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Résumé Le Provencal

du 08 novembre 1954

 

A NICE, SOUS UNE PLUIE BATTANTE ET DEVANT SEIZE MILLE SPECTATEURS

L'O.M. DOMINE EN PREMIERE MI-TEMPS ARRACHE

un équitable match nul (0-0)

grâce à sa brillante défense

(Reportage téléphonique par notre envoyé spécial : Alain DELCROIX)

NICE - La Côte d'Azur sous la grisaille, c'est plus la Côte d'Azur, et la Promenade des Anglais, hier matin, offrait un spectacle inhabituel. De gros nuages montaient à l'horizon, et il tomba même quelques gouttes de pluie.

À Beaulieu, à l'hôtel Victoria, où ils étaient descendus les Marseillais, déçus de l'absence de soleil, n'avaient malgré tout pas perdu leur bon coup de fourchette. Ils avaient passé une nuit excellente et leur moral ne faisait pas comme le baromètre : il était au beau fixe.

Le ciel, avait le coup avant le coup d'envoi, avait quitté légèrement son air maussade. Malgré cela, il n'y avait pas de la foule des grands jours au Stade du Ray et M. Orengo le trésorier de l'O.G.C.N., qui espérait améliorer la recette de la saison, faisaient triste mine.

En effet, au Stade Municipal de Nice, il n'y avait qu'une seule tribune couverte. Comme les Azuréens ne possèdent pas une faiblesse particulière pour les ondées célestes, rien d'étonnant à ce qu'il n'y ait eu qu'une demi-chambrée une heure avant le coup d'envoi.

Mais les gradins se garnirent peu à peu et l'on put enfin dénombrer vers 15 heures environ 15.000 spectateurs.

Les équipes se présentent devant M. Sautel dans les formations annoncées c'est-à-dire :

Pour Marseille0 : Angel ; Gransart, Palluch ; Marcel, Johansson, Mesas ; Rustichelli, Vandooren, Andersson, Scotti, Le Gall.

Pour Nice : Hairabedian ; Ben Nacef, Martinez ; Cuissard, Poitevin, Gonzales ; Ujlaki, Milazzo, Fontaine, Abderazak, Nuremberg.

Les Marseillais qui sont environ 2.000 agitent de petits drapeaux bleus et blancs et les supporters niçois possèdent les étendards rouges et noirs plus volumineux et même un immense parasol ou apparaît en cette journée doute automnal comme un objet bien anachronique.

Les Niçois démarrent vite dès le premier coup de sifflet et il y a soixante secondes de jeu que déjà Milazzo, en position d'inter gauche, décoche des vingt mètres un bolide qu'Angel a du mal à dégager en corner.

Marseille souffre

La pression des Aiglons va se poursuivre pendant un quart d'heure. A la 3me minute, coup franc contre Johansson : Abderazak adresse un tir violent et Angel bien placé stoppe.

Les défenseurs olympiens sont submergés de besogne. Palluch et Gransart dégagent en corner. Gonzales monte également à l'assaut et expédie un shoot très dur à côté de l'encadrement des bois.

À la 9me minute, Abderazak exécute un acrobatique retourner qui pénètrent dans les bois d'Angel, à la suite d'un centre splendide donné par Ujlaki. Le point est refusé justement par M. Sautel car il avait signé quelque temps auparavant un coup franc.

Marcel sauve son camp

Jean-Jacques Marcel est très actif : il a l'occasion de dégager son camp menacé, en deux circonstances extrêmement dangereuses sur les percées exécutées avec aplomb par le bouillant Nuremberg au 16me et 22me minute. Fontaine, ensuite, faussa compagnie à Johansson. La voie est libre mais par bonheur pour les Marseillais son shoot est imprécis (28me minute).

Quelques secondes plus tard, un cafouillage mystérieux se produit devant la cage d'Angel. Ujlaki tire de près mais le gardien phocéen, sûr de lui, bloque la balle.

On note quelques réactions olympiennes par Rustichelli et Scotti (41me minute) et la mi-temps survint alors que Nice a obtenu sept corners en sa faveur, tandis que Marseille n'en a obtenu que deux.

La domination territoriale du onze de Berry et donc indiscutable. Son attaque est très rapide mais elle est assez brouillonne.

Une forêt de parapluie a surgi sur le stade : la pluie et battante, mais elle n'a pas rafraîchi l'enthousiasme des supporters des deux camps qui encouragent leurs favoris avec des bois de stentor. Le match devient sévère et prend tout à fait l'allure d'un combat de Coupe. Les azuréens sont déchaînés et veulent à tout prix prendre l'avantage à la marque.

Durant dix minutes, leurs avants flambent. Nuremberg expédie son shoot à côté des bois ; Ujlaki en fait autant, et ce même joueur perce encore et son centre en "cloche" est détourné par Marcel mais celui-ci le reprend mal et la sphère va heurter la barre transversale.

Marseille réagit

L'Olympique a eu chaud mais l'équipe d'Angel conservera ses bois inviolés. D'ailleurs Nice qui a accumulé les efforts pour scorer, commence à être fatigué et manque de rythme.

