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Résumé Le Provencal

du 12 décembre 1960

 

SAVATES, JETS DE PIERRES... ET MAUVAIS FOOTBALL AU STADE VELODROME

L'O.M., A L'ATTAQUE IMPUISSANTE

MUSELE ET BATTU PAR SOCHAUX (2-0)

L'AILIER CAMEROUNAIS, SAMUEL EDIMO, PORTA "L'ESTOCADE" AUX MARSEILLAIS

Quand le bon football est absent, il faut bien que le public se passionne pour autre chose.

Dimanche, à la sortie du Stade-Vélodrome, comme il n'était nullement question de commenter longuement les hauts faits de la rencontre O.M. - Sochaux, les plus jeunes spectateurs voulurent s'en prendre à l'arbitre et au joueur sochalien Knayer.

Ne voyant pas apparaître l'objet de leur vindicte, ils lancèrent stupidement des pierres sur les portes vitrées du stade.

Il fallut une arrivée massive de policiers pour disperser les manifestants dont, le style s'apparentait nettement à celui que la télévision nous montre d'abondance ces derniers jours.

Il n'y a rien de meilleur que l'image pour parfaire l'éducation de la jeunesse.

Un petit sommet

On peut donc aisément en déduire que cette rencontre, présenté comme un sommet de la deuxième division, a été tout au plus un col de troisième catégorie.

D'où la déception du nombreux public et la cristallisation de ses sentiments sur un incident somme toute mineur.

Car, si Vescovali avait marqué un but d'une reprise de volée, Sansonetti un autre à la suite d'un " déboulé ", et Kominek un troisième, grâce à un de ces coups francs dont il a parfois le secret, le méchant coup de pied donné par Knayer a Milazzo eut été relégué aux oubliettes.

Un peu de savate

Que s'était-il passé au juste, puisqu'il faut tout de même parler de cet incident ?

A la 60me minute, Milazzo, en sautant, administra un coup de coude à Knayer, "Involontairement", nous a dit l'olympien, "Volontairement", a prétendu le Sochalien. Là-dessus, alors que le ballon se trouvait à l'autre extrémité du terrain, Knayer donna, par derrière, un violent coup de pied dans les jambes de Milazzo.

Il est certain que de tels gestes n'ont pas leur place sur un terrain de sport, et que l'arrière central de Sochaux mérité l'expulsion.

En effet, si le coup de coude de Milazzo volontaire ou pas, a été donné dans l'action du jeu, le coup de pieds de Knayer et, lui, sans excuse.

Mais il se trouve que l'arbitre principal, suivant normalement des yeux le ballon n'a pu voir cette phase de savate qui se passait dans son dos.

À ce sujet, on peut se demander si les arbitres de touche ne sont pas justement faits pour suppléer leur collègue principal dans des cas aussi nets ?

L'attaque de l'O.M. neutralisait

Si nous nous sommes aussi longtemps étendus sur ce "round" hors programme, c'est que la partie n'appelle pas de longs commentaires.

Du commencement à la fin, Sochaux s'appliqua et réussit à empêcher l'O.M. de jouer, sans vraiment bien joué lui-même !

On sait que les deux plus habiles footballeurs de l'attaque olympienne ne sont Kominek et Lefevre. Ce sont eux, en général, qui tirent les ficelles.

Or, Kominek, marqué de près et battu le plus souvent en vitesse d'intervention, ne put que trop rarement faire valoir ses dons de stratège.

Quant à Lefevre, son duel particulier avec Loiseau tourna régulièrement avantage ce dernier.

Ajoutons-y que Milazzo, en petite forme ou peu à l'aise au poste d'inter ne fit pas oublier Aygoui.

Par suite, Sansonetti, malgré son évidente bonne volonté et tout le mal qui se donna, produisit trop impression de défendre une cause désespérée.

En ce qui concerne le cinquième homme de l'attaque, Vescovali, on sait de longue date qu'il n'est pas capable à lui tout seul, de renverser une situation.

