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Résumé Le Provencal

du 20 janvier 1969

 

O.M. - NANTES (3-1) JUGE PAR UN ORFEVRE

ARRIBAS : "Nous avons été battus par

meilleurs que nous !"

"Tremble Nantes...

l'O.M. arrive !"

Vous vous en souvenez sans doute, ce fut le slogan des supporters olympiens, il y a trois saisons.

L'O.M. alors, se battez et se débattait dans le cadre historique vétuste de l'Huveaune, pour remonter en division nationale.

Le F.C. de Nantes, lui, dominait le football français.

Pourquoi faut-il que nous ayons, hier, évoqué se souvenir déjà vieux ?

Pour une raison assez simple !

Sur la pelouse du stade vélodrome, nous étions en train de voir une équipe olympienne en plein essor, face à une équipe nantaise accusant un vieillissement certain.

La vieillesse en football, n'est pas qu'une question d'âge. Il n'y a pas de vétérans dans le "douze" nantais. Pourtant, c'est toute l'équipe qui, dans son jeu, dans sa façon d'être, paraît avoir pris un sérieux coup de vieux.

Par opposition l'O.M. qui cependant ne compte aucun junior dans ses rangs, semblait animé par l'élan de la jeunesse.

Difficile à expliquer, mais c'est un fait.

Un excellent match collectif

des Olympiens

Les Nantais étaient, pourtant, entrés sur le terrain, animés des meilleures intentions.

Ils n'étaient pas venus à Marseille pour l'obtenir un match nul de raccroc, mais pour gagner.

Ils se rendirent compte, assez vite, que la tâche serait au-dessus de leurs forces actuelles.

Pour parler, il faut avoir la parole.

Traduisez : pour jouer, en football, il faut avoir le ballon.

Or, le ballon et ce qui manqua le plus aux Nantais, privés qu'ils en furent par les Olympiens.

Car l'O.M. dans des conditions difficiles - fort vent sur terrain glissant - à jouer collectivement, un excellent match.

Toujours les premiers sur la balle, se démarquant habilement, ils menèrent, à quelques périodes de relâchement près, un train véritablement d'enfer.

Déjà obligé de mobiliser plusieurs joueurs pour essayer de résoudre le problème Magnusson, ayant de surcroît leurs deux arrières-centraux fixés par le seul Joseph, les Nantais s'usèrent rapidement à courir parfois dans le vide.

Qu'il est loin le temps où le F.C. de Nantes fatiguait ses adversaires, en faisant courir le ballon.

Joseph a fait la différence

La morale de cette rencontre nous a été donnée par l'entraîneur nantais José Arribas :

"Nous avons été battus par meilleur que nous !"

Là-dessus un dirigeant visiteur a ajouté :

"...et c'est Joseph qui a fait la différence !"

On ne saurait mieux résumer cette rencontre.

L'O.M. a fort bien joué, Magnusson a réussi d'extraordinaire exploit technique, mais en définitive c'est "le droit au but" du puissant Joseph qui a permis à son équipe de matérialiser nettement son indiscutable supériorité au tableau d'affichage.

C'est ça aussi, le football : "Punch d'abord".

À l'origine des deux premiers buts de l'O.M. Joseph en marqua un troisième qui fut un véritable chef-d'oeuvre. Un but de classe internationale. Ce fouetté du gauche, d'une vitesse et une précision de fusée atomique, était l'image même du grand football de demain

Tokoto : de grandes promesses

Exception faite de Joseph, nous engloberons tous les joueurs olympiens dans les mêmes félicitations.

On voit mal lequel d'entre eux pourrait être préféré à tout autre.

Un seul détail pour mieux montrait leur sécurité. En 90 minutes, Escale n'eut qu'un tir de Gondet (58me) à arrêter assez facilement.

Tokoto, après une première mi-temps assez timide réussit, par la suite, quelques actions, dont la passe à Joseph sur le 3me but, extrêmement perçantes et prometteuses.

Le F.C. de Nantes a déçu, dans la mesure où l'O.M. l'a empêché de développer son meilleur sur.

Il semblerait que cette équipe soit incapable de soutenir un rythme de jeu très élevé.

De Michele, fort honorable devant Magnusson, Estève, le gardien Castel et Courtin furent parmi les meilleurs de cet ensemble dents il ne faudra cependant pas, trop minimiser les possibilités.

Maurice FABREGUETTES

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JOSEPH a fait la différence !

En définitive, le score est assez flatteur pour Nantes qui, à plusieurs reprises et surtout pendant les deux périodes entourant la pause fut à deux doigts de l'effondrement et de la déroute.

Les Bretons avaient pourtant l'avantage (cela fut toujours considéré comme tel) d'aborder la rencontre avec l'aide d'un vent assez fort... On eut tout d'abord l'impression qu'ils allaient s'installer solidement dans le camp marseillais, mais très vite l'O.M., beaucoup plus incisif, desserrer l'étreinte.

5me : but de Novi

Dès la 5me minute, Joseph, dans l'axe du terrain, échappant irrésistiblement à Robin et ce dernier, à l'entrée de la surface, n'avait d'autre solution que de lui donner le plus classique des croc-en-jambe ! Coup franc logique transformé, justice imminente, par Novi reprenant la passe courte de Tokoto.

