Résumé Le Provencal

du 16 septembre 1970

MAGNUSSON et SKOBLAR méconnaissables

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

TRNAVA - Le temps est toujours aussi magnifique chaud et ensoleillé hier. Mais, contrairement à ce qui nous avait été dit, le stade est loin d'être plein alors on va commencer la rencontre.

Aucun changement à l'O.M. tandis qu'à Trnava l'international Kuna blessé à Nice, ne peut tenir sa place.

Il sera remplacé par un certain Vardin.

Grand nouvelle ce matin, les deux internationaux actuels de l'équipe slovaque Hagara et Dobias ont été suspendus pour n'avoir pas su respecter les consignes à Nice, ils joueront cet après-midi mais on ne sait pas encore s'ils pourront venir à Marseille, le 29 septembre.

Un petit effort de plus et la partie des responsables de l'équipe nationale tchécoslovaque et l'O.M. se contentera de rencontrer la réserve de Trnava au match retour.

Mais nous n'en sommes pas encore là, il convient d'abord de suivre la rencontre du jour qui va débuter sous les ordres de trois arbitres roumains.

Les premières actions dangereuses sont pour Trnava.

Un centre de l'ailier gauche Kabat, heureusement pour l'O.M. mal repris par l'ailier droit Martinkovic et surtout un tir de Dobias sur le poteau, suivi d'un autre tir de Hagara en plein sur Escale.

Mais un louper de Dobias va permettre à Skoblar de se trouver seul, balle au pied, dans la surface de réparation. Est-ce le but ? Non !

Son tir va droit sur le gardien de Trnava, lequel peut dégager au pied.

Nous n'en sommes qu'à la 5me minute de jeu et il s'en est donc passé des choses !

Magnusson attendra la 10e minute pour se manifester : 2 ou 3 dribbles mais ce n'est pas encore le grand Magnusson.

Comme prévu, équipe slovaque domine au milieu du terrain sans cependant soumettre Escale au supplice du bombardement.

0 à 0 toujours à la fin du premier quart d'heure, alors que le jeu s'est nettement calmé.

Jusqu'à présent, c'est la fête à Hagara. Deux fois de suite, il vient de réussir à stopper net Magnusson, dès le premier dribble.

À l'opposé, Kula et à peine devant Martinkovic et il s'ensuit une nouvelle occasion de but pour Trnava (21e minute).

Trnava mène toujours le jeu, d'autant mieux que Skoblar, assez peu heureux dans ses dribbles trop répétés, se fait régulièrement prendre le ballon.

De la touche, nous entendons d'ailleurs Mario Zatelli hurler :

"Attention, Josip ! Tu en fais trop !"

Mais, malgré l'effacement, nous espérons provisoire, de l'attaque de l'O.M., 0 à 0 toujours la 30e minute.

Il est vrai que la défense olympienne, bien soutenu par Novi et Bonnel et avec un Hodoul remarquable, fait tout son devoir.

Le premier incident sérieux de parcours se situera à la 31e minute.

Masrna s'en va en solitaire, balle au pied, et rentre dans la surface de réparation, poursuivi par Zwunka.

Ce dernier arrête net son adversaire, lequel se laisse tomber de tout son corps et de tout son long en poussant un cri.

L'arbitre siffle penalty.

Dobias le tire en force, ne laissant aucune chance à Escale.

Trnava, 1 - O.M., 0.

Peu après, le même arbitre doit arrêter un commencement de pugilat entre Couecou et un défenseur slovaque.

La rencontre commencerait-elle à se positionner et à se durcir ?

En tout cas, Dobias, touché par Couecou, doit sortir pour se faire soigner, tandis que Valentovic entre à la place de Varantin.

Les dernières minutes de la première mi-temps voient l'attaque de l'O.M. manifester enfin quelques velléités offensives.

Est-ce pour la deuxième mi-temps le grand jeu des vedettes étrangères de l'O.M. ?

Nous le souhaitons.

Aucun changement à la reprise. Dès la première minute, un tir assez lointain de Faudel oblige Escale à concéder un corner.

Cela n'est rien. Beaucoup plus grave va se produire tout de suite après (48me minute). Un coup franc est sifflé contre Lopez près du point de corner gauche. Kabat le tire : l'arrière et capitaine Jarabek, monté à l'attaque, reprend violemment de la tête. Escale ne peut que repousser le ballon. Celui-ci est repris par Masrna, qui marque à bout portant.

Trnava : 2 - O.M. : 0.

Ce deuxième but va-t-il redonner du punch à l'O.M. ?

Voici enfin, un bon dribble et une excellente passe de Skoblar en direction de Magnusson.

Curieusement, le Suédois tombe tout seul, abandonnant le ballon à ses adversaires surpris, pendant que le public éclate de rire.

