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Résumé Le Provencal

du 14 novembre 1955

  

A l'issue d'un match qui lui permet de battre le record des recettes de la saison (5.486.930 francs)

L'O.M., DOIT PARTAGER LES POINTS AVEC SEDAN

La pluie qui avait détrempé le terrain depuis la veille, a daigné accorder aux acteurs de cette O.M.-Sedan une trêve quand le haut-parleur annonce la formation des équipes.

Si celle de l'U.A. Sedan-Forcy n'a subi aucune modification, il n'en est pas de même à l'O.M. où Palluch malade au dernier moment a dû la mort dans la déclarer forfait.

Remplaçant Alphonse Le Gall est ainsi titularisé.

De lourds nuages assombrissent le ciel quand la rencontre débute, les deux "onze" opérant sous leurs couleurs habituelles.

L'O.M. engage et c'est Le Gall qui le premier menace Rozak.

Lefevre marque :

hors-jeu

Tout aussitôt, Christian Oliver adresse un shoot à Poncet, mais la balle passe nettement au-dessus de la cage phocéenne.

À la 5e minute, Lefevre de près, à raison du goal local mais M. Caillaux refuse très justement le point pour hors-jeu.

Peu après, une combinaison Constantino - Rustichelli se termine par un tir de ce dernier.

À la 8e, Andersson débouche de la gauche, passe son garde du corps et centre, mais Rustichelli ne peut reprendre.

Tillon ouvre le score

Après un beau centre de Le Gall, encore non utilisé par Rustichelli, un sauvetage quasi miraculeux de Marlan sur une balle à trajectoire plongeante de Constantino et deux maladresses de l'immense gardien ardennais, nous arrivons à la 15e minute de la partie.

À la suite d'une faute de Molla sur Fulgenzy, Tillon profite du coup franc pour obliger Poncet à s'incliner malgré un effort désespéré de Scotti.

Sedan : 1 - O.M. : 0.

Scotti égalise

Loin de se laisser abattre par ce but, l'O.M. poursuit ses actions offensives tentant de s'assurer la direction des opérations.

Ainsi si Constantino botte vainement un coup franc à la 19e minute, à la 20e, Andersson ayant été pris en sandwich, Scotti brosse avec intelligence la "sphère" et rétablit l'équilibre, le plongeant de Rozak restant inopérant.

O.M. : 1 - Sedan : 1.

Andersson rate un but

A la 21e minute, alors que le calme est revenu parmi les spectateurs qui ont longuement applaudi ce but égalisateur, Fulgenzy surgit au sprint pour shooter à côté.

Dans les secondes qui suivent, c'est au tour de l'avant-centre méridional de tenter sa chance des 18 mètres et Rozak a toutes les peines du monde à maîtriser en deux temps le ballon.

Successivement les frères Oliver, Cuenca puis Andersson (2 fois) essaient le but puis, à la 40e minute, Constantino centre superbement. Gunnar est bien placé... mais il manque une reprise facile alors que Rozak reste immobile.

Lefevre encore hors-jeu

A trois minutes du repos, Célestin Oliver lobe la défense locale et sert Lefevre. Une détente de l'avant-centre Sedanais, un petit "coup de patte". Poncet esquisse un geste. Trop tard la balle est dans les filets.

M. Caillaux accorde le but mais devant les protestations des joueurs marseillais, consulte son juge de touche qui avait signalé le hors-jeu. Revenant sur sa décision, sous les vivats du public, le référee annule le point.

L'O.M. prend l'avantage

A la reprise, Rustichelli tire le premier corner accordé à l'O.M. Vainement.

A la 58e minute, Constantino tire encore au-dessus et pascal imite le Brésilien sur heading.

A la 60e minute, Constantino shoote des 20 mètres. Rozak plonge et repousse le "cuir" sans le bloquer. Andersson accourt et marque sans opposition.

O.M. : 2 - Sedan : 1.

Rustichelli sifflé off-side

Sedan ne désarme pas et Fulgenzy botte au-dessus de la barre. Mais Rozak doit plonger dans les pieds de Mercurio (65e minute).

