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Résumé Le Provencal

du 06 novembre 1967

 

A METZ : 3 buts à 0 !

Embourbé, frigorifié

l'O.M. est dominé

(de notre envoyé spécial Louis DUPIC)

METZ - Les campagnes de l'Est ont mal débuté pour l'O.M. L'équipe marseillaise a eu, à Metz un avant-goût de ce qu'elle allait trouver au cours des prochaines semaines à Sochaux, Strasbourg ou Saint-Étienne. Un temps exécrable, une pluie glacée n'ayant cessé de tomber sur la ville depuis une semaine, et un de ses terrains gorgés d'eau qui favorisent les meilleurs techniciens.

Or on sait très bien que l'équipe marseillaise n'est pas remarquablement outillée sous ce rapport. En fait, ce fut pour Metz un match absolument sans histoire. La cause étant entendue dès la 20me minute.

Les Messins ne donnent pas dans le génie, leur style n'a rien de révolutionnaire, mais au moins ont-ils la chance de posséder des hommes capables de mener une offensive dans la boue, ce qui sous-entend capables de réussir deux ou trois passes consécutives dans des circonstances difficiles tout en restant debout.

Ce n'était malheureusement pas le cas de l'O.M. réduit à se défendre et à contre-attaquer, dans des conditions extrêmement précaires par les longues balles de ses arrières, balles captées facilement par la défense lorraine et transmises régulièrement au meneur de jeu Czepaniak. Ce dernier, que l'on avait cru perdu pour le football, à tel point que Metz a pu acquérir pour une bouchée de pain est sans doute le joueur français qui ressemble le plus à Raymond Kopa.

De Raymond, il a le crochet cours, la passe précise. Il est bien accroché au sol et pratiquement indéracinable. Il fut à l'origine de toutes les attaques lorraines jouant alternativement court ou long accélérant le rythme ou le ralentissant.

Il trouva de précieux concours chez ses partenaires Prigent (présent dans tous les coups), Bourdoncle (bien revenu à la surface après des saisons d'effacement) et Léonard, ce sosie blanc de Joseph plus haut aussi massif et techniciens non négligeable.

La défense, Le Chenadec en tête, n'eut guère de mal à couper court aux rares velléités marseillaises.

Que dire de l'O.M. que nous ne sachions tous déjà ?

Le courage équipe fut à nouveau exemplaire et lui permit, en deuxième mi-temps de tirer un baroud d'honneur qui fut apprécié du public. Mais il convient de ne pas oublier que la cause à ce moment-là était largement entendue... Pendant les minutes qui comptèrent réellement, l'O.M. fut à nouveau largement dominé sous les angles de l'occupation rationnelle du terrain de la technique et de la vivacité.

Djorkaeff à la pointe de l'attaque, fut livré à son sort, et c'est miracle qu'il ait réussi, dans ces conditions à être dangereux deux ou trois fois le "milieu de terrain" ne réussit jamais à prendre la partie en mains et laissa l'initiative à son vis-à-vis. Quant à défense elle fut elle-même moins sûre que d'habitude mais l'état du terrain y était pour quelque chose.

Tassone, Artelesa, Zwunka et Djorkaeff furent du moins extrêmement courageux. Il est probable que sur terrain sec la partie n'aurait pas eu du tout la même physionomie. Dans les conditions hors-série que nous avons connues hier après-midi à Metz, l'O.M. n'avait aucune chance de se tirer d'affaire.

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 Un temps à ne pas mettre

un footballeur dehors

METZ - À la 20me minute, la cause était entendue. En gagnant les vestiaires avant le coup d'envoi, les joueurs de l'O.M. avaient eu le temps de se faire une idée de ce qui les attendaient : 22 courageux juniors prenaient en effet sur le terrain annexe un véritable bain de boue.

7me minute :

Prigent comme au billard

Les premières minutes se déroulaient au ralenti, mais à la 7me minute, Metz ouvrait le score de façon plutôt curieuse.

Escale boxait un centre de Poirier. Prigent reprenait de la tête. Escale repoussait vers Léonard qui tirait en plein sur Artelesa.

Prigent, enfin englué dans la boue avait le dernier mot, la balle allant courir doucement dans les coins du but marseillais.

Un but qui récompensait l'obstination d'un des attaquants les plus hargneux en ce début de match.

