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Résumé Le Provencal

du 13 mai 1957

  

L'O.M., malchanceux et au jeu trop latéral, perd à SOCHAUX (3-0) un match largement à sa portée

Domingo, Gransart et Marcel ont été blessés

(De notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND)

SOCHAUX - En cette fin de saison, le match Sochaux - O.M. beaucoup souffert de la concurrence du Grand Prix cycliste Stan-Ockers qui se dispute à quelque 10 kilomètres de la grande cité jurassienne.

Aussi, il n'y a guère plus de 4.200 spectateurs (recette 1.064.135 francs), lorsque les deux équipes pénétrèrent sur la verte pelouse du stade Bonal, exactement dans la composition annoncée précédemment. Le ciel est noir, mais il ne pleut pas, l'atmosphère est lourde et la chaleur étouffante.

Marseille gagne le toss et choisit l'aide du vent. Le premier essai et à mettre à l'actif de Melberg qui, de 30 mètres, place un shoot qui sort sur la droite de Domingo (à la 2me minute).

Les Marseillais répliquent par Marcel qui, seul devant Remetter, tire sur le portier international. Ce dernier, toutefois, réussit à mettre en corner (5me minute).

Puis, à long centre de Barret est mal repris par Melberg. Domingo n'a aucune peine pour dégager.

Gransart effectue une descente terminée par un centre sur Andersson qui, de la tête, ne peut toutefois battre Remetter (10me minute).

La balle va rapidement d'un camp à l'autre. Domingo est mis en difficulté par un ras de terre de J. Tellechea (13me minute) ; il s'en tire néanmoins parfaitement.

Deux corners successifs en faveur de Sochaux ne donnent aucun résultat et l'on atteint ainsi le premier quart d'heure sur le score vierge.

Marcel et Scotti sont à l'origine de toutes les attaques marseillaises.

But de MILLE

Gransart, bien que portant le numéro 2, est à l'origine de quelques montées offensives. Un de ses centres est manqué d'un rien par Mercurio.

Sochaux se reprend et l'O.M. doit concéder à nouveau deux corners (24me minute). Johansson à la suite de ces deux coups de pied de coin, est battu sur une balle en hauteur. Il la stoppe de la main. Coup franc à la limite. Mille le botte et malgré le mur marseillais et Domingo, le cuir finit sa course au fond des filets de ce même gardien. Puis Dobut de Sochaux.

Blessure de Domingo

La pression sochalienne se poursuit, Domingo en plongeant dans les pieds de Gardien, reste étendu sur le terrain. On arrête la partie et c'est Andersson qui prend sa place dans l'encadrement. Il se fait aussitôt applaudir en bloquant un shoot, de ce même Gardien. Puis Domingo, avec un pansement au poignet gauche, fait sa réapparition (30me minute) et Gunnar regagne son poste.

Autour de Remetter d'être alerté par un centre shoote de Gransart, consécutif à un corner botté par Jensen (34me minute).

Marcel est omni-présent et paie généreusement de sa personne. Le jeu sans être d'une qualité extraordinaire n'en est pas moins plaisant, car il ne faut pas oublier que c'est un match de fin de saison.

Tir de CURYL sur la barre

Le tandem Scotti - Marcel se met de plus en plus en évidence. L'inter marseillais sur un service de son co-équipier est à deux doigts de conclure, mais Remetter dans un beau réflexe sort et empêche Marcel de tirer.

À la 40me minute, Curyl, excellemment servi par ce même Marcel, place un bolide qui frappe l'horizontale alors que Remetter était battu.

Une minute plus tard, Andersson trompe encore Remetter et marque cette fois. Mais le leader des "blancs" était incontestablement hors-jeu et l'arbitre M. Lequesne, refuse le but.

Et la mi-temps survient alors que Sochaux mène toujours 1 à 0.

Les Olympiens dominent

Dès la reprise, Marcel devient avant-centre et Andersson passe à l'aile gauche. Les Marseillais imposent leur jeu sans pouvoir totalement conclure car ils opèrent trop latéralement et trop statiquement devant une défense aussi décidée que celle de Sochaux.

