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Résumé Le Provencal

du 13 septembre 1954

 

Au Stade Vélodrome, où les hommes de ROLHION ont, de nouveau, affirmé leur volonté

Devant Strasbourg l'O.M., irrésistible, triomphe encore

Les ALSACIENS, battus par 2 buts à 0

s'en tirent à bon compte

Voici donc l'Olympique de Marseille seule en tête du Championnat. Et ceci grâce à un bon match joué et gagné en trois minutes (57' et 60'), aux dépens du Racing club de Strasbourg.

Nous avions écrit que pour l'O.M. cette journée serait importante parce que marquée par un verdict à signification réelle. Or, les Olympiens ont réussi à s'assurer deux points, et de façon très nette, malgré l'absence de Johansson, le demi-centre titulaire, ce qui obligea les responsables du onze olympien à utiliser enfin des services de Maurice Gransart.

Johansson malade

Alors que les 36.000 spectateurs qui avaient envahi le Stade Vél s'attendaient à applaudire les vainqueurs de Monaco, le haut-parleur annonçait que Gunnar Andersson malade, avait dû déclarer forfait.

C'est à la suite de cette circonstance que Jean-Jacques Marcel endossa le maillot immaculé portant le numéro 5. En réalité, le Brignolais laissa, sur le terrain, la charge du redoutable autrichien Ernst Stojaspal à un Roger Scotti particulièrement en verve, hier encore.

Du même coup, Palluch passait dans la ligne d'attaque, Vandooren glissant à l'intérieur droit et Ben Barek s'intégrant entre Andersson et Le Gall. Et, gros fait (inespéré) de cette sixième étape du Championnat, Maurice Gransart effectuait sa rentrée.

Une meilleure défense

On pouvait ainsi craindre la fragilité d'une défense replâtrer in extremis à l'occasion du choc de qualité. Inquiétude vaine, comme le montre le résultat, un résultat qui, vous le verrez plus loin, eut pu être beaucoup plus large sans qui il y ait pour autant scandale.

Tout d'abord, le blond Gransart montra qu'il était encore là (et comment). Il porta à son passif, à la neuvième minute, une erreur d'appréciation qui laissa l'ailier strasbourgeois Hertrich libre de ses actes devant Angel. Puis il prit la cadence et ne commit plus une faute. Accrocheur, rapide sur l'homme et sur la balle, attaquant celle-ci franchement Gransart ne baissa jamais les bras, se plaça convenablement, bref, il fit oublier qu'il avait été gardé sur la touche si longtemps.

Gageons que Maurice poursuivrait sur sa lancée un chemin qu'il a mené en droite ligne devant Angel.

Comme, de leur côté, Salem et Marcel, puis Scotti, étaient à la hauteur de la situation, le compartiment défensif tint et n'eut même pas ces passages à vide si dangereux.

Jean-Jacques Marcel fut sensationnel pendant la première mi-temps, puis il diminua son action. Scotti c'est indéniable, se met sévèrement au travail. Pour qui connaît ses moyens, c'est tout dire.

Quant à Pepito Angel, s'il eut sur la fin de la partie une sortie malheureuse qui le porta à l'aventure, à la droite de ses buts, il se montra une fois encore impeccable. Mettant en corner, bloquant des tirs parfois durs, il plongea dans les pieds de Stojaspal peu après la pause. Encore du grand Angel...

Le Gall à marquer

On désespérait de voir Le Gall marquer un but. C'est aujourd'hui chose faite. A la 60e minute, en effet, le Breton de Lesneven échappa à la surveillance de Borkowski pour scorer. Ceci d'ailleurs au moment psychologique, puisque trois minutes plus tôt, Andersson avait battu Fragassi à l'aide d'une balle servie par Vandooren, et que Strasbourg constituait toujours un péril certain pour Marseille.

Voilà donc Alphonse mise en confiance. Quelques secondes après ce premier but inscrit sous les couleurs de l'O.M., Le Gall récidiva, mais il y avait hors-jeu. Avant la fin l'ailier gauche local botta sur le poteau, alors que le gardien visiteur était battu.

Le Gall n'a donc plus qu'à continuer. Il fut ainsi une des satisfactions de ce match avec Marcel, Scotti, Gransart, déjà cités, Andersson marqua encore, mais il rata deux occasions.

À Strasbourg, Kaelbel, Krug et Stojaspal émergèrent.

Georges LEOST

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En 3 minutes (57e et 60e) l'O.M. battit STRASBOURG

L'O.M. engage. A la 2me minute, Sotti tente sa chance, mais Remetter devance Fragassi. Peu après, Marcel s'échappe, mais il garde trop la balle et la défense visiteuse dégage. A la 6me minute sur une descente de Vandooren et Palluch, la sphère sort.

A la 9me minute sur erreur de Gransart, Hertrich descend. Marcel le gène et Angel arrête.

A la 11me minute, Andersson botte au-dessus un coup franc accordé à la limite.

