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Résumé Le Provencal

du 01 décembre1969

 

UN FINAL A LA "HITCHCOCK"

LA VEDETTE SURPRISE DU MATCH

CE FUT JEAN-PIERRE SERRA

Habile metteur en scène de football-spectacle, le président Leclerc, après le retour de Skoblar, offrait à son fidèle public une nouvelle attraction de, en associant le buteur yougoslave à Roger Magnusson, le dribbleur de charme...

Malgré le froid, les supporters avaient répondu de façon extrêmement honorable, compte tenu de la modeste réputation des visiteurs bastiais (19.253 spectateurs, pour 168.000 F. de recette).

Psychologues avisés, ils privèrent Joseph d'une partie de ses moyens en le sifflant copieusement à son entrée sur le terrain, puis en accompagnant de huée chacune de ces actions. Autres manifestations d'un goût douteux, celles qui saluèrent sa sortie et l'entrée de Mitic.

Le public voudrait assassiner Joseph qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

Le score

Si les supporters espéraient comme toujours applaudir un grand nombre de buts, ils ne pensaient pas, certes, que les Bastiais les partageraient équitablement avec l'O.M., le score subissant d'étonnantes fluctuations.

15e minute : Servi par Mekloufi, Serra passe comme un ouragan à travers la défense marseillaise et place un tir en biais terrible.

18e minute : Sur coup franc à la limite face aux buts, Skoblar égalise d'un tir brossé du pied droit, chef-d'oeuvre de précision.

41e minute : Joseph reprend de la tête un coup franc de Skoblar et donne l'avantage à l'O.M.

73e minute : Coup franc à 25 mètres exécuté par Mekloufi et Serra dont le tir arrive dans la lucarne.

82e minute : Mauvais renvoi bastiais repris par Mitic qui marque d'un joli tir en coin.

86e minute : Percée de Kanyan qui dribble plusieurs défenseurs marseillais et égalise.

Le jeu

Bastia, mal classé, nous a surpris très agréablement en ne fermant jamais le jeu est un répondant par des contre-attaques menées à fond, à la domination d'ensemble de l'O.M. Les Corses, d'ailleurs, ne furent jamais submergés, le rapport des corners étant de 12 contre 7.

Le nombre des occasions de buts fut sensiblement égal. Joseph, servi par Magnusson (4me), puis Magnusson lui-même après une percée solitaire (62me), marquèrent des buts qui paraissaient acquis. Serra, après avoir traversé la défense de l'O.M., tira fort, à côté dès la 2me minute, puis percuta la transversale à la 82me minute.

Le tournant du match

Il parut être favorable, à l'O.M. à la 37e minute de la seconde mi-temps (score 2-2). Serra tira très fort sur la barre et sur le renvoi même, dix secondes plus tard, Mitic donna l'avantage à l'O.M.

Pour quatre minutes seulement on le sait.

Les joueurs

Les supporters attendaient beaucoup de la présence dans l'attaque marseillaise, de Skoblar et Magnusson. Or, les deux hommes n'eurent jamais l'occasion de jouer ensemble. C'est ainsi que nous avons dû attendre la 60me minute pour noter une belle ouverture du Yougoslave en direction du Suédois. L'incontestable vedette de la rencontre fut le Bastiais Serra, en éblouissante condition physique, percutant à souhait, et dont les tirs firent sensation.

Avec lui, Mekloufi, habile meneur de jeu et les jeunes Franceschetti, Tosi, Tejedor et Luccini se mirent constamment en évidence, alors que Kanyan, grippé, était moins en vue.

Les joueurs marseillais, dans l'ensemble, eurent un comportement très inégal, et accusèrent la fatigue du déplacement de Zagreb. La défense très sollicitée mercredi et samedi dernier à Sedan, n'eut pas son rendement habituel, mais elle a des excuses.

Quant à l'attaque malgré les trois buts marqués, elle fut relativement décevante.

L'arbitrage

Comme c'est devenu une habitude, les deux adversaires se plaignirent également de l'arbitrage de M. Bancourt.

Les Marseillais l'accusèrent d'avoir omis de siffler deux ou trois penalties en leur faveur et prétendirent que Kanyan avait, avant d'égaliser, contrôlé la balle de la main.

Les Bastiais estimaient que Joseph, auteur du second but, était hors-jeu heure et que Serra, en fin de partie avait été bel et bien fauché dans la surface.

