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Résumé Le Provencal

du 10 décembre 1973

 

L'O.M. POURSUIT SON LENT REDRESSEMENT

Victoire sur le fil, mais largement méritée

 

Les commentaires

Les amateurs du "suspense" en ont eu pour leur argent.

A la 88e minute, le corner de la dernière chance.

Skoblar le tirait de pied de maître.

Bosquier reprenait le ballon de volée, d'un coup de pied de mule.

Aubour "La Baraka" était irrésistiblement battu pour la première fois... et l'on vit Josip et "Bobosse" que l'on disait ennemis jurés, s'embrasser comme du bon pain.

Rien ne résiste, sur un terrain de sport, à une action d'éclat réussie en commun.

Ce sera la morale, très sportive, damage divisé en deux épisodes très différents.

UNE PREMIÈRE

MI-TEMPS RÉMOISE

En première mi-temps le jeu rémois avait prévalu. Non point dans l'occupation du terrain, sans grande signification, mais dans la maîtrise de la conduite du ballon.

Plus vifs, plus techniques, assurant mieux leurs passes, les Rémois s'étaient procurés les meilleures occasions de conclure.

Il est dommage, pour eux, que Bernard Lech, Pena et Richard aient oublié d'ajuster correctement leur tir.

Inversement, l'O.M., dont la bonne volonté était évidente, paraissait lourd et maladroit. Une puissante machine ne réussissant pas à trouver la bonne carburation.

Bref, Aubour avait cueilli, très facilement, sa première balle, à la 22e minute et, jusqu'à la mi-temps, seul un retourné classique (pour lui) de Couecou avait-il réussi à menacer vraiment le gardien tropézien de Reims.

Tant et si bien que, pendant la pause, la cote de l'O.M. n'était pas très élevée.

L'O.M. UNE MASSE

ATHLÉTIQUE IMPRESSIONNANTE

En deuxième mi-temps, changement de décor.

L'O.M., nous allions le constater une nouvelle fois, possède au moins un indiscutable avantage sur la plupart de ses adversaires français : une masse athlétique assez impressionnante.

C'est assez simple, mais il est bien connu que les choses simples sont souvent plus difficiles à voir que les autres.

Donc, l'O.M., du fait de la morphologie de ses joueurs n'a aucun intérêt à jouer de façon sophistiquée, à couper les ballons en quatre.

À ce petit jeu, ses joueurs sont régulièrement battus par les autres, plus vifs, plus fins, plus mobiles sur une vingtaine de mètres.

Mais quand l'O.M. pèse de tout son poids dans la bataille, ses chances de s'imposer et par suite de forcer le cours des événements augmentent considérablement.

Avec des Couecou, des Franceschetti, et Bracci, des Bosquier, des Lopez et des Trésor on ne saurait jouer à la rémoise. C'est l'évidence même.

UNE VICTOIRE MÉRITÉE

Donc, durant toute la deuxième mi-temps, l'O.M. jouant en force, en rafales même parfois, réussit, le plus souvent, à priver son adversaire du ballon.

Cette domination de masse ne fut stérile, jusqu'à la 88e minute, que grâce à une part certaines de manque de chance.

On pense, surtout à ce tir de Skoblar sur le poteau, entre autres occasions ratées de très peu.

Il est vrai aussi, qu'Aubour fut supérieurement protégé par Jodar (No1), Laraignée, Brucato, Masclaux et l'excellents petits Krawcik.

Ajoutons, en toute objectivité, que les Rémois, au bénéfice de quelques belles contre-attaques furent dangereux jusqu'au bout.

Carnus eut, au moins, deux interventions décisives et un fauchage de Masclaux par Bracci, en pleine surface de réparation, ressemblait fort à un penalty.

Cependant, quand on fait la moyenne de tous, une évidence se dégage : la victoire de l'O.M. est méritée. Arrachée sur le fil, à la vaillance plus qu'à la technique ou à la tactique, mais méritée tout de même.

QUATRE POINTS PRÉCIEUX

Ce succès de l'O.M., faisant suite à celui de Paris, ne remet pas l'équipe olympienne dans la course pour le titre.

Chaque chose en son temps.

Mais, pire vient d'être évité.

Pensez à ce que serait la situation de l'O.M., s'il avait perdu à Paris dimanche dernier et au stade vélodrome hier.

Quelques remarques intéressantes, pour l'avenir.

La défense (0 but encaissé en 2 matches) semble, enfin, avoir trouvé une certaine homogénéité.

