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Résumé Le Provencal

du 22 janvier 1973

 L'O.M. complètement retrouvé !

Une victoire méritée

magnifique et collective

NANTES - Nous sommes devenu un spécialiste : l'anti-Nantais par excellence.

C'est la troisième fois que nous voyons l'O.M. remporter sur le stade Marcel Saupin une précieuse victoire. La première fois, l'heureuse affaire se situait à l'époque d'Otto Gloria, une victoire magistrale et magnifique par 4 à 1, alors que les Nantais étaient de très loin les favoris de la rencontre. Elle devait ouvrir à l'O.M. la route de la première division.

La deuxième fois, ce fut au cours de la saison 70-71, celle du premier titre moderne olympien. Avant le match, Mario Zatelli, très pessimiste, nous parler de la symbolique épée de Damoclès suspendue sur sa tête. Après le succès (3 à 1), le plus grand optimisme régnait dans le camp olympien, et c'est à partir de cette date que l'O.M. s'envola vers le titre.

A ces deux éclatantes victoires viendra s'ajouter celle de ce merveilleux dimanche de janvier, complétée par le demi-échec de Nice.

Hier, l'O.M. n'était plus dans la course ; aujourd'hui, il peut recommencer à espérer. La chose ne sera pas facile, on le sait, mais entre la position de l'O.M. avant la rencontre et celle qu'il occupe depuis le coup de sifflet final de M. Besory, il y a plus d'une marge : un véritable fossé.

Curieusement, une même image nous restera de toutes ses défaites nantaises devant l'O.M. : celle du visage désolé de l'excellent Arribas. Car Nantes, malgré vents et marées, a toujours fait confiance au même entraîneur.

Enfin une véritable équipe

Mais venons-en à la troisième de ces victoires, la seule qui puisse vraiment intéresser nos lecteurs aujourd'hui.

À la mi-temps, alors que l'O.M. menait par 2 à 1 mais que l'on pouvait prévoir une énergique réaction nantaise, nous nous disions : "Quoi qu'il arrive, nous pouvons toujours écrire que nous avons vu pendant une demi-heure le meilleur O.M. de cette saison".

Les premières minutes de la rencontre ne se passèrent pas, en effet, comme on pouvait le supposer. Le meilleur football, le plus net, le plus précis n'était pas celui de Nantes, mais celui de l'O.M. Les Olympiens dominaient les Nantais dans leur meilleure spécialité, et le jeu au milieu du terrain tournait à leur adverse avantage, alors que l'on croyait généralement que le contraire allait se produire.

L'O.M. baignait dans l'huile, alors que le moteur nantais accusait de sérieux ratés. Ce fut notre plus agréable surprise de toute la rencontre.

L'O.M., enfin, formé une collectivité homogène autant que cohérente, et tous ses titulaires du jour méritaient la même citation élogieuse.

Chacun avec ses moyens - Gress ne saurait jouer comme Trésor. Zvunka imiter Skoblar et Bracci réussir des dribbles à la Magnusson - donnait le meilleur de lui-même.

Bref, équipe que l'on cherchait depuis le début de la saison existait vraiment.

De la tête de Skoblar

à la main de Carnus

Le résultat ne tarda pas à se montrer au tableau d'affichage. Di Caro, ayant arraché le ballon à la lutte à De Michele, centra de la droite : Skoblar marque la tête un de ses buts admirables dont il a la spécialité.

1 à 0 : on n'était qu'à la 13e minute

Carnus n'avait pas encore touché le ballon, tellement il était bien protégé par ses défenseurs, quand Arribas réussit, de 25 mètres au moins, un tir à la Leclercq. Un vrai boulet dans la lucarne.

La chance du jour allait-elle être nantaise ? Le public commençait à chanter son "Ave Maria" traditionnel quand, en deux coups de cuillère à pot l'O.M. faillit passer à 2 à 1. Une première fois, Di Caro, de la gauche, cette fois, obligea Bertrand-Demanes à lâcher le ballon. Bonnel, qui se trouvait là - et ce n'est pas par hasard qu'il arrive souvent à point nommé pour conclure - logeait la balle dans la cage.

Là-dessus, une des plus belles combinaisons collectives de l'O.M. démarqua totalement Gress, en pleine surface de réparation. Allait-il à son tour marquer le but qui eut été celui du k.o. ? Non, son tir trop croisé passa à gauche. C'est alors que les Nantais commencèrent à se fâcher.

Servi par Marcos, Couecou seul à quelques mètres de la cage olympienne, crut au but égalisateur. Il nous l'a dit après le match. Nous aussi. Mais la main miraculeuse de Carnus dévia le ballon en corner. Ce fut pour l'O.M. la plus chaude alerte de tout le match.

La terrible bataille

de la deuxième mi-temps.

Alors commença cette terrible deuxième mi-temps. Deux chiffres vous expliqueront mieux qu'un long commentaire. Douze corners à deux pour Nantes mais un seul arrêt au demeurant anodin, de Carnus sur un tir d'Arribas.

