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Résumé Le Provencal

du 10 août 1969

 

Bataille de rue à Nimes où SCHERER ET DJORKAEFF

marquent sur penalties

KABILE, DIONGUE et BONNEL expulsés

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

NIMES (par téléphone) - Beaucoup de monde, hier soir, au stade Jean-Bouin, toujours aussi parfaitement adaptée aux nocturnes, la pelouse excellente se détachant avec précision sous les puissants projecteurs.

Nîmes et l'O.M. alignent comme prévu, les équipes ayant fait l'ouverture. La partie débute pour l'O.M. par un coup franc et un corner sans résultat, et l'on voit Kabyle suivre Magnusson comme son ombre, ce qui n'est pas pour plaire aux Suédois. La cinquième minute n'est pas écoulée que les deux hommes échangent déjà des paroles aigres-douces et coups les chevilles, dans le dos de l'arbitre, comme il se doit.

À la 8me minute, un puissant coup de tête de Gianella, bien placé, va nettement au-dessus et peu après, sur une attaque de Loubet, Landi stoppe en plongeant sur sa ligne.

La partie est très animée et un tir de Bonnel manque de peu la lucarne (11e minute). Magnusson est passé à l'aile gauche et Kabyle est toujours là à quelques centimètres. Mais pour une fois le Suédois lui échappe : Augé est là qui le fauchent impitoyablement.

17me : Escale et le poteau

Belle action nîmoise par Ruelle, qui centre, et Bonnet, bien placé, qui reprend de près du pied droit. Mais Escale est là, qui plonge et renvoie la balle sur le poteau, et de là en corner.

Nous assistons à une rencontre très vivante, jouée à toute allure, mais beaucoup trop rude, et de nombreux coups francs sont sifflés, surtout contre Nîmes, au grand mécontentement du public, dont nous comprenons difficilement l'animosité manifestée à l'égard de Magnusson.

24me : penalty et but

de Scherer

A la 24me minute, sur un débordement de Ruelle, Bonnel touche la balle de la seur marseillais, Zwunka ou Hodoul, touche la balle de la main et c'est un penalty, transformé par Scherer, plus heureux qu'il y a deux mois.

Nîmes, depuis un moment, fait feu des quatre fers, influencé par son public et par sa réussite. L'affaire, au moment ou l'on aborde la 30e minute, se présente assez mal pour l'O.M.

Au sujet du penalty

Au sujet de la faute ayant provoqué le penalty, il nous est impossible d'avoir une opinion au moment ou nous écrivons, mais il semble à tous les observateurs impartiaux que sur cette action c'est la balle décochée à bout portant qui est allée vers la main ou le bras du Marseillais. Rappelons-le, ce "papier" était écrit et téléphoné au fil des minutes, pendant la partie, sans qu'il nous soit possible d'avoir une confirmation.

Sur sa lancée, Nîmes tente de faire la décision, et une balle de Marcellin échoue sur le côté des filets. L'O.M. réplique par Bonnel, dont le coup de tête appuyé passe de peu au-dessus de la cage.

Augé blessé

Cette première partie du match va se terminer assez mal pour Nîmes. En effet Joseph retombe sur Augé, qui vient de l'attaquer assez malencontreusement pour qu'on doive emmener le Nîmois sur une civière.

Évidemment le public conspue la sortie du Marseillais. Au retour des équipes sur le terrain, c'est le petit Sénégalais Diongue qui le remplace numériquement, Seherer devenant défenseur.

La partie conserve son caractère d'acharnement, et les incidents se multiplient. Kabyle reçoit un avertissement.

Kabyle expulsé

A la 51e, Escale sauve sur un très bon tir de Ruelle, et à la 60e, Kabyle ayant agressé une nouvelle fois Magnusson, éclatent des incidents qui se traduisent par l'expulsion méritée du Nîmois, grand responsable de l'atmosphère de bataille des rues régnant sur le terrain.

Bonnel et Diongue aussi

Un peu plus tard, Bonnel et Diongue ayant commencé un round de boxe, rejoigne l'Antillais aux vestiaires, ce qui ne calme pas les esprits pour autant. Mais à la 65e, Joseph manque une belle occasion d'égaliser mais depuis longtemps déjà le football est passé au second plan. Nous allons nous contenter de décrire les actions principales. Un tir de Loubet frôle le poteau.

75e : penalty de Djorkaeff

Cependant, sur une action de Joseph, qui tire de près, Seherer touche la balle de la main et c'est un nouveau penalty, transformé par Djorkaeff.

À quelques minutes de la fin sous l'impulsion de Magnusson et Joseph, la balle voyage devant le but de Landi, sans manifestement vouloir y entrer. C'est sur cette action en faveur de l'O.M. que se termine cette partie hors-série.

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Un derby à oublier bien vite

NIMES - Moins d'une semaine de championnat, et déjà un derby psychologiquement trop important pour les deux Olympiques, également désireux de vaincre : celui de Nîmes pour ne pas être distancé, dès le départ, son homologue de Marseille pour justifier ses ambitions.

