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Résumé Le Provencal

du 24 avril 1961

 

A BESANCON, OU LE RACING CLUB FRANCOMTOIS N'AVAIT PLUS GAGNE DEPUIS LE 30 OCTOBRE

L'O.M. prend un départ remarquable

mais ne tient pas la distance (2-1)

A un but de SANSONNETTI (3e minute) répondirent 2 buts de BRUAT (68e minute)

et GARDON (80e minute)

(de notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

BESANCON. - Le coquet et moderne stade vélodrome de Besançon baigne dans 'humidité ambiante mais il ne pleut pas plutôt il ne pleut plus quand les deux équipes font leur entrée.

Le public est assez réduit, la dernière place n'est jamais payante et la pelouse, bien que glissante, et dans un état favorable au bon football.

Dans leur vestiaire les joueurs marseillais nous ont paru très confiant et comme nous les quittions il y a quelques secondes, on a remis à M. Zaraya un télégramme de quelques supporters de l'O.M. De vrais supporters ceux là !

Un but admirable de Sansonetti

Après que Besançon ait attaqué le premier, l'O.M. lui rend la politesse et ca ne traîne pas !

Une offensive conduite par Kominek, Vescovali et Sansonetti, met tout d'abord la défense bisontine en état d'alerte, immédiatement après, c'est-à-dire à la 3me minute, à peine, Lefevre centre de son aile gauche. Sansonetti surprend Bruat par la vitesse de son démarrage, reprend de volée et marqua un but admirable de netteté et de clarté.

O.M. 1-Besançon 0.

On vient tout juste de réengager quand se développe une nouvelle et large offensive de l'O.M. Elle se termine par une reprise de la tête de Vescovali qui oblige Roset à plonger.

Un bon départ de l'O.M.

Le jeu se poursuit jusqu'à l'avantage des marseillais. Indiscutablement le premier quart d'heure nous vaut le plaisir de voir un excellent O.M., supérieur à la fois dans l'attaque et dans l'utilisation du ballon. Sansonetti et Vescovali plus particulièrement, se distinguent dans le cours de mouvement ou leur vitesse, fait merveille.

Il faut attendre la 10me minute pour voir Corazza intervenir. Un plongeon dans les pieds de Gardon et l'O.M. repart aussitôt après.

Coup sur coup Roset concède un premier corner sur centre gauche de Vescovali et un second à la suite de l'habile exécution du premier par Lefevre.

Corazza k. o.

Besançon cependant, auquel son public n'épargne pas les coups de sifflet, commence à s'énerver un tantinet... et c'est un tir de Duc à la 30me minute qui passe d'assez peu à côté. Cette tentative semble avoir le don de réveiller l'O.M. qui s'était un tout petit peu endormi car, sur un centre de Lefevre, Milazzo, d'une excellente déviation du pied droit, contraint Roset a effectué un plongeon et un arrêt extrêmement délicat.

Sur le dégagement du garde bien bisontin, l'O.M. concède un corner. Il est tiré par Frushauff, Corazza shoote, s'empare du ballon et se blesse en tombant au sol.

Moment d'émotion dans le camp marseillais. On entoure Corazza, Troupel et le remplaçant Ugolini vienne à la rescousse. Plus de peur que de mal heureusement et Corazza reprend sa place pour se distinguer un instant plus tard sur un autre corner.

Besançon attaque enfin

La fin de cette première mi-temps et à l'avantage de Besançon qui attaque en force mais sans obliger la défense marseillaise à se surpasser.

On note toutefois, une belle déviation de la tête signée Gardien et un bon tir du jeune Leborgne.

A l'actif de l'O.M., un tir de Vescovali ayant que le tort d'être un peu mou.

A deux minutes de la fin de cette mi-temps, on redoute le pire pour l'O.M. En loupant la balle par la faute d'une glissade, Molla fait une main à la limite de la surface de réparation. Coup franc seulement que Tellechea, après de nombreux préparatifs, tire au-dessus. Et c'est la mi-temps alors que l'O.M. mène toujours par 1 à 0.

