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Résumé Le Provencal

du 10 décembre 1968

 

JUSQU'AU BUT UNIQUE DE BONNEL (86me)

Les contestataires bastiais firent trembler l'O.M.

Une rencontre de football est toujours nouvelle. Ce sport est fait d'imprévus, les impondérables des anciens, on ne le changera jamais...

... Et c'est, sans doute, mieux ainsi.

On était venu, en très grand nombre, pour assister à une démonstration des maîtres olympiens face aux jeunes élèves bastiais.

4 à 0, 5 à 0... ou 7 à 1 ! Pourquoi pas ?

C'était compter sans l'esprit de contestation qui anime, en ce moment, les élèves du monde entier et de l'île de Beauté par voie (maritime) de conséquence.

Le coeur Corse

Ils étaient onze sur le terrain dont sept authentiquement Corses, qui ne voulaient pas perdre.

Alors ils empoignèrent le match à bras-le-corps. Les premiers sur le ballon, les plus vifs, les plus ardents, prompts à se regrouper en défense, ils furent au moins jeu égal avec des Olympiens pendant que quarante-cinq minutes initiales.

Il ne s'agissait certes pas de grand football. Les qualités athlétiques et morales primaient la technique.

Mais c'est ça, le sport, et nous nous refusons à faire nôtre le qualificatif "d'antijeu" trop souvent invoqué, la rencontre terminée, par les dirigeants et supporters olympiens.

Tout au contraire, ces jeunes, ces Tosi, Franceschetti, Papi... nous ont fait plaisir.

Ils nous prouvèrent que, en dépit des trois échecs enregistrés ce dimanche, la santé du football Corse était excellente.

Tant qu'il y aura des joueurs de cette trempe, l'espoir d'un spectaculaire redressement sera permis.

Le grand combat

A défaut de l'exhibition attendue, du festival orchestré par Magnusson et ponctué de quelques retentissants coups de canon de l'artificier Joseph, nous avons eu un grand combat.

Il est d'ailleurs bon, pour une équipe montant vers le Capitole, que les hasards du championnat lui rappellent l'existence de la fameuse roche chère aux philosophes romains.

En sport, lorsque la gloire récente, où assurée par une longue série de succès, est toujours remise en question.

L'O.M., en définitif s'est tiré de ce mauvais pas et nous pensons qu'il en retirera autant de profit que de sa tonitruante victoire à Lyon.

Rien n'est jamais facile, sur un terrain de football.

Vérité d'hier, aujourd'hui et de demain, toujours bonne à répéter.

Orsatti contre Joseph

On crut longtemps - pendant quatre-vingt-six minutes exactement - que les mains adroites et inspirées d'Orsatti feraient échec à la tête de Joseph.

Le gardien corse eut trois interventions réflexes de grande classe :

Sur un "coup de boule" de Joseph en première mi-temps, et sur deux centres, l'un de Joseph l'autre de Magnusson, en deuxième mi-temps.

À mesure que passer le temps, la défense Corse se faisait de plus en plus dense, allant même en certaines circonstances à grouper deux joueurs devant la cage d'Orsatti.

Le public s'impatientait, piaffait s'énervait et conspuait l'arbitre, lequel faisait honnêtement son métier dans des conditions on ne peut plus délicate.

Allait-on le priver de sa victoire ?

Pour la majorité des spectateurs le programme posé était :

"Ces traitons de Bastiais, vont-ils obtenir le partage des points ?"

La minorité Corse évoquait d'histoire provençale de la chèvre de M. Seguin.

Qu'ils étaient beaux, pour des yeux insulaires, ces petits qui voulaient tenir jusqu'à l'aube !

Il y a, aussi, trente-six façons de voir un match.

...enfin Bonnel !

Quant à là 86me minute, Bonnel trouva enfin ouverture, le public, comme libéré, lança ses blancs bonnets aux quatre vents du stade.

On fit voler dans les airs des coussins, des journaux en pièces détachées... et des objets variés qui retombèrent comme des flocons de neige sur la piste cycliste.

L'O.M. avait gagné son grand combat, l'essentiel était fait, la passe de cinq réussie.

Les Bastiais, battus et mécontents on le serait à moins, pouvaient tout de même quitter le terrain la tête haute.

Il nous semble impossible, après une belle rencontre, de tomber dans le travers habituel des critiques sportifs.

Un football de combat ne se coupe pas en quatre.

Écrivons simplement qu'Orsatti s'est couvert de gloire et que Magnusson reste un dribbleur absolument déroutant.

Même pour ses partenaires parfois.

Maurice FABREGUETTES

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BONNNEL, signe in extremis

la courte victoire de l'O.M.

À un quart d'heure du coup d'envoi, nous rencontrions dans les couloirs du stade Rachid Mekloufi qui venait de mettre son genou droit à l'épreuve et estimait préférable de renoncer. Bastia alignait donc le jeune Papi sous le numéro 10 et se montrait, dès les premières minutes, bien décidé à se défendre avec la dernière énergie.

L'O.M. domine

L'O.M., de son côté, attaquait sans relâche pour tenter de prendre l'avantage le plus tôt possible et Magnusson commençait un assez étonnant numéro de dribble aux dépens de Gandolfi, sans pour cela aboutit à un résultat tangible.

