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Résumé Le Provencal

du 10 avril 1969

 

A RENNES, l'O.M.

joue bien mais perd (2-1)

( De notre envoyé spécial Maurice FABREGUETTES)

RENNES (par téléphone) - Les nocturnes se suivent mais ne se ressemblent pas. C'était l'été, mercredi à Metz, ce soir il souffle à Rennes un petit vent que l'on qualifierait à Marseille, mistral glacial.

Après une nuit de réflexion, Mario Zatelli a composé son équipe hier matin, Magnusson joue. Zwunka et Bonnel dont les "bobos" ont été jugés insignifiants par le masseur tiendront ainsi leur place. Quant à l'ailier gauche, c'est Tokoto.

Zatelli nous a dit à son sujet : "Je veux le voir moi-même, une fois encore, avant la Coupe. Les autres, je les connais".

M. Leclerc est là lui aussi. Comme nous lui faisions part d'un bruit qui circule à Rennes : "Takac à l'O.M.", il nous répondit : "On ne prête qu'aux riches !"

Voici donc la composition de l'équipe marseillaise, puisqu'elle n'était pas complètement connue avant-hier : Escale, Lopez, Hodoul, Zwunka, Djorkaeff, Novi, Destrumelle, Magnusson, Bonnel, Joseph, Tokoto .

Numéro 12 : Tassonne.

Un bon départ

Une minute de silence est observée à la mémoire du regretté Jean Bastien. L'O.M. part beaucoup mieux que l'autre soir à Metz. Ses joueurs ont retrouvé leur équilibre nerveux et l'équipe tourne assez rond.

Magnusson, avec une sorte de poupée au bras droit, n'est pas aussi handicapé qu'on aurait pu le croire.

La première alerte sérieuse se produit à la 20me minute. Servir en dernier ressort par Zwunka, Magnusson, absolument démarqué sur la droite, s'en va tranquillement et tire aux buts. Le ballon très difficilement arrêté par Lefilatre, sort en corner.

Les Rennais répondent du tac au tac et lancent Mosa, qui permet à Escale de réussir son premier arrêt difficile de la soirée.

Mais Magnusson est vraiment étonnant. Il est en passe d'offrir au public rennais l'un de ses meilleurs numéros. Là-dessus une excellente combinaison Bonnel - Joseph se termine par un tir du dernier nommé in extremis.

Dans l'ensemble, au cours de ce deuxième part d'heure, l'O.M. a eu l'initiative du jeu.

Il est vrai que Magnusson pèse d'un poids considérable sur la partie.

Lopez (contre son camp)

Et Takac 2 buts en 3 minutes

Éclat de rire sur le stade, Magnusson vient de tomber pour la première fois en gardant son bras droit plâtré, droit dressé vers le ciel, mais à ces rires succèdent des applaudissements.

Sur une vive contre-attaque rennaise, Floch s'infiltrent en plein centre de la défense de l'O.M. et Lopez, en voulant dégager en corner, trompe son ami Escale. (Rennes 1 - O.M. 0).

En cette fin de mi-temps d'ailleurs, Rennes a prit l'avantage et nous assistons maintenant à un grand exploit de Takac. Le petit yougoslave légèrement déplumé, ayant récupéré le ballon au coin de la surface de réparation de l'O.M., feintes vers la droite avant de frapper du gauche. Le tout à la vitesse de l'éclair. Un vrai but de puncheur (38me minute). Rennes 2 - O.M. 0.

Ainsi donc l'O.M. qui pendant la première partie de cette deuxième mi-temps avait fort bien joué vient-il d'encaisser deux buts coup sur coup.

L'O.M. a bien réagi

L'O.M. n'a pas abdiqué alors que commence la deuxième mi-temps. Coup sur coup, les Olympiens vont se créer deux occasions de buts. Tout d'abord, sur un centre de la gauche de Tokoto, ce dernier, lancé par Joseph. Magnusson se trouve en position de tenter une reprise de volée à bout portant. Il la tente, bien sûr, mais, chose rare chez lui, rate de peu son tir.