Samuel Edimo tout seul

Par contre si l'O.M. était muet dans le domaine offensif, Sochaux avait au sein de sa ligne d'avants un homme capable de forcer la décision.

Cet homme n'était ni Skiba ni Nuremberg... mais Samuel Edimo.

Parfois par son étonnante vitesse de jambes, sa souplesse, sa résistance aux chocs et son "punch" l'ex-Montpellier posa un problème insoluble à l'infortuné Bedelian.

Edimo marqua de belle façon les deux buts de son équipe, et encore eut-il assez mal servi par ses partenaires.

En résumé, Sochaux sut fermer sa garde, de manière inélégante, mais efficace, tandis qu'un homme seul, ou presque, lui assura une précieuse victoire.

Petite distribution de lauriers

On est peu gêner quand il s'agit d'entrer dans le détail de cette rencontre.

Quels sont les joueurs qui méritent la citation ?

A Sochaux, Edimo, bien entendu, et Knayer. Car ce dernier, son vilain geste mis à part, fut un pourvoyeur de balles en première mi-temps et un défenseur en seconde, d'excellente qualité.

À l'O.M. accordons une mention assez bien à Mislazek, à Molla et à Sansonetti.

On constatera qu'il n'est pas question des gardiens, tous deux ayant eu assez peu à faire.

Nous n'aimons pas critiquer les arbitres, mais à moins que nous soyons aveugles... la façon dont les deux arbitres de touche en appréciaient certains "hors-jeu" nous a paru extrêmement fantaisiste.

Maurice FABREGUETTES

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EDIMO (deux buts)...

... Knayer et Milazzo

vedettes d'une rencontre de "ballon militaire"

Une demi-heure après la fin de la rencontre, des centaines et des centaines de spectateurs assiégeaient la "sortie des artistes", les pierres faisaient voler des vitres en éclats et l'on entendait, en fond sonore, les sirènes des voitures de police appelée en renfort par les organisateurs... pour évacuer arbitres et Sochaliens.

La dernière demi-heure du match s'était déroulée sous huées. Les Sochaliens étaient rentrés aux vestiaires au milieu de "mouvements divers". Knayer, vedette de ce petit drame, était blessé à la pommette... par sa victime, Milazzo.

De cette rencontre qui promettait tant, c'est ce dont on se rappellera au cours des mois à venir... Car au point de vue technique, elle fut d'une assez insigne faiblesse.

La physionomie générale ? Domination marseillaise, plus du faits d'efforts généreux que de bonnes combinaisons, ponctuée par deux contre-attaques visiteuses terminées victorieusement par le sombre Edimo.

Edimo ouvre le score

Il ne s'était rien passé encore lorsque, à la 9me minute, Nuremberg, replié, alertait Muller. Celui-ci adressé sur la droite une ouverture plongeante. Edimo résistait à un coup d'épaule de Bedelian, le crochetait vers l'intérieur et tirait du gauche... une balle écrasée qui trompait Corazza et ricochait du montant gauche dans les filets.

L'O.M. mettait de longues minutes à se ressaisir. À la 15me minute, Leroy servait Nuremberg qui dévié intelligemment vers le centre sur Muller qui arrivait en trombe, mais glissait au moment du tir et mettait la balle à côté. Balle de match.

Occasions marseillaises

Encouragé par le public, les olympiens allaient envahir le camp visiteur et se créer à leur tour un certain nombre d'occasions.

À la 29me minute Lefevre donner à Kominek qui manquait de souffle et de punch à l'instant du tir. Alberto ne plongea que sur une balle molle et l'arrêta sans mal.

Leroy répliquait en dribblant Molla mais n'en tirait pas parti...

On approchait de la pause. Un corner de Kominek créait une mêlée générale, Milazzo - en force sur Alberto qui repoussé... Milazzo reprenait de la tête de peu au-dessus.

Enfin, Kominek donner une longue balle bien suivie par Sansonetti qui prit tout le monde de vitesse et loba Alberto, mais eut l'infortune de voir la balle passait au-dessus.

