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Résumé Le Provencal

du 11 novembre 1973

 

Malgré le courage des Olympiens à Metz 0-1 

LA CHUTE S'ACCENTUE !

 

Les commentaires

METZ - Il n'y a pas eu de miracle pour l'O.M. à Metz. 14e du classement, il a subi devant le 18e une nouvelle défaite, qui permit à ce modeste adversaire de revenir à son niveau. Il n'y a pas de quoi pavoiser, et nous pensons que cette idée ne viendrait à l'esprit de personne.

Mais nous parlons, ne l'oublions pas, de ce qu'il était il y a quelques jours convenu d'appeler un grand malade, étrillé à Bastia et Cologne, humilié devant son public à deux reprises, à quelques jours d'intervalle par des rivaux de faible niveau.

Ajoutons que depuis le drame de la coupe d'Europe, les joueurs marseillais et leurs responsables ont préparé cette rencontre dans les plus mauvaises conditions possibles, perdus loin du réconfort qu'ils auraient pu trouver dans leur entourage, dans leurs familles, dans cette froide Lorraine pendant plusieurs jours. Avec cela, des bruits de coulisse, des rumeurs extra-sportives leur parvenant diluées mais de façon tout aussi pernicieuse.

Nous pensons que toutes les conditions étaient réunies pour une nouvelle déroute, les campagnes hivernales dans l'Est n'ayant jamais beaucoup réussi dans le passé au meilleur O.M.

Aussi dit-on considérer comme méritoire la courageuse réaction d'une équipe évidemment fragile à tous les égards, aussi bien dans le domaine des possibilités techniques que du moral. N'accablons donc pas des sportifs très malheureux, qui cette fois ne le mériteraient pas.

UN DÉBAT TRÈS SERRÉ

Metz étant encore plus mal placé au classement que l'O.M., ce n'était pas une soirée à se faire des cadeaux. Aussi le coup d'envoi était-il le signal du départ pour neuf combats singuliers, chaque défenseur pratiquant un strict marquage individuel et suivant l'adversaire désigné comme son ombre.

Cela n'alla pas sans heurts ni accrochages, Bracci voyant le premier quart d'heure n'étant pas achevé, sortir le premier carton jaune de l'avertissement par l'arbitre, M. Deleplace, montrant la voie à Muller puis à Rastoll.

Les Marseillais ne le cédaient à leurs adversaires ni en détermination ni en vigueur, et après les volées de bois vert reçues ces derniers temps montraient qu'à défaut de génie ils pouvaient du moins manifester des qualités morales que les critiques ne leur accordaient plus.

Quant à la défense, au centre de laquelle Trésor et Bosquier opéraient avec sobriété, elle était mise en confiance par la sûreté de Carnus et se comportait de façon rassurante. Tel était l'O.M. de la première demi-heure, convalescent, en voie de guérison, même si tout n'allait pas fort du côté de l'attaque, qui, malgré de bons mouvements, n'arrivait pas à décocher le moindre tir et inquiéter Barth.

Malheureusement, l'équipe marseillaise ne put tenir jusqu'à la pause, encaissant la suite d'un cafouillage homérique un but psychologiquement lourd de conséquences, puisque survenant au moment où elle paraissait contrôler la situation.

Ce coup dur ne l'empêchait pas de réagir, et l'on voyait au début de la seconde période, enfin, un tir des Marseillais, hélas, en dehors du cadre.

Les mouvements offensifs étaient plus larges, plus tranchants, et rien ne semblait perdu. En d'autres temps, il est probable que l'O.M. aurait prit le dessus sur un adversaire, répétons-le modeste. Mais le ballon semble toujours brûlant pour beaucoup de joueurs, qui doutent évidemment de leurs possibilités, et cela se voit au moment où il faut prendre des risques dans la passe ou le tir.

Mais ce que nous avons plus à Metz nous paraît tout de même encourageant, puisque les événements nous ont appris à ne pas nous montrer trop difficiles.

Louis DUPIC

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Ils disent

Didier COUCOU :

"Je garde le moral"

 

Inutile de dire que l'ambiance n'était pas, une fois de plus, particulièrement joyeuse dans le vestiaire marseillais après le match.