Tout de suite après, voici Joseph seul devant Lefilatre. Un audacieux plongeon du gardien rennais dans les pieds de son puissant adversaire et c'est une deuxième occasion qui s'envole.

Une troisième suit aussitôt : Magnusson passe sur la droite comme une lettre à la poste, et tire dans le même mouvement. Bel arrêt du gardien de Rennes.

Deux minutes plus tard, bel arrêt aussi d'Escale sur un tir très fort de Lenoir.

Comme en première mi-temps donc l'O.M. vient de partir très fort mais hélas sans résultat positif pour le moment.

65e minute,

enfin Magnusson

On assiste à présent à un net durcissement du jeu, certains joueurs des deux camps commencent à se chercher et parfois même à se trouver, sous l'oeil de l'arbitre trop débonnaire, ce qui n'enlève d'ailleurs rien au fait que l'O.M. a fort bien réagi après les deux buts encaissés, en fin de première mi-temps et qu'il mérité d'être récompensé.

Voici qui est fait, juste comme nous l'écrivions ces lignes. À la suite d'une attaque en force de l'O.M., une mêlée furieuse se produit devant le but de Rennes ; en pareil cas, le sang froid prime souvent et c'est donc Magnusson qui, d'une pichenette en sautant aussi pour éviter les coups, réussit à loger la balle dans la cage de Rennes.

(65e minute : Rennes 2 - O.M. 1.)

Une fin de match

volcanique

Le dernier quart d'heure est joué à fond de train. L'O.M. sentant le match nul à sa portée, jette toutes ses forces dans la bataille, tandis que Rennes agit de même pour des raisons contraires.

Tokoto a le but d'égalisation au bout du pied à la suite d'une fort belle percée de sa part, mais au dernier moment il tergiverse et se fait subtiliser le ballon.

Puis c'est Joseph qui, au prix d'une étonnante détente, donne un coup de tête qui aurait presque pu faire mouche.

En face, tout ce qui est dangereux passe par Takac et Rodighiero ; c'est alors que se produisit un regrettable accident : cueilli en plein vol par Bonnel, Rodighiero doit sortir du terrain sur une civière ; est remplacé par Garcia (76e minute).

Ce qui sans doute n'arrange rien ; les mauvais procédés succèdent aux mauvais procédés. Magnusson est victime d'un croc-en-jambe à son tour. Il se fait justice par un coup franc qui aurait presque pu faire but. C'est alors Zvunka qui est touché à la cheville, les Marseillais répondent, aussi la partie devient excessivement dure et en fin de match c'est miracle que les Rennais n'ajoutent pas un troisième but alors que les réactions de l'O.M., par Joseph et Magnusson sont toujours très fortes.

La partie se termine donc sur le score de 2 à 1 en faveur de Rennes, mais on peut dire que cette fois l'O.M. c'est bien battu.

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La fin du match s'est jouée

sur un volcan

Aucune comparaison avec Metz, sauf un résultat identique : deux points de plus perdu par l'O.M.

Hier soir, à Rennes, sous l'impulsion de Magnusson, l'O.M. a fait un excellent match, et le moins que l'on puisse écrire c'est qu'il méritait au moins le match nul suivant la formule consacrée. La victoire rennaise s'est jouée à la vitesse d'un éclair.

Une équipe moralement moins forte que ne le fut l'O.M. hier soir aurait, à partir de ce moment-là, abdiqué toute prétention.

Ce ne fut pas le cas, nous vîmes à la mi-temps les Olympiens entrer sur le terrain avec un moral tout neuf. Ils multiplièrent les attaques et si finalement ils n'obtinrent pas le match nul tant vérité, c'est véritablement parce que la chance n'était pas de leur côté.

