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Résumé Le Provencal

du 20 décembre 1954

 

L'O.M. l'emporte nettement (3-1) contre le Racing

à l'issue d'un match équilibré et intéressant

Quand les équipes sortent du tunnel qui conduit des vestiaires à la pelouse, 18.530 spectateurs ont payé leur entrée, apportant ainsi au guichet la somme de 4.868.050 francs.

La température est assez douce, le vent uni et la foule crée sans plus attente le "climat" des grandes rencontres en sifflant les porteurs du maillot blanc : le 0-4 de Sochaux est présent à la mémoire de tous.

Comme il fallait s'y attendre, Ben Barek a été mis au repos et Luzy occupe le poste d'intérieur gauche.

L'O.M. engage, Palluch étant capitaine en l'absence d'Angel venu en spectateurs, mais la première descente dangereuse a Dalla Cieca pour origine.

Andersson montre dès le début de match ses intentions. La trajectoire de son tir passe pourtant nettement au-dessus de la barre. L'attaque marseillaise semble décidée : Marcel prodigue ses encouragements à Rustichelli qui débordent vainement tout le monde. Puis à la 6e minute, Luzy, assez mal placé d'ailleurs, autant que l'on puisse en juger des tribunes, rate son tir.

L'O.M. domine indiscutablement, pratique un football rapide, plaisant, bref se réconciliait avec son public. Déjà Dalla Cieca traîne la jambe. À la 14e minute, Poncet s'élance après avoir crié "laisse !", retombe... et est tout heureux de retrouver le cuir entre ses genoux !

Le Gall botte au-dessus : Poncet stoppe superbement dans les pieds de Cisowski, puis c'est la 17e minute.

Le Gall marque

Le Gall à quelques mètres des buts de Pivois, reçoit la balle, la passe à Luzy qui est à ses côtés, l'ex-grenoblois redonne au Breton qui fait mouche.

O.M. : 1 - R.C.P. : 0.

La phase a été admirable de netteté de sang-froid.

Stimulés, les olympiens exercent une pression constante. Vandooren rate sa chance de peu, imité par Rustichelli : Le Gall et Luzy se distinguent encore ; Andersson adresse un bolide des 20 mètres.

Le Racing tente de se reprendre mais à la 34e minute, Marche doit se débarrasser de Luzy en mettant en corner. Dans les secondes suivantes, Pivois renvoie faiblement sur Vandooren dont le ballon rase la transversale.

Marche sauve

Deux minutes plus tard Luzy trompe Lelong, s'envole, transmet à Andersson. Le Suédois bat Pivois, mais Marche survint et arrête la balle sur la ligne !

À la 40e minute Andersson et Lelong se heurtent. Le premier, l'arcade gauche ouverte est transporté sur la touche mais... se sauve avant de recevoir des soins. Il est vrai que la mi-temps approche.

Quatre minutes plus tard, Le Gall centre, Andersson feinte. Luzy reprend de volée mais Pivois, sorti, arrêtent. Le Racing a eu chaud !

En seconde mi-temps, Rustichelli botte derrière les filets ; Vandooren échoue à deux reprises Pivois qui arrête encore un shoot de Luzy (56e minute).

Luzy est alors avant-centre et Andersson inter gauche ; Dalla Cieca et Cisowski étant les ailiers du R.C.P.

Poncet : sensationnel !

À la 59e minute, Grillet s'échappe, s'en va en droite ligne vers le but que Poncet quitte au sprint. Le Parisien tente de lober le portier provençal mais ce dernier maîtrise la balle au passage. C'est sensationnel. La foule applaudit.

À la 67e minute, Marcel presque négligemment descend balle au pied et tire : la sphère glisse sous le ventre du goal de la capitale.

O.M. : 2 - R.C.P. : 0.

Les Parisiens se débattent splendidement et Poncet bloque en plongeant dans les pieds de Mahjoub.

À la 72e minute pourtant, les boys de Jordan sont récompensés. Poncet s'élance devant Cisowski, se détend, mais le numéro 9 a le temps de tirer dans la cage vide.

O.M. : 2 - R.C.P. : 1.

Sur l'action de Luzy, Le Gall loupera le point et Rustichelli aussi. On s'achemine vers la fin quand Marcel ratisse une balle, attire Pivois à la limite des 18 mètres et marque facilement.

O.M. : 3 - R.C.P. : 1.

Quelques secondes plus tard retentit le dernier coup de sifflet consacrant la victoire des locaux.

Georges LEOST

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Comment ils ont joué

L'attaque marseillaise en vedette

Certes et l'entraîneur Roger Rolhion le faisait lui-même remarquer dans les vestiaires à l'issue du match, on pourra toujours dire que Marcel, demi droit a inscrit deux buts sur les trois de l'O.M. On pourra d'ailleurs rétorquer que Jean-Jacques est un demi offensif et donc porté vers les 18 mètres adverses, mais on soulignera surtout en avançant que l'attaque locale s'est distinguée que les occasions de battre un excellent (et parfois chanceux) Pivois ne manquèrent pas.

À Luzy le numéro un

Il ne se trouvera sans doute pas un spectateur pour contester le titre d'attaquant n 1 à Michel Luzy, ceci malgré le but de Le Gall et les sprints sensationnelles de Rustichelli.

