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Résumé Le Provencal

du 23 novembre 1969

 

L'O.M. SE TIRE SANS TROP DE MAL

DU GUEPIER SEDANAIS (0-0)

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

SEDAN (Par téléphone) - En football, une bonne affiche attire toujours la foule, même lorsque les circonstances ne sont pas tellement favorables. Ce fut le cas pour ce Sedan - Marseille disputé par un temps gris et pluvieux, et un samedi à 19 heures !

Les sportifs voulaient voir en action l'équipe sedanaise en pleine remontée, et surtout les vedettes de l'Olympique de Marseille, avec Skoblar en tête. Dans le fond de leur coeur, ils espéraient que le dompteur, en l'occurrence Marseille, allait être dévoré par le petit Sedan. Tout ceci créé une ambiance formidable, ou neuf mille spectateurs manifestaient leur plaisir.

À l'appel de l'arbitre, M. Berbècke, les deux équipes se présentaient dans la composition prévue. Le terrain est assez gras. Dès le coup d'envoi, on sent que les adversaires ne se feront aucun cadeau, car le marquage est strict. Dès la 1re minute, Sedan obtient un corner, puis un second, sans résultat, ce qui rend les visiteurs très prudents et peut-être un peu nerveux.

Ils cherchent à calmer, et Merschel est à l'origine des contre-attaques. Mais les Sedanais sont déchaînés et par Hardoin et Dellamore vienne alerter Escale. À la 10e minute, Dellamore, de trente mètres, décoche un tir terrible, péniblement détourné par le goal.

Marseille doit concéder un troisième corner, la 19e minute, et les Phocéens sont bousculés sans arrêt. Sur coup franc à la 18me minute (tiré par Merschel), Marseille est très dangereux, mais Tordo sauve in extremis. Encore un corner sans résultat à la 23me minute. Une minute plus tard, 5me corner et aussitôt, sur contre-attaque, Joseph décoche un très mauvais tir et Skoblar n'est pas à la réception.

Dellamore marque un but superbe à la 26me mais l'arbitre le refuse pour hors-jeu discutable, ce qui déchaînent un tollé général. Marseille procède alors par échappées ; ainsi, Skoblar, au lieu de briller, se fait remarquer par des irrégularités, et l'arbitre le rappelle à l'ordre.

La défense, commandée par Djorkaeff, est réduite aux contre-attaques. Jusqu'à la fin de cette première mi-temps, les Sedanais auront l'initiative du jeu, mais Escale et la défense feront bonne garde.

C'est pour cela que ce résultat de 0 à 0 reste au tableau d'affichage.

À la reprise, les deux équipes se présentent sans aucune modification et Sedan obtient un 7e corner à la 48e minute.

Le danger est écarté par Djorkaeff qui concède aussitôt un 8e coup de pied de coin.

La moindre attaque lancée par Skoblar ou Joseph est impitoyablement stoppée par Bourgeois, Salem ou Rastoli.

Neuvième corner obtenu par Dellamore à la 54e minute (contre 0).

Sur centre de Hardouin à la 56e minute, Ceccaldi, de la tête, met de peu au-dessus.

À la 59e minute, Joseph bien placé, glisse au moment de tenter sa chance. Ce n'est qu'un feu de paille et Sedan repart de plus belle, et c'est le 10e corner à la 60e minute. Puis il onzième sur sauvetage du poing d'Escale.

On ne peut pas dire que cette partie, dont on attendait beaucoup, soit captivante. Marseille accepte la domination et de Sedan en espérant un contre favorable.

À 68e minute, Dellamore est durement contrer par Lopez. Il obtient un coup franc à l'angle de la surface de réparation, mais doit se faire soigner sur la touche avant de quitter le terrain. C'est Maryan qui le remplace.

L'absence de Dellamore, l'homme le plus dynamique, peut être catastrophique pour les Sedanais. Pourtant à la 75e minute, c'est le 12e corner, toujours sans aucune suite.

Par compte, Marseille puise dans le malheur des Sedanais un certain courage.

Le dernier quart d'heure commence et le public attend toujours un but.

