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Résumé Le Provencal

du 15 octobre 1956

  

DECEVANTS

le modeste F.C. de METZ impose le match nul à l'O.M.

SCOTTI, CHICHA et MARCEL

ont été blessés, mais les olympiens

ont mal joué (3-3)

L'Olympique de Marseille perd des clients. Il en perdra encore. Tout le temps que durera cette précaire situation financière qui interdit un effort de recrutement.

Pour l'instant, il faut s'en accommoder et ne point s'encolérer à propos d'une équipe qui balbutiera et craquera en attaque, tant que sa ligne d'avants n'aura qu'un seul buteur (en baisse d'ailleurs) et point de chef d'orchestre ou d'agent de liaison.

Décidément, les caresses d'un été attardé n'ont pas inspiré les joueurs marseillais, ou demeurant très volontaires, en bonne condition physique mais limités en technique et en subtilité.

Le football que les avants marseillais - sauve Chicha - nous offrirent hier avait souvent de quoi choquer les puristes, les amateurs sensibles aux belles choses. Il suit des chemins qui se ne recoupent que rarement celui des vérités footballistique.

Depuis longtemps, nous le pensons, cette ligne offensive n'a jamais su pénétrer les rigueurs du jeu classique. Le classique ne se définissait pas le moins du monde par les vertus dont on le couronne d'ordinaire : goût, mesure, allant, mais par les qualités qu'exige le jeu moderne, c'est-à-dire : méthode, application d'une formule, combativité, virilité.

Les avants olympiens semblent s'être dépouillés de tout cela sans chercher à le retrouver, une fois l'erreur reconnue.

Pour éviter le pire

Mais revenons au match pour dire que nous attendions, non pas une démonstration - en face de ce Football Club de Metz aux modestes références - mais une manière de revue de détail, l'examen, au cours duquel Jean Robin aurait eu tout loisir pour prendre de précieuses notes.

En vérité, l'O.M. a dû se battre, hier, pour éviter le pire, quand Scotti, et Chicha, puis Marcel, furent hors de combat.

On nous dira Metz à arracher le match nul grâce aux blessures des trois joueurs précités. Si l'on veut...

En vérité, l'attaque olympienne n'avait eu soixante bonnes minutes devant elle pour préparer un résultat plus positif que ce maigre but d'avance obtenu sur penalty. Le second but étant l'oeuvre personnelle de Scotti, laisser donc le quintette offensif en face de critiques inévitables.

CHICHA le seul

Le début du match avait été excellent. On avait pu apprécier une jolie percée de Chicha, une feinte posée comme une banderille par Durand, deux headings d'Andersson (nous disons bien deux, qui furent suivis peu après d'un troisième) puis quelques envolées pleines de panache de Marcel.

Ducasse ratait deux occasions, Chicha pivotant remarquablement terminait d'un shoot splendide. Corazza le stoppait. Et tout à l'avenant...

C'était léger, assez vif, presque agréable. Mais, hélas, ce n'était que passager. Le match allait ensuite tomber dans cet anonymat qui désespère les plus optimistes.

Portant Larbi Chicha, gambadant à travers les joueurs messins comme dans la savane, était chargé de poudre. Ses tirs partaient, il sauvait l'honneur des cinq avants, et puis il était là quand Scotti avançait, menaçant.

Après le penalty accordé sévèrement à la 10me minute pour une faute de Dosdat sur Durand, on pensait à une marge plus fréquente.

Or, ce n'est qu'à la reprise que Scotti, toujours lui, infiltra balle au pied jusqu'à portée de buts. Corazza n'eut que la ressource de vérifier la précision du demi-aile internationale. Deux buts à zéro !

Nous n'étions pas pour autant convaincu.

Malchance peut-être, mais Metz réduisait l'écart à la 58me minute grâce au concours inespéré de Johansson détournant la balle dans ses filets, après avoir frappé la barre transversale.

Dix minutes après, Andersson parvenait à bloquer une balle dans les pieds de Dosdat. Il donnait à Ducasse, lequel, très adroitement, lançait Chicha vers les buts. Dans la foulée, le tir du brun Marocain surpris Corazza par sa soudaineté. Trois à un pour l'O.M.

Metz égalise

C'est alors que le drame commença. Les Messins, qui n'avaient rien à perdre, reprenaient du poil de la bête. Par à-coups, ils parvenaient à s'installer dans la défense marseillaise déjà désorganisée. Sur une longue ouverture, la balle allait à Rongoni, le plus entreprenant des avants lorrains.

