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Résumé Le Provencal

du 19 mai 1971

O.M. : l'espoir change de camp !

Le mot de la fin

REIMS - Tout a commencé par une petite ondée céleste qui, pour être franc, n'avait rien de réconfortant. Alors que toute la journée de mardi il avait régné un temps magnifique, sur la cité champenoise, les choses se sont subitement gâtées hier soir, une demi-heure seulement avant le coup d'envoi.

Un véritable déluge s'abattit en effet sur les malheureux acteurs du lever de rideau et il va sans dire que Lucien Leduc et Mario Zatelli ne regardaient pas d'un bon oeil ce soudain déchaînement des éléments. Mais comment dit on fallait bien s'y faire.

En ce qui concerne la composition des équipes, pas de problème pour les Marseillais qui ont purement et simplement reconduit les joueurs de Bastia, avec Couecou comme 12me homme au départ.

Reims : D'Arménia, Teissiere, Laurier, Brucato, Sillou, Talic, Richard, Herbet, Blanchard, Krawczyk, Galic.

12me homme : Jordan.

O.M. : Escale, Lopez, Hodoul, Zwunka, Kula, Novi, Gress, Magnusson, Bonnel, Skoblar, Loubet

12me homme : Couecou.

Arbitre : M. Wurtz.

UNE TÊTE DE BLANCHARD : BUT

Dès le début, c'est l'arrière rémois Laurier qui se distingue par ses montées offensives sur l'aile gauche, mais c'est Talic, qui, le premier, met Escale à l'ouvrage, sur un tir lointain, bien arrêté (3me minute).

La défense marseillaise, d'ailleurs, n'a pas l'air de s'affolé du tout après ce départ rapide de l'adversaire. Un centre de Lopez arrive même sur Skoblar, mais Josip manque l'interception (7me).

Alors que la pluie redouble, les événements vont pourtant se précipiter pour les Olympiens. Laurier s'en va encore sur son aile droite, se trouve au terme d'un centre impeccable la tête de Blanchard.

La reprise du N.7 rémois est remarquable de soudaineté, et la balle, heurtée, de plein fouet, va se loger dans le coin droit des buts d'Escale.

On joue exactement depuis 10 minutes, l'O.M. est mené 1 à 0.

ESCALE SE DISTINGUE ET LOUBET MARQUE

Magnusson essaie bien de réagir, mais Laurier, jusqu'ici, ne lui laisse guère d'initiative. Escale doit encore intervenir sur un tir lointain de Galic (25e minute) : puis, sur un boulet de canon du même, astucieusement alerté par Laurier (29e minute.) Mais l'exploit d'Escale est inutile : le Rémois avait été signalé hors jeu.

Par contre, le gardien marseillais réalise un sauvetage miraculeux en repoussant, quelques minutes plus tard, un nouveau tir de Galic, décidément en verve. La belle forme d'Escale va mettre alors ses camarades en confiance, ce qui va finalement amener l'égalisation pour l'O.M.

Gress se démène pour trouver la faille, et son obstination va être payante. Un long centre de la droite sur Loubet, une magnifique reprise de volée de l'international olympien ; D'Arménia reste sans réaction : la balle est au fond des filets (37e minute).

Les affaires s'arrangent pour l'O.M., qui a su, si l'on peut dire, laisser passer l'orage pour revenir à la hauteur de son adversaire.

Escale a encore deux interventions pleines d'à-propos, notamment sur un joli tir de Krawzyk (40e minute). De sorte que l'O.M. véritablement dominé en première mi-temps, peut regagner les vestiaires à la pause avec la satisfaction du devoir accompli.

La reprise, les Rémois vont l'aborder à toute vitesse, et Galic tire à bout portant sur Escale, qui met en corner. Mais un fait nouveau est intervenu : on apprend que Nîmes mène devant Saint-Étienne par 4 à 1 et l'O.M., averti ou non, puise des forces nouvelles dans ce résultat pour lui encourageant.

Les Marseillais obtiennent un corner, tiré par Magnusson, qui va faire passer le frisson dans le dos des spectateurs rémois, car Skoblar et à la réception et son coup de tête est arrêté sur la ligne par l'arrière Laurier 55e.

Les Olympiens protestent même car ils estiment que le ballon avait pénétré à l'intérieur de la cage. M. Wurtz, cependant, reste sourd à leur appel, alors que l'arbitre de touche avait semble-t-il levé son drapeau pour valider le but.

ENCORE LOUBET

Mais il va s'avérer un peu plus tard que les Marseillais n'ont vraiment pas de chance. Magnusson slalome comme aux plus beaux jours sur son aile droite. Le Suédois a vu Skoblar un moment délaissé par Brucato ; il lui transmet la balle sans hésiter une seconde.

L'avant-centre marseillais fait un crochet pour éliminer son adversaire direct, et son tir du pied droit trompe imparablement D'Arménia. Hélas ! trois fois hélas ! l'arbitre refuse le point pour un hors-jeu discutable, et encore une fois.

