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Résumé Le Provencal

du 24 septembre 1962

 

Jouant comme il l'avait fait, il y a huit jours contre Valenciennes,

L'O.M. logiquement battu a Toulouse (x3)

ROY sauva l'honneur à deux minutes de la fin

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

TOULOUSE (par téléphone) - Toulouse n'a pas usurpé hier soir son qualificatif de cité des violettes. Alors que nous avions failli attraper une bronchite avant-hier dans les tribunes nîmoises de Jean Bouin nous pourrions presque, hier, tomber la veste au banc de la presse du Stadium municipal. C'est dire qu'il fait une douceur angevine, soudain ciel étoilé.

Nous sommes arrivés en gare Matablau avec l'équipe olympienne. Une équipe conduite par un M. Zaraya, très décontracté et que l'annonce de la victoire du Racing sur Rennes a enchanté. Encore une belle recette en perspective.

Pas de blessés, pas de malades. C'est bien l'équipe annoncée qui se prépare dans les vestiaires toulousains, au moment ou nous téléphonons ces lignes. M. Puntis, l'ex-président, qui était venu saluer le président olympien nous a dit : "Vous allez voir ce Jarra. Il est terrible !"

Alors que l'on annonce des équipes, la foule continue d'arriver. Quinze mille spectateurs payants sont escomptés.

Mais voici les joueurs. Coup d'envoi sifflé par M. Lamour.

Une manchette de Moreira

Le jeu débute sur un tempo moderato, mais les premières attaques sont marseillaises.

Démarqué par une adroite combinaison Sansonetti Stopyra, Roy part sur la droite et arrive à la limite du camp toulousain, centre dangereusement en retrait.

Roussel sauve avec peine.

De suite après, Rial tire de très près à côté.

La contre-attaque toulousaine ne tarde pas. Edimo part au sprint. Un croc-en-jambe de Knayer ou d'Alauzun (on voit assez mal des tribunes) le stoppe net.

Hurlements du public et coup franc.

Mahl le tire en force. Moreira d'une magistrale manchette dégage.

Bravissimo !

16e : un but de Bocchi

Toulouse maintenant domine et Ugolini doit concéder le premier corner du match, corner tiré sans résultat par Dorsini. Mais Toulouse attaque toujours. Bernard feinte sur la droite et centre. La défense marseillaise renvoie une première fois et Edimo tire violemment d'une quinzaine de mètres environ, un véritable bolide qui, par chance et repris par Ugolini, alors que le but paraissait acquis.

Le ballon est aussi retourné en direction de Bocchi. Ce dernier, d'une bonne vingtaine de mètres tire sans plus attendre. Le ballon fuse au ras de la pelouse et passe sous le ventre de Moreira, entre dans la cage de l'O.M. (16me minute).

Toulouse 1 - O.M. 0.

24e : but d'Edimo

Les événements se succèdent à une rapidité folle.

22me minute, Roy sur une très rare contre-attaque de l'O.M. obtient un corner. Sur ce corner, Roussel, en voulant cueillir le ballon, le lâche. Il s'ensuit un obscur cafouillage et c'est miracle que Marcel n'égalise pas.

24me minute : le public est à peine remis de ses émotions que le sprinter noir Edimo s'envole le long de la touche, poursuivi par Alauzun. Ce déboulé du noir, accentué encore par le maillot blanc de son poursuivant, et de toute beauté, d'autant plus beaux qu'en pleine course, sous un angle réduit, Edimo décoche un tir aussi admirable qu'imparable.

Toulouse 2 - O.M. 0.

L'O.M. réagit

Après ce véritable K.O., l'O.M. met un certain temps à retrouver ses esprits, surtout Alauzun qui, en voulant finasser, offrait un but presque tout fait à Jarra, dans ce dernier ne profite pas (27me).

Puis au fil des minutes, on voit l'O.M. se reprendre, Roy fonce, se démène et cause quelques soucis à la défense toulousaine.

À la 30me minute, un tir terrible d'Aygoui frappe la transversale.

Quatre minutes plus tard, Stopyra et Sansonetti, dont l'entente est bonne, donnent à Roy une occasion de but inespéré, mais l'avant-centre marseillais tire à côté.

40me minute, nouvelle occasion marseillaise ratée par Roy, dont la reprise de volée du gauche part en chandelle.