J.J. Marcel, descend le long de la touche il perd le contrôle du cuir après avoir été déséquilibré par Borkowski. À la 19e minute, après sprint de Le Gall lancé par Vandooren, la défense alsacienne met Andersson en position de la balle, le Suédois rate.

À la 24e minute sur combinaison Krug - Sesia le gardien marseillais doit intervenir. Trente secondes plus tard, Krug s'en va vers le but. Angel doit mettre en corner puis récidiver sur tentative de Remetter. À la 30e minute, Marcel arpente tout le terrain, mais Marseille tergiverse, joue arrêté, ce qui permet à Strasbourg de renvoyer.

Sur dégagement d'Angel, Marcel shoote, la balle va de peu à côté. Puis Palluch manque de peu le but. Fragassi est sur des charbons ardents.

À la 34e minute, sur une passe de Ben Barek, Vandooren manque le point d'un cheveu. Quatre minutes plus tard, Vandooren shoote et Fragassi planche.

À la reprise, Vandooren tente le but puis Angel planche dans les pieds de Sesia, et il doit plaquer au sol une mauvaise balle attendue par Stojaspal.

À la 49e minute, Andersson botte un corner, mais trop en retrait, et Angel, gêné par le soleil, dégage au pied sur la contre-attaque.

À la 57e minute Andersson à deux hommes attachés à ses basques. Il essaie de tirer une première fois, puis sur un autre service de Vandooren, il bat Fragassi en coin.

O.M. : 1 ; Strasbourg : 0

A la 60e minute, Le Gall échappe à la surveillance de Borkowski et shoote dans sa foulée.

O.M. : 2 ; Strasbourg : 0

Vingt secondes après le Rennais récidive, mais l'arbitre signale hors-jeu.

À la 64e minute sur centre de Palluch, Ben Barek rate de peu la conclusion sur Heading.

À la 68e minute, après combinaison avec Vandooren, Ben Barek et le Gall, Andersson manque un but (le second) tout fait.

Gransart sert Ben Barek dont la balle frôle le poteau.

À la 76e minute, Hertrich se fait soigner sur la touche à la suite d'une collision avec Gransart, tandis qu'Angel arrête le coup franc.

À la 78e minute, Le Gall descend trop et Fragassi reste maître de la situation, puis Andersson voit sa balle passer légèrement en haut du cadre et Kaelbel retire littéralement la sphère du but et Le Gall botte sur le poteau alors que Fragassi était battu.

À la 84e minute Ben Barek lobe imparfaitement, le gardien visiteur, mais il y a hors-jeu, puis Skojaspal shoote à côté.

À trois minutes de la fin, Wendling gêne Le Gall et c'est au tour d'Angel de sauver dans les pieds.

La balle effectue encore deux ou trois voyages et c'est la fin.

Georges LEOST

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Le feu de l'enthousiasme

Il est déjà merveilleux que l'O.M. dont nous venons de suivre la production pour la première fois de la saison ait offert à ses fervents une collection de victoires vraiment impressionnantes.

Mais il est encore plus merveilleux qu'il puisse par la même occasion, embellir son football. Réussir à colorer certaines grisailles du jeu moderne, constitue peut-être l'espoir le plus éloquent de ce remarquable début de championnat.

Loin des stades, nous avons eu, à travers les comptes rendus de nos camarades de rédaction, la certitude retrouver une équipe aux qualités affirmées, en pensant toutefois que la force des uns est souvent fonction de la faiblesse des autres. Rien de cela. Peut-être manquons-nous encore de moyens de comparaison, il n'empêche que cet O.M. qui vient de se débarrasser de Strasbourg avec une élégante autorité, possède dans son jeu, cet art du geste, cette synchronisation du mouvement qui plaisent à l'oeil. De nos jours, on s'attache si souvent à compliquer le plus simple des jeux, que cette victoire dessinée dans un style si clair, si net, vient à point nommé pour le libérer de tout calcul inutile. On joue vite, on joue directe en ce moment sous le maillot blanc.

Difficile de mettre des noms sur les instigateurs de ce football plus raisonnable. Comment pourtant ne pas saluer encore Ben Barek, en Scotti, Andersson, les dépositaires de ces nouvelles vertus olympiennes. Larbi, que l'on prendrait volontiers pour un sujet d'étude de Bogomcletz. Larbi disons-nous, laisse à son instinct le soin de révéler, de construire, de conclure. Le domaine d'où jaillissent les sources de la réussite est le sien.

Certes, il dépasse seul, il ne l'est plus du tout. Il a maintenant du monde autour de lui.

Gunnar, lui, est resté fidèle à ses traditions qui consistent à promener ses savates sur l'herbe tendre jusqu'à la ligne blanche, pour les transformer en obusiers dès qu'elles franchissent ces limites. Gunnar à inventer un jeu que tous les demis-centres connaissent maintenant, mais qu'ils n'ont pas encore réussi à contrôler. Y parviendront-ils un jour ? Le Gall, Vandooren, c'est le travail solide que le talent pique avec ponctualité, Scotti, n'en parlons pas. Le maître à jouer, auquel les ans apportent une expérience de plus en plus redoutable. Un seigneur des grounds. Enfin Jean-Jacques Marcel, c'est l'assurance, la valeur.