Mais l'O.M. va pourtant avoir le dernier mot contre l'adversité. À l'origine, toujours Magnusson, dont le tir est repoussé une première fois par D'Arménia. Loubet est en embuscade. Il récupère le ballon et le loge dans la cage rémoise (75me minute).

Une action de toute beauté et M. Wurtz cette fois, ne peut que désigner le centre du terrain. Il semble alors que le Stade de Reims accuse le coup et les Olympiens, maîtres maintenant des opérations, en profite pour soumettre D'Arménia à un bombardement en règle.

Skoblar est sur le point d'ajouter un nouveau but, après un tir repoussé de Novi, mais le gardien rémois est assez chanceux pour se saisir finalement du ballon (80me minute).

D'Arménia dégage encore au pied devant Skoblar, alors qu'il reste trois minutes au plus à jouer.

L'O.M. va-t-il tenir sous le dernier assaut des champenois ? Oui, et de magnifique façon même puisque Bonnel amorce une dangereuse offensive quand M. Wurtz met fin à l'explication.

C'est gagné pour l'O.M. et même bien gagné puisque le voilà désormais leader.

Jean FERRARA

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Deux buts de LOUBET qui valent de l'or

REISM - Quand Magnusson se réveilla, l'O.M. retrouva la cadence du champion.

Nous commencerons par une constatation : l'affaire, pour l'appeler par son nom, n'a pas rendu l'O.M. populaire en France, hier soir, à Reims, il fut accueilli comme le loup dans la bergerie.

Nous pensions que Magnusson, sur sa forme bastiaise et sur un terrain patinoire allait mettre les rieurs de son côté, dès le début. Mais c'est son adversaire direct Laurier qui allait tirer le premier les marrons du feu en permettant à Blanchard de marquer de la tête un but admirable.

Une fois encore, on s'est demandé si le gardien Escale aurait pu intervenir. Il ne faut jamais chercher la petite bête. Une reprise de la tête presque à ras de terre et à bout portant est inarrêtable et l'on ne saurait exiger d'un gardien qu'il intervienne sur un centre donné au premier poteau.

Si l'on devait chercher un responsable c'est plutôt la tactique générale de l'O.M. qui devrait être récriminée. Chacun sait que Magnusson ne marque pas ou marque mal, l'arrière qui lui est opposé et quand ce dernier s'envole, il le fait trop souvent dans une zone totalement inoccupée.

LOUBET UN BUT TONNERRE

Pour en revenir à cette première mi-temps disputée sur une pelouse extrêmement fusante et rendant de ce fait l'équilibre des joueurs précaires on peut dire que l'on a assisté à un jeu de bonne qualité de la part des deux équipes.

Reims, follement soutenu par son public, se créa un plus grand nombre d'occasions de buts, c'est certain, mais l'O.M. avec beaucoup de calme et d'engagement, réussit à faire front la plupart du temps.

En défense, deux joueurs s'étaient particulièrement de distinguer : Brucato pour Reims et Zwunka à l'O.M. Le match commençait à prendre une certaine vitesse de croisière quand le but de Loubet tonna commel a foudre d'été.

Il fut d'une simplicité absolue.

Premier corner pour l'O.M. Magnusson le tire directement vers Gress. Centre long de ce dernier, Loubet reprend au premier bond et c'est une véritable fusée qui va se loger dans les cages de Reims.

Le dernier haut fait de cette mi-temps fut une manchette miracle d'Escale sur un tir de Krawzyck dévié au passage par un défenseur olympien. Un vrai sauvetage.

DEUX DÉCISIONS CONTESTÉES

DE M. WURTZ

La deuxième mi-temps avait débuté dans un climat très passionné et qui vint envenimer, dès la quatrième minute, une histoire de corner. Tiré par Magnusson directement cette fois, la balle fut reprise de plein fouet par la tête d'or de Skoblar.

Darmenia était battu, mais Laurier dégagea du pied. Sur la ligne ou derrière ? Voilà la question qui se pose. De notre place haut perchée et située à l'autre extrémité du terrain, nous ne pouvons avoir aucune opinion, d'autant plus que la fameuse ligne si elle fut jamais tracée, avait totalement disparu sous la boue.

Les Olympiens n'en entourèrent pas moins M. Wurtz pour le faire revenir sur sa décision mais l'arbitre le plus galopant de France resta inflexible. Il refusa même d'aller consulter son arbitre de touche.

La même comédie allait se reproduire une vingtaine de minutes plus tard dans des conditions cette fois différente. Magnusson, dont les actions commençaient à remonter sérieusement depuis le début de la mi-temps, réussit une merveilleuse série de dribbles sur la droite. Son centre trouvait Skoblar qui ne rata pas pareilles occasions pour marquer. On crut alors que le but était accordé, mais après une nouvelle conférence et consultation cette fois avec son arbitre de touche M. Wurtz refusa pour hors jeu.

