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Résumé Le Provencal

du 11 novembre 1957

  

Les Marseillais, ressuscités, tiennent en échec

Les champions de France, inefficaces

(Compte rendu de notre envoyé spécial Louis DUPIC)

SAINT-ETIENNE - Nous avions quitté Marseille sous la pluie. Nous avons trouvé Saint-Étienne noyée dans un crachin glacé. En bref, le décor du stade Geoffroy Guichard était plus fait pour inspirer Pierre Mac-Orian ou Georges Simenon que nos olympiens enfants du soleil.

Lorsque l'arbitre italien donna le coup d'envoi, l'O.M. ayant perdu le toss, c'était 7.000 spectateurs courageux qui garnissaient seulement les nouvelles installations stéphanoises.

À l'O.M., Gransart était encore laissé sur la touche en raison des conditions atmosphériques. Ramon et Mesas étaient les arrières et Roger Scotti entrait comme demi gauche.

Dès le début, les deux équipes sont en action. Un mouvement Ramon - Rustichelli permet à Marcel d'effectuer le premier tir, à côté.

Sur la contre-attaque, c'est René Domingo, le Stéphanois, qui enlève trop sa balle.

La pression des "vert" s'accentue, sous la pluie fine et pénétrante, qui noie tout le stade. On note la facilité avec laquelle opère le jeune inter local Herbin.

Mais l'O.M. regagner du terrain.

Tournier, très active, permit à Andersson d'inquiéter Abbès, à la 4me minute. Puis c'est Marcel qui place un tir très dur de 20 mètres, arrêté en deux temps par le même Abbès, trois minutes plus tard.

Mais peu après Molla concède un corner. La balle voyage très vite d'un camp à l'autre. Domingo stoppe un shoot de Goujon puis la contre-attaque se développe.

Rustichelli donne à Marcel qui seul devant le but, marcha sur la balle. Tandis que les rares supporters marseillais déplorent cette non réussite. N'jo Lea donne à Cristobal qui, seul lui aussi, met au-dessus, à la 12me minute.

Ferrier ouvre le score

Goujon, qui avait reçu la balle au milieu du terrain, progresse parmi les Marseillais. Une passe courte à Ferrier, qui tire de 20 mètres. Domingo glisse, effleura la balle qui échoue dans les filets.

Les Olympiens ne se laissent pas abattre.

Mesas monte à l'attaque et son centre est manqué d'un fil par Rustichelli, après que les locaux aient obtenu un second corner, à la 23me minute.

Marcel et Tournier, par une bonne action offensive, mettent Curyl en position de tir, mais la balle de Stan va au-dessus de très peu. Richard Tylinski appuie son attaque. Herbin, Goujon, Cristobal inquiètent la défense olympienne.

La balle et glissante et Marcel Domingo doit concéder quatre corners à la 27me à la 30me minute, déviant notamment un tir de Cristobal dans le coin, en haut et à gauche, cependant que Wicart doit arrêter de justesse une offensive très dangereuse de Rustichelli - Andersson.

Andersson égalise

Ce n'était que reculer pour mieux sauter... une faute de Richard Tylinski qui dégage faiblement, permet à Tournier de s'infiltrer sur la gauche. Le néo marseillais donne à Andersson qui bat de près irrésistiblement Abbès à la 33me minute.

Tout les Olympiens exultent et le public manifeste son mécontentement, envers ses représentants qui réagissent violemment.

Consécutivement Herbin, Lefevre, Wicart, Njo'Lea tentent leur chance sans succès.

On va vers la mi-temps. L'intensité du jeu se ralentit.

Impression trompeuse, les trois dernières minutes sont émouvantes.

Andersson méduse tout d'abord Richard Tylinski, mais tire au-dessus, alors que tout le monde croyait au but. Il obtient ensuite le premier corner pour l'O.M., qui sera d'ailleurs le seul.

Des tirs de Domingo, puis de Goujon vont au-dessus, mais juste avant le repos, Abbès doit se coucher dans les pieds d'un groupe de joueurs des deux camps pour sauver son but.

