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Résumé Le Provencal

du 17 janvier 1966

 

A Sète aux dépens de Bordeaux

L'O.M. réussit le k.o. (2-0)

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

SETE - Pour nos lecteurs sportifs marseillais n'ayant pas assisté à cette rencontre, nous la résumerons ont une seule phrase : "La meilleure équipe du jour a très normalement gagné à l'issue d'une partie jouée virilement certes, mais correctement".

Il n'y eut pas de drame aux Métairies. On n'a pas vu le supposé "petit" opposer une défense héroïque au prétendu "grand" et l'emporter grâce à un but de raccroc et une série d'exploits de son gardien. Non, tout le long de la partie, l'O.M. soutint la comparaison avec Bordeaux, se créa plus occasions que son rival et ses deux buts furent aussi clairs qu'indiscutables.

Ce fut donc une magistrale victoire par k.o.

Cela peut surprendre à distance mais ça s'est passé exactement de cette façon.

Béton contre béton

Il y avait du soleil, le Mont Saint-Clair dominé par pacifiquement les débats et près de 6.000 personnes autour du vieux stade historique des Métairies.

En ouverture, les juniors de Martigues avaient opposé une remarquable résistance à ceux de Béziers, ne s'inclina finalement que pour une question de corner.

Dès le coup d'envoi, les deux équipes annoncèrent franchement la couleur. On allait voir du béton renforcé contre du béton fortifié.

Pour l'O.M., Tassone marquait Robuschi au centimètre ; Joseph, Guillard ; Hodoul, Couecou ; Sejnera, Abossolo et Gauthier, De Bourgoing, tandis que Trusas couvrait tout le monde.

À Bordeaux même scénario avec Péri dans le rôle de Trusas.

Il en résulta une série de duels particuliers, de grands coups de pieds dans le ballon, des balles en l'air, des sauts, des chutes, bref, le football plus simple, pour ne pas écrire simpliste, qui se puisse imaginer.

Dans de pareilles conditions et dès que l'on se rendit compte que les Marseillais n'allaient pas se laisser marcher sur les pieds par les Bordelais, il fut évident que le succès récompenserait le plus heureux et le plus malin.

On remarquera même, sans y avoir été, que l'O.M. avait choisi de contrer Bordeaux sur son propre terrain, de jouer assez exactement comme les Girondins le font ordinairement.

Noir contre blanc

Deux de ces duels particuliers devaient amuser la galerie. Deux duels noir contre blanc : celui de Buron contre Moevi et celui de Joseph face à Guillas.

Buron était particulièrement en verve, aussi Moevi usa-t-il de tous les moyens, non pas méchants, mais irréguliers pour l'arrêter. Ceci lui valut d'être pénalisé d'une vingtaine de coups francs au moins. Tant et si bien qu'ayant reçu un avertissement de la part de l'arbitre ne sachant plus très exactement sur quel pied danser le grand Moevi finit par laisser filer le petit Buron.

Et c'est sans doute ce qui eut l'influence la plus déterminante sur le résultat de la partie.

Quant à Joseph, aussi discipliné que pouvait l'être un sergent de notre ex-armée coloniale, il suivit Guillas comme son ombre. Sans doute aurait-il suivi jusqu'à Bordeaux si on le lui avait demandé. Or, Guillas né malin, s'appliquant à se déplacer sans arrêt et même à faire de véritables ronds à travers le terrain pour se débarrasser de cette ombre fort gênante, on put voir les deux joueurs disputer, en marge de la partie de football, une véritable course à pied.

Quoi qu'il en soit, le pauvre Guillas fut aussi totalement annihilé que pouvait être Robuschi par Tassone.

C'est là aussi un des faits ayant conditionné le déroulement et le résultat de la partie.

Joseph remplace Escale

En première mi-temps, ce fut le match nul absolu. A une tête de Casolari qui surprit Ranouilh mais expédia de peu le ballon à côté, répondit un tir appuyé de de Bourgoing, bien arrêté par Escale.

Peu avant la pause, sur un coup de tête de Couecou, Joseph sauva la situation et le but d'un autre coup de tête très puissant.

C'est à peu près tout ce que l'on peut écrire de cette première mi-temps. Mais déjà, comme nous le disait Koranyi, l'ex-grande vedette sétoise, il apparaissait que l'O.M. jouait au moins aussi bien que Bordeaux et avait une chance très sérieuse de se qualifier.

62e minute : Buron s'en va,

Erhardt marque.

La deuxième mi-temps fut celle du k.o. des girondins. Gauthier l'eut d'abord (à la 51me minute) au bout de son pied. Sur un centre très habile de Buron, le ballon mal repoussé par la défense bordelaise, vint rebondir devant lui. Le but était là, grand ouvert, à 10 mètres à peine du capitaine olympien.

Il le vit mieux que nous, mit toute sa force dans son tir... et enleva le ballon. On plus alors croire que l'O.M. venait de laisser passer sa chance.

Il n'en était rien.

