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Résumé Le Provencal

du 27 novembre 1967

 

Match loterie à La Meinau

A Piat le gros lot

STRASBOURG : 1 - O.M. : 0

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

STRASBOURG - L'O.M. a perdu hier, à Strasbourg, un match qu'il pouvait ne pas perdre, mais qu'il ne devait pas pour cela gagner.

L'expression "jouer à l'extérieur" prend, le plus souvent, toute sa signification en hiver. Les Marseillais n'ont pourtant pas trouvé, en Alsace, des conditions de jeu inhumaines.

Il faisait gris et froid et l'état de la pelouse était convenable. Si le spectacle fourni par les deux équipes fut, une fois de plus, tout à fait médiocres, nous ne pouvons en faire grief aux acteurs et particulièrement aux défenseurs des deux camps qui se contentèrent d'assumer convenablement la seule partie négative de leur tâche.

Des garçons courageux, dont l'abnégation doit être louée, mais dont l'imprécision place leurs camarades de l'attaquant en situation difficile pour ne pas dire à peu près désespérée.

Tactique différente, résultat identique

La défense en ligne de l'O.M. et le béton alsacien usèrent, après la récupération, des mêmes expédients : longues balles en avant.

Encore Strasbourg 10 disposait-t-il d'un maître de la passe longue en la personne de Ramon Muller. Placé comme on dit au carrefour des balles perdues, le Franco-Argentin permit à son jeune camarade Piat de mettre la défense marseillaise en difficulté tant ses services étaient précis et instantanés.

Les passes de Muller étaient l'amorce d'un jeu fascinant dans les personnages étaient le rapide Piat, les arrières de l'O.M. et le juge de touche.

Dès la cinquième minute nous étions, hélas ! tous fixés sur les capacités de ce dernier. Il n'était visiblement pas à la hauteur !

Dès lors le jeu se déroula avec, côté alsacien, des fortunes diverses, la fortune étant représentée par le drapeau du juge de touche.

Une véritable loterie !

Piat réussit, quatre ou cinq fois, à franchir la ligne, sans que le petit drapeau ne s'agite. Toutes les fois, il se vit contrer par l'excellente Escale, et le but strasbourgeois fut marqué tout autrement. Mais nous en parlons par ailleurs.

Deux mi-temps différentes

Le but alsacien, qui devait être le seul de la rencontre, fut marqué à la 34me minute, peu après que Gueniche ait à demi raté l'occasion de donner l'avantage à son camp. Ce fut le tournant de la rencontre.

Auparavant, l'O.M. avait amorcé un bon mouvement de contre-attaque en terrain libre, ponctué par des tirs malheureusement imprécis.

Sa ligne défensive fonctionnait, alors, aux 30 ou 35 mètres.

En seconde mi-temps, elle s'installa sur la ligne médiane et n'autorisa que quelques rares incursions aux Alsaciens devenus d'ailleurs conservateurs avec leur pauvre petit but d'avance.

Mais, dans cette moitié de terrain, il y avait beaucoup de monde, trop de monde pour que cette domination puisse être payante. Et toute cette seconde mi-temps ne fut qu'une longue et obscure bataille.

On frôla l'émeute à plusieurs reprises, lorsque Vicq fut descendu par Zwunka à l'intérieur de la surface... lorsque Joseph, attaquant régulièrement mais vigoureusement la balle, provoqua la blessure de son garde du corps Lopez, le public ne cessa de hurler contre les hors-jeu d'abord, puis un peu contre tout.

On eut la réédition de l'âpre bataille de la saison dernière et, comme cela arrive le plus souvent, elle se traduisit par la défaite de la formation visiteuse.

Nous ne pensons pas, honnêtement, que l'O.M. méritait de gagner ce match, mais il est aurait pu ne pas le perdre, et les Marseillais ne manquèrent pas de le penser et de le dire.

ESCALE, DJORKAEFF, NOVI

Bien qu'il soit difficile de distinguer les uns des autres les acteurs d'une aussi âpre bataille, nous allons essayer de le faire.

Escale, malgré le but strasbourgeois, eut quatre ou cinq parades décisives. Nous ne voyons pas ce qu'il pourrait lui reprocher.

Tassone, Zwunka, Artelesa et Hodoul furent bons sur le plan défensif, et même très bons, ce qui nous autoriser à leur reprocher leur accès de précipitation et leur imprécision dans la relance du jeu.

Par contre, Djorkaeff fut l'un des attaquants marseillais les plus redoutables, de même que Novi, survenant à point nommé pour déclencher trois tirs.

L'attaque travailla dans des conditions difficiles. Elle eut le mérite d'amorcer quelques bons mouvements. Mais on ne peut se satisfaire de ce qui ne fut que velléités. Trois tirs dans le cadre (Gueniche, Bonnel, Novi) ce n'est pas suffisant. Quant à Joseph, étroitement surveillé, ce n'était pas son jour.

Équipe alsacienne joua, elle aussi, un match courageux. Son gardien Schuth fut irréprochable. Lazarus tenta de concilier béton et intentions constructives, ce qui était difficile.

Muller reste Muller et c'est tout dire.

Piat alterna régulièrement le meilleur et le pire, terminant fort mal ce qu'il amorçait fort bien.

Encore un mot sur Gugleta, l'ancien coéquipier de Skoblar qui passa à peu près inaperçu.

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Un but heureux de PIAT

et l'O.M. s'incline à STRASBOURG (0-1)

STRASBOURG (Par téléphone) - Après quelques timides éclaircies qui avaient pu, sur le coup de midi nous donner quelques espoirs le temps, au moment du coup d'envoi, était redevenu résolument gris et froid. Des écharpes de brouillard glissaient les arbres et les spectateurs, assez peu nombreux, battaient frénétiquement la semelle. Nous aussi pour dire toute la vérité.