On note là-dessus un nouveau tir excellent d'Aygoui et c'est la mi-temps.

Toulouse mène par 2 à 0.

Un sprint de Moulon

L'O.M. engage la deuxième mi-temps avec une certaine assurance.

Dès la 47e minute, une attaque partie de Roy, en position d'ailier droit, se termine harmonieusement par un tir appuyé d'Aygoui, Roussel plonge et arrête.

Une minute plus tard, une faute de Roussel donne une occasion de but à Roy.

Mais voici Edimo, lancé à la limite du hors-jeu par Mahl qui fonce en solitaire vers Moreira. Moulon sprint alors à son tour et remonte la "flèche noire" in extremis concédant un corner.

A Jarra le troisième but

Le jeu est maintenant équilibré alors que nous sommes à la 60e minute, l'O.M. si nous nous fions à ce que dit l'un de nos voisins, ne joue pas si mal, mais Dieu que cet Edimo est difficile à maîtriser.

Jarra aussi, le nouveau, n'est pas tellement commode à marquer.

À 63e minute, il trompe Moulon d'un lobe astucieux et très calmement loge la balle dans la cage.

Toulouse, 3 - O.M., 0.

"Les jeux sont faits"

Ce but un peu inattendu fait l'effet d'un coup de frein. Le rythme de la partie tombe subitement. Toulouse joue en vainqueur et l'O.M. convaincu. Comme on l'a dit "les jeux sont faits" tellement faits que l'arbitre fait semblant de ne pas voir une main de Moulon à la limite de la surface de réparation. De plus en plus bienveillant, M Lamour ferme les yeux sur une charge douteuse d'Ugolini commise contre Dorsini qui filait droit vers les buts de Moreira.

Un dernier éclair "noir"

Voilà le dernier quart d'heure. La partie devient franchement insipide, Toulouse s'efforce de garder la balle comme au basket, tandis que l'O.M. joue sans grande conviction.

Un éclair, toutefois, à la 78e minute, un éclair "noir" encore d'Edimo qui s'infiltre au centre et n'est stoppé que par un plongeon audacieux de Moreira.

Là-dessus, Toulouse marque (82e) un nouveau but mais tellement hors-jeu que son annulation ne soulève aucun problème.

À la 88e minute, Roy sauve

l'honneur

Après qu'un tir de Sansonetti ait glissé à droite du poteau toulousain, nouvel exploit d'Edimo à la 87e minute. Il réussit à empêcher sur la droite dans des conditions nettement acrobatiques et centre. Jarra reprend de volée mais Moreira au prix d'un remarquable plongeon, repousse la balle. On attend la fin de la rencontre quand Roy sauve l'honneur de l'O.M. d'un tir du droit donné de 15 mètres en angle à la suite d'un cafouillage devant la cage de Toulouse.

Toulouse 3 - O.M. 1.

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Une défaite qui n'appelle pas de longs commentaires

TOULOUSE - Il n'y aurait presque rien à dire. L'O.M. a été battu hier soir à Toulouse de façon tellement nette, tellement évidente, qui devient presque inutile d'épiloguer.

Le football 62-63 est ainsi fait que toutes les équipes font alterner le bon et le médiocre avec une régularité touchante.

L'O.M. d'hier soir n'était pas celui victorieux mercredi dernier de Grenoble, mais l'O.M. que nous avions vu se laisser battre, en dominant sur son terrain, par Valenciennes.

À peine peut-on faire remarquer que les buts toulousains ne furent pas le résultat d'attaques harmonieusement conçues mais essentiellement d'exploits individuels et d'une faute de Moreira, ce dernier par ailleurs excellent.

Le but d'Edimo marqué en première mi-temps, à la suite d'une échappée sur l'aile droite, fut exploit de cette rencontre ; un but d'ailier d'une admirable pureté.

Mais tout au long de cette première mi-temps vit l'O.M., se faire nettement dominer par son adversaire. Les Toulousains se montrèrent nettement supérieur dans l'attaque et la conduite du ballon.

Au centre du terrain, plus particulièrement, où Rial était nettement dépassé par le rythme de la partie il y avait un énorme espace libre dans lequel les démis et les inters toulousains se promenaient littéralement.

À ce petit jeu, le meilleur des adversaires de l'O.M. fut le brun Mahl qui fit au milieu du terrain un travail absolument remarquable et d'ailleurs très remarqué.