Sur service de Rustichelli, Andersson décoche encore un bolide et à la 70e minute Rustichelli marque de la tête. Pour la gloire : l'ailier était hors-jeu.

Lefevre bat Poncet.

Cuenca mais encore le keeper de Rolhion à l'ouvrage à la 75e minute.

Soixante secondes plus tard, Poncet s'élance horizontalement, rate l'interception de la balle. Celle-ci parvient à Lefevre qui d'un heading opportun, égalise. Scotti ressort la balle, mais Fulgenzy, par mesure de précaution la remet dans les buts.

Sedan, à partir de ce moment défend "son" match nul non sans s'accrocher en faisant souvent appel à de dangereuses irrégularités.

Le match est joué ; aucun changement de surviendra.

Georges LEOST

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Souvent trop énergique, SEDAN a brisé

le rythme de l'O.M.

Nous avions laissé entendre que cette rencontre O.M. - Sedan pourrait revêtir le caractère d'une confrontation de Coupe.

Il en fut ainsi.

D'abord parce que les locaux ne parvinrent jamais à imposer leur manière de jouer aux visiteurs, ensuite parce que ces derniers après avoir perdu du terrain au tableau d'affichage, égalisèrent à la 76me minute pour se défendre avec énergie à partir de cet instant.

Comme les représentants de l'U.A. Sedan, Torcy avait manifesté depuis le coup d'envoi une plus nette détermination que ceux de l'O.M. ; ils réussirent dans leur entreprise. Ceci d'autant plus qu'il est toujours plus aisé de détruire que de construire.

Ayant bénéficié d'une monumentale erreur de Poncet pour arracher le draw, les Ardennais qui depuis de longues minutes ne s'embarrassaient pas quant au choix des moyens, déployèrent une énergie meurtrière pour les tibias marseillais.

Après avoir débuté en pratiquant un football de facture honorable, surtout au cours du second half, les boys de Dugauguez justifièrent leur réputation de joueurs durs qui leur permettait de jouer les terreurs, l'an passé en seconde division.

Devant cette furie, les Provençaux se dépensèrent sans organisation, souvent un rythme inférieur à celui de leurs rivaux, s'efforçant de contrôler une balle dégagée à grands coups de bottes.

À ce jeu - et compte tenu d'une prudence bien compréhensive - les Marseillais n'ont pu tirer leur épingle du jeu malgré l'avantage du ground et d'un public que le mauvais temps n'avait pas rebuté.

 

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FOOTBALL

de muerta

CERTES, le championnat professionnel de football n'est pas une compétition réservée aux adolescents désireux de jouer à la baballe. C'est évidemment quelque chose de plus sérieux, en ce sens que la valeur des acteurs et le but même de l'épreuve, et dirige l'emploi d'audace et de virilité à dose moyenne.

Mais de là à transformer une rencontre de Division Nationale à un choc ou la sévérité frise la conscience, il y a tout de même une marge. Cette équipe sedanaise, dont l'entrée dans la compétition "pro" fut si remarquée semble vouloir détruire à tout jamais sa jeune renommée.

Hier, face à une formation olympienne qui en a vu pourtant d'autres, Sedan semblait avoir lâché sur le terrain de jeu onze hommes pour lesquels il n'existe qu'un football : celui de l'emporte pièce.

La vue des boîtes à pharmacie, voire des civières, décuple probablement le goût offensif des hommes de Dugauguez.

N'ont-ils pas délibérément abandonné le jeu, ou presque pour s'occuper plus particulièrement de leurs rivaux, quand l'O.M. marqua son deuxième but ?

Ne se sont-ils pas attachés à marquer de la manière la moins orthodoxe les joueurs clés tels que Marcel, Johansson, Constantino et Andersson dans le secret espoir de les faire capituler sur blessure ?

C'est la manière de Sedan, elle ne varie pas. On joue dure par tradition. Mais quand le football est aussi gravement entaché on le condamne.

Il est peut-être temps d'inviter les Sedanais à revenir sur ce qu'ils ont érigé en méthode. C'est le rôle du Groupement professionnel.

À moins que l'on veuille donner à notre championnat national un petit air sud-américain !