Le milieu du terrain est encore loin d'être parfait, mais, en attaque, la rentrée de Couecou commence à porter ses fruits, en donnant à cette division un supplément de percussion.

Quant au moral de l'équipe, lequel n'a jamais été aussi atteint qu'on a bien voulu le dire, il est, comme toujours, fonction des résultats.

Hier, les onze titulaires, plus V. Zvunka eurent au moins le mérite de se battre et d'y croire jusqu'au bout.

Il faudra encore beaucoup travailler, se rendre compte que cette équipe ne peut pas être celle du jeu fignolé, mais enfin, 4 points en 2 matches consécutifs, c'est excellent à prendre.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

SKOBLAR

héros malheureux :

"Heureusement nous avons gagné !"

"Combien restait-il à jouer quand "Bobosse" a marqué ?"

Le silencieux Antoine Kuszowski résumait par cette simple question la peur rétrospective qui s'emparait après coup de toute une collectivité ayant attendu longtemps l'événement libérateur. Georges Carnus, qui se tait quand tout va mal, pour lui et son équipe, prenait les choses à la rigolade.

"Dans le fond, nous avons eu raison d'attendre la 88me minute pour leur marquer ce but. Après, ils ne pouvaient plus revenir !"

Et celui qui avait été l'un des héros - heureux - de la rencontre, dans l'optique marseillaise, poursuivait sur le même ton :

"Je vous l'avais dit que "ça revenait "! Tout ce que je regrette, c'est, sur ma contre-attaque, de ne pas avoir réussi mon crochet intérieur. Sans cela, j'allais encore plus loin dans mon action".

Pour ceux qui n'étaient pas hier au stade vélodrome, précisons que le doux Georges, encouragé par quelques parades décisives, s'était aventuré loin de son but, balle au pied, pour la plus grande joie des spectateurs.

Mais revenons aux choses dites sérieuses, et donnant la parole à René Gallian.

"Je n'ai jamais vu un attaquant aussi malchanceux que Josip cet après-midi. En seconde mi-temps, il a bien dû se trouver à six reprises en position de tir. Pour un homme comme lui, ça signifie au minimum trois buts, c'est-à-dire le bonus".

"Mais qu'importe, nous saurons nous contenter de ce succès acquis in-extremis aux dépens d'une bonne équipe de Reims. Succès vous l'avouerez, justifié par un nombre plus élevé d'occasions, même si nous avons été longtemps à la merci d'une réussite champenoise !"

Fernando Riera, lui, analysait la rencontre avec calme et lucidité.

"Nous avons mis longtemps à démarrer, car nos hommes, à la suite de la mauvaise période qu'ils ont connue, douter encore de leurs possibilités, et ne se livrent pas comme ils le devraient, tant qu'ils demeurent contractés, surtout devant leur public.

"C'est ainsi que, sentant que le dit public s'impatiente, ils envoient la balle loin en avant, alors qu'il conviendrait de la garder, ce que les spectateurs ne comprennent pas toujours très bien.

"En seconde période, cela a marché beaucoup mieux, et le jeu, soudain est devenu plus ouvert avec des occasions de part et d'autre, car je n'oublie pas celle de cette bonne équipe de Reims.

"De ce fait, je suis satisfait de la victoire - pour tout le monde, intérieur du club - mais je n'aurais pas été désespéré par un nul, nos adversaires s'étant montrés jusqu'au bout menaçants. Vous savez quand on a un Bianchi dans l'équipe d'en face, on n'est jamais tout à fait tranquille !"

C'est aussi l'avis de Trésor, l'un des meilleurs hommes du match :

"Je connaissais déjà Bianchi et je puis vous assurer il s'agit d'un grand joueur, qui possède à la fois la classe et le moral, la combativité. En seconde mi-temps, isolé pourtant, il a été plus dangereux qu'en première, car il sait profiter des moindres occasions.

On félicitait, bien sûr, Bernard Bosquier, l'homme la dernière minute et l'artisan du succès longtemps attendu.

"J'ai marqué ce but en collaboration avec Didier Couecou. Je lui avais demandé sur cet ultime corner, de se lancer en avant, entraînant plusieurs Rémois qui connaissent efficacité de son jeu de tête. Il a fait, tout en laissant passer la balle que j'ai pu reprendre de volée, sans qu'il y ait plusieurs adversaires pour me contrer.

