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Résumé Le Provencal

du 11 septembre 1953

 

L'O.M. a succombé à Nancy

Le très grand match de PONCET a évité

aux Olympiens une défaite plus grave

BELVER parmi les meilleurs Marseillais

(De notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND)

NANCY (Par téléphone) - Dans un stade comble - 15 000 personnes environ pour une recette de trois millions de francs - que Nancy a prit le meilleur sur l'O.M.

Ce match, remarquable en première mi-temps tant par sa vitesse que par les contre-attaques successives des deux équipes, a été goûté du public lorrain.

Si, finalement, les olympiens ont du s'incliner tout en fin de partie, il faut dire aussi que Belver, à la 87e minute également, aurait pu donner l'avantage à ses coéquipiers si, au lieu de shooter posément alors qu'il se trouvait à quelques mètres de Nagy, il n'avait tiré en force, ce qui eut pour effet de soulever d'une vingtaine de centimètres de trop la balle qui alla se perdre juste au-dessus de l'encadrement.

Un départ ultra rapide de Nancy

Comme prévu, à l'O.M., Nocentini en place Gransart, tandis qu'à Nancy on fait jouer Collot arrière gauche et Piantoni demi-gauche. Lorenzo effectue sa rentrée sous le numéro 8.

Nancy se montre de suite menaçant par son avant-centre Tocoronte. Johansson est en difficulté devant le jeu plein de finesse de l'Espagnol. Et Poncet et à l'ouvrage sur des tirs rapides et précis de la ligne d'attaque nancéenne. Il effectue quelques beaux arrêts, notamment sur un ras de terre de Lorenzo (3me) et un essai de 30 mètres de Piantoni (7me).

Nancy plus vite sur la balle

Les Lorrains dominent franchement les Marseillais.

Lorenzo et Deladerriere font jouer leur trio de pointe à merveille. Le jeune Bonato prend souvent Nocentini de vitesse et ses centres sont inquiétants pour la défense des "blancs".

Salem, aux prises avec Hédiard exécute, suivant son habitude des renvois de balle spectaculaires mais ne peut empêcher, malgré tout, la pression de croître.

L'occasion ratée pour l'O.M.

Soudain, à la 19me minute, sur un renvoi de Belver, Mercurio par balle au pied. Il redonne à son inter qui se démarque et sert Andersson placé en embuscade. Le tir du suédois part, rate de peu la cage alors que Nagy été battu.

Grâce au travail du petit Piantoni, les hommes de Favre conservent davantage. Tocoronte se démarque souvent et, en position d'ailier droit, centre sur Bonato qui ne trouve rien de mieux que de s'appuyer sur Poncet pour le battre de la tête. Mais M. Kohler a vu le geste. Il refuse très justement ce but.

Tocoronte ouvre le score

A la 32me minute, Nancy obtient un coup franc. Sieber, le demi droit, le tire en direction des bois olympiens. Tocoronte réceptionne, feinte Johansson et bat Poncet d'un gauche imparable. Après l'Espagnol, bon footballeur mais irascible et comédien donne un coup de pied volontaire à Johansson. On lira par ailleurs le comportement bien vilain de ce joueur vis-à-vis du Suédois.

Bel arrêt de Poncet

Le tandem (en profondeur) Piantoni - Deladerriere, aidé par Lorenzo en pleine forme met en péril les "blancs". Deladerriere se dédouble constamment avec son ailier. Il arrive près de Poncet et tire à bout portant. On croit au but. Non ! James, dans un réflexe extraordinaire, arrête magistralement.

Le football de mouvement pratiqué par les deux équipes est tout simplement magnifique. Le public, d'ailleurs, ne cesse de crier sa satisfaction lorsque la mi-temps survint.

Belver demi, Scotti inter

Dès la reprise on s'aperçoit que Belver et repassé demi et Scotti inter. Ce changement ne donne rien d'appréciable dans les premières minutes et Poncet doit parer plusieurs fois au danger, notamment sur un ras de terre de Lorenzo (47me) et Tocoronte (48me).

Mais la présence de Belver au centre de la ligne médiane va bientôt se faire sentir L'ex-Niçois, en effet, monopolise la balle à son profit. Très à l'aise, il ouvre constamment sur ses ailiers et surtout sur Andersson. Deux fois Gunnar a le but au bout du soulier, deux fois il shoote sans grande conviction.

Andersson égalise

L'O.M., à son tour, accula la défense lorraine. Sur un mauvais renvoi de Piantoni (c'est la seule faute qu'il ait commise) Rustichelli, malgré trois adversaires, réussit à redonner à Andersson qui, d'un tout petit coup de pied, lobe Nagy. C'est l'égalisation tant attendue par l'O.M.

Belver manque un but tout fait

On s'achemine vers la fin de la partie. À la 80me minute, Belver, un des meilleurs olympiens avec Poncet, part en passes croisées avec Andersson. A 6 mètres des buts, Belver seul devant Nagy, au lieu d'ajuster, tir précipitamment et rate une occasion unique de remporter le match.

Nancy gagne in extremis

Nancy a eu chaud. Il a compris. Il repart à l'attaque, Tocoronte est encore aux prises avec Johnson. C'est alors que M. Kohler pas commettre une grossière erreur. Il accorde un coup franc imaginaire à Nancy pour cette action, légèrement en dehors de la limite. Sieber le tire au cordeau et Lorenzo en accompagnant la balle avec la main semble-t-il, dans les filets se blesse.

C'est fini. Le ressort olympien est cassé.

Il faut tout le brio et la virtuosité même de Poncet pour éviter un autre but à l'O.M. Le grand portier, tel un diable dans un bénitier, arrête en renvoie inlassablement. Sa grande partie est très applaudie par la majorité du public.

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PONCET impressionné

Poncet avant le match faisait une partie de belote en compagnie de Rossi, Rustichelli et Pibarot.

Comme nous demandions à Roessler l'état d'âme de son "onze", il nous répondait aussitôt :

Surtout, n'évoquez pas le souvenir d'Ibrir devant Poncet. Il est impressionné par l