Ceci dit, il faut par ailleurs constater l'évidence carence des joueurs olympiens qui n'ont pas répondu aux espoirs d'une foule record.

Faiblesse des arrières, atermoiements des avants, baisse de régime - compréhensible - d'une ligne de demis sur laquelle on base tout le jeu et, enfin une faute de Poncet ont amené le match nul honorable.

Nous voulons bien toutefois admettre qu'au moment psychologique de la rencontre, les onze olympiens, occupés à défendre leurs tibias, n'avaient qu'une vague idée du football à appliquer.

Il n'en est pas moins vrai que la déception aura habité une fois de plus, ceux qui, par milliers, continuent à encourager l'O.M. de leur sainte fidélité.

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SEDAN : des gagneurs !

Scotti, suivant sa louable habitude, était un calme parfait à l'inverse de ses camarades.

Analysant, avec un sens critique très développé le match O.M. - Sedan, il déclarait :

"Ce sont des "gagneurs" un point c'est tout.

"Il n'y a pas lieu de les critiquer, parce qu'ils se sont défendus avec énergie.

"D'ailleurs, ces Sedannais savent "tripoter" la balle avec beaucoup d'intelligence."

Puis, sur un ton plus bas, il ajouta amèrement :

"Et dire que nous avons encore perdu un point sur notre terrain.

"Ah ! si certains de nos coéquipiers avaient opéré avec la même ardeur que notre que nous adversaires peut-être..."

Et ce peut-être en voulait dire long.

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Scotti toujours habile

Il est d'autant plus difficile de passer au crible le comportement des joueurs que les Ardennais donnèrent à la rencontre une physionomie marquée d'abord pas l'énergie puis par la brutalité.

Coupable, dans une certaine mesure de n'avoir pu prendre la direction des opérations, les Marseillais ne sont pas exempts de reproches.

Résistant sur le premier but, Poncet est directement responsable du second pour être sorti de façon pour le moins maladroit. Il eut, par ailleurs assez peu de travail à accomplir.

Les arrières Gransart et Molla marièrent les bonnes choses aux beaucoup moins bonnes. Ils se trouvèrent souvent mis à l'épreuve, de temps que la ligne intermédiaire peina et que l'attaque s'évertua trop souvent en vain à conserver une balle insaisissable.

Chez les demis, Marcel se dépensa sans compter, accusant sur la fin la fatigue de France - Yougoslavie. Johansson soutint ses arrières souvent avec à-propos ; Scotti jouant avec lucidité son rôle de régulateur et marquant encore sur coup franc.

En attaque, Rustichelli parfois irrésistible, n'accomplit pas toujours exactement ce que l'on a attendait de lui ; Constantino oeuvra avec toute sa technique - non sans commettre quelques erreurs - mais parut dépassés par le rythme ; Andersson rata un but tout fait, mais battit tout de même Rozak ; Mercurio travailla sans relâche et Legal après un bon début baissa de pied, ce qui est logique.

À Sedan, Fulgenzy, rapide, Lefevre et Célestin Oliver se montrèrent les meilleurs d'un team trop peu soucieux de respecter les règles du fair-play.

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DUGAUGUEZ : "Nous ne jouons pas durement !"

L'atmosphère était assez orageuse dans les vestiaires de Sedan après la rencontre.

Le plus calme de tous, pourtant, était encore l'entraîneur Dugauguez.

Pourtant la rentrée de ses joueurs dans ces mêmes vestiaires avait été tumultueuse.

Mais passons.

Donc, l'entraîneur ardennais nous accueillit d'une façon courtoise et nous déclara d'un ton détaché :

"Si le match a dégénéré, la faute en incombe uniquement à l'arbitre qui nous a frustré de deux buts valables de Lefevre.

"Par ailleurs je m'étonne que l'on trouve notre jeu dur. Il est viril, un point c'est tout. Pour éviter toute manifestation hostile de la part du public, j'avais pris la précaution de ne pas faire opérer Bochard, réputé pour être rude.

"J'estime donc que les cris hostiles du public à notre adresse étaient pour le moins déplacés.

Cependant, on ne nous empêchera pas de ne point partager se point de vue bien particulier.

 

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