Plusieurs fois, Remetter et à l'ouvrage. Il s'en tire sans trop de mal car les attaquants marseillais "téléphonent" trop leurs shoots.

MARCEL malchanceux

et ANDERSSON maladroit

Et l'on atteint ainsi la 75me minute et Sochaux mène toujours 1 à 0.

Scotti qui construit tout le jeu à présent, sert Marcel sur la tête. Le heading du Brignolais donne le frisson aux Doubistes, car Remetter a raté sa sortie. Hélas, pour les joueurs marseillais la balle file sur le côté.

Les olympiens sont déchaînés. Curyl botte en force. On croit encore au but lorsque Joseph Tellechea sauve juste sur la ligne blanche (78me minute). Puis Andersson est alerté par Scotti. Il laisse avancer devant lui Remetter, le dribbles et shoote dans les décors, au grand désespoir de ses co-équipiers et de lui-même, alors qu'il n'avait plus qu'à shooter la balle dans le cadre vide.

L'O.M. vient donc, en 4 minutes exactement, de perdre l'occasion de marquer 3 buts.

Deux buts de Sochaux

en trois minutes

L'heure de l'O.M. est passé. Celle de Sochaux va sonner.

En effet, après avoir échappé par miracle à la défaite, les "boutons d'or" se reprennent. Melberg (79me minute) shoote en force, Domingo est à la parade mais le cuir rebondit sur le dos de Scotti et prend le gardien olympien à contre-pied.

C'est le second but de Sochaux, but quasi inespéré. Il coupe les jambes aux Marseillais.

Sochaux en profite pour faire le forcing. Melberg à la 82me minute recentre sur la tête de Barret, une balle que Johansson croyait avoir envoyée en touche.

Fort intelligemment, l'ailier gauche toujours de la tête, la redonne à Brodd mieux placer que lui. Le Suédois n'a aucune peine alors, pour fusiller Domingo.

3 à 0 le match est terminé.

Malgré quelques réactions phocéennes, réactions toutes arrêtées par l'impeccable défense de Sochaux, le match se termine sur le triomphe assez chanceux, il faut le dire, des hommes de Dormois.

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Malchance et maladresse ont été

à la base du revers des Olympiens

MARCEL, SCOTTI, DOMINGO parmi les meilleurs

SOCHAUX - Si d'aventure nos lecteurs s'en tenaient aux résultats secs du match Sochaux - O.M., ils pourraient s'imaginer, non sans raison, que les joueurs marseillais ont été écrasés sur la pelouse du stade Bonal par leur adversaire que sa ligne.

Le score, en effet, peine entièrement pour les porteurs du maillot jonquille, puisqu'il se solde en définitive par un net et tranchant 3 à 0.

Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'O.M. avait les moyens de gagner cette confrontation.

Effectivement, les Olympiens eurent autant - sinon plus - d'occasions que leurs rivaux d'obliger Remetter à aller aux "pâquerettes". Mais voilà ces occasions ils les gâchèrent toutes, sans exception, soit par malchance, soit par maladresse.

Par malchance lorsqu'à la 40me minute de la partie Curyl décocha un tir foudroyant qui alla frapper l'horizontale alors que le portier international de Sochaux était battu.

Par malchance encore quand le dos de Scotti, au demeurant l'un des meilleurs acteurs du champ, dévia malencontreusement une balle que Domingo s'apprêtait à accueillir en souplesse et qui fit le second but, c'est-à-dire celui qui sonna le glas des marseillais.

Le tournant du match

Cependant après avoir parlé de la malchance, il nous faut maintenant en arriver aux erreurs. Et il y en eut de nombreuses même de monumentales.

Nous ne citerons cependant que la plus marquante, celle d'Andersson Gunnar, dont, à la 78me minute de la partie, alors qu'il n'avait plus qu'à marquer, loba à deux mètres de la cage Remetter. Résultat, la balle au lieu de s'écraser dans les filets s'éleva à 4 ou 5 mètres de hauteur et passa, bien entendu largement au-dessus.

Ce but raté fut plus encore la malencontreuse déviation de Scotti, le tournant du match. Car si les canonniers olympiens avaient réussi à scorer à ce moment-là, le match nul était non seulement possible mais probable, puisque ce but aurait permis à l'O.M. de répondre rejoindre Sochaux au tableau d'affichage.