"J'ajoute que si j'ai pu jouer, c'est en raison des soins miraculeux de François Castellonese. Songez que cette élongation date de jeudi après-midi seulement !"

Tout en s'étant montré le grand malchanceux de la journée, Skoblar avait le sourire, ce qui n'est pas, on le sait, si fréquent.

"Il est certain que je pouvais marquer plusieurs fois avec un peu de réussite. Cela me permet de dire : heureusement que nous avons gagné !"

Le capitaine Franceschetti tirait quant à lui la leçon du match avec son calme habituel :

"Il était tout de même bien normal que nous arrivions à jouer un bon match devant une bonne équipe ! Sans cela il aurait de quoi désespérer de tout !"

Daniel Leclercq apportait une note d'humour nordiste.

"On dit toujours que je faiblis en seconde mi-temps ! Aujourd'hui, je crois plutôt que c'est Reims qui a faibli !"

Enfin François Bracci, qui est en passe de devenir l'un des "orateurs" de son équipe concluait :

"Il m'est arrivé un jour de dire : Merci Monsieur Kovacs ! Aujourd'hui je peux dire : Merci Georges Carnus ! Car il m'a bel et bien sauvé la mise. Nous l'avons retrouvé meilleur que jamais !"

C'est aussi notre avis. Et ce retour au premier plan comble de joie tous ceux qui s'intéressent à l'O.M...

Louis DUPIC

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Lucien LEDUC : "Le nul

était à notre portée".

Le président du Stade de Reims, M. Henri Germain, demeure toujours flegmatique même devant l'adversité.

"L'O.M. a mérité son but, nous dit-il, si nous l'avions encaissé au début de la rencontre, cela aurait été moins dur pour nous !"

L'entraîneur Lucien Leduc a admis moins facilement cette défaite sur le poteau.

"Nous n'allons pas en faire une maladie. En seconde mi-temps nous sentions le nul à notre portée et nous avons eu le tort de laisser trop d'initiatives à nos adversaires. Dans tous les cas, il y a eu un penalty flagrant de Bracci contre Masclavi qui n'a pas été sifflé !"

Marcel Aubour n'était pas heureux d'avoir été battu par son ami Bosquier. "Il m'avait pourtant prévenu à la mi-temps. C'est le second but que Bosquier me marque dans sa carrière !"

Carlos Bianchi le buteur n'avait pas été à la fête. "Un match nul aurait été plus équitable !" Mais en première mi-temps nous avons eu quatre occasions véritables de but ! Enfin, que voulez-vous, football c'est comme ça..."

A.D.

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Le match en bref

En dépit d'un vent froid qui n'incitait pas trop aux sorties dominicales, 15.000 spectateurs, environ, garnissaient les gradins du Stade-Vélodrome pour assister à un choc, en principe passionnant O.M. - Reims.

Le premier tir de la rencontre fut l'apanage de Bernard Lech qui plaça sa balle au-dessus de la transversale (6e minute), le petit Argentin Ignacio Pena, ensuite, obligea Carnus à dégager du poing (11e mn), les Champenois menaient la danse par un jeu collectif mieux cousu, plus structuré, mais l'Olympique réagissait par Magnusson (26e mn), Leclerc (28e), Bracci (29e), Couecou (40e) et Franceschetti (44e).

Finalement, la mi-temps était atteinte sur le score nul de 0 à 0.

À la reprise, le team marseillais, sans doute morigéné par Fernando Diera, passer le braquet supérieur et se mettait à faire le forcing et à dominer territorialement.

Aubour fut contraint de plonger dans les pieds de Skoblar (50e). À la 52e minute, on crut que le bouillonnant Yougoslave allait ouvrir le score, Aubour était sorti à sa rencontre, la cage était vite, Josip ajusta sa balle qui s'écrasa contre le montant droit de la cage rémoise !

À la 12e minute, Masclaux fut fauché de façon indiscutable à l'intérieur des 18 mètres marseillais, mais l'arbitre ne siffla pas penalty contre le fautif Bracci.

Un peu plus tard (74e), Richard se trouva seul devant Carnus qui sauva ses bois en lui plongeant dans les pieds.

On s'acheminât vers un match nul, lorsqu'à la 88e minute de jeu, Skoblar tira un corner, la balle aboutit à Bosquier qu'il la reprit avec autorité et violence et ce fut l'unique but de ce match. Marseille finissait donc par l'emporter contre Reims par un but à zéro.

Alain DELCROIX

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Le fait du match

Et Magnusson ?