Nous devons donc féliciter d'une manière générale toute équipe qui nous paraît prête pour faire une belle carrière en coupe.

Un jeu trop dur

On peut regretter cependant que la partie ait donné lieu à de multiples accidents et incidents tout à fait à la fin.

Il semble que l'arbitre M. Machin, ait trop attendu pour réprimer le jeu dur. À plusieurs reprises, il aurait dû s'apercevoir que des pieds traînaient, que des coups de visaient le foie des adversaires et que les joueurs se cherchaient un peu méchamment.

Il s'en aperçut beaucoup trop tard et c'est grand dommage, car cette partie avait débuté de façon tout à fait amicale entre deux équipes fort sympathiques et ayant l'habitude de jouer de manière très ouverte.

Quelques précisions en ce qui concerne la blessure de Rodighiero.

Entraîneur de Rennes, Prouff, viennent de nous dire dans les vestiaires : "C'est un véritable accident, Bonnel n'a pas joué méchamment, Rodighiero a voulu faire une tête basse, son adversaire allait frapper le ballon. Il a été mis k.o. pendant quelques minutes. Il n'avait plus ses esprits, mais maintenant il va tout à fait bien.

Toujours Magnusson

Il est de plus en plus difficile de faire des comptes rendus de l'O.M. sans citer en premier Magnusson.

Hier soir avec son bras droit dans le plâtre, un plâtre qui ressemblait à une poupée, le Suédois a été aussi brillant qu'on le voit d'ordinaire quand il dispose de tous ses moyens.

Il a rendu son adversaire Cardiet, complètement fou à certains moments, il a monopolisé 2, 3 ...et même quatre adversaires, ce qui facilite grandement le démarquage de ses partenaires. Aussi, à côté de lui, ses voisins ont particulièrement brillé et surtout Bonnel qui sut fort habilement profiter de cette circonstance particulière. Autre bonne nouvelle : Joseph nous a paru retrouver une partie de sa verve, hier soir. Il fut très dynamique et très offensif.

À l'aile gauche Tokoto a été très bon en première mi-temps, il a joué avec beaucoup de finesse et un sens du jeu collectif très affiné. C'est un jeune à encourager.

Au milieu du terrain, le meilleur joueur nous a paru, hier soir être Destrumelle, tandis que Novi abattait une grosse besogne défensive.

On a généralement accusé la défense sur les buts encaissés par Escale, mais il faut savoir ce que l'on veut. Pour jouer l'offensive, l'O.M. doit prendre des risques en défense, c'est le revers de la médaille.

Un excellent Takac

Quant Takac et Magnusson se trouvent sur le même terrain, on a envie de les comparer.

Comparaison très difficile : Magnusson est un artiste du football, tout en finesse, en entrechats et en précision aussi.

Takac est un petit athlète du football - petit par la taille- vif, remuant et très dynamique.

M. F.

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Mario Zatelli :

"Nous avons été battus contre le cours du jeu"

Mario Zatelli était à la fois content et mécontent.

"Certes mon équipe a bien joué aujourd'hui, mais je trouve qu'elle a pris deux buts particulièrement stupides. Notre défense a commis quelques menues erreurs et nous les payons cher. Mais dans l'ensemble, nous aurions du gagner cette partie. Nous avons été battus contre le cours du jeu.

"En fait, je suis tout de même satisfait qu'après le lourd échec de Metz, mon équipe ait bien réagi."

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M. LECLERC :

"NOUS ALLONS METTRE U AUTRE PLATRE A MAGNUSSSON"

M. Leclerc était tout sourire. Il n'était pas à Metz et il a trouvé que son équipe, aujourd'hui, a fait un bon match il nous a dit non sans humour : "Vous avez vu Magnusson, mais il manque d'équilibre, aussi nous allons lui faire faire un deuxième plâtre pour son autre bras, de cette façon, il sera équilibré. Mais quel beau joueur tout de même."

 

 

 

 

 

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