, sauvait l'honneur, de près, à la 78e minute.

A.P.

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Le fait du match

Sans génie

Fernando Riera - et il ne nous contredira sans doute pas - à décidément encore beaucoup de pain sur la planche.

On va dire, évidemment, que nous cherchons à accabler après coup une équipe qui n'en a déjà pas besoin.

Mais le score, en fait, importe peu pour nous. D'autant qu'on doit reconnaître que deux buts Nantais furent acquis avec une certaine part de réussite, l'un étant consécutif à un louper de Maas, l'autre à un contre.

Ce qui n'enlève rien au caractère indiscutable de la victoire nantaise, méritée au-delà de toute expression.

Durant 26 minutes, la défense marseillaise tint bon. Rien, alors n'était encore perdu. Et pourtant, dès cette période initiale, la catastrophe semblait inéluctable. Que de maladresse, de passe adversaire !

Que d'à peu près, de manque de discernement dans chacune des actions des joueurs marseillais... que nous n'avions pas vu aussi apathique depuis déjà longtemps... le plus frappant sans doute étant la répugnance générale et systématique à prendre, à de rares exceptions près, la moindre responsabilité.

Prendre des risques n'est pas toujours une solution à prôner. Il est pourtant bien des circonstances où elle est la seule possible. Sans cela, aucune création n'est possible.

Or, l'O.M. s'est contenté hier, de faire courir le ballon quand il l'avait, c'est-à-dire rarement, sans faire preuve du moindre esprit créateur. Sans ambition et surtout sans génie.

A.P.

 

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

L'O.M., du moins, a-t-il été battu par une bonne équipe nantaise ?

- Evidemment, oui. Ce que Fernando Riera ne manquait d'ailleurs pas de souligner puisque sa première réflexion fut, alors qu'on lui demandait la cause de la lourde défaite de son équipe :

"Nantes a surtout une meilleure équipe que la nôtre".

Il est vrai que les Nantais, hier après-midi, avaient tout pour eux : l'engagement, le moral et la technique. Des qualités qui furent curieusement absentes de l'équipe marseillaise.

Engagement : certes oui, puisque, dès le coup d'envoi, les hommes de Jules Arribas envahirent le camp olympien et s'y maintinrent contre vents et marées, ne laissant pratiquement jamais leurs adversaires passer le milieu du terrain.

Le moral : les Nantais l'avaient aussi puisque nous avons vu un joueur comme Blanchet, qui avait failli ne pas tenir sa place à la suite d'une blessure au genou, se montrer l'un des meilleurs hommes de son équipe et réussir le K.O. décisif.

Enfin la technique : Nantes a toujours eu un fond de jeu supérieur à celui de l'O.M. Cela permet d'expliquer que de jeunes joueurs comme Vendrely purent s'intégrer facilement et se fondre dans un ensemble harmonieux. Que Blanchet puisse quitter le terrain et céder sa place un défenseur sans que le rendement de l'équipe n'en soit affecté.

Peut-on parler de malchance dans une pareille affaire ?

On peut effet évidemment invoquer une part de malchance, si l'on se place du point de vue marseillais. Comme nous l'avons longuement relaté, le premier but nantais fut le résultat d'un concours de circonstances heureux, puisque Maas servit magistralement son camarade Blanchet en ratant complètement une reprise de volée.

On peut aussi parler de malchance lorsqu'une balle, contrée victorieusement par Lopez prend un tel effet, et suit une telle trajectoire, qu'elle va échouer dans les filets de Carnus.

Mais tout ce que l'on peut dire à ce sujet ne change rien au problème. Malchance ou pas, hier après-midi, Nantes était nettement le meilleur et sa victoire ne souffre d'aucune contestation.

L'O.M. est-il condamné, cette saison, à jouer les seconds rôles ?

- Nous croyons malheureusement que oui : en début de saison, sans critiquer un recrutement qui en valait bien un autre, nous ne pensions pas que l'O.M. aurait joué les tout premiers rôles. Autrement dit, nous espérions pour lui une place dans le premier quart du tableau et une honorable carrière en coupe.

Aujourd'hui, nous pensons que l'O.M. n'aura pas à craindre les affres de la relégation, mais ses prétentions devront se limiter à obtenir une place au milieu du tableau.

Peut-on tout de même entrevoir une raison à une pareille chute de régime ?

Nous sommes sûr qu'il n'existe pas de remède miracle car s'il ce remède existé, le président Gallian, et les entraîneurs qui se sont succédé à la tête de l'équipe, n'auraient pas manqué de l'employer. Il est difficile d'incriminer une ligue de l'équipe plutôt qu'une autre.

En début de match, le milieu de terrain nous avait paru accomplir convenablement son travail. Il fut complètement submergé par la suite.

L'attaque fut inexistante. Quant à défense, sans le courage et l'excellente forme de Carnus, il est certain qu'elle aurait pu en encaissé un nombre de buts beaucoup plus élevé.

Quand on arrive à connaître une pareille situation, les choses ne peuvent se régler avec une baguette magique.

Un témoin, dont l'avis a son importance, puisqu'il s'agit du Ciotaden René Donoyan, le gardien de but remplaçant de Nantes, nous disait après la rencontre : il est vrai qu'il y a de bons joueurs dans cette équipe marseillaise, peut-être même trop de bons joueurs, ce qui ne constitue pas une équipe.

Et il est vrai qu'entre "l'assemblage" marseillais et "l'équipe" nantaise, il y avait bien, hier après-midi, l'écart qui fut enregistré au tableau d'affichage.

L.D.

 

 

 

 

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