Ajoutons-y l'atmosphère propre aux confrontations régionales, de nombreux supporters marseillais ayant fait le déplacement dans une euphorie bruyante de vacances, et vous aurez une idée de l'ambiance que nous n'avons trouvée à Jean-Bouin, où la dernière explication, en juin, avait été passablement passionnée.

Nîmes déchaîné

Celle d'hier allait, si nous osons nous exprimer ainsi, tenir ses promesses ! Avant la partie, Kader Firoud nous a laissé entendre qu'il craignait pour son équipe son manque de préparation devant un O.M. mieux rodé. Hâtons-nous de dire que ces craintes étaient vaines, ses poulains, absolument déchaînés, opérant sur un rythme endiablé, après une courte période d'incertitude favorable à l'O.M.

Les Marseillais eurent, en effet, sous l'impulsion de Loubet et Bonnel, une flambée de dix minutes, au cours de laquelle ils ne purent obtenir que des corners. Mais Augé tenant Joseph en respect et Kabyle muselant Magnusson, l'attaque ne put trouver une bonne carburation, d'autant plus que les Nîmois ne faisaient absolument aucun cadeau !

Nous ne voulons pas dire que les Phocéens ne furent jamais dangereux, mais il ne réussirent presque jamais à se trouver en bonne position de tir, contrés par des adversaires très déterminés et survoltés, dans l'ambiance particulière de Jean Bouin, véritable chaudron en ébullition.

Une bataille de rues.

Dans ces conditions personne ne s'étonna de voir les incidents se multiplier, l'arbitre ayant fait appeler les deux capitaines au repos pour les sermonner, sans résultat apparent.

En frôla l'envahissement du terrain à la 60e minute, et la bagarre générale lorsque Magnusson fut, une nouvelle fois agressée par Kabyle, expulsé logiquement par l'arbitre, M. Franciel, contraint un peu plus tard de renvoyer aux vestiaires de nouveaux belligérants : Diongue et Bonnel.

Cette seconde mi-temps ne fut qu'une longue et affreuse bataille de rues, succession de règlements de comptes, au cours de laquelle de nombreux acteurs se déshonorèrent, sportivement parlant. Nous n'avons pour notre part jamais vu des professionnels se comporter de cette ignoble façon, et abandonnerons-là nos propos. Il est d'ailleurs symptomatique que les buts décisifs aient été obtenus sur des coups de pied de penalty.

Une rencontre qui nous faudra très vite oublier et qui aura fait quatre victimes Augé, blessé ; Kabyle ; Diongue et Bonnel expulsés.

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Les Marseillais :

"Les Nimois ont mis le feu aux poudres"

NIMES - Dans un match à incidents comme celui que nous venons de voir, il est toujours difficile de faire très exactement la part des responsabilités. Les Marseillais se plaignaient amèrement de l'attitude des Nîmois, et ces derniers ne sont pas tendre pour leurs hôtes. Mario Zatelli, lui, été très abattu :

"Ce fut un spectacle indigne de professionnels. Je pense néanmoins sincèrement que c'est le marquage aveugle de Kabyle sur Magnusson qui a mit le feu aux poudres. Nos adversaires étaient survoltés, et je ne veux même pas savoir qui les a mis dans cet état".

M. Neumann se plaignait de l'attitude des dirigeants nîmois, et en particulier du président Calabro, qui, dit-il, accusait les joueurs marseillais de n'avoir pas donné de spectacle. Ces derniers estimaient n'avoir jamais eu affaire de toute leur carrière, à des adversaires aussi déterminés.

Le capitaine Djorkaeff nous disait : "L'arbitre nous a appelés à la mi-temps pour nous prévenir que le premier acte d'anti-jeu serait puni d'expulsion. Il a donné un avertissement à Kabyle et ne l'a donc pas pris en traître. Quant à l'expulsion de Diongue et de Bonnel, elle fut seulement la conséquence de tous les incidents précédents."

L'avis unanime des Marseillais était que les Nîmois étaient les responsables des incidents.

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Les Nimois :

"Les Marseillais sont des provocateurs"

Dans les vestiaires d'à côté c'était, bien entendu, un autre son de cloche. Kader Firoud, désolé, estimait que ses hommes n'étaient pas plus coupables que leurs adversaires marseillais. Il venait de réprimander Kabyle pour son geste incontesté et ostensible. Il reconnaissait son impulsion méritée, mais il se plaignait de Magnusson :

"Il ne cesse pas de se plaindre et de prendre l'arbitre à témoin des misères qu'on lui fait. Il énerve tout le monde avec ses attitudes offensées de prima donna, et il a, comme Joseph, sa part de responsabilités. Ce que je peux vous assurer, c'est que Kabyle s'est conduit comme un idiot. À 11 contre 11, nous aurions gagné ce match".

Landi se plaignait de son vis-à-vis Escale, qui n'avait cessé de lui promettre les pires ennuis au match retour ; mais de tout cela, autant en emportera le vent..

 

 

 

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