C'est assez dire que l'O.M. su faire beaucoup devant son gardien, mais aussi se battre sur toutes les bases et sur les points du terrain.

Après avoir joué en équipe complète pendant presque une mi-temps, O.M. avait retrouvé cet esprit de corps, ce goût de la bataille qui lui valurent tant de points précieux au cours des deux précédentes saisons.

Il est certain que cette passionnante deuxième mi-temps - passionnante par son incertitude - fut d'abord celle des hommes forts de l'équipe, des durs à cuir : Trésor et Zvunka en tête, le premier le premier véritable roc défensif, Bracci, Lopez et Bonnel.

Mais tous les autres participèrent eux aussi à cette lutte acharnée, même Magnusson qui, bien que la chose lui répugne, n'hésita pas à se battre sur tous les points chauds de la rencontre.

Bref, du commencement à la fin, cette victoire fut avant tout celle d'une équipe retrouvée.

Le football d'abord

Cependant, comme nous préférons le football de la bataille, nous avons la faiblesse de croire que ce succès qui, sur le vu de la rencontre, n'a rien de miraculeux, l'O.M. la surtout obtenu et mérité par son excellent football en première mi-temps. C'est en prenant le jeu bien en main dès le début de la rencontre, en jouant avec sang-froid et précision, qu'il porta les coups les plus durs à son adversaire.

Nantes, l'équipe du jeu ordonné et du collectif, dominée dans le domaine où précisément ses joueurs se croyaient nettement supérieurs : voilà ce qui, pour nous, fut l'événement déterminant de la rencontre. Si l'O.M. s'était contenté de subir le jeu de bout en bout en comptant sur d'éventuelles contre-attaques, nous ne croyons pas qu'il eut gagné.

En conclusion, un pas très sérieux en avant a été fait à Nantes. Il s'agit maintenant de ne pas s'arrêter en si bon chemin.

Maurice FABREGUETTES

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Le président GALLIAN : "Désormais

on va reparler de l'O.M. ..."

NANTES - Vous devinez sans peine quelle pouvait être l'ambiance dans les vestiaires marseillais après un succès acquis de haute lutte. M. Marc Barthélémy, membre du comité directeur, avait été blessé par un jet d'une boîte après le coup de sifflet final de l'arbitre. Mais lui-même ne voulait penser qu'aux deux points enlevés aux joueurs nantais. Et à l'image de tout l'effectif olympien, un large sourire s'étalait sur ses lèvres.

Tout cela n'est pas grave, disait-il. Le principal est d'avoir remporté ce match décisif.

 M. GALLIAN : "PRONOSTICS CONFIRMÉS"

M. Gallian, pour sa part, était entouré par une nuée de journalistes et sa haute stature n'était pas de trop pour tenir tête à tous.

"Qu'est-ce que j'ai à dire ? Interrogeait-il, le visage rayonnant. Eh ben, tout d'abord que mon pronostic s'est vérifié de magnifique façon.

"Depuis le début de la semaine je n'ai cessé d'affirmer que nous battrions les Nantais. Vous voyez, je ne me suis pas trompé.

"Maintenant, je vous signale que ce mauvais cap passé, il sera très difficile d'imposer sa loi à l'O.M. Je suis certain que l'équipe a retrouvé le célèbre moral qui, jadis, faisait merveille. Allons, le championnat, bien loin d'être car perdu pour nous, ne fait, je crois, que commencer. Nous avons gagné ce match et, croyez-moi, nous en gagnerons d'autres".

- "Que dire, avons-nous demandé sur le comportement des joueurs ?

"Tous ont démontré, a répondu le président, qu'ils s'étaient toujours les titulaires indiscutables. Nous avons bien fait d'être fidèles à une ligne de conduite, sans bouleverser notre formation, cela nous a permis de négocier en champion ce virage décisif."

- "Pensez-vous que les nouvelles fonctions de Zatelli, désormais plus près des joueurs, sont pour quelque chose dans cette réussite ?

- Oui, Linder et Zatelli ont travaillé ensemble et fait un excellent travail vous savez, d'autre part que Mario n'a pas son pareil pour tirer le meilleur parti des joueurs qu'il connaît sur le bout des doigts. De Montluçon, il a dû apprendre la nouvelle avec la joie que j'imagine. Je suis content pour lui".

 LINDER : "TOUT EST QUESTION DE MORAL"

Kurt Linder, lui aussi, savourait le succès de ses hommes.

"Vous voyez, ce n'est pas difficile quand on est une bonne équipe, de battre son adversaire. Il suffit de rentrer sur le terrain avec un moral de vainqueur. C'est ce que nos garçons ont fait aujourd'hui.

"Ils savaient tous, en venant à Nantes, qu'ils allaient jouer leur dernière chance, et ils ont abordé la rencontre avec un état d'esprit qu'ils n'avaient pas, il faut bien avouer, en d'autres circonstances. Jugez du résultat.

