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Résumé Le Provencal

du 16 novembre 1953

 

Match de qualité moyenne, hier au stade, ou ROUBAIX a fait trembler l'O.M.

Deux exploits de Gunnar ANDERSSON et un but de SCOTTI

Permettent cependant aux OLYMPIENS de battre les NORDISTES (3-2)

LORSQUE le coup de sifflet final retentit, Roessler se leva de son banc et s'épongea le front. En faisant ce geste, l'entraîneur olympien résumé d'une manière saisissante l'état d'esprit et 19.000 spectateurs présents à la rencontre O.M. Roubaix (recette 4.505.000 francs) gagnée d'extrême justesse par les Marseillais (3-2).

En effet pendant les 45 dernières minutes de la partie, on avait assisté à un long solo nordiste, entrecoupée de quelques contre-attaques olympiennes, au cours desquelles, ô paradoxe, les avants marseillais conclure victorieusement par trois fois en l'espace de 26 minutes, donc deux en moins de deux minutes par le diable (cette fois) boiteux, Andersson. Menant 3 à 0, on aurait pu croire que les Olympiens s'acheminaient vers une victoire facile. C'était vendre la peau... du C.O.R.T. un peu tôt. Les visiteurs, en effet, nullement décontenancés par cette avalanche de buts, reprenaient la direction des opérations et lorsque Spikofski, d'un tir de loin, battit Angel pour la première fois, nul n'osa s'élever contre ce but parfaitement mérité. Sur la fin, Roubaix, continuant son forcing, voyez ces efforts couronnés, à nouveau de succès par l'ailier droit Bahl qui clouait Angel sur place d'un shot pas très violent mais d'une précision rare. Et les minutes s'écoulaient trop lentement au gré des supporters olympiens car l'emprise nordiste ne se relâchait pas un seul instant. C'était d'ailleurs miracle qu'à quelques secondes de la fin Bahl ne décrochent le match nul pour son équipe. Heureusement pour l'O.M. que le pied de Salem renvoyait cette balle.

Avantage à l'O.M.

Ainsi l'équipe marseillaise a failli laisser un point à son adversaire, alors qu'en première mi-temps, Roubaix, absolument sur la défensive, s'attendait au pire.

En effet, dès les premières minutes, Dard s'échappait, centrait sur Andersson qui ratait d'un cheveu la réception bien que tout le monde s'attendait à voir Antonov aller ramasser le cuir au fond de ses filets.

L'O.M. continuait sur sa lancée. A la 5me minute, on notait une toile d'Andersson sur une ouverture de Scotti. Mercurio, cependant, reprenait cette balle perdue mais la logeait à côté.

Le premier essai sérieux de Roubaix se situait à la 6me minute. Sboralski, de 20 mètres, plaçait un pétard bloqué avec aisance par Angel.

La lutte se poursuivait à l'avantage des olympiens jusqu'à la 20me minute. Pourtant, Bahl sur une échappée (15me) tirait vers les buts. Angel était dans l'obligation de mettre en corner. A la 30me minute, Salem, pressé par Lechantre, concédait lui aussi un coup de pied de coin.

Puis l'O.M. reprenait le dessus et Mercurio, de la tête, sur un corner tiré superbement par Dard (35me) été à deux doigts d'ouvrir le score.

Les contre-attaques nordistes toutes dangereuses, semaient le désarroi dans la défense olympienne. Sur l'une d'elles (43me), Sboralski déviait sur Bahl. L'ailier droit tirait à ras de terre dans l'angle gauche, Angel plongé mais le cuir passait à 10 centimètres du montant.

Roubaix domine...

Dès la reprise, les Cortistes partaient à l'assaut. Lechantre (46me) ouvrait sur Bahl qui tirait à bout portant. Le poteau stoppait cet essai alors qu'Angel paraissait battu.

Dard, en verve, déboulait dans un style très... 1946 et centrait au cordeau, aussitôt après, mais il n'y avait aucun Olympien à la réception.

... et Scotti ouvre le score

A la 50me minute, l'O.M. obtenait une touche. Mesas la donnait à Mercurio. L'intérieur gauche, sans attendre, lançait Scotti qui, de la droite, battait Antonov pour la première fois.

L'O.M. réduit à la défensive...

Ce but allait sonner la fin de l'aisance olympienne. Roubaix, grâce au travail fantastique de Bourry, était maître dans la surface olympienne. Gransart et Salem faisaient alors un match remarquable et l'arrière droit, malgré sa blessure (au tibia), sauvaient maintes fois. De la 60me à la 73me minute, on notait un tir de Colliot à mi-hauteur (60me) et Bourry (69me) récidivait mais trouvait Angel à la parade.

... Marque deux nouveaux

buts par Andersson

En deux minutes, ainsi que nous le disions plus haut, Andersson allait donner la victoire à son équipe. Si à la 74me minute, premièrement, sur une passe précise de Dard, hargneux et volontaire au possible, l'avant-centre reprenait de volée et marquait le second but olympien. À peine la remise en jeu était-elle faite qu'une combinaison Scotti-Andersson se terminait par un retourné du suédois et Antonov pour la troisième fois, s'inclinait face au roi des buteurs.

Roubaix n'accepte pas la défaite

Loin de s'effondrer, Roubaix après ce coup du sort, reprenait la direction des opérations. Spikofski (79me minute) évitait mesas et, de 30 mètres, réduisait l'écart pour son équipe. Six minutes plus tard, Bahl, absolument démarqué s'approchait d'Angel et le battait sans que le portier marseillais ait esquissé le moindre geste.

Jusqu'à la fin, les Cortistes dominaient sans pouvoir toutefois arracher le match nul.