Décidément, Roger n'a encore rien prouvé cet après-midi.

Dans l'équipe de l'O.M., toujours très dominée, on note un changement. Depuis déjà un certain temps. Loubet joue avant-centre, Couecou restant en position d'ailier gauche.

Le festival à sens unique de Trnava va se produire. Sur une attaque rondement menée le long de la touche droite par Masrna, Escale doit intervenir in extremis (72me).

La défense marseillaise supporte tout le poids du match et, quand son attaque réussite à partir, l'équipe est littéralement coupée en deux.

La troupe surmenée ne peut plus suivre l'état-major.

Il reste tout de même l'espoir d'un petit but, heureux ou pas, qui, à lui seul, rétablirait sa situation pour l'instant compromise.

C'est-ce que doit penser Bonnel, qui part bravement à l'attaque sur une passe de Skoblar, mais il semble manquer de force au moment du tir.

C'est encore Bonnel qui, comme point final à la meilleure attaque collective de l'O.M. de tout ce match, tire de peu à côté (75me).

Dans la minute qui suit, Escale doit repousser du poing un centre très dangereux de Masrna.

Nous entrons dans le dernier quart d'heure et notons que le deuxième tir de l'O.M., dans l'encadrement depuis le début du match : il est l'oeuvre de Skoblar sur coup franc.

Là-dessus, un sur un tir de volée de Fandel, nouvel exploit de Escale, dont l'arrêt est applaudi par tout le public.

Encore 8 minutes. Un super tir de Loubet fait naître l'espoir. Un pied slovaque le détournant corner.

Dans la seconde qui suit ce corner, Martinkovic arrive seul devant Escale, après avoir dribblé Zwunka, et rata le but. Dieu seul sait pourquoi !

Plus que 5 minutes, et un tir de Loubet est repoussé du poing par le gardien de Trnava.

Et la fin arrive sur la victoire logique de Trnava par 2 à 0.

 Tout espoir de revanche

TRNAVA - Il est heureux pour l'O.M. que sa défense surchargée de travail du commencement à la fin ait su garder la tête froide sinon il ne serait plus question de Coupe des Foires pour l'équipe olympienne en ce moment.

Dans le fond, c'est très simple : l'O.M. qui compte ordinairement sur ses deux vedettes étrangères pour faire la différence, a pratiquement joué aujourd'hui sans elle.

Tout le long du match nous, n'avons reconnu ni Magnusson ni Skoblar.

Le premier privé régulièrement du ballon par son adversaire Hagara ne réussit ni un centre ni un tir et pas plus de trois ou quatre passes honorables.

Qu'est-il arrivé à Trnava au virtuose suédois qui pourtant semblait être au sommet de sa forme ?

Lui seul aurait pu nous le dire et il s'est borné à répondre à nos questions avec un certain sourire.

Skoblar lui aussi, ne fut que l'ombre du très grand joueur qu'il est habituellement.

Il se montra incapable de garder le ballon de surgir au moment utile et ses bonnes passes à ses partenaires peuvent se compter sur les doigts d'une seule main.

Qu'est-il arrivé à Josip ?

Nul ne saurait le dire même pas Mario Zatelli qui philosophiquement se borna à enregistrer ce double fait malheureux.

Placé du fait de la carence de ses meilleurs pourvoyeurs de balles dans une situation difficile Couecou en dépit de son esprit batailleur fut incapable d'élever le débat. Au grand jour de ce combat perdu d'avance il a paru techniquement limité et cloué au sol.

Sur les quatre attaquants de pointe de l'O.M. sur lesquels on comptait pour faire la différence seul Loubet tira fort bien son épingle du jeu. Il ne mérite en tout cas aucun reproche.

Cela constaté, il est facile de comprendre que l'excellente équipe de Trnava aurait pris un avantage encore plus net si les deuxièmes classes olympiens la, piétaille, n'avaient une fois encore fait front avec intelligence, force et homogénéité.

Nous accorderons les meilleures notes à Escale, à Hodoul et à Bonnel. Tous trois doivent être crédités d'une excellente partie.

Cependant, Novi très calme et très sûr, Zwunka et Lopez énergiques à souhait et à la rigueur Kula méritent de sincères félicitations. Il le fallait d'ailleurs car l'équipe de Trnava malgré l'absence de sa grande vedette Adamac et de l'international Kuna forme un ensemble redoutable.

Dobias et Haraga firent un excellent match ainsi que Jarabak, le capitaine, le stratège Hrutsecky qui dirigea la manoeuvre et l'ailier gauche Kabat lui aussi international. Parmi ceux que l'on connaissait moins bien le plus remarqué fut le remplaçant d'Adamek, Masrna lequel très percutant, joua en véritable chef d'attaque.