Deux sérieuses alertes

La deuxième mi-temps débute mal est bien pour l'O.M.. Une passe imprudente de Raphaël Tellechea à Corazza est interceptée par Gardon. Ce dernier tir dans la cage vide mais aussi dans les bras du gardien de l'O.M. revenu "in extremis " à sa place.

Après que l'O.M. ait obtenu un corner qui permet au jeune Roset de se distinguer, nouvelle alerte devant les buts marseillais. Corazza saute pour reprendre une balle au bond, la lâche... et seul un excès de précipitation interdit aux avants bisontins d'égaliser. L'O.M. va-t-il être trahi par ses nerfs ? Les joueurs marseillais en ont-ils conscience ?

On pourrait le croire car les voilà qui recommence à prendre comme au début la situation en main, ou plutôt au pied. Et l'on nous fait assister presque consécutivement à trois bonnes attaques collectives doit une terminée par un tir de Vescovali et l'autre par un corner.

68me minute.. Bruat égalisent.

Mais le mal n'est pas complètement guéri. À la 60me minute, Molla se laisse surprendre par le rebond de la balle et en voulant dégager en retourné ne rate sa propre cage que de quelques millimètres.

Ouf !

Cet incident redonne à nouveau coup de fouet à l'O.M. dont l'attaque repart au sprint et développe quelques beaux mouvements mais il faut que tout cela soit gâché encore une fois par des maladresses défensives. Molla et Bedelian ayant cafouillé le ballon, il s'ensuit un corner et sur ce corner Bruat monté à l'attaque reprend la balle au centre de la mêlée et égalise (68me).

A Gardon estocade

Tout est donc à refaire pour l'O.M. qui s'applique par Lefevre et Sansonetti principalement dans une montée en passes redoublées est terminée par un centre en retrait de l'ailier gauche que personne ne peut reprendre, alors que la cage bisontine était largement ouverte. La partie est maintenant repartie au triple galop. Un vrai match de championnat avec ses inévitables accrochages et l'orchestration du public ravi de la tournure prise par les événements. "Cela devient passionnant" nous dit d'ailleurs l'un de nos voisins. Les attaques se succèdent des deux côtés et à dix minutes de la fin, sur une offensive partie de la gauche et une nouvelle et fatale hésitation des défenseurs marseillais, Gardon glisse la balle dans la cage en dépit d'un plongeon de Corazza.

Besançon 2 - O.M. 1.

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Il manque surtout aux MARSEILLAIS

un commandement véritable sur le terrain

BESANCON. - L'O.M. vient ainsi de voir sombrer ces derniers espoirs sur le Stade Vélodrome de Besançon ou le Racing Club Francomtois n'avait pas gagné depuis le 30 octobre dernier.

Cette victoire de la dernière chance qui peut-être leur épargnera l'humiliation de devenir titulaire à part entière de la lanterne rouge, les footballeurs bisontins ne l'ont certes pas remportée en grande et irrésistible équipe. Elle est due essentiellement cette victoire à la désagrégation progressive et inexplicable du onze marseillais.

L'O.M. AVAIT POURTANT BIEN DÉBUTÉ

La rencontre en effet est assez facile à résumer. Pendant vingt bonnes minutes, les premières, il n'y eut pratiquement qu'une équipe sur le terrain. L'O.M. très supérieure à son adversaire dans tous les domaines du jeu produisit l'impression de s'envoler vers une nette, une irrésistible victoire. Sansonetti avait ouvert le score dès la 3me minute d'une reprise de volée sans bavure et dans les tribunes, le public s'était résigné à une nouvelle défaite des siens.

C'est alors que le rythme olympien baissa soudainement et que commença la série des erreurs défensives.

UN SCÉNARIO BIEN RÉGLÉ

Pour nous qui avions déjà vu la situation de l'O.M. se détériorer au stade vélodrome devant Metz et devant Aix, à la suite de bévues imputables à défense dans son ensemble, il nous semblait revivre un scénario minutieusement préparé.

L'O.M. menait, puis comme s'il voulait vivre sur son avance se replie dans sa coquille. L'un de ses deux inters Kominek ne joue plus qu'en défense ou presque et les deux demis bornent leurs ambitions à renvoyer le ballon.