Mais ce qui est plus rassurant encore au sein de sa O.M. 1955, dépouillé de ses vieux maux, c'est cette volonté rougie au feu de l'enthousiasme.

On avait retrouvé cet état d'âme à la fin de la saison dernière, quand le vent de la Coupe gonflait les voiles du vaisseau olympien.

Et l'on se rend compte aujourd'hui que l'état risque de devenir chronique.

Le voilà bien le plus beau contrat que l'O.M. ait signé durant l'inter-saison.

Lucien d'APO

 

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L'O.M. a une équipe qui ira loin

déclare M. Scheuer

Dans les vestiaires strasbourgeois, tout en reconnaissant que la victoire de l'O.M. était méritée, la plupart des joueurs alsaciens reconnaissaient que leur attaque n'avait guère brillé.

"D'une semaine à l'autre, il y a la différence de la nuit au jour, nous disait "pépé" Humpal. Certes l'absence de Haan a nui au rendement collectif de notre quintette. Pourtant, nous avants ont trop tardé à shooter. Or pour battre la défense marseillaise il fallait tenter sa chance à tous les coups".

Cependant, le président du R.C. de Strasbourg, M. Scheuer arborrait un large sourire. La recette ne devait pas être étrangère à ce contentement. Très objectivement, le président donnait son point de vue, flatteur pour l'O.M. :

"Quelle différence entre l'équipe olympienne de la saison dernière et celle d'aujourd'hui. Elle doit être actuellement imbattable. Pour peu qu'elle joue de la même manière à l'extérieur, le titre est à portée. Quoi qu'il en soit elle ira loin, très loin..."

Chez les Olympiens il n'y avait pas de joie délirante. Tels des "nouveaux riches" les joueurs au maillot blanc commencent sans doute à être blasés. Les victoires s'ajoutent aux victoires et comme nous faisait remarquer l'entraîneur Rolhion avec juste raison :

"Je n'ai rien à déclarer puis qu' "ils" ont encore gagné."

Scotti, plus flegmatique que jamais était entouré. Il répondait aux uns et aux autres avec bonhomie :

"Stojaspal et un beau joueur. Il a été mal servi par ses partenaires sans cela il aurait "fait du mal".

Roger reste toujours lui-même.

Quant à J.J. Marcel a qui nous rapportions les paroles de M. Digal il se contenta de nous répondre :

"Je me sens en condition mais la fatigue de la dernière Coupe du Monde pèse encore dans mes jambes.

Encore un peu de patience et le Brignolais sera redevenu le grand-demi que nous connaissions.

M.G

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J. RIGAL : "SCOTTI a été excellent

J.J. MARCEL doit mieux faire"

Un des membres les plus influents du triumvirat de la sélection, M. Jean Rigal, assisté hier après-midi au match O.M. - Strasbourg. Il suivit la rencontre avec beaucoup d'intérêt, il ne pouvait en être autrement. Mais, à la fin de la partie, lorsque nous lui demandâmes s'il avait noté quelques joueurs sur ses tablettes, il se montra d'une extrême prudence dans sa réponse :

"Je viens de voir un match animé mais moyen en football pur. Aucun des 22 acteurs n'est nettement ressortit. Strasbourg surtout m'a déçu".

Et les Marseillais : Scotti, Marcel, Ben Barek ?

"Scotti a été en tous points excellents. Marcel ne m'a pas paru au mieux de sa forme. Il a fait un quart d'heure remarquable. Ce joueur a des moyens pour faire beaucoup mieux. J'attends encore quelque temps pour porter un jugement plus sain. Quant à Ben Barek c'est toujours un artiste. Cependant il ne peut soutenir malgré tout sa classe, le train rapide d'une rencontre internationale. C'est vraiment dommage".

En résumé, bien que ne s'étant pas avancée, nous croyons savoir que M. Jean Rigal a surtout retenu l'exhibition remarquable de Roger Scotti.

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ROGER VANDOOREN

"Je n'ai pas de chance"

Roger Vandooren, après avoir joué ailier droit dimanche à Monaco, à la place de Rustichelli, à cette fois laisser ce poste à Palluch, retrouvant ainsi le No8 qui est le sien depuis son arrivée à Marseille.

Peu heureux contre Saint-Étienne, l'autre jeudi, Roger ne l'a guère été davantage devant Strasbourg. Il donna certes à Andersson la balle qui fit mouche comme il avait fait au cours des matchs passés, mais alors qu'il eut pu marquer lui-même, la sphère qu'il adressa vers le but alsacien heurta la barre. Fragassi étant mal placé.

Mais le Nordiste n'hésite pas à tenter sa chance. Aux vestiaires il déclarait : "Je n'ai pas de chance cette année".

Qu'il garde confiance.

G.L.

 

 

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