Joseph Bonnel, adossé au mur, dans une attitude qui, hélas, lui devient habituelle, les yeux remplis de toute la tristesse du monde, commentait :

"Que voulez-vous, c'est peut-être aussi cela le football. Nous avons perdu ce soir et c'est d'autant plus regrettable que, contrairement à nos différents matches, les gars se sont battus ce soir avec courage. Ils avaient été mis en face de leurs responsabilités et c'est peut-être cela qui nous a évité de renouveler nos contre-performances précédentes. En tout cas, et ne serait-ce que pour l'ardeur dont ils ont fait preuve, je n'ai pas le coeur et sans doute pas le droit ce soir de leur adresser des reproches. Ils auront au moins eu le mérite de "mouiller leurs maillots" et, vous savez que ça n'a pas toujours été le cas ces derniers temps. On se console comme on peut."

Le président Gallian, quant à lui, partageait en partie l'avis de son entraîneur :

"Très franchement, je crois qu'un match nul ce soir eut été plus équitable. Certes je reconnais que les Messins ont très largement dominé la première mi-temps, mais on doit aussi nous accorder de très nettes réactions après la reprise. La réussite n'a pas été du côté de nos attaquants, car deux fois Franceschetti s'est trouvé en bonne position de conclure sans pouvoir tirer partie du travail de ses camarades. En tout cas, je suis d'accord avec Bonnel, les joueurs ce soir ont fait leur possible. Peut-être est-il inquiétant qu'ayant fait précisément tout ce qu'ils étaient en mesure de faire ils n'aient pu malgré tout obtenir un résultat. Mais ceci est une autre affaire. En l'état actuel des choses, il nous reste à nous accrocher au moindre espoir, aussi petit soit-il et la détermination des garçons ce soir en constitue un à cet égard".

Le président, par ailleurs, répondant aux questions d'un radioreporter, apportait quelques éclaircissements sur la venue de Fernando Riera :

"Rien de concret n'est encore décidé. Nous avons une entrevue décisive à Marcel lundi ou mardi. Différents problèmes restent encore à régler et notamment des questions pécuniaires. Je précise une nouvelle fois pour qu'il ne substitue aucune équivoque, qu'il n'est pas question que Fernando Riera remplace qui que ce soit. S'il vient chez nous, ce sera en qualité de directeur technique, Mario Zatelli conservant ses fonctions de directeur sportif. Quant à Bonnel, il ne s'agit pas pour lui non plus d'une disgrâce, simplement d'un renfort. Fernando Riera étant un entraîneur de qualité ayant donné à maintes reprises la preuve de son talent et pouvant être d'un précieux secours pour Zizou.

Marcel Poujenc était là, lui aussi, comme il en a l'habitude chaque fois que l'O.M. dispute un match pas trop loin de Paris.

Lui aussi arborait une triste mine. On le comprend : le pauvre Marcel n'a jamais de chance avec son OM lorsqu'il va le voir en ce moment. Du match lui-même il nous disait :

"Les Marseillais, ce soir, ont manqué de réussite. Tous les contres favorables étaient du côté des Messins et, sans se montrer chauvin, je crois que l'on peut dire que l'O.M. pouvait fort bien repartir ce soir avec le point du match nul."

Le sentiment était partagé par les joueurs également.

Ainsi, Roger le Boedec nous disait :

"Nous sommes allés crescendo, ne commençant à nous enhardir qu'après la mi-temps. Peut-être si nous avions attaqué plus franchement, dès le début du match, aurions-nous pu obtenir ce bon résultat dont nous avions tellement besoin".

Quant à Didier Couecou, très entouré, il semblait moins abattu que ses nouveaux partenaires.

"A dire vrai, je m'y attendais un peu, déclarait-il, mais je dois dire que nous n'avons vraiment pas eu beaucoup de réussite ce soir. Cependant, je garde confiance. Il n'y a pas de raison que cela ne revienne pas. Je vous assure que je conserve le moral".

Puis Didier s'inquiétait auprès des observateurs neutres :

"Vous dites qu'il y a du progrès par rapport aux matches précédents ? Oui, alors, croyez-moi, cela va revenir."

Alain PECHERAL

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TROIS HOMMES SUR LA SELLETTE...

Bonnel et ZATELLI s'inquiètent :

"Qu'allons nous devenir !"

 

METZ - Le Novotel, dans la plaine lorraine balayée par un petit vent frais, sous un ciel bas et gris.

Nous sommes à une vingtaine de kilomètres de Metz, et il n'y a rien d'autre à faire qu'à rester au chaud dans sa chambre.

C'est là que nous trouvons Joseph Bonnel, lisant au lit, ou plutôt essayant de lire "Soleil au vent", de Jean Hougron. Il est 10 heures du matin ; l'entraîneur marseillais n'a pas mit le nez dehors.