C'est là le premier épisode.

Vient ensuite véritablement le second. Tous ces défenseurs groupés se gênent et offrent à l'adversaire des occasions inespérées. Ce dernier égalise et reprend l'avantage et l'on assiste enfin à l'ultime "rush aveugle" de toute l'équipe marseillaise, sans résultat bien entendu.

UNE QUESTION DE CARACTÈRE

C'est très exactement ainsi que les choses se passèrent hier, pour le plus grand plaisir des spectateurs francomtois qui, à la fin firent un véritable triomphe à leur équipe.

Nous avons vu tour à tour un excellent O.M. digne de la tête de la 2e division, puis une équipe semblant privée de commandement sur le terrain déjouant ainsi facilement qu'elle avait bien joué jusqu'à là et, dernière image, celle d'un O.M. courageux, agressif, mais ayant perdu le sens du jeu collectif.

On en déduira aisément qu'il manque surtout à cette équipe, faite pourtant de joueurs de bonne ou d'assez bonne classe, un chef d'attaque et un chef de défense. Sur le terrain nous venons de le constater une nouvelle fois, personne ne commande et tout le monde paraît surpris que la mécanique ne veuille pas tourner d'elle-même. Il s'agit d'une question de caractère, plus que d'un problème technique.

LES MEILLEURS :

SANSONETTI ET LEFEVRE

Hier, c'est la défense dans son ensemble qui commit des erreurs, dues sans doute à l'énervement ; passes mal assurées en arrière, hésitation, énervement, et le reste !

À côté d'actions excellentes, tous les défenseurs firent des fautes de débutants. Peri et Misiasek sont sans doute les deux joueurs de sa défense qui échappent le plus à la critique.

En attaque les deux meilleurs furent Sansonetti et Lefevre que nous n'hésiterons pas à créditer d'un très bon match.

Vescovali, lui, avait fait une bonne première mi-temps tandis que Milazzo et Kominek alternèrent le bon et le moins bon.

Nous avons été étonnés de voir le stratège autrichien se confiné dès la 20me minute dans un rôle défensif qui lui convient assez mal.

DEUX ESPOIRS :

ROSET ET LE LEBORGNE

A Besançon le gardien Roset et l'inter Leborgne sont sans doute de sérieux espoirs du football français. Par contre, l'international junior Guinot, sans doute fatigué, passa totalement inaperçue. Bruat et Duc, par leur abattage, Gardon par quelques éclairs de finesse technique et Gardon pour son sens de l'opportunité tirèrent leur épingle du jeu.

M.F.

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Lucien TROUPEL : "C'est à en 'chialer' "

BESANCON. - Le vestiaire de l'O.M., après la défaite était celui des têtes basses et du silence. Mais ce silence fut soudain troublé par Lucien Troupel qui, jetant rageusement sa veste de survêtement sur la valise, s'écria : "et à en chialer, vous avez perdu la nous aurions pu gagner mille fois. Je vous l'avais pourtant dit à la mi-temps. Si vous continuez à jouer à cette cadence vous allez vous faire battre. Il fallait lutter de bout en bout et ne pas s'abandonner à un sentiment de supériorité. C'est inexcusable".

M. Zaraya, appuyer ou lavabo du vestiaire, paraissait beaucoup plus décontracté que d'habitude en pareil mauvais cas. "Cette fois, je crois que c'est fini", nous confia-t-il à voix basse. "Vraiment, cette saison, nous n'avons pas eu la moindre chance. Que voulez-vous, c'est le sport, mais nous ne pouvons pas dramatiser pour une simple défaite alors que se passent dans le monde des événements graves".

Lucien Laurent : "nous avons joué le jeu"

L'autre Lulu, Lucien Laurent, affichait dans le vestiaire de Besançon, une mine radieuse. "Une fois n'est pas coutume", nous a-t-il dit, "nous avons joué le jeu, c'est normal. Cette victoire va faire grand plaisir à nos supporters qui en avaient perdu l'habitude. Tenez, aujourd'hui, j'en vois quelques-uns uns autour de nous qui n'étaient pas venus depuis au moins six mois. C'est bon signe".

 

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