Enfin, à la 81e minute, premier cornait en faveur des visiteurs mais comme les autres, il ne donne rien. Que donnera le 13e corner obtenu à 83e minute ? L'arbitre, malgré une main des défenseurs siffle un coup franc contre Sedan !

Skoblar se rappelle au souvenir du public par une montée offensive à six minutes de la fin. Tordo doit même sortir et dégager au pied devant Loubet.

Le jeu se durcit et l'arbitre et commet pas mal d'erreurs, est débordé, si bien que le coup de sifflet final est le bienvenu pour tous : joueurs et spectateurs.

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Un très bon match défensif

SEDAN - Pour Sedan, c'était un événement ! D'ordinaire, les fidèles supporters, en nombre malheureusement réduit, se rendaient au stade en passant, un peu comme les habitués des cinémas de quartier. Mais hier, alors que nous traversions la Meuse sous une pluie fine, mais pas une température plutôt douce, les files de voitures en stationnement encombraient les trottoirs de la gare jusque vers le centre de la ville, attestant du succès populaire de la rencontre.

Ils étaient venus d'un peu partout, des Ardennes et de la Belgique tout proche, pour voir l'O.M. et Skoblar, joueur d'exception, avec le secret espoir de les voir trébucher devant les jeunes loups de Louis Dugauguez. Prêt de dix mille spectateurs, précisaient nos amis sedanais, dix mille spectateurs n'ayant d'yeux que pour leurs favoris.

Entre deux chaises

Pour l'O.M., cette rencontre présumée difficile de présentait sous un double aspect : tenter de préserver sa position au classement tout en conservant des ressources intactes pour le déplacement de Zagreb. Les Marseillais, qui ne possèdent tout de même pas l'assurance technique de leurs rivaux stéphanois, se trouvaient ainsi, son expression familière "assis entre deux chaises". Hâtons-nous de préciser que leurs adversaires sedanais survoltés par un public déchaîné et particulièrement hostile, ne leur laissèrent pas le choix en leur imposant une bataille de tous les instants.

A ne pas se battre, les Marseillais risquaient bel et bien le "carton" à vouloir se battre et c'était tout de même normal, ils durent faire passer quelques frissons dans le dos de leur entraîneur Zatelli, tremblant rétrospectivement à la pensée qu'ils auraient pu emmener Magnusson dans cette galère.

Une terrible bataille

En effet, les joueurs comme Zamojski ou Fugaldi, attendaient visiblement les "vedettes" de l'O.M. comme au coin d'un bois. Le premier notamment se livra à une véritable série d'agressions caractérisées envers Loubet, sous l'oeil complaisant de l'arbitre, qui avait eu pourtant le courage réel de refuser un but à Dellamore en position de hors-jeu.

Quant à l'excellent Bourgeois, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne ménagea pas Skoblar. Comme on pouvait s'y attendre, le Yougoslave se rebiffa et écopa d'un avertissement pas tellement justifié pour avoir été tout au long de la corrida, non seulement maltraité, mais insulté par le public à chacune de ces actions, ce qui est difficilement admissible et eut pour effet de nous faire souhaiter tout particulièrement un succès au un demi-succès de l'O.M.

Un combat intense défensif

Comme on pouvait l'attendre dans ces conditions extrêmement difficiles, pour ne pas dire impossibles, l'O.M. dût se résoudre à livrer un combat défensif, finalement couronné de succès. Sedan domina certes, obtenant une douzaine de corner mais ne pouvant se créer que bien peu d'occasions de buts.

Dellamore, en condition euphorique, réussi bien de fois à tirer fort et juste, mais Jean-Paul Escale réalisait en ces deux occasions sur des balles terriblement dures, des parades admirables, dignes des plus grands gardiens de but.

Lopez fut mis parfois en difficulté par son jeune et brillant adversaire, mais Zwunka, Hodoul et Djorkaeff se montrèrent aussi décidés que sûrs dans leurs interventions. Joseph n'hésita pas pour sa part à venir accomplir un gros travail défensif surveillant notamment Salem, au dangereux jeu dangereux jeu de tête sur les nombreux corners concédés par ses camarades.

Production d'ensemble plutôt encourageante de la défense à la veille du déplacement à Zagreb. Hodoul confirma avec une autorité grandissante d'étonnants progrès.