En effet, devant une défense grouée de façon massive, Joseph, pour ne parler que de lui, ne disposait d'aucune liberté de manoeuvre.

Il réussissait cependant à placer son coup de tête sur un centre de Novi (8e) puis sur un coup franc de Destrumelle (13e), Orsati réussissant, notamment la seconde fois, d'excellentes parades.

Cette réussite défensive encourageait les Corses très déterminés et ils menaient, à leur tour, quelques attaques sans grand résultat.

Orsatti intervenait à nouveau sur des tirs de Djorkaeff (24e) et Magnusson (34e), mais Bastia avait une occasion de marquer sur une échappée de Serra, terminée par un tir trop hâtif (30e). Entre temps, Tassone avait prit la place de Lopez, blessé.

43' : FIAWOO et le poteau

A la 43e minute, Magnusson adressait vers Fiawoo un centre court et précis que ce dernier reprenait sans contrôle, plaçant sa balle sur le montant de le plus proche...

La mi-temps survenait sur un tir tendu, en dehors du cadre de Djorkaeff.

Le repos n'apportait aucun changement notable, Bastia se repliant de plus en plus profondément, à tel point que tous ses joueurs sans exception se trouvaient parfois massés dans leur surface de réparation.

Du bon ORSATTI

Orsatti, très bien inspiré, faisait le reste. C'est ainsi qu'il "soufflait" littéralement à la 52e minute, un centre de Novi sur la tête de Joseph. Une minute plus tard, devant le même Joseph, il perdait une balle qu'il rattrapait sur sa ligne.

À la 55e minute, Joseph reprenait de la tête un centre de Destrumelle, mais le gardien bastiais était à parade... Il serait impossible de rater toutes les fois ou les Corses s'en tirèrent de justesse... comme à la 68e minute quand Orsatti réalisa sur centre de Djorkaeff, une interception remarquable.

86e : BONNEL in extremis

On croyait au nul lorsque, à la 86e minute, sur un centre de Novi, Orsatti s'en fut boxer le ballon jusqu'au point de penalty. La balle revint trop faiblement vers Bonnel qui, face au but, la reprise avec beaucoup de calme et réussit à la mettre au fond.

Dans le public, qui grondait depuis de longues minutes, ce fut une explosion de joie ! Les spectateurs debout, expédiant dans le vent des milliers de programmes, de feuilles de journaux qui tournoyèrent lentement avant de s'abattre sur la piste et la pelouse.

L'enthousiasme qui faillit s'éteindre, Ferrier ratant de justesse, peu avant le coup de sifflet final, l'occasion d'égalisé !

Louis DUPIC

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M. Leclerc : "Nous avons

réellement souffert !"

Dans le camp olympien, dirigeants et joueurs avaient envie de pousser un profond soupir de soulagement.

Le président Marcel Leclerc reconnaissait avec objectivité : "Nous avons réellement souffert ! Ainsi ce match montre bien qu'un match n'est jamais gagné d'avance ! Deux tirs sur la barre, des occasions perdues, et devant une équipe terriblement coupée en défense.

Zwunka regrettait : " Ah ! si nous avions marqué un premier but dans le premier quart d'heure, nous aurions eu beaucoup moins d'ennuis !"

Joseph résumait son opinion en ces termes : "Ce fut un match très dur, un véritable derby ! Et puis, ces Bastiais jouaient tous derrière, ce n'était pas facile d'aborder les 18 mètres !"

Destrumelle s'exclamait : "Nous n'avons jamais dominé d'une façon aussi outrancière et nous avons failli nous contenter d'un match nul !"

Jean-Pierre Lopez nous a expliqué sa blessure : "A un moment donné j'ai entendu un bruit caractéristique, j'ai compris que c'était un claquage !"

Escale admettait : "J'ai eu froid dans le dos lorsque Bastia a exécuté une contre-attaque dans les derniers instants de la rencontre !"

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Zénier : "Nous ne resterons pas longtemps derniers"

Visage terme, mâchoires serrées chez les Bastiais.

L'entraîneur Lucien Jasseron n'était pas prolixe : "C'est dommage ! La chance n'est pas de notre côté !"

L'ex-Marseillais Erhardt nous confia : "C'est malheureux que nous n'ayons pas fait match nul".

Zenier était optimiste : "Ce match est une bonne indication pour nous ; je crois qu'avant la fin des matches aller nous ne serons plus derniers !"

Orsatti constatait : "Ils m'ont donné de l'ouvrage les avants marseillais, mais je n'ai pas été souvent en grand danger".

Padovani affirmait : "Nous nous sommes bien battus, nous avons fait de bonnes choses, mais la chance n'a pas voulu nous sourire !"

Gandolfi disait à son tour : "Ce Magnusson m'a fait souffrir ! Quelle classe, heureusement que ses centres n'ont pas été bien utilisés !"

Ferrier soupirait : "On prend un but 5 minutes avant la fin ! C'est stupide ! Remarquez qu'il nous manquait aussi Mekloufi et Blanchard !"

 

 

 

 

 

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