Ce dernier, en bonne position, tirait au but alors même qu'Acosta feintait victorieusement l'interception. La balle ricochait légèrement sur la jambe de Gransart. But. Domingo ne pouvait rien. Dans le coin droit, les filets s'agitaient. Le keeper marseillais, tromper, était aussi déconfit qu'un enfant devant son château de sable écroulé.

Mais ce n'était pas tout. Chicha était revenu - après blessure - jouer les seconds rôles. Scotti à son tour été proprement "balancé". Il retombait inerte sur la pelouse. Et de deux. L'inaction de Scotti signifiait la débandade. Et quelle débandade !

Ce qui devait arriver, arriva.

À la dernière minute, sur un centre de Rongoni - toujours lui - Acosta reprenait à bout portant sous le nez de Domingo. Troisième but et égalisation.

Ce troisième but n'eut pas l'heur de plaire aux spectateurs qui sentirent - tous ou à peu près - le rouge de la colère leur montait au visage. Ils allaient du reste s'en expliquer d'une manière - après le match - hors du stade du jeu.

On vous dira par ailleurs ce qu'il faut penser des un et des autres.

Pour ma part, nous soulignerons une fois encore l'action prépondérante de Roger Scotti. Scotti c'est l'intelligence du jeu avec une facilité dont lui-même n'a jamais su mesurer la profondeur.

Jean-Jacques Marcel, - l'un ne va pas sans l'autre - à, lui, quelque chose de plus violent, plus tenace. Les difficultés, les insuffisances, il ne les contourne pas, il est bouscule pour les franchir.

Il serait fastidieux de vouloir rechercher dans sa production d'hier ses fautes et ses exploits, Marcel à l'habitude de les livrer tous dans le même gerbe. On vérifie alors combien sa personnalité en jeu est écrasante. Imposante.

Tout cela pour dire quel salut représente pour l'équipe actuelle cette complicité Marcel - Scotti.

Une complicité dans l'O.M. peut se louer.

Lucien D'APO

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Meilleur attaquant, CHICHA fut (lui aussi) blessé...

SCOTTI et MARCEL ne pouvaient, à eux deux, battre METZ

Passer au crible les vingt deux acteurs de ce O.M. - F.C. Metz est une chose d'autant plus délicate que le débat resta d'un niveau assez moyen, sur le plan du football, en tant que spectacle de valeur.

DOMINGO : N'eut pas à accomplir une besogne écrasante. Fut battu deux fois par ses propres défenseurs puis, à bout portant par Acosta.

GRANSART : Surpris, fit cadeau aux Messins de "leur" second but. Souvent passé par le rapide Rongoni, ne consentit pas à tenir son rôle avec constance, joua au petit trot.

JOHANSSON : Marqua superbement contre son camp à la 57me minute, fit une toile une minute plus tard. Était pourtant libre presque en permanence.

PALLUCH : Le meilleur arrière phocéen. Montra que les craintes entourant son choix étaient vaines.

SCOTTI : "Penseur" et âme du team, jusqu'à sa blessure.

MARCEL : Seconda Scotti de son mieux, mais du paré au plus pressé.

DURAND : Débuta bien. Accumula ensuite les erreurs d'amateur.

MERCURIO : Travailleur. Obstiné et obscur.

ANDERSSON : Un seul tir à son actif, à la 36me minute de la seconde mi-temps.

CHICHA : Très bon. Dangereux en tout cas. Blessé malheureusement.

DUCASSE : Méconnaissable. Malade, il est vrai.

Dans les rangs du F.C. Metz on applaudit le goal Corazza, on remarqua la facilité du travail proposé à Fuchs et Dosdat, l'activité virile de Burda et labeur soutenu de Sbroglia et Grabko trop souvent en retrait.

En attaque après la pause surtout, on vit un Wattebled inlassable, un Zenier plus à l'aise à la pointe du combat, un Acosta accrocheur et opportuniste, un Rongoni rapide et terminant mieux ses actions qu'en début de match. Prslak restant par contre, timide.

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GRANSART :

"C'est moi qui ai marqué le second but

de... Metz"

"Je n'ai rien à dire, sinon qu'il y a eu des joueurs qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes et d'autres qui se sont contentés d'être présents sur la pelouse du Stade Vélodrome", nous disait d'un ton amer Jean Robin aussitôt après le match livré par son équipe au F.C. de Metz.

Cette courte mais sévère critique l'entraîneur phocéen semblait être approuvée par plusieurs de ses poulains.

Johansson en particulier, le pourtant calme Johnson, lui aussi, était fort en colère lorsqu'il nous déclara à haute et intelligible voix :

"Je vais finir par croire qu'il y avait beaucoup de malades (sic) parmi nous, car certaines n'ont pas forcé outre mesure".

Qui visait-il ? Nous l'ignorons bien entendu.