Ah ! ces arbitres !

Tout l'intérêt de la première demi-heure allait tenir en des considérations sur le hors-jeu et les moeurs des arbitres.

Comme beaucoup de ses pareils M. Debroas n'était pas tellement bien servi par ses juges de touche et notamment par celui qui surveilla la division offensive alsacienne, la défense de l'O.M. jouant la ligne.

Deux contre-attaques strasbourgeoises lancées par Muller et nous étions fixés !

La première fois, ce brave homme arrêté Piat qui n'était pas hors-jeu le moindre du monde ; la seconde, il le laissa filer dix bons mètres d'avance et Escale devait lui plonger dans les pieds (3me et 5me).

À la 10e minute, ce même Escale était contraint de lâcher la balle sur un terrible coup franc de Muller.

Le tournant du match

L'O.M. se signalait par deux contre-attaques menées dangereusement par Novi aux 12me et 15me minute.

À la 30me minute, Djorkaeff terminait en débordement par une passe précise que Gueniche recueillait au point de penalty. Il la contrôlait au lieu de tirer vite... tirait quand même assez sec. Mais Schuth était à la parade.

Quelques minutes plus tard, quatre nettement, c'était Strasbourg qui marquait grâce à un rare concours de circonstance.

Vicq de la droite, réussissait miraculeusement à centrer. La balle rebondissait sur la jambe Artelesa, bien placé et ricochait vers Piat. Un petit crochet, un tir assez mou et Escale masqué par ses camarades, était battu.

Sur sa lancée, Strasbourg était à deux doigts de creuser l'écart, mais Escale réussissait à s'opposer successivement aux tirs de Gugleta et Piat qui se présentait seul devant lui, aux 38me et 43me minute, préservant ainsi l'intérêt de la rencontre à nos yeux marseillais du moins.

Quelques secondes avant la pause, Casolari succédait à Robuschi, tandis que les projecteurs entraient en service.

Une obscure bataille

Malgré cela, la seconde mi-temps nous parut comme une obscure bataille, éclairée par les éclairs des flashes et les astuces de Ramos Muller, toujours bien placée et maître de sa technique.

Joseph tenta bien quelques charges, mais sans pouvoir se débarrasser de l'étroite surveillance dont faisait l'objet.

À la 60me minute, on frôla le but, lorsque l'avant-centre alsacien Vicq, bien lancé, alla s'affaler à l'intérieur de la surface de réparation marseillaise vigoureusement poussé dans le dos par Zwunka. , M. Debroas n'accordant qu'un coup franc à la limite au milieu d'un beau tumulte !

Installée le long de la ligne médiane, la défense marseillaise mettait ses adversaires hors-jeu, au rythme d'une fois par minute. Le public hurlait et le juge de touche ne savait plus à quel saint se vouer.

Artelesa et Gugleta se mettaient en garde à la 70me minute, esquissant un round de boxe. Escale ayant été quelque peu bousculé.

Joseph, sur longue ouverture de Djorkaeff, plaçait enfin un coup de tête, mais la balle passait au-dessus (72me minute).

Nouvelle bronca lorsque le même Joseph, blesse bien involontairement son garde du corps Lopez, que l'on devait emmener aux vestiaires.

Tandis que la foule criait "Sortez-le" Merschel faisait son entrée au moment même ou Piat dans une confusion totale tirait au-dessus (75me minute). On voyait Schutz et Joseph s'accrocher, chose curieuse, près du piqué de corner !

Nous ramenant au football, Bonnel reprenait une balle au bond et Schuth réussissait un bel arrêt en coin (80e minute).

Escale plongeait une nouvelle fois dans les pieds de Piat (85me minute). Schuth déviait en corner un tir à bout portant de Novi (86me). La dernière chance de l'O.M. s'envolait et c'était la fin.

Louis DUPIC

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 DOMERGUE :

"Quelques regrets !"

STRASBOURG - Tous les joueurs marseillais portaient les traces de la rude bataille à laquelle ils venaient de participer et la bouteille de mercurochrome était très demandée. Robert Doumergue, très calme, analysait la situation :

"Si notre impression s'était exercée sur toute la durée du match, je pense que nous ne l'aurions pas perdu. En première mi-temps, nous avons amorcé quelques bons mouvements. En seconde, nous avons nettement dominé. Mais il y avait beaucoup de monde devant le but alsacien. Sans doute la vérité se tenait-t-elle à mi-chemin en ce qui concerne notre pack. Je pense aussi que nous aurions gagné le match si Gueniche avait pu marquer à la 30e minute.

"La défense par contre a été meilleure en seconde mi-temps privant l'adversaire de la balle.

Si je suis est content c'est surtout parce que nous perdons sur un but idiot."

Côté joueur, le plus navré était Gueniche, désolé de n'avoir pas marqué, alors qu'il s'estimait en bonne position. Il est vrai qu'il n'était pas coutumier du fait : "Si j'avais réussi ce but, c'était gagné pour nous !". Il fallut le consoler et inciter aller prendre sa douche avec les autres.

Marcel Artelesa expliquait comment le ballon capricieux avait rebondi sur son tibia pour ricocher ensuite vers Piat.

Escale nous disait avoir été masquée par ses camarades sur les tirs de l'avant-centre et de l'ailier gauche alsacien.

L'opinion résumée des joueurs de l'O.M. : match joué trop durement et perdu sur le coup de dé.

 

 

 

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