À la mi-temps, le score est donc de 1 à 1.

Domination territoriale

stéphanoise...

La pluie qui continue inexorablement de tomber, raidit les muscles des joueurs et la deuxième mi-temps débute au ralenti, les imprécisions sont nombreuses. La pelouse est gorgée d'eau et sur elle la balle fuse, rapide. Les glissades et les chutes sont nombreuses.

Après cette période d'observation, les Stéphanois vont entamer une période domination stérile qui ira jusqu'à la 20me minute la seconde mi-temps.

L'avantage platonique des corners sera porté par eux de six à un, à onze à un. Mais la défense olympienne, Domingo en tête, va faire des prodiges.

Au 5me, 6me, 7me, 9me, 10me, 11me, 15me, 16me, 17me minute de la deuxième mi-temps, Domingo arrêtera ou déviera en corner des tirs plus ou moins dangereux de Goujon, Lefevre, Herbin, Njo'Lea, Domingo.

...mais contre-attaque

marseillaise dangereuse

Mais toutes les contre-attaques olympiennes, menées par Andersson, Tournier, Marcel, Rustichelli, Scotti, Curyl, seront dangereuse pour la défense au maillot vert, qui prend beaucoup de risques.

C'est ainsi que Ferrier est contraint de faucher Marcel à plusieurs reprises, permettant à Jean-Jacques ou à Scotti de tirer de dangereux coups francs.

À la 23me minute, le jeune Herbin, absolument seul, ratera son contrôle et une occasion unique de marquer.

Domingo, six minutes plus tard, s'envolera littéralement sur un tir de Wicart qui semblait devoir aboutir. Et Rustichelli échouera de justesse devant Abbès bien inspiré.

L'O.M. qui termine très bien son match, inquiétera encore le gardien international par Molla, à la 39me minute, puis par Andersson, dont le tir ne sera dévié qu'au pied.

C'est encore Gunnar qui forcera Abbès à plonger, fort bien d'ailleurs, peu après.

La nuit vient sur le stade et la pluie tombe de plus en plus.

Scotti s'intègre à l'attaque pour essayer de faire la décision. Ce sera en vain.

Le match est terminé. La foule siffle ses favoris qui viennent de décevoir et applaudit la rentrée aux vestiaires des olympiens harassés, mais le visage heureux.

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DOMINGO

héros d'un match plaisant

Ainsi, l'O.M. a tenu en échec les champions de France, très régulièrement, sans bétonner. Certes, les Marseillais furent parfois dominés territorialement, en seconde mi-temps surtout, le nombre des corners est là pour en faire foi.

Mais ils eurent tout autant d'occasions valables de marquer que leurs hôtes et toutes leurs contre-attaques furent dangereuses, puisqu'on sait que les offensives menées en terrain découvert, ont toujours de meilleures chances d'aboutir.

Les conditions atmosphériques étaient déplorables : pluie fine et pénétrante, glacée, terrain gorgé d'eau, balle glissante, visqueuse. Le mérite est d'autant plus grand pour les deux équipes d'avoir fourni un match fort plaisant, disputer, émouvant, par son indécision. Car, ne nous y trompons pas, même lorsque les "Verts" dominaient, on avait toujours l'impression que les visiteurs pouvaient marquer. On n'a pas pu toujours en dire autant de l'O.M. cette saison.

Nos représentants apparurent complètement transformés sur le chapitre du jeu collectif. Leurs combinaisons ne souffrirent jamais de la comparaison avec celle des Stéphanois tant on connaît le style très élégant. L'équipe a tenu parfaitement le rythme de la partie, avec cran. Nous ne voyons pas pourquoi nous de couvrirons pas de fleurs les Olympiens qu'on a si souvent chargés d'opprobres...

Mais les rentrées de Domingo, qui ne commit aucune faute ; de Scotti, parfait timonier dans la tempête ; Marcel que l'on n'avait jamais vu si bien joué, au poste d'inter ; Tournier, actif, intelligent, courageux et bon technicien, et Curyl batailleur en diable, ont donné une plus-value à une équipe bien terne ces derniers dimanches.