Nous ne pouvons bien entendu rien affirmer, notre place n'ayant pas changé, mais il nous a bien semblé que Skoblar n'était pas hors jeu.

LE RÉVEIL DE MAGNUSSON

A l'origine de ce redressement de l'O.M. qui lui valut en définitive une victoire très méritée, il y eut le réveil de Magnusson. En première mi-temps, le Suédois s'était très souvent laissé prendre le ballon dans les pieds par ses adversaires. En seconde mi-temps, il redevint royal, insaisissable et ce fut au tour de son adversaire Laurier de ne plus savoir où donner de la tête.

Or, on sait ce que représente pour l'O.M. la réussite des numéros de Magnusson. Il fut d'ailleurs à l'origine des deux buts refusés à Skoblar et de celui marqué par Loubet.

C'est tout de même assez remarquable.

Maurice FABREGUETTES

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Un triple hourrah !

 

REIMS - Il va sans dire que les Marseillais bigrement satisfaits à leur entrée aux vestiaires, mais lorsqu'ils apprirent la défaite de Saint-Étienne, ce fut un véritable hurlement de joie.

Et l'O.M., président et entraîneurs en tête, oubliant les fatigues et les péripéties d'un match harassant, entamèrent un triple hourrah dont les échos retentirent le long du couloir jusque dans la salle où se déshabillaient péniblement leurs adversaires.

Un bonheur qui faisait, on s'en doute, plaisir à voir. Une fois le beau tumulte apaisé, Mario Zatelli à notre question muette, se contentait de lever le pouce dans un signe.

Quant à Lucien Leduc, il ne nous cacha pas qu'il avait souffert de son banc de touche, tout au long de la première mi-temps.

Oui, c'est vrai, dit-il, les joueurs étaient contractés en entrant sur le terrain, et il faut les comprendre : ils sont encore des vainqueurs possibles sur les deux tableaux, et il n'y a rien de plus harassante pour les nerfs que d'être constamment soumis à cette question intérieure : "Va-t-on, ou pas, parvenir à nos fins ? Après, ma foi, lorsqu'ils eurent obtenu l'égalisation, ils affichèrent un peu plus de sérénité, et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à y croire. Ils avaient su tenir tête, sous l'avalanche des Rémois, durant les 45 premières minutes.

Maintenant, il savait qu'ils étaient en mesure de s'imposer. Le magnifique but de Loubet m'a donné raison. Alors, comme tout le monde, je suis extrêmement satisfait.

Loubet, lui, le buteur du jour, et déjà sous la douche, mais ses éclats de voix et son air radieux ne laisse guère de doute sur ses impressions :

"Deux buts, nous dit-il à travers un clin d'oeil : c'est magnifique. Enfin, on peut commencer à y croire.

C'était, bien sûr, opinion de ses camarades.

Escale, le premier, fut l'auteur d'une remarquable partie. "Alors Jean-Paul ?" lui demandons-nous.

"Eh bien, voilà, nous a répondu le sympathique gardien : je crois avoir prouvé ce soir que je n'étais pas aussi fini qu'on a voulu le dire. Je tacherai de continuer ainsi jusqu'à la fin de la saison."

"Évidemment, reprend Magnusson, après dix ans passés à l'O.M. qui ne laissait guère d'équivoque sur ses sentiments.

Jean-Paul tient à remporter le titre de champion de France. Et pourquoi pas une autre coupe ? Je crois, pour ma part, que nous sommes sur le bon chemin. Il suffira d'y croire et de toujours jouer de la sorte".

"Enfin, renchérissait le capitaine Zwunka, nous avons su profiter d'une défaillance de Saint-Étienne ; c'est la première fois, je crois, que nous parvenons à gagner dans le temps ou il connaît la défaite. Ce soir, on peut le dire sans réserve, c'est une excellente soirée pour l'O.M."

Le président Leclerc, enfin, nous a fait part de sa satisfaction.

"Vous voyez bien, malgré tous ces remous, malgré toutes ces attaques dont je suis l'objet, mon équipe a prouvé qu'elle savait gagner aussi sur le terrain. Je dois dire que cette victoire donne une nouvelle impulsion au championnat à cinq journées de la fin, c'est excellent pour intérêt de la compétition.

ELIE FRUCHART : " LA MAITRISE A FINALEMENT PREVALU"

Dans le camp rémois, bien sûr, atmosphère contraste quelque peu. Mais Elie Fruchart est assez lucide pour commenter l'échec de ses joueurs : "Je regrette simplement, dit-il, que nous n'ayons pas su faire la différence au moment où tout allait bien pour nous, c'est-à-dire en première mi-temps. Et puis Galic a eu une magnifique occasion quand il est arrivé seul devant Escale. Hélas, il a manqué.

"Ensuite, je reconnais que l'O.M. a su imposer sa plus grande maîtrise. Sur l'ensemble du match nous aurions peut-être mérité le partage des points. Mais, pour conclure, je dirais que la victoire marseillaise n'est pas usurpée.

J.F

 

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