Le mot de la fin

Nous avons entendu à la sortie du stade, dans la bouche d'un supporter, "nous avons une attaque de 300 millions. La leur vaut "3 sous espagnols" et pourtant ça fait du 3 à 3 au tableau d'affichage ! "

Rien n'est jamais acquis en football.

Heureusement, ajouterons-nous.

Louis DUPIC"

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Le Duo est à revoir

Le Sporting Club Etoile de Bastia a obtenu, au Stade Vélodrome, ce que la plupart des autres équipes viennent y chercher : le point du match nul.

Là s'arrête la comparaison.

Aux méthodes très ordinaires, des non moins ordinaires adversaires de l'O.M., les Bastiais ont préféré la lutte loyale sur toute la superficie du terrain, la prise de risque, le panache.

Grâce leur soit rendue. Ils nous ont permis d'assister à une partie pleine, spectaculaires indécise de bout en bout et dont le finale fut un extraordinaire "suspense" digne des meilleurs films de la série noire.

Serra : quatre

grands exploits

Ce genre de films suppose une grande vedette : Sean Connery ou Steve MacQueen.

Hier, au stade vélodrome, le générique portait des noms glorieux : Skoblar, Magnusson, Loubet, etc..., tous sous le maillot exceptionnellement rouge.

C'est un acteur de composition dont le nom figurait à peine au milieu de l'affiche, qui trouva littéralement le grand écran.

Serra, l'ex-Aiglon niçois, ami et compagnon de Loubet a réalisé une remarquable performance d'attaque de pointe.

Trois fois cet ailier de feu passa la défense de l'O.M. presque en ligne droite.

La première fois, tout en début de rencontre, de la droite et rata l'occasion la plus facile.

La deuxième fois, de la gauche, il trompa Escale, d'un tir du pied droit, sous un angle assez fermé.

La troisième fois, en plaçant, et catapulta son tir du gauche sur la transversale...

...Et enfin, sur coup franc direct, de 25 mètres, il logea le ballon dans la lucarne.

À Pampelune, pour la San-Firman, on lui eut accordé d'enthousiasme, la queue et les deux oreilles.

Vivement la trêve

Sans le savoir, peut-être, les Bastiais avaient adopté la meilleure méthode pour poser des problèmes à l'O.M...

Les olympiens on le sait déjà, en sont à leur quinzième mois de compétitions ininterrompues.

Ils venaient, par-dessus le marché, de livrer deux éprouvantes batailles, à Sedan et à Zagreb.

En les obligeant à courir, les Bastiais allaient trouver le point faible de leurs adversaires.

On s'en aperçut, surtout en deuxième mi-temps, ou l'O.M. ne se créa qu'un nombre infime d'occasions de buts.

Pour les courageux équipiers marseillais, il est grand temps qu'arrive la trêve.

On redoutait, pour eux, ce mois de novembre.

Ces craintes étaient, malheureusement, justifiées.

Joseph et Kanyan

Joseph et Kanyan débutèrent très timidement.

Le second avait la grippe.

Le premier, pris en grippe par le public, était complètement démoralisé.

Joseph est un homme sensible, ayant le tract, comme les autres.

Mettez-vous trois secondes à sa place.

Imaginez-vous entrant sur le terrain, alors que 20.000 personnes hurlent à l'annonce de votre nom... et recommencent à hurler avant même que vous n'ayez touché le ballon.

Que feriez-vous ?...

Joseph n'est ni Pelé, ni Skoblar, ni Magnusson..., il n'en a pas moins marqué une centaine de buts pour l'O.M., dont certains furent de très grand exploit.

Il mérite, autant que tout autre, d'être encouragé, supporté, au vrai sens du mot.

Ce qu'on a pu lui faire, hier, touche au racisme.

Kanyan, fort heureusement, n'avait pas de supporters pour l'insulter, alors qu'il ne faisait que de la figuration sur le terrain.

Le résultat, vous le connaissez, tout en fin de rencontre, il assura le match nul de son équipe, grâce à un but époustouflant "à la Kanyan".

Skoblar et Magnusson

On se demandait si Skoblar et Magnusson étaient faits pour s'entendre, se compléter.

Le problème reste posé...

Skoblar fit deux passes latérales à Magnusson : une part mi-temps.

Un centre de Magnusson passa par-dessus la tête de Josip.