Si nous leur adjoignant Johansson, excellent policeman et contre-attaquant dangereux, nous aurons nommé les meilleurs olympiens. Les autres ne déméritèrent pas, bien loin de là.

Mesas eut plus de mal à tenir le brillant Cristobal, que Ramon à mettre sous l'éteignoir le trop exclusif gaucher Lefevre.

Molla fit un bon match, lui aussi, tant en défense qu'en attaque.

Gunnar Andersson revient

Gunnar Andersson est sur la voie du retour en forme. Il mystifia plusieurs fois Richard Tylinski et aurait pu donner la victoire à l'O.M. avec un peu plus de promptitude. Qu'il perde encore quelques kilos et ce sera peut-être le renouveau attendu.

Rustichelli eu la malchance de tomber sur un très bon Wicart, et on ne serait le lui reprocher.

Chez les "'Verts", Abbès fut très bon. Avec lui, Wicart, Michel, Tylinski, Ferrier, Cristobal furent sans doute les plus en vue.

En peut reprocher à l'excellent Richard Tylinski un style trop impérial qui lui jouera encore de mauvais tours.

René Domingo fit l'impossible pour forcer le destin, mais il eut la malchance de rater ses tirs et quelques passes.

Les attaquants pêchent par inexpérience. Herbin a de la classe, de l'abattage.

N'jo Lea est toujours fin, insinuant, difficile à marquer, mais le froid et la pluie glacée ne l'avantagèrent guère.

Goujon est le plus doué. Inébranlable au milieu du terrain, tant il jouait avec facilité, il manque de décision à l'approche du but et semble craindre les coups.

Enfin Lefevre ne fut jamais lancé dans de bonnes conditions alors qu'il est une machine à déborder par l'aile.

Les tenants du titre possèdent une attaque fort puissante, qui manoeuvra à la perfection, les yeux fermés. Mais cette maestria s'arrête, malheureusement pour elle, aux 17 mètres.

Les Marseillais auraient

pu vaincre

L'O.M. n'a donc pas tenu en échec une formation usée ou surfaite ; son mérite en est d'autant plus grande qu'il aurait fort bien pu la vaincre, s'étant très bien adaptés aux conditions de jeu spéciales. Cela semblerait prouver que sa valeur foncière est supérieure à ce qu'implique sa place au classement.

Ne terminons pas sans mettre en exergue la partie sensationnelle de Marcel Domingo dont nous vous entretenons par ailleurs, et la partie toute de finesse de Roger Scotti dont il sera bien difficile de se passer.

Enfin, Tournier, nouvelle recrue, a fait l'unanimité par sa sortie d'hier. Actif, bien inspiré, il a plu au public et à ses adversaires, ce qui est une référence.

Allons, l'O.M. n'ira pas en seconde division !

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Jean SNELLA :

L'O.M. est un moribond

qui se porte bien !

"Vous êtes des petits plaisantins, vous, les Marseillais ! Vous nous présentez une équipe mourante, et ils auraient pu nous battre ! Ce n'est pas gentil !

"Ceci dit, le jeu collectif des Marseillais n'est pas mauvais du tout. Ils se sont très bien adaptés aux conditions de jeu déplorables. Leur technique n'est donc pas inférieur à la nôtre. Leurs passes arrivent. Les contre-attaques sont très dangereuses. Que voulez-vous de plus ?

"Domingo est un très grand gardien de buts. Scotti et Johansson sont des piliers de clubs précieux. Et personne chez eux n'a mal joué.

"Cette équipe ne peut pas tomber à l'étage inférieur. Ou alors ce serait la négation de tout.

"La notre manque d'éléments d'expérience en attaque. D'ici deux ou trois ans, on aura une formation du tonnerre ! Il faut être patient, très patient. L'avenir est devant nous, bien que nous ayons déjà été champions de France.

"Pour en revenir à l'O.M., je dirais que j'ai été heureusement surpris, après tout ce que j'avais pu lire sur son compte".

 

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