"Et je tiens à préciser que cette victoire n'est absolument pas due à la chance. En plus de la volonté, l'O.M. a fait intervenir son métier, son expérience et contre le tout réuni, les Nantais, vous l'avez vu, ont bien été obligés de s'incliner".

- "Rien n'est donc perdu ?"

- "J'espère bien que non !"

"L'O.M. a désormais toutes ses chances. On avait beau reporter nos ambitions sur la Coupe, ce n'est pas une solution. Rappelez-vous l'an passé, l'O.M. a gagné la finale mais il avait bien failli se faire éliminer à Montluçon en Coupe. Tout peut arriver. Dans ces conditions mieux vaut être compétitif en championnat.

"Cet après-midi, nous sommes parvenus à nous remettre dans la course. En conclusion, je peux dire que l'O.M. a réalisé une excellente opération".

 ZVUNKA : "PEUT-ÊTRE LE DÉCLIC..."

Dans les vestiaires marseillais se trouver Georges Boulogne qui nous a bien entendu livrer son sentiment sur le match au sommet de la journée : une très belle rencontre, a dit le sélectionneur national. Nantes a attaqué, mais l'O.M. fut loin de subir sa loi. Sa victoire en fin de compte n'est pas du tout usurpée".

Autre personnage en vue autour des joueurs marseillais, M. Philippe Seguin : "Je ne suis pas un technicien, mais nous a confié le nouveau médiateur du football français. Je peux vous dire, comme spectateur, que la rencontre a été passionnante de bout en bout".

Voyons maintenant le point de vue des principaux intéressés.

"Enfin l'O.M. a peut-être déclenché le fameux déclic attendu depuis le début de la saison, nous a confié Zvunka en buvant comme tous ses camarades le champagne de la victoire.

"Nous avons prouvé en tout cas, a poursuivi le capitaine, que nous n'étions pas encore relégués au second plan. Certes, nous avons passé des moments difficiles, mais nous avons cru en notre chance. On disait le championnat perdu. Je crois désormais que la route sera encore longue pour nos adversaires".

Lopez lui aussi participait à la bonne humeur générale : "Nous avons battu Nantes, c'est bien. Nice a fait match nul, c'est encore mieux. L'O.M. n'a pas encore prononcé son dernier mot".

"C'est vrai, a enchaîné Gilbert Gress, ce bon match et cette belle victoire vont nous redonner confiance".

"Je dédie cette victoire à mon fils Bruno et à mon épouse, déclara pour sa part François Bracci. Je craignais un peu Michel au début, mais tout a bien marché. Je suis pleinement satisfait.

 MAGNUSSON AVAIT DU MAL À RÉALISER

"Je ne pensais jamais que nous battrions les Nantais. Ils ont joué très dure en défense, mais qu'importe ! puisque l'O.M. s'est montré le plus fort".

"Oui ! continua Skoblar, on ne nous a guère fait de cadeau. Le principal, n'est-ce pas d'avoir le dernier mot au tableau d'affichage ?"

Trésor, très brillant hier après-midi, rendit hommage à ses partenaires de la défense : "Tous ont très bien joué devant moi, de sorte que mon travail a été facilité d'autant".

"Enfin, Di Caro faisait des projets d'avenir. "J'espère que nous allons poursuivre sur notre lancée. J'aimerais en ce qui me concerne réussir une aussi bonne partie au Stade Vélodrome, pour gagner enfin les faveurs du public marseillais. Quoi qu'il en soit, je fais mon possible pour y parvenir et Bonnel, un des buteurs du jour, a promis pour bientôt une aussi belle victoire aux supporters olympiens.

 ARRIBAS : "L'O.M. EST UNE ÉQUIPE DE CLASSE"

Dans le camp nantais, on soupirait évidemment sur ces deux points perdus qui peuvent avoir une incidence sur la suite de la compétition. Mais personne, il faut le souligner, ne cherchait à minimiser la victoire de l'O.M.

Didier Couecou fut le premier à situer le succès de ses anciens partenaires à sa juste valeur.

"L'arbitre n'a pas été trop tendre avec nous, disait-il, en nous refusant notamment un penalty flagrant, mais l'O.M. est encore une grande équipe. Je lui souhaite sincèrement de continuer ainsi. Même si je regrette un peu de n'avoir pu réussir au moins le match nul pour que Nantes l'emporte ; il aurait fallu mener à la marque".

Budzinski lui aussi ne cherchait pas d'excuse : "L'O.M. a joué comme il fallait en utilisant toutes ses armes. Nous étions contractés et nous ne sommes jamais parvenus à nous libérer. Dommage. Ce match était capital".

L'opinion de l'entraîneur Arribas pour terminer :

"Nous avions enlevé six victoires consécutives. C'était la septième rencontre qu'il ne fallait pas perdre ! Que voulez-vous, c'est le football, mais Nantes n'a pas à rougir. Il est tombé devant un adversaire de première qualité".

Voilà qui sera accueilli sans doute avec plaisir par le champion de France toujours en l'exercice.

Jean FERRARA

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