MARCEL, SCOTTI et DOMINGO

parmi les meilleurs

Quoi qu'il en soit, encore une fois trois hommes émergèrent nettement de l'ensemble marseillais. Ces trois hommes sont, comme d'habitude, Jean-Jacques Marcel, Scotti et Domingo.

Jean-Jacques Marcel tint brillamment son poste de leader d'attaque. Il se montra en effet, sous un jour entièrement favorable et nouveau pour ses anciens camarades de Sochaux.

Il paya largement de sa personne et faillit en deux occasions tromper Remetter.

Son abattage, son dynamisme furent fort appréciées de son ancien public, qui ne put s'empêcher d'applaudire à maintes reprises.

Scotti, toujours aussi clairvoyant organisa avec une rare intelligence le jeu de l'attaque. Il donna d'excellente balle à ses camarades et si aucune ne se transforma finalement en but ce n'est certainement pas de sa faute.

Certes son dos - et nous lui le répétons - permit à Melberg d'ajouter le second but sochaliens mais il n'est pas responsable de la fatalité.

Quant à Domingo malgré sa blessure (on craint une fêlure), il stoppa avec élégance et brio un nombre incalculable de shoots.

Ces trois hommes, donc, méritent à des titres divers les plus vifs éloges.

Les autres joueurs sortirent dans l'ensemble, une partie honnête.

Gransart avant son claquage se montra d'une intraitable vis-à-vis de Barret Par la suite, il disparut un peu, à son corps défendant.

Molla fit également un bon match, tandis que ohansson, responsable du premier but, exécuta une rentrée passable face aux puissants Melberg.

Mesas, avec une sa fougue coutumière, sauva quelques situations dangereuses.

Dans l'attaque, Marcel mis à part, aucun autre joueur ne ressortit véritablement.

Andersson, trop statique, Jensen quitte tarda à shooter ; Mercurio, meilleur défenseur qu'attaquant, et Curyl, assez effacé et, de surcroît, hésitant au moment de tirer au but, ne pouvait raisonnablement espérer battre un portier aussi sûr que Remetter.

Les Olympiens - du moins quelques-uns d'entre eux c'est certain - non pas opéré peut-être avec toute la flamme désirable en cette fin de saison.

Loin de nous l'idée de les blâmer car, hormis la prime, il n'avait plus rien à gagner dans cette avant-dernière confrontation officielle.

Néanmoins, en auraient aimé qu'ils terminent leur série de déplacements sur une meilleure note.

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ROBIN :"Mes avants ont manqué de punch"

Dans les vestiaires olympiens, joueurs et entraîneur n'avaient pas du tout le sourire, Jean Robin pour sa part, était plutôt furieux.

- On devait gagner ce match assez facilement, nous disait-il. Or non seulement nous le perdons bêtement, mais encore plus encaissons un "carton".

"Mes joueurs - certains du moins - ont d'ailleurs opéré d'une manière trop latérale. De ce fait ils n'ont pu exploiter leur avantage territorial de la seconde mi-temps".

Domingo, malgré sa souffrance et Molla partageaient entièrement l'avis de leur coach.

- Nous avons confectionné un bien meilleur football que celui de Sochaux, avoue Domingo, mais les avants en trop tardé à tirer au but ; sans cela nous pouvions vaincre.

Quant à Molla, et résuma l'opinion générale en s'écriant :

- Aujourd'hui ce fut le match des occasions perdues.

Sochaux : "Nous avons

eu de la chance"

Dans les vestiaires voisins, les Sochaliens étaient joyeux, on s'en doute. Néanmoins, tous reconnaissaient leur veine et Gardien, d'ailleurs, se fit interprète de tous ses coéquipiers lorsqu'il nous lança d'une voix goguenarde :

- Nous les avons eu, les Marseillais. Cependant je dois reconnaître objectivement que rien ne leur a réussi cet après-midi.

"Si Andersson avait égalisé à la 78me minute, peut-être alors nous aurions eu plus de mal pour l'emporter. Quoi qu'il en soit, j'estime que notre succès est normal car nous avons pris beaucoup plus de risques que nos adversaires".

    

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