Le bolide de Bosquier faisant à son vieil ami Marcel Aubour le "coup de la dernière minute" a, on le sait, littéralement libéré le stade tout entier, spectateurs, joueurs et dirigeants croyant devoir déjà se matérialiser, avec des sentiments divers, spectre d'un 0-0..., disons inopportun.

Réussite tout à fait méritée, nous empresserons-nous de préciser, si l'on s'en réfère au nombre d'occasions de buts et au travail respectif de Carnus et de son vis-à-vis.

Il n'en demeure pas moins que cette victoire, qui aurait pu être large, a, en définitive, été acquise in extremis.

C'est le football, nous direz-vous. Il y a des jours comme cela, ou rien ne vous veut sourire.

Certes... Mais nous avons tout de même été frappé par la curieuse obstination des Marseillais à vouloir passer par le centre. Là même ou Jodar et Laraignée montaient la plus vigilante des gardes.

Quant à l'utilisation des ailiers - arme non négligeable puisque l'O.M. opérait avec quatre véritables attaquants - elle se résuma pratiquement aux seuls Kuszowski.

L'O.M. auquel on reprochait naguère de "pencher à droite" ne joue pour ainsi dire aujourd'hui que sur la gauche.

Dommage ! Car les trois bonnes balles que touche Magnusson en première mi-temps - la 1re à la 38e minute - débouchèrent sur autant de situations périlleuses pour Aubour.

L'absurdité d'un Magnusson non utilisé n'ayant certainement pas échappé à Fernando Riera, le Suédois fut enfin sollicité dès la reprise. Il donna alors deux balles extrêmement dangereuses, la première filant devant la cage rémoise, la seconde étant mise par Skoblar au-dessus.

Mais après un quart d'heure de jeu, il se blessait élongation et sortait.

Combien de fois avait-il été servi dans de bonnes conditions ? Sept, huit fois peut-être.

Ce ne sont pas les Rémois qui s'en plaindront !...

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

Y avait-il penalty

contre Bracci

 Les Rémois réclamaient un penalty à la 39e minute pour faute de Bracci sur Richard. M. Didier eut-il raison de passer outre ?

- Comme toujours en semblable cas, il est bien difficile de faire la part des choses, les versions d'un camp à l'autre variant sensiblement.

En outre, il est parfois malaisé d'établir une différence entre le fait de gêner un adversaire, ce qui est illicite, et celui de se rend coupable sur lui d'un geste d'antijeu, ce qui ne l'est évidemment pas.

Depuis les tribunes, il apparut à plus d'un spectateur que Richard, avant de rater son tir qui passa à droite de la cage de Carnus, avait été retenu par Bracci...

Mais on sait que les gradins sont loin d'être l'endroit idéal pour juger d'une situation de ce genre.

Ce qui est sûr, c'est que le grand François - encore qu'il ait mis un point d'honneur hier à se montrer moins irrégulier dans ses interventions - commit sur Masclaux, à 20 minutes de la fin une faute en pleine surface qui aurait pu coûter très cher à son équipe, tant elle était -celle-là - évidente.

Ce qui n'enlève rien à sa performance d'ensemble : bien au contraire, le seul "Marseillais" de l'équipe donne l'impression de progresser à chaque match.

  Et maintenant ?

Il y aura avant toute chose, l'assemblée générale de vendredi prochain.

Une assemblée sur laquelle le but de Bosquier aura eu de très lourdes conséquences...

Seul le résultat content en définitif (nous ne parlons pas ici du match d'hier), le bilan de Fernando Riera est pour l'instant très positif : 2 matches, 2 victoires, 2 buts pour, 0 contre.

On remarquera que l'O.M. ne manque pas beaucoup de buts mais n'en encaisse pas non plus, Ce qui constitue un changement radical avec un passé encore très récent.

Le match contre Reims, en outre, aura apporté la preuve qu'un certain changement dans le comportement des joueurs sur le terrain : beaucoup plus engagement d'engagement et surtout d'altruisme.

Sans parler de la satisfaction par le "retour" d'un Franceschetti en net regain de forme et d'un Leclercq qui s'affirme de plus en plus dans un rôle de distributeur qui lui va comme un gant.

La conclusion de tout cela semble couler de source : parler un peu plus de football, un peu voit d'événements extra-sportives et laisser les techniciens oeuvraient dans le calme.

Beaucoup de jugement ne dépendent-ils pas, en définitive, des résultats eux-mêmes ?

A.P.

 

 

 

 

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