Car il est bon de constater que les ailiers se mirent en valeur en fonction du comportement de Luzy. Sur le plan beaucoup plus concret, Michel donna à Le Gall la balle du premier but, puis adressa à Andersson un service qui eut été transformé sans le retour in extremis de Marche suppléant Pivois et avant la fin du premier half, reprit de volée une sphère qui à envolait irrésistiblement vers la cage du keeper parisien quand celui-ci porta à son actif une parade plein d'à propos.

C'était nettement suffisant pour s'imposer d'entrée !

Le Racing à 9

L'attaque phocéenne, avec Le Gall qui faillit marquer un second but, Luzy (dont nous venons de parler), Andersson (handicapé après la pause mais gros travailleur), Vandooren (actif comme à l'ordinaire), Rustichelli (qui mena la vie dure à Marche et manqua de chance) a présenté cette fois un visage agréable.

La ligne de demis a été sans reproche puisque Marcel a inscrit 2 buts et Mesas bien muselé Amalfi. La défense accomplit sa besogne avec sa sûreté habituelle. Poncet effectuant une bonne rentrée.

Un match satisfaisant, indiscutablement sanctionné par une victoire qui mit un certain temps à se dessiner parce que, comme l'estime M. Bicais le Racing a bien joué, ne dépensant pour pallier les blessures de Dallacieca et Cisowski.

G.L.

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INTERVIEWES SOUS LA DOUCHE...

Jean PALLUCH : "Les sifflets nous ont été aussi salutaires que les applaudissements !"

Euphorie, évidemment, dans les vestiaires olympiens. Visiblement, on se "libérait" après l'inquiétude qui avait régné à la suite du but marqué par le Racing, et précédant le troisième de l'O.M., acquis alors que les Parisiens espéraient le draw.

M. Bianco ne cache pas son point de vue : "J'estime que nous avons assisté à un des matchs les plus rapides de la saison", tandis que M. Bicais pense, de son côté : "C'est aussi un des plus beaux. Et il a été joué à toute allure. Le Racing a fait une belle partie. Mais quand Luzy sera acclimaté..."

Telle est l'avis de beaucoup en ce qui concerne le néo-marseillais qui a tenu à nous préciser :

"Je suis content. Pas de moi, bien sûr, mais de mes coéquipiers et du résultat du match. Vous pensez : battre le Racing ! Mais dites bien que j'ai été stimulé par quatre télégrammes reçus avant la rencontre et émanant du président du R.C. Grenoble, de M. Rondel, de Belver et des supporters".

Pour Palluch, il fallait remporter ces deux points, d'abord pour leur valeur et ensuite pour le côté "moral" de ce nouvel apport avant les déplacements de Roubaix et de Saint-Étienne.

Mais le grand Jean aborde un point assez particulier en déclarant :

"Les sifflets qui nous ont accueillis à notre entrée sur le terrain nous ont été aussi salutaires que les applaudissements qui nous furent adressés après la rencontre".

Quant à Angel il est catégorique : "Nous avons été malheureux. Sans cela, nous en aurions marqué un plein panier !

Jean-Jacques Marcel, qui s'est dépensé sans compter, doit être fatigué, car il fait remarquer à Poncet : "Je serais venu t'embrasser, mais je n'en avais plus la force".

Mesas n'a pas trouvé le match difficile : "Mais j'ai dû m'occuper d'Amalfi, remarqua-t-il".

Le Gall pense que le rythme a été rapide et juge : "Je me suis entendu tout de suite avec Luzy, et nous avons travaillé ensemble car il ne garde pas la balle".

Au Racing, par contre, Jordan ne peut qu'insister sur le fait que ses poulains ont opéré à neuf et que l'O.M. a bien joué.

G.L.

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Le R.C.P. handicapé

On attendait beaucoup du Racing-Club de Paris. Si les 18.000 spectateurs ont quitté le Stade Vélodrome en emportant un sentiment d'empreint de regrets (en se plaçant sur le seul plan du comportement des visiteurs), c'est beaucoup parce que les élèves de Jordan opérèrent avec deux blessés.

Les Marseillais avaient pourtant apprécié la décision et la souplesse de Pivois, l'excellent placement et la sûreté de Lelong, les feintes et l'activité subtile de Mahjoub, l'admirable travail de Yeso Amalfi.

Sur la conduite de l'O.M. hier, c'était insuffisant. Car les efforts des Parisiens, trop décousus, ne pouvaient contrebalancer la supériorité d'ensemble du onze olympien..

Dans la ligne d'attaque du Racing, les valides : Grillet et Curyl, se heurtèrent à une défense olympienne décidée. Amalfi ne pouvant à lui seul et distribué et conclure. Ceci d'autant plus que le compartiment offensif marseillais mit sur les boulets Pivois et ses aides, Marche, en particulier, ayant été ridiculisé à plusieurs reprises par Rustichelli.

Contre des olympiens déchaînés, il ne pouvait en être différemment.

G.L.

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LUZY A PLU

Michel Luzy a beaucoup plu. Au difficile public marseillais qui l'a adopté dès le premier quart d'heure de jeu, à ses dirigeants et à ses camarades.

On aime à Marseille, ce genre de joueur travailleur, décidé. Et comme l'homme n'est pas dénué de classe...

Il a donné un aperçu de celle ci face aux défenses adverses. Quand Michel se sera adapté !

Applaudi et attendu à la sortie des vestiaires, Luzy a été sensible à cette manifestation, comme il a apprécié les quatre télégrammes d'encouragements qu'il reçut de Grenoble avant le match.

G.L.

 

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