"Je ne sais pourquoi j'ai ouvert ce livre, car je pense à tout autre chose. Depuis hier soir, M. Gallian m'a appris qu'il se proposait d'engager Fernando Riera, et je lui ai bien entendu demandé si cela sous-entendait mon éviction. Il m'a répondu que non, et s'est même fâché que je puisse le supposer un instant. Et pourtant, j'aimerais qu'on explique ce que peut bien être un directeur technique, puisque ce serait le titre de M. Riera. S'il forme l'équipe, définit les principes de jeu, que me reste-t-il ? La préparation physique ? Pour cela, mieux vaudrait alors un spécialiste comme M. Cosledan. Comprenez bien, dans ces conditions, qu'il est normal que je me pose des questions".

UN PROBLÈME D'AUTORITÉ

"D'ailleurs, je ne pense pas que le vrai problème soit celui de l'entraînement, mais bien plutôt celui de l'autorité. Je crois de bonne foi, en acceptant ce poste, obtenir la pleine adhésion et la bonne volonté des joueurs envers un ami. Je me suis long lourdement trompé, et vous pouvez faire état de ce que je vais vous dire. Pour se faire comprendre et obéir, il faut frapper fort sur la table et distribuer des amendes. Mais là encore, j'ai cru que ce n'était pas à moi de le faire, mais plutôt à M. Gallian ou à M. Zatelli. Vous me voyez, honnêtement coller des amendes à Josip ou à Bernard, qui étaient mes coéquipiers il y a encore 6 mois ? On ne commence pas une carrière en donnant des coups de bâtons sur les doigts. Tout cela je l'ai reproché aux joueurs, hier soir, à table. Et s'il y avait que cela... Mais certains qui ne peuvent pas se voir en peinture, plaisante quand ils sont ensemble, et ça donne le change à tout le monde. Si M. Riera peut rétablir l'ordre et l'autorité, eh ! bien tant mieux pour lui tout le monde. Mais à son sujet, je m'étonne qu'il ne vienne pas aujourd'hui à Metz. Il aurait pu se faire une idée plus exact de la situation".

MARIO ZATELLI :

"ET MOI DONC !"

Mario Zatelli, lui, était en conversation avec son ami intime, président de Metz Carlo Molinari.

Personne ne lui a précisé ce que serait son sort dorénavant, au cas où Riera deviendrait le responsable technique de l'O.M.

"Je me demande ce que je deviens dans cette affaire. Il est certain que je n'accompagnerai plus l'équipe avec Bonnel. J'espère toutefois qu'on me laissera finir la saison comme recruteur, puisque j'aurais désormais le temps de remplir ce rôle. Ensuite, on verra bien. Évidemment, ce n'est pas de gaieté de coeur que je quitterai Marseille à mon âge, car j'aurai toujours pu rendre des services à l'O.M. Mais si on ne veut plus de moi, j'aimerais qu'on me donne une raison. Mais je ne suis pas inquiet, je vous l'assure".

LES JOUEURS INDIFFÉRENTS

Quant aux joueurs, ils étaient soient invisibles, soit muets.

Pas curieux le moindre du monde.

Nous les revoyons, il y a deux ans jouant aux boules dans la cour du Stade-Vélodrome, alors que dans le bureau tout proche on liquidait Marcel Leclerc, ou "tapant le carton" à l'aéroport de Poretta, au lendemain du désastre de Bastia.

On ne les sent pas plus concernés par cette affaire que par les précédentes.

Ce sont, dans le fond, des gens heureux.

Pour le moment, du moins, car de gros nuages noirs s'amoncellent sur leurs têtes.

L.D.

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Le président Gallian :

"Une proposition inacceptable"

Le président Gallian est arrivé, hier après-midi, à Metz s'en Riera, comme cela avait été annoncé. Nous lui avons évidemment demandé quelle était sa position à la suite des propositions très nettes est très claires faites la veille par M. Fernand Meric.

Le président de l'O.M. nous a répondu :

"Ces propositions sont évidemment inacceptables. Je ne suis d'ailleurs pas seul au comité directeur. Vous devez comprendre facilement une association à plusieurs dans laquelle l'un des deux membres à une voix prépondérante équivaut à lui donner la direction totale.

J'ai défaut, celui d'être entêté. Ce n'est pas au moment où tout va mal que je ne quitterai l'O.M. même si une violente campagne de presse se déchaîne en ce moment contre moi

L.D.

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VERS UNE REVOLUTION DE PALAIS ?

Que s'est-il passé exactement durant la séance tenue vendredi soir au stade vélodrome de Marseille par le comité directeur de l'O.M. au grand complet ?

Qu'ont pu débattre de si importants M. René Gallian et ses amis pour refuser tout contact avec la presse marseillaise ?