Maurice GOIRAND

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En relâchant son marquage pendant un quart d'heure

l'O.M. a failli abandonner un point au C.O.R.T.

Le C.O.R.T. a l'habitude de tenir la dragée haute à l'Olympique sur la pelouse du Stade Vélodrome. Il n'a pas failli à la tradition. Après 76 minutes de jeu, on pouvait se demander s'il n'avait pas retourner dans le Nord avec une valise trop lourde de buts encaissés, dix minutes plus tard la situation était bouleversée en sa faveur et chacun s'interrogeait pour savoir si la défense olympienne tiendrait jusqu'au coup de sifflet final !

Dans l'ensemble Marseille combina un football plus académique, plus élégant que son adversaire, mais ce dernier non seulement eut l'avantage territorial, mais encore mis à son actif des percées extrêmement rapides et dangereuses.

La hantise de Gunnar

Des nordistes adoptèrent, une méthode prudentissime dès les premières minutes. Ils avaient la hantise d'Andersson, bien que celui-ci boita bas. Ils l'escortèrent de deux gardes du corps Bedelian et Berthe.

Et, en conséquence, leur attaque fut réduite à trois unités Spikofski et Vandevelde jouant très replier.

Ce fut une erreur, car si l'attaque de Marseille fut tenue en échec pendant une mi-temps la ligne offensive squelettique des Nordistes ne pouvait espérer quand une échappée miraculeuse qui ne vint pas.

Excès de confiance

L'excès de prudence d'un côté, mais l'excès de confiance de l'autre. Quand les olympiens eurent trois buts d'avance leur rideau défensif desserra ses mailles.

Spikofski et Bahl en profitèrent pour réduire le score dans des proportions considérables. Le jeu but de l'ex-joueur du Torino fut obtenu avec une incroyable facilité due à l'immobilisme des protecteurs d'Angel.

Le marquage des Marseillais fut vingt minutes durant trop élastique et faillit permettre aux Nordistes d'égaliser.

A la décharge des phocéens, notons que Scotti souffrait d'un petit coup au tibia et Mesas d'une entorse à la cheville : ses blessures expliquent ainsi certain flottement sans l'excuser néanmoins complètement.

Les arrières au tableau d'honneur

Dans les rangs de l'équipe d'Andersson. Il convient de souligner l'excellente tenue de la paire d'arrières ; Gransart devant Bahl et Salem face à Lechantre, se sont montrés très intraitables. Ils ont le droit d'être cités au tableau d'honneur. Mercurio couvrit beaucoup de terrain et s'efforça de multiplier les ouvertures. Dard fut travailleur et sema la perturbation dans les 18 mètres ennemis ; ces centres fournirent de belles occasions ; Andersson scora à 2 reprises, malgré le handicap sérieux de sa blessure.

Colliot, Boury

Le team du C.O.R.T. opéra de façon alerte, intelligentes ; Colliot, international amateur, ne commit pas une seule bévue. Boury, dans la ligne médiane se dépensa souvent avec bonheur ; le soutien qu'il fournit à son attaque fut des plus précieux ; Bahl, toujours en mouvement, eut des actions inquiétantes pour l'O.M., bien qu'il manque de précision dans ses tirs.

En somme un match agréable, indécis jusqu'à la fin.

Alain DELCROIX

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CE QU'ILS DISENT

Roessler : "Ils me feront mourir... ces olympiens !"

Dans les vestiaires marseillais, les joueurs montraient au masseur Girard leurs jambes touchées.

C'est que les éclopés ne manquaient pas, Andersson, Mercurio, Mesas, Gransart.

L'avant-centre nous dit immédiatement : "Je ne peux plus marcher ! Je n'ai pas touché une balle à cause de cette maudite talonnade !"

L'entraîneur Roessler, adoptant une formule typiquement méridionale s'exclama : "Ils me feront mourir, ces gars là !"

Roger Scotti complimenta ses adversaires : "Les nordistes jouent bien, la fin fut dure !"

Johansson, très philosophe, tira la morale de cette rencontre : "Nous avons piètrement joué, mais nous avons pris deux points !"

Angel nous fit remarquer : "Nous avons mal terminé le match, mais n'oublions pas que trois blancs traîner la patte !

L'entraîneur des Cortistes Desrousseaux, arborait une mine sombre, et n'était pas très prolixe : "On méritait au moins le match nul ! J'estime que le second but était entaché de hors-jeu !"

Vendevelde, qui a reçu un coup à l'arcade sourcilière, nous disait de son côté : "Le but de Spikowski a fouetté nos énergies !"

Delepaut déclarait pour sa part : "cet Andersson, même boiteux, est un redoutable danger ! Antonov s'en est aperçu à ses dépens !"

Sboraski nous déclara : "J'aurais bien aimé marquer un but ! Si nous avions arraché un point, personne n'aurait pu trouver à redire !"

Roubaix s'est toujours comporté de façon très satisfaisante à Marseille et l'on comprend les regrets des hommes du C.O.R.T.

A.D.

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Andersson : "Dimanche je n'irai pas à St Etienne

Gunnar Andersson a joué tout le match sur une seule jambe. Après le match, le nouveau leader des buteurs de Nationale nous a déclaré :

"J'ai souffert terriblement de mon talon au cours de la partie. Je ne jouerai pas dimanche prochain à Saint-Étienne car je ne veux pas risquer une aggravation et partant une prolongation de la guérison de ma blessure.

On ne peut qu'approuver ces sages paroles. Forcer Andersson à opérer à nouveau dans les conditions d'hier après-midi serait pure folie.

M.G.

 

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