Et Skoblar ?

Bien entendu, en attendez Skoblar. Nous ne reviendrons pas sur l'attitude révoltante de certains spectateurs à son égard. Dans une attaque généralement privée de ballon et opérant par rares contre attaques, toujours en infériorité numérique, il y eut certes quelques bonnes prises de balle, des accélérations dangereuses, une occasion de marquer qu'il rata d'assez peu sur coup franc de Merschel à la 20me minute, le gardien sedanais Tordo sauvent sur un excellent réflexe. Il eut même en fin de partie un étonnant coup de patte qui pouvait permettre à Djorkaeff d'obtenir le but de la victoire. Mais pourquoi chercher parmi les attaquants marseillais les meilleurs joueurs du match dans la vedette fut incontestablement Dellamore ?

Finalement, l'O.M. souvent malmené mais jamais débordé, ne se tire pas trop mal du guêpier sedanais. Il ne trouvera pas toujours devant lui une équipe si jeune et agressive ; il ne regrettera pas trop non plus que Djorkaeff n'est pas in extremis utiliser la balle de match que lui avait glissé diaboliquement Skoblar. La réussite, en effet, ne peut jamais être totale, et le point récolté à Sedan constitue finalement une bonne affaire.

L.D.

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Mario ZATELLI : "La meilleure défense de France !"

SEDAN - Alors que le public massé autour du tunnel d'entrée insultait copieusement les Marseillais, ceux-ci revenaient aux vestiaires les traits tirés par la fatigue, mais finalement satisfaits de s'être tiré sans trop de mal de l'aventure sedanaise.

Mario Zatelli, qui en a vu d'autres, voulait oublier les à côté et ne pensez qu'à la rencontre elle-même.

Écoutons-le :

"Bravo les gars, disait-il à ses hommes, vous avez confirmé aujourd'hui, dans des conditions bien difficiles que nous avions la meilleure défense de France. Si nous avons été dominés, nous n'avons jamais été débordés et finalement, si Sedan a obtenu beaucoup de corner, il n'a jamais été très dangereux. Mais je suis moins satisfait de notre attaque. Elle n'était pas à la fête et elle aurait pu mieux profiter des ballons qui lui parvenaient.

"Dans l'ensemble, la solidité de l'équipe, son sérieux, me paraissent encourageants avant le difficile déplacement de Zagreb".

Le capitaine Djorkaeff déplorait de n'avoir pu marquer au cours des dernières minutes :

"J'ai eu la "gagne" au bout du pied, regrettait-il."

Novi, Hodoul et Zwunka, défenseurs héroïques, se plaignaient de l'état du terrain très boueux qui avait rendu pénible leurs efforts et lse renvois de balle.

Lopez retraçait sa terrible duel avec Dellamore :

"Il n'est passé sélectionné pour rien. Il est très fort. Je regrette qu'il se soit fait mal à la cheville. Mais je n'y suis pour rien. Nous avons frappé ensemble sur le ballon, il a lui-même reconnu auprès de l'arbitre".

Escale revivait ses deux parades magnifiques et avouait :

"Je n'aurais jamais cru que Dellamore ait tiré aussi fort d'aussi loin. J'ai eu un bon réflexe, heureusement pour nous, en boxant le ballon".

Loubet se plaignait évidemment du rude Zamojski. Couvert de coups, les chevilles aux genoux, il soupirait amèrement : "Moi j'attrape toujours les méchants !"

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DUGAUGUEZ : "L'O.M. m'a fait forte impression

SEDAN - L'entraîneur sedanais, Louis Dugauguez, ne cachait pas la forte impression produite sur lui par l'O.M. :

"Nous avons pourtant fait un très bon match et nous ne pourrons pas souvent jouer aussi vite et aussi bien. Cependant l'O.M., parfois malmené, n'a jamais été débordé. La défense m'a paru très sûre. Elle n'a jamais commis véritablement de faute et son gardien Escale a été sensationnel. Quant à l'attaque marseillaise, elle a joué dans des conditions très difficiles et je me refuse à la juger sur ce match."

   

 

 

 

 

 

 

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