Est-ce le dépit, la colère, ou encore l'impuissance qui se trouve à la base de cette triste conspiration du silence sur un sujet pourtant brûlant et pour lequel le Tout-Marseille sportif se passionne ?

Les bruits les plus divers circulent à ce propos, mais il ne peut s'agir, bien sûr, que de suppositions puisque les intéressés gardent le secret.

On dit, même que ne dit-on pas, que ces mêmes membres du comité directeur n'ont pas tous une vue identique sur la conduite à suivre dans le futur.

Certaines mauvaises langues affirment aussi qu'il existe deux clans, les uns ayant tendance à prendre en considération les propositions de M. Fernand Meric, les autres s'y opposant formellement.

Qui va l'emporter, faire pencher la balance et peut-être provoquée une révolution de palais ?

Nul ne peut l'affirmer encore, mais de toute façon, l'échéance n'est pas lointaine.

D'ailleurs, M. Fernand Meric nous a précisé hier à cet égard :

"J'attendais une réponse positive... ou négatif dans la journée de samedi. J'attends toujours. Mais la patience a des limites. Nous avons tenu nous aussi une réunion avec mes amis, du comité de réforme et si nous n'avons aucune nouvelle d'ici lundi midi, alors nous prendrons officiellement position. Et nous demanderons des comptes publics en notre nom et aussi ce ces 15.000 sympathisants qui ont adhéré spontanément à notre mouvement."

Affaire donc plus que jamais à suivre de très près.

X X X

Dans l'après-midi d'hier, notre ami Louis Dupic nous décrivait par téléphone le climat dans lequel baignait l'O.M. à quelques heures du match. Vous lirez les déclarations de Jo Bonnel et Mario Zatelli par ailleurs.

Et le moins qu'on puisse écrire, c'est que la morosité s'installe de plus en plus dans les rangs de l'O.M. À tous les échelons, on s'interroge, on s'inquiète, on suppute, on "tire des plans sur la comète".

"Noir, c'est noir", comme chantait naguère Johnny Hallyday. Quel contraste avec le traditionnel maillot immaculé.

Quant au président Gallian, à l'image d'avant-hier, il s'est montré très peu loquace avec notre reporter.

Sinon pour lui dire qu'il se refusait à tout compromis avec M. Meric.

Désormais, c'est l'impasse. Le temps presse pour en sortir. D'une manière ou d'une autre, mais pas avec une simple solution de fortune, un quelconque replâtrage.

Avec de la bonne volonté, ce serait si facile.

Gérard PUECH

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Le match en bref

Le but de Braun a suffi !

METZ - Bonne assistance hier soir à Metz, le FCM comme l'O.M. avait un urgent besoin de points. D'entrée Metz attaque par Hausknecht et Coustillet, sans danger pour Carnus cependant.

Le premier corner marseillais est obtenu par Skoblar (6e minute). Mais, deux minutes plus tard, les Lorrains sont bien près d'ouvrir la marque, deux occasions très nettes coup sur coup par Jeitz et Tota.

Bracci, encore une fois, trop sec dans ses interventions, écope d'un avertissement. Braun, à plusieurs reprises, s'échappe, mais Trésor, qui veille au grain, parvient à le rejoindre.

L'O.M. obtient un autre corner à la 30e minute, puis un très bon centre de Skoblar occasionne un loupé de Baulier, qui n'est, hélas, pas mis à profit.

Sur la contre-attaque, un cafouillage monstre devant la cage de Carnus permet à Braun d'ouvrir la marque (38e minute), malgré une tentative désespérée de Bosquier, ayant repoussé dans un premier temps la balle sur la ligne.

Dès la reprise, Kuszowski adresse, de 20 mètres et du pied gauche, le premier tir marseillais de la partie, qui passe à côté.

Franceschetti l'imite après un très bon travail sur la gauche de Kéruzore et Bracci. Le capitaine marseillais, démarqué par Le Boedec, a, aussitôt après, encore une bonne occasion. Mais son tir, une fois de plus, rate la cage, tout comme laisser de Couecou, en pleine surface.

Occasion très nette encore de Couecou, dont la reprise fulgurante est stoppée par Barth dans un étonnant réflexe.

Puis pour Braun, devant lequel Carnus doit intervenir à deux reprises, dont une fois du pied, tandis que Victor Zvunka dégage sur sa ligne, et coup franc à de Baulier.

La fin du match n'amènera plus grand-chose de notable, cependant signalons que Rastoll écopera, lui aussi, d'un avertissement.

Alain PECHERAL

 

 

 

 

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