L'Olympique en profite pour organiser le jeu à son avantage. Vandooren tente sa chance des vingt mètres. Abderazak plonge et repousse le cuir (50me minute). Gransart monte à l'assaut et obtient un corner. Andersson que l'on n'a pas beaucoup vu en action et stoppé bientôt régulièrement par Poitevin. Le jeune Marocain Fontaine réagit et décoche un bolide repoussé par Angel et Mesas (79me minute) : Scotti et Gransart (88me minute) : Andersson (89me minute) essaieront dans les derniers instants, de réussir un but surprise mais la fin est sifflée sur le score de 0 à 0.

Lutte chaude et équilibrée

Les deux équipes se sont données à fond et n'ont pas ménagé leurs calories. La lutte fut chaude dans l'ensemble, mais équilibrée. Nice, dans sa plus grande vitesse d'action, eut davantage l'occasion de marquer que Marseille, mais celui-ci mais celle-ci ne se découragea pas et manifesta toujours sa volonté de fer. Il faillit même au dernier moment du combat, arracher une victoire inespérée et inattendue sur la physionomie du match.

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La défense marseillaise a essoufflé

la véloce attaque niçoise

Le match Marseille - Nice fut en premier lieu un duel de défense, mais nous n'avons pas assisté à la lutte ennuyeuse deux formations pratiquant un strict et monotone béton.

Non. Si Scotti joua replié dans les rangs marseillais et si Albderazak en fit autant dans ceux de Nice, nous devons faire remarquer que les attaques de part et d'autre, furent nombreuses et incisives. Les deux équipes voulaient s'emparer de la victoire : elles n'hésitèrent pas à prendre des risques.

Évidemment, il n'en demeure pas moins vrai que les deux et défenses en donnaient le ton à ce choc passionné. Celle de Marseille, plein expérience et de sang-froid et la jeune et nerveuse attaque niçoise. Pendant une demi-heure elle essouffla ses assauts répétés.

Le travail de démolition fut assuré par Marcel qui stoppa des rushes redoutables avec beaucoup de brio par Scotti qui clarifia la situation au centre du terrain et dut colmater plus d'une brèche par Angel qui fit preuve d'un esprit de décision et même Palluch qui contint le redoutable Ujlaki.

La ligne défensive marseillaise fut assez décevante et si Vandooren s'efforça de construire, le trio de pointe eut un rendement très intermittent et peu inquiétant pour l'ennemi.

Chez les Niçois, Hairabedian nous avait habitués à mieux et quand il fut sollicité, il ne fut pas toujours très heureux.

Ben Nacef domina avec aisance Le Gall. Poitevin, bien placé tint en échec Andersson et ne lui permit pas de réaliser une seule échappée. Quant à Gonzales, il fut un demi-aile offensif très dangereux, surtout en première mi-temps.

La ligne d'attaque azuréenne bombarda souvent la cage d'Angel mais avec un manque total de précision.

Le plus réaliste fut encore le marocain Fontaine qui aurait pu réussir un but dans les toutes dernières minutes. Ujlaki ne fit pas preuve de beaucoup d'initiative. Quant à Nuremberg il fut hésitant et Milazzo joua par à-coups.

La ligne azuréenne devra mieux coordonner ses mouvements offensifs pour se montrer plus efficace à l'avenir.

Dans tous les cas, Marseille peut-être heureux de ramener un point de ce déplacement difficile.

A.D.

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SCOTTI

le match fut dur !

Dans les vestiaires marseillais joueurs et dirigeants affichaient une mine réjouie.

On nous disait : "Ce fut un grand match ! Jamais les Niçois n'ont joué comme cela, nous supposant, sur le terrain, depuis le début du championnat !"

M. Faria déclaré : "Un point sur terrain adverse, c'est toujours excellent apprendre !"

M. Faria déclarait : "un point quer, de son coté : "Voilà un résultat intéressant qui va nous permettre d'améliorer notre classement. Remarquez qu'il y a un an, je me souviens, nous prenions également un point à Sochaux".

Roger Scotti nous confia son opinion en ces termes : "Le match fut dur car Nice voulait gagner !"

Mesas complimentait de son côté, l'adversaire : "Nice à une belle équipe qui est difficile à vaincre, mais je crois que nous avons sauvé la partie en première mi-temps".

Vandooren nous parla de l'ambiance : "Vraiment nous étions galvanisés de part et d'autre et on peut dire que les attaques n'ont pas manqué.

Quant à Marcel il se désolait : "Le résultat est équitable, mais Gransart aurait peut-être pu marquer à la fin".

Dans les vestiaires niçois, dirigeants et joueurs étaient également souhaitent satisfaits du résultat et surtout de la manière dont il a été obtenu.

L'entraîneur Berry, toujours souriant nous déclara : "Incontestablement nous avons eu plus d'occasions de marquer que Marseille".

Ben Nacef, très philosophe, nous dit : "La moitié du résultat, c'est déjà quelque chose !"

 

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