C'est tout et ça ne veut rien dire.

Répétons, qu'en principe, deux grands joueurs finissent toujours par s'entendre.

Hier, Magnusson manquait de compétition et Skoblar fut trop souvent absorbé par les tâches défensives pour pouvoir se trouver régulièrement aux avant-postes.

Il ne réussit pas moins un but modèle, sur coup franc, au bénéfice d'un "brossé" magistral de l'intérieur du pied.

Pour le reste, l'attaque idéale, l'attaque de rêve n'a pas réussi sa première sortie.

Loubet était dans un jour sans et Mitic, s'il n'avait adroitement profité d'une erreur de la défense bastiaise pour marquer un but, aurait été difficile à juger.

Tout cela est à revoir.

Les passes de Mekloufi.

Pour terminer, quelques mots sur le spectacle.

Nous avons vu un match très ouvert.

Six buts dont plusieurs furent d'une grande beauté.

Des passes de Mekloufi, en profondeur, dignes de figurer dans les livres de classe du football.

Parmi les joueurs bastiais encore mal connus nous avons noté : Tosi, Franceschetti, Lucini... et le Marseillais Tejedor, au moins pour son inlassable activité.

Conclusion : un Bastia surprenant et un O.M. fatigué et, pour cette raison, excusable.

M. FABREGUETTES

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De la joie de Mitic

à la tristesse

de Joseph

Le Yougoslave Mitic a été heureux de marquer un but pour le compte de son nouveau club. Cet Americano-Balkanique avait peur de devenir un "mal-aimé" à Marseille, mais quand le public réclama son entrée dans le onze olympien, il compris qu'il lui fallait payer son écot.

Aussi, après le match, sa joie éclatait-elle : "C'est bon pour moi ! faisait-il comprendre.

Joseph, lui, était sombre dans son coin et d'une voix triste il disait : "C'est normal, les gens m'ont vu rater deux occasions à la télévision devant Zagreb, contre Bastia j'ai mal débuté ! Mais enfin tout le monde fait des erreurs et à certains on les leur pardonne plus facilement qu'aux autres !"

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"Nous avons payé Zagreb ! "

Chez les Marseillais, on lisait sur chaque visage un sentiment de surprise et de déception.

L'entraîneur Mario Zatelli ne cachait pas son désappointement... Certes, l'ensemble de notre formation est fatigué, mais dans les dix dernières minutes, on aurait pu serrer le jeu ! On ne laisse pas entrer l'adversaire dans ses 18 mètres comme on l'a fait. Cela s'était produit de la même manière devant Saint-Étienne".

Le président Marcel Leclerc se forçait à sourire pour nous dire : "Nous avons joué un temps au-dessus contrairement à notre habitude ! Chacun a voulu faire son numéro en attaque ; il faut dire qu'à Zagreb ils s'étaient vidés les tripes !"

Escale résumait son opinion : "Nous avons essayé de gagner ce match à tout prix, mais nous avons trop poussé en attaque."

Bonnel soupirait : "Ils ont eu de la chance. Ils font trois contres et réussissent à marquer trois fois."

Skoblar n'était pas très loquace : "Je pense que la faute commise contre moi valait un penalty."

Alain DELCROIX

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MEKLOUFI :"Notre premier point en déplacement

Dans le camp bastiais, on résultait. L'entraîneur Rachid Mekloufi conservait la tête froide et devait nous dire : c'est le premier point que nous prenons en déplacement et pour nous, il est donc terriblement précieux ! Nous avons des jeunes excellents ce résultat et un merveilleux encouragement !"

Kanyan acquiesçait et ajoutait : "A Saint-Étienne, à Nantes, nous avons failli réussir un exploit, mais chaque fois la malchance s'en était mêlée !

Cette fois-ci, ce fut différent !"

Luccini remarquait avec bonne humeur : "Ce fut un match très dur, mais cela valait de se battre ! Les Marseillais étaient fatigués, mais ils alignaient aussi pour la première fois leur terrible tandem Skoblar - Magnusson !"

Orsatti constatait en souriant : "Ils ont eu des occasions, mais nous avons mérité ce match nul !"

Serra précisait : "Le deuxième but de l'O.M. était hors-jeu ! Nous n'avons pas été impressionnés par la réputation de solidité de la défense olympienne qui s'est souvent désunie !"

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