À vrai dire, les choses traînèrent quelque peu par la suite ; la partie devenant même plutôt languissante à l'approche de la demi-heure. L'O.M. se réveillait alors et allait jusqu'au repos mener la vie dure à son rival.

33me : penalty

de Djorkaeff

Ce fut encore Joseph qui, un à défaut de marquer lui-même, allait être à l'origine du second but. Il échappait à ses gardes du corps et au point de penalty été proprement plaqué par Osman. Réédition presque fidèle de l'action qui avait été une demi-heure plus tôt à la source du premier. Le penalty inévitable était transformé par le capitaine Djorkaeff.

Nantes quelque peu abattu avait alors en voir de toutes les couleurs. Les attaques marseillaises se succédèrent et ce fut miracle si le score ne prit pas des proportions plus larges.

39me : sauvetage

de Esteve

C'est ainsi que Bonnel, à la 39e minute, se débarrassa successivement de tous ses opposants, y compris du gardien Castel et envoya dans le but vide une balle que Esteve revenu, fut assez heureux de dévier en corner.

46e : but magnifique

de Joseph

La seconde mi-temps débuta par un coup de théâtre. Dès le coup d'envoi, Tokoto réussit un très bon dribble sur la gauche et parvenu au niveau de la surface centra en retrait pour Joseph. Ce dernier déclencha alors un extraordinaire tir croisé du gauche qui secouera les filets de Castel !

Ce but magnifique mettait fin à toute équivoque. On vit alors l'O.M. décontracté, se jouer de son adversaire, à l'exemple de Magnusson et donner à son public, ravi, un très bon spectacle.

Joseph marqua de la tête un autre but, refusé pour hors-jeu indiscutable est toujours du pied gauche contraignit à la 70e minute Castel à réussir le plus bel arrêt de la partie. Deux minutes plus tôt, Djorkaeff, après relais de Magnusson, avait eu le 4me but non pas au bout du pied mais au bout du front, si nous osons nous exprimer ainsi.

Nantes courageux, obstiné, maladroit à l'approche des buts et l'on ne pouvait noter à son actif qu'un tir de Gondet arrêté sans mal par Escale.

86me : Pech pour Nantes

Aussi ce fut un peu à la surprise de beaucoup que Pech à quatre minutes de la fin réussit à s'appliquer suffisamment pour battre Escale, impuissant, avec la complicité d'un poteau. Cette unique et ultime réussite nantaise donnait ainsi au score une allure extrêmement flatteuse pour les anciens champions de France, dominés de bout en bout et dans tous les compartiments du jeu sans discussion possible !

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Michel : "On avait peur de MAGNUSSON et le danger est venu de JOSEPH"

L'entraîneur des Nantais, Arribas, s'est efforcé de demeurer objectif : "Nous avons fourni une bonne dernière demi-heure, mais le reste du temps nous avons été dominés par une équipe plus forte que la nôtre !"

Michel a commenté le match en ces termes : "la plupart de mes camarades ont abordent ce match trop contractés, ils avaient peur de Magnusson ! Et le plus drôle, c'est que le danger est venu davantage de Joseph que de Magnusson. Le Suédois a des dribbles terribles, mais son apport à l'équipe n'est pas tellement important, car il ne marque pas !"

Barret soupirait : "Nous venions de fournir trois bons matches et nous espérions continuer à Marseille, aussi sommes-nous déçus de notre mauvais comportement, mais l'O.M. à une équipe forte, qui s'est montrée réellement supérieure à la nôtre, il n'y a rien à dire sur son succès".

Osman a ajouté avec une certaine virulence : "Le numéro de Magnusson est magnifique, mais pas positif, mais le travail efficace, c'est Joseph qui le fait..."

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M. Leclerc :

"L'équipe tourne régulièrement"

Dans le camp marseillais, tous les visages étaient réjouis.

Le président Marcel Leclerc nous a dit : "L'équipe tourne régulièrement, Nantes n'a pas baissé les bras et a même fait du bon spectacle en deuxième mi-temps ! Rennes à gagner, nous aussi, espérons qu'en Coupe, nous allons remplir le Parc des Princes ! Je suis content pour Joseph, son but va le remettre en selle !"

Le directeur sportif Mario Zatelli, était légèrement déçu : "Nous aurions pu marquer davantage de buts ! C'est dommage pour notre goal-average !"

Escale était optimiste : "Ne faisons pas la fine bouche, si nous marquions 2 buts chaque dimanche, nous ne perdrions pas beaucoup de matches !"

Tokoto était soucieux : "Je ne suis pas satisfait de mon rendement, ça ne s'est pas très bien passé pour moi !"

Joseph exultait : "Sur le penalty, Osman m'a tordu la cheville et cela m'a fait boiter et souffrir durant le reste de la partie ! J'ai été réellement handicapé ! Enfin, j'ai marqué à nouveau, c'est le principal pour mon moral !"

Alain DELCROIX

 

 

 

 

 

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