Le plus marri toutefois était Gransart. Le blond arrière marseillais effectivement n'en revenait pas encore d'avoir marqué le second but de à... Domingo.

"C'est à la suite d'un coup de pied de Rongoni sur mon mollet droit que j'ai placé bien malheureusement un pointu à Domingo, qui a fait mouche".

Johansson (1 but à son actif), Gransart (un autre), décidément les lignes arrières olympiennes ont été efficaces, hier après-midi, mais dans le sens opposé à celui que l'on aurait souhaité...

Les Messins heureux

Dans les vestiaires adverses on se congratulait à qui mieux mieux. Imbernom, le Port-de-Boucain de Metz, réfractaire pour l'heure, était venu féliciter ses coéquipiers.

Favre, tout en soignant la jambe de son précieux ailier gauche Rongoni, nous confia :

Certes, nous avons eu légèrement de la chance, mais on ne peut pas dire que non plus que nous ne méritions pas nos trois buts. Notre football, je pense, a été aussi bon que celui de Marseille et à ce titre nous méritions le match nul.

Son point de vue se défend fort bien d'ailleurs.

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INCIDENTS

Fallait-il plaindre ou blâmer l'O.M. hier au terme de la 90me minute de son match contre le F.C. Metz.

Nous plaignons bien sincèrement Roger Scotti le DEMI AILE AUTEUR DE DEUX BUTS (dont un sur penalty) blessé d'un coup de pieds au mollet droit à la 31me minute de la 2me mi-temps.

Nous plaignons tout aussi sincèrement Jean-Jacques Marcel écroulait quelques minutes après à la suite d'un choc dont son genou droit en général et un ménisque en particulier venait de faire les frais.

Avec eux pratiquement hors de combat l'O.M. fut vraiment une victime car, jusqu'à là, le tandem des demis-ailes tricolores avait littéralement fait tout le jeu.

Il avait jeté quelques violentes luminosités dans une grisaille où semblaient se complaire les deux équipes, hormis, ça et là, Domingo, Palluch, Johansson, Mercurio d'un côté, Corazza, Rongoni, Acosta de l'autre.

En fin de compte, le F.C. Metz regagna les vestiaires avec un point à son actif après que l'O.M. eut marqué cinq buts... donc deux contre Domingo par l'intermédiaire de Johansson puis de Gransart.

Alors, l'ire populaire se déchaîna. Les cris de "démission" s'élevèrent à l'adresse des membres du Comité directeur et les suivirent, quelques horions à l'appui jusqu'aux abords du boulevard Michelet.

Nous n'avons éprouvé aucune joie (elle eut été vraiment malsaine) au spectacle de ces manifestations mais l'O.M. de l'avant et de l'après match a-t-il tout fait pour les éviter ?

Poser la question et répondre par la négatif n'est pas apporter de l'eau au moulin de ceux qui, systématiquement, veulent être des détracteurs.

Dans ces colonnes, nous avons toujours affirmé que l'O.M. pouvait redevenir un grand club.

Nous regrettons seulement qu'une rencontre de second plan et un point perdu au Stade Vélodrome contre la lanterne rouge ait failli provoquer une émeute.

Mais encore une fois, à qui la faute ?

Jean PEYRACHE

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Les blessures de Scotti,

Marcel et Chicha

Si l'équipe olympienne en général n'a pas été heureuse hier après-midi, Scotti et J. J. Marcel en particulier, plus que tous les autres, peuvent invoquer dame malchance.

En effet, l'un et l'autre ont été sérieusement blessé en cours de partie. Scotti pour sa part, ne pouvait presque plus marcher après le match.

Quant à J. J. Marcel, il souffrait d'une irritation du ménisque, suivant les propres termes de Manu Giraud.

Le masseur olympien pourtant, n'était pas du tout pessimisme.

Tout en prodiguant des soins aux deux éclopés il nous déclara :

"La blessure de Scotti et très douloureuse. Cependant, comme il s'agit d'un simple coup, je puis vous affirmer que dans trois jours au plus tard Roger ne ressentira plus rien et pourra jouer à Colombes, si on le sélectionne bien entendu. En ce qui concerne Marcel il n'a pas été touché à proprement parler, car son ménisque lui cause des inquiétudes depuis quelque temps.

"Quoi qu'il en soit, lui aussi sera rapidement remis sur pied."

Souhaitons leur un prompt rétablissement et souhaitons leur aussi que les sélectionneurs ne les oublient pas justement à cause de leurs avatars de dimanche.

Ajoutant, avant d'en terminer que Chicha a été également blessé. Il souffre d'une entorse au genou. Son indisponibilité probable durera environ une dizaine de jours.

 

  

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