À la 62me minute, Buron pour échapper à Moevi "l'araignée" choisit de partir au centre. Poursuivi par son adversaire, il avança, avança jusqu'au coeur de la défense bordelaise. Là, le ballon contré à grande peine par Péri, se dirigea vers la droite. Erhardt arrivait au sprint et d'un tir irrésistible de l'extérieur du pied droit battit Ranouilh sans rémission.

Un à zéro pour l'O.M.

84e minute : Hatchi donne

à Casolari le but du k.o.

Vexés, les Girondins se ruèrent à l'attaque, mais dans le désordre. Avec tellement de foule, toutefois, que Couecou accueillant Escale en plein vol alors que ce dernier avait le ballon, expédia le gardien de l'O.M. au tapis pour un peu plus que le compte.

Plus de peur que de mal heureusement. Soigné, réconforté, Escale put reprendre sa place avec une blessure à la jambe toutefois.

Dès la reprise du jeu, Joseph tapait comme un sourd dans la semelle de de Bourgoin, avant de se rouler de douleurs au sol. Lui aussi put reprendre son poste assez rapidement.

Et c'est alors que Bordeaux se ruait littéralement à l'attaque, que survint le deuxième coup... celui du k.o. décisif.

Hatchi, sur la droite, dans une partie du terrain dégarnie de joueurs, tellement les Bordelais s'était déportés vers l'avant hérita du ballon. Un dribble, et Calleja était éliminé.

Poursuivant sa course balle au pied vers les buts, Hatchi s'aperçut que Péri se trouvait seul entre lui et Casolari. Très calmement il attira Péri et passa à Casolari, lequel, à bout portant, trompa Ranouilh une deuxième fois.

Nous étions à la 84me minute, c'était donc la fin.

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BURON et JOSEPH à la pointe du combat

SETE - Dans le style qu'il avait adopté pour cette circonstance l'O.M. a joué un match exemplaire.

On dira ce que l'on voudra du béton, mais à le jouer il faut bien le faire et c'est ce que les joueurs marseillais ont réussi de bout en bout.

Ils ne laissèrent aucune liberté à leurs adversaires et, sur tous les points du terrain, défendirent leur ballon avec l'énergie au moins égale à celle bien connue des Bordelais.

Dans le campo que fut le match, la force girondine jamais brillé. Ce qui prouve entre parenthèse que la méthode de l'équipe de Bordeaux à ses limites.

Joseph rappela Salem

Escale - et c'est ce qui démontre le mieux combien la victoire de l'O.M. a été méritée - eut assez peu à le faire. Mais ce jeu, il le fit très bien.

En défense, Trusas, encore que son rôle n'ait pas été des plus difficiles, fut un parfait bétonneur ne prenant pas le moindre risque : loin et fort et même en touche s'il le fallait.

Devant lui, les deux défenseurs les plus efficaces furent Joseph qui étouffa complètement Guillas et rappela par certains côtés l'ancien grand arrière de l'O.M., Salem et Tassone excellent face à Robuschi.

Hodoul ne fit aucune faute contre le dangereux Couecou et Sejnera dut galoper énormément derrière Abossola.

Gauthier, très sobrement, tint parfaitement sa place, du commencement à la fin.

Buron en verne

Hatchi, n'est peut-être pas l'homme de tout un match, mais ces actions sont les plus fines, les meilleurs, et la façon dont il fit marquer le deuxième but de l'O.M. fut un petit chef-d'oeuvre.

Buron a été avec Joseph, le meilleur olympien de ce jour. Il réussit à démoraliser complètement Moevi, fut à l'origine du premier but de son équipe et sut, à la fois garder le ballon quand il le fallait et centrer à bon escient.

Erhardt et Casolari eurent le grand mérite de marquer chacun un but.

Bordeaux pris à son

propre piège

Bordeaux pris au piège de son propre jeu, ne joua pas en très grande équipe. Les meilleurs Girondins dans un ensemble qui fut assez terne quoique très combattifs, comme d'habitude, furent sans doute Calleja, l'impulsif Couecou, Chorda et par instant, De Bourgoing et Robuschi.

Mais jamais on n'eut l'impression de voir, sur le stade des Métairies, la très grande équipe dominatrice, que l'on nous présente parfois et qui était jusqu'à hier, grande favorite de la Coupe de France.

L'O.M. a-t-il démystifié Bordeaux ? C'est bien possible.

Recette : 5.303 spectateurs pour 31.650 F.

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Mario ZATELLI : "C'est la revanche de la Coupe Drago"

Vous vous en doutez, dans les vestiaires marseillais régnait, après la rencontre, la meilleure des ambiances.

Mario Zatelli, derrière ses lunettes noires, dissimulait mal sa joie.

"C'est la revanche de la coupe Drago, nous dit-il. Souvenez-vous que l'année dernière, à Bordeaux, els Girondins nous ont battu par huit à zéro. Cette fois nous avons décidé de jouer exactement comme eux, et de cette façon nous les avons considérablement gênés.

Mais je suis particulièrement content de tous mes joueurs, qui m'ont fait plaisir aujourd'hui. On nous avait dit : "Marseille ne joue pas la Coupe cette année, c'est entendu, mais je crois que, moralement, cette victoire nous fera le plus grand bien et, dans le fond, elle était indispensable."

 

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