Faut-il estimer après cet échec mérité que la cause est entendue ?

Nous ne le pensons pas. Avec Magnusson et Skoblar retrouvés l'O.M. nous paraît encore capable de remonter ses deux buts de retard à Marseille mais il ne faut pas se dissimuler que ce sera très dur, sans être impossible.

Avec l'ambiance du Stade-Vélodrome, 40.000 spectateurs... un O.M. ayant retrouvé ses vertus offensives, la défense slovaque dure sans doute mais assez raide en son centre, pourrait se laisser surprendre.

Ce n'est bien sûr, qu'une impression, mais nous ne croyons pas, bien que l'O.M. nous ait déçu hier, que la rencontre entre deux manches soit difficilement perdue.

 TELEVU

DOBIAS crève l'écran !

Pour l'O.M. et vraisemblablement des dizaines de milliers de Marseillais, il n'y a pas eu de miracle à Trnava... mais il y a pas eu non plus, en revanche, de catastrophe ! C'est toujours cela d'acquis. Nous avions pu, à deux reprises, redouter le pire, c'est-à-dire que le match retour du 29 septembre ne soit pour nos adversaires tchèques qu'une simple et agréable promenade touristique en pays occidentaux... Ce fut tout d'abord au moment du fatidique penalty (qui défraiera sans doute longtemps la petite chronique olympienne) alors que les hommes du Spartak déferlaient sans cesse vers le but de l'admirable Jean-Paul Escale. Ensuite, après le second but, marqué dès le début de la seconde mi-temps, et qui fut le signal d'un terrible assaut qui nous parut interminable... Il y avait alors que les Marseillais n'arrivaient pas à sortir le ballon de leur surface, du 3 ou 4 à 0 dans l'air !

Fort heureusement, l'O.M. termina beaucoup mieux qu'il n'avait commencé et réussit enfin à conserver la balle et à inquiéter à plusieurs reprises le gardien adverse. Certes Skoblar et ses camarades ne parvinrent pas à marquer, mais ce baroud d'honneur a tout de même fait la preuve que les solides Slovaques n'étaient pas invulnérables.

Ils durent donc se contenter (si nous osons nous exprimer ainsi) de deux buts acquis sur des penalties, arbitrage Roumain M. Bentu n'ayant guère ménagé les Marseillais qui n'avaient pas tous les torts au cours des nombreux accrochages ayant haché la rencontre. Voilà qui promet quelques beaux règlements de compte pour le match retour ! À ce sujet, nous estimons que l'espoir demeure, même à Trnava les choses auraient pu prendre une tout autre tournure si Skoblar n'avait d'entrée, raté une occasion facile pour un homme de sa classe... Si nous avons se plus souffert que vibré hier après-midi, nous n'en avons pas moins assisté à une bonne retransmission à la télévision tchèque (le travail des techniciens étant facilité par l'exiguïté du stade), des gros plans nous faisant pratiquement pénétrer sur la pelouse avec les acteurs dont certains comme Dobias (2) Hrusecky (6), Rabat (11). Escale et Bonnel ont littéralement crevé l'écran.

Évidemment le commentaire réalisé de Paris par Michel Drhey n'a pu éclaircir les points obscurs qui nous préoccupèrent pendant une heure et demie. C'est ainsi que nous avons eu l'impression que ni Adamec, ni Kuna n'étaient sur le terrain... Ou alors ils ont bien changé !

 ZATELLI :"Nous n'avons pas

joué à onze !"

TRNAVA - Dans les vestiaires de l'O.M., de la dignité, du silence et un déception certaine. Mario Zatelli nous dit à mi-voix :

"Nous n'avons pas joué à onze sur le terrain. Comment expliquer la carence de certains de nos vedettes ? Je n'en sais rien. Avec un peu de chance, nous aurions pu cependant marquer un but, mais je n'ai rien à reprocher à ma défense qui a supporté le poids du match".

Roger Magnusson a bien voulu nous confier : "Hagara est un arrière qui monte toujours, j'ai été obligé de le surveiller et je n'ai pu réussir dans mes dribbles. Pour moi, Trnava est une très bonne équipe".

À notre question : - Comment faites-vous pour courir autant, Bonnel a répondu : "Je ne cours pas plus que les autres, il me semble cependant que nous avons une petite chance de rétablir la situation à Marseille. "

 M. Svec l'entraîneur de Trnava :

"1 à 1 à Marseille"

La plus grande joie régnait dans le camp slovaque. L'entraîneur Svec nous dit avec l'aide d'un interprète :

"Notre victoire est très logique, j'ai trouvé notre équipe très bonne et je ne pense pas que le match retour à Marseille soit facile. Un match nul 1 à 1, telle est mon pronostique".