L'O.M.pouvait égaliser à la 15me minute. Le Chenadec, trop confiant, ayant fait à Joseph cadeau d'une balle, ce dernier mit nettement à côté du pied gauche.

19me minute :

le deuxième pour Szepaniak

Tout au contraire, Metz allait augmenter son avance quelques minutes plus tard. Un fauchage de Léonard par Zwunka, un coup franc bien tiré par Szepaniak furent à l'origine de ce second but.

Escale réussit une belle parade, mais lâcha la balle glissante. Il dut encore s'opposer à une première reprise de Prigent mais non à la seconde reprise irrésistible de l'excellent Szepaniak qui lança une balle brossée, aussi puissante que précise.

Sous la pluie qui tombait de plus belle, Metz se trouvait nanti de l'avantage logique indiscutable. Dans le fond il n'y avait plus que cette pluie pour sauver l'O.M., à condition toutefois qu'elle se transformât en déluge.

Entre Metz devenu conservateur et beaucoup moins entreprenant et l'O.M. à peu près impuissant, il n'allait strictement rien se passer au cours des 25 très longues minutes jusqu'à la pause.

Comme en première mi-temps c'est Joseph qui avait qui allait avoir, peu après la reprise, une demi-occasion en quelque sorte. Un corner concédé par Metz et tiré par Robuschi lui permettait à la 47me minute, de placer un de ses coups de tête familiers. La balle passa tout près du poteau avant de sortir.

54me minute :

tête des buts de Jeitz

Ce que Joseph avait raté, le jeune international luxembourgeois Jeitz allait le réussir. Zwunka concédait un corner devant Szepaniak. Tiré par Prigent, il était repris remarquablement par le demi messin qui logeait la balle en force dans la lucarne.

Un très joli coup de tête et un très joli but.

Quelques minutes plus tard, les projections entraient en action au moment même ou Joseph réussissait un bon coup de tête sauvé par le gardien messin (60me minute). Habilement lancé par Szepaniak, Poirier marquait un but refusé pour hors-jeu (63me), puis Destrumelles tentait sa chance de loin, sans résultat.

À la 68me minute, Donnat remplaçait Invernizzi et pendant quelques minutes sa tenue immaculée offrait contraste saisissant avec celle maculées de boue de ses partenaires ou adversaires.

Il se signalait aussi en ajustant, peu après, l'un des rares tirs marseillais que Lawnizak arrêtait d'ailleurs fort bien.

Léonard se lançant à corps perdu sur un centre de Prigent était tout à fait prêt de réussir un quatrième but pour Metz (80me minute). Puis c'était au tour de Poirier de tirer de justesse à côté.

Les dernières minutes étaient pénibles pour tout le monde et surtout peut-être pour les spectateurs absolument frigorifiés.

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 DOMERGUE :

"Nous n'avons pu nous adapter"

D'abord silencieux, Robin Domergue s'anima : "Nous n'avons pas pu nous adapter. Nous avions pourtant prévu que les choses se passeraient de cette façon. Je pensais avoir donné des consignes en conséquence. Les Messins ont joué à fond tous les coups payant et ont été récompensés. En première mi-temps, nous avons joué avec un seul attaquant, complètement isolé. Joseph tout seul ne pouvait réussir de miracle.

"Après la pause, cela a bien marché, car nous nous sommes plus rapidement groupés en attaque".

Le président Leclerc : "Nous avons commis trop d'erreurs de défense. C'est dommage, car nous avions assez bien joué collectivement, en deuxième mi-temps surtout".

Et il ajoutait, toujours optimiste : "Vous verrez notre équipe arrivera un jour à trouver son style".

Nos joueurs fatigués, transis et couverts de boue, n'étaient guère bavard.

J. Zwunka : "Ce que je pense avant tout, c'est que j'ai les pieds gelés. Mais gardons le sourire".

Visage de Joseph ruisselait. Nous lui avons demandé si c'était de pluie ou de sueur.

"C'est de sueur, me répondit-il, il fallait bien courir et sauter pour se réchauffer un peu".

Les Messins, eux, se montraient à la fois satisfaits et déçus. Satisfaits du résultat, mais quelque peu déçus par l'équipe de l'O.M. dont, selon l'expression de l'un d'entre eux, ils se faisaient une montagne.

 

 

 

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