À signaler également l'étincelante partie du noir Edimo qui était, hier soir, dans un de ses meilleurs jours et qu'aucun des défenseurs de l'O.M., et plus particulièrement Alauzun, ne purent neutraliser.

Comment ils ont joué

Il est très difficile, quand une équipe a été battue de la sorte, de dire quels ont été les joueurs les moins bons, comme il est tout aussi malaisé de décerner des louanges après une partie victorieuse.

Moreira a été responsable du 1er but, la balle fusant au sol l'ayant trompé, exactement comme Schaeffer avait été trompé au Stade Vélodrome huit jours plus tôt.

En dehors de ce loupé, il fit une excellente partie, sauvant en deux occasions des buts qui paraissaient tout fait.

Les lignes arrières, dans leur ensemble, furent généralement malheureuses. Il est vrai que leur travail fut très, très difficile.

Moulon avait fait une très bonne partie, mais il se laissa abuser par une feinte de Jarra, ce qui valut le troisième but de Toulouse.

Knayer, dans l'ensemble de la partie fut certainement le défenseur marseillais le plus satisfaisant.

Alauzun, placé en face de la "flèche noire" Edimo eut un mal fou à contenir cet adversaire.

Ugolini, à l'autre bout du terrain se débrouilla comme il fut devant Dorsini. Il est vrai beaucoup moins percutant que son compère de l'aile droite.

Bruneton qui, en première mi-temps fut obligé de se consacrer à une besogne exclusivement défensive, se reprit très bien en seconde mi-temps ou il accomplit le labeur dont il a l'habitude.

En attaque, le meilleur fut, sans doute, Stopyra qui, s'il ne courut peut-être pas tellement, eut l'immense mérite d'être à l'origine des meilleures combinaisons.

Sansonetti, bon en première mi-temps, fut régulièrement arrêté par son adversaire direct Boucher, en seconde.

Roy, au contraire, se battit avec toute sa force, avec tout son courage, mais il faut bien ajouter que hier soir, n'était pas dans un de ses bons jours.

Aygoui à l'aile gauche, eut le mérite de réussir quelques tirs et quelques centres de bonne qualité, malheureusement son action fut un peu épisodique.

Enfin Rial, dont la classe ne se discute pas, a été, hier, le plus souvent dépassé par le rythme de la partie.

Dans l'équipe toulousaine, une équipe qui fera certainement parler d'elle cette saison, répétons que les meilleurs furent Mahl, vraiment remarquable et Edimo, le meilleur joueur de la rencontre. Avec eux, on peut citer Jacky Bernard, le technicien de l'équipe. Le nouvel avant-centre paraguyen Jarra produisit, pour ses débuts, une impression favorable.

À signaler également le bon match d'ensemble de la défense toulousaine au sein de laquelle les Boucher, Simon et Mouynet se mirent constamment en évidence

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Les Marseillais contestent le 1er but

TOULOUSE - A l'issue de ce match viril, sans plus, il va sans dire que dans les vestiaires les vainqueurs et les vaincus, ambiance n'était pas la même.

À l'O.M., chacun contestait la défaite et reportait la faute sur l'arbitre et aussi sur la dureté des toulousains.

Le capitaine marseillais contestait le premier but pour hors-jeu et le troisième but de Jarra à qui il reprochait une faute sur Moulon.

Chez Armand Penverne, entraîneur, même son de cloche :

"Le premier but n'est pas valable. Il y avait deux joueurs toulousains sur la ligne de buts. Le match a été faussé d'autant plus qu'on prend un second but alors qu'on venait de marquer l'égalisation. Quant à l'arbitrage on peut dire qu'il ne fut pas brillant. Le Toulouse Football Club a fait un bon match, facilité par la réussite du premier but."

Dans les vestiaires toulousains, il est évident que la joie régnait après cette nouvelle victoire qui les place au cinquième rang.

Deladerriere et Boucher mettaient en évidence la virilité des joueurs marseillais. La réponse de Deladerriere était particulièrement significative :

"Ils (les Marseillais) devraient jouer au rugby !"

Un mot enfin pour terminer sur le Paraguyen Jarra qui faisait sa rentrée avant de porter un jugement définitif, mais on peut d'ores et déjà dire qu'il ne déparera pas l'attaque toulousaine aux côtés de Mahl et Edimo.

 

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