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Les adieux de Miloud Salem

MONACO-OM 1er janvier 1956. Six mois après avoir été opéré du ménisque, le défenseur marocain aux 282 matches officiels dispute son dernier, avant de rentrer à Casablanca

Miloud Salem ne fait pas partie des grands joueurs que l'on évoque immédiatement quand on songe à ceux qui ont fait l'histoire de l'OM. Pour les plus jeunes, c'est même un parfait inconnu. Avec 282 matches officiels, il est pourtant l'un des Olympiens ayant porté le plus souvent le maillot bleu et blanc et, derrière Steve Mandanda et Roger Scotti, celui qui a disputé le plus grand nombre de matches en D1/L1 (256).

Ces dix ans d'OM (avec une petite parenthèse d'un prêt à Toulouse en 1952) se sont achevés le 1er janvier 1956 pour le défenseur marocain, débarqué en 1946 de Casablanca, cet été-là voyant aussi arriver Rodriguez et Liberati de Blida en Algérie. Il a été champion en 1948, sélectionné en équipe de France B, a participé à la fois aux barrages pour le maintien en 1952 et à la finale de la coupe de France en 1954, toujours au poste d'arrière-gauche mais a disputé sa dernière rencontre au milieu de terrain après sept mois sans jouer.

Salem (de son vrai nom Abdesalem Ben Miloud), né à Mazagan, a été recommandé aux dirigeants de l'OM par son glorieux aîné Larbi Ben Barek, qui l'a remarqué au WAC de Casablanca et en équipe d'Afrique du nord dont il est devenu un pilier avant ses 20 ans. Sorte de Taiwo avant l'heure, offensif, puissant, musculeux, combatif, il s'impose, repousse la concurrence et, en dépit de quelques mouvements réfractaires à une époque où les joueurs, liés jusqu'à 35 ans à leur club, devaient renégocier chaque année avant de signer, il a toujours été titulaire.

Au cours de la saison 1954-55, le poids des ans le fait peu à peu rentrer dans le rang, mais c'est surtout une opération du ménisque, en juin, qui va lui être fatale. La chirurgie orthopédique n'était pas ce qu'elle est devenue, surtout au genou et ce type d'intervention, aujourd'hui banalisée, était encore handicapante.

À partir du mois d'août 1955, Salem, alors âgé de 34 ans, ne jouera plus que quelques bouts de matches amicaux, le règlement n'ayant pas encore autorisé les remplacements en cours de jeu.

On en arrive donc à la fin de l'année et aux blessures de Jean-Jacques Marcel et de Roger Scotti, les deux internationaux olympiens. En ce 1er janvier 1956 - la trêve n'existe pas encore, on joue pendant les fêtes - ce sont donc le jeune Jean Molla et le "vieux" Miloud Salem qui vont les suppléer comme demis, Maurice Gransart et Jan Palluch étant devenus les arrières latéraux inamovibles.

La première période ne va trop mal se passer pour un OM où Gunnar Andersson est capitaine. "Après la première période que nous avions fournie, je n'aurais jamais pu penser à un tel effondrement", dira le président Aillaud. Oui, mais voilà, comme le soulignera Gunnar Andersson avec beaucoup de lucidité : "Privés à la fois de Scotti et de Marcel, nous ne pouvions pas mieux faire. 3-0 est un score normal. Boubekeur, le gardien monégasque, n'a pas eu à toucher la balle une seule fois en vingt-cinq minutes de la deuxième mi-temps."

Gunnar a raté une belle occasion avant la pause et ensuite, l'OM s'est effondré en douze minutes. Dès la reprise, Bruey reprend victorieusement un centre de Valorizek et quelques minutes plus tard, Stopyra (Julien, le père de Yannick) double la mise sur un centre de Ben Tifour. Peu après, Johansson repousse une attaque de la main, concède un coup franc repoussé par le mur, mais permettant à Conti de marquer le but du 3-0. L'OM était K.-O.

"J'ai couru, cela m'a fait du bien, mais sept mois d'inactivité, c'est long et j'ai effectué une rentrée difficile", dira Miloud Salem, qui ignore alors qu'il vient de disputer son dernier match officiel avec l'OM, avant une sortie en amical contre Lyon au mois de mars. Une page vient de se tourner, alors que l'OM termine cinquième, à 3 points du champion niçois, Monaco finissant troisième.

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