La seconde mi-temps fut certes, moins bonne, mais beaucoup plus animée.

Encore Edimo

Dès le début de cette seconde mi-temps, une passe trop molle de Molla était utilisée... part Edimo dont le centre inutilisé passait à quelques centimètres de la cage de Corazza. Ouf !

Peu après, il reprenait si puissamment de la tête un corner de Nuremberg, que Corazza devait stopper la balle en deux temps.

Vers la 60me minute, bien lancé par Sansonetti, Vescovali décroché le meilleur tir marseillais de la partie. Mais Alberto, excellent, dévié en corner.

Incidents

C'est sur ce corner que Milazzo en disputant la balle, donna involontairement, semble-t-il, un coup de coude au visage de Knayer. Celui-ci se vengea en descendant Milazzo quelques secondes après, alors que la balle était dans le camp marseillais.

Colère du public, début d'envahissement du terrain. Palabres. Cris. Cinq minutes d'arrêt.

Lorsque le jeu reprit, ce ne fut pas sans verser dans l'anarchie la plus totale. Milazzo voulant se venger... d'autres se "revenger"...

Au Moyen Âge, la "Soule" ne devait pas être sans analogie avec le spectacle que nous donnèrent les leaders du championnat et leurs suivants... Du football gaélique. Du football militaire.

L'O.M. dominait tellement que Skiba s'en alla seul, Molla ratant son croc-en-jambe, au passage. Mais l'ex-Nîmois ne parvenant pas à battre Corazza qui dévia en corner.

Toujours Edimo !

Edimo devait finir la rencontre aussi bien qu'il avait commencée ! Alors que l'arbitre venait de refuser à Sansonetti un but pour hors-jeu, Muller redressa remarquablement la balle vers Leroy démarqué à l'aile gauche. Celui-ci résista à Gransart et donna à Edimo. Un petit slalome au milieu des défenseurs marseillais et c'était un tir imparable, de face et de 15 m, qui mettait un point final à notre histoire.

D'ailleurs, écourtant le délai de trois minutes, Monsieur Reynard mettait immédiatement un terme aux hostilités. Mais nous l'avons dit plus avant, cela ne mit pas un terme à la confusion ! ...

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DANS LES

VESTIAIRES

Dupal :" ce match était capital pour nous"

L'entraîneur de Sochaux, le Tchèque Dupal, aime trop le bon football pour avoir été satisfait de cette rencontre.

"Que voulez-vous - nous dit-il, comme pour s'excuser - nous tenions trop à gagner cette rencontre. "Monter" 1re division est un impératif pour nous. Si nous n'y réussissions pas cette année, après les efforts financiers qui ont été faits, ce serait une catastrophe et pour le club et pour moi.

"Aussi, mais joueurs ont-ils été extrêmement contracté. Car il n'est pas normal que des joueurs de la classe de Skiba, de Nuremberg ou de Muller, par exemple, en arrivent à "louper" des passes élémentaires pour eux.

"L'essentiel pour nous était de prendre 1 ou 2 points, nous l'avons fait mais il est certain que la manière ne pouvait pas plaire aux spectateurs."

Knayer : " je n'ai fait que riposter"

Quant au solide et placide Knayer il nous a affirmé qu'il n'avait fait que rendre le coup que lui avait donné Milazzo.

"Je ne suis un " tueur", nous a-t-il dit, mais je n'aime pas que l'on me marche sur les pieds."

"Prendre des coups

sur notre terrain

Le fait que Sochaux l'ait emporté peinait moins les joueurs marseillais que celui d'avoir été "frappés" à domicile. Il faut bien reconnaître que c'est un comble. Milazzo expliquait :

"C'est involontaire que j'ai touché Knayer du coude sur corner. Il m'a frappé sauvagement par derrière. C'est inadmissible !"

Évidemment, chacun faisait chorus, tout en ne contestant pas la supériorité visiteuse.

"Tout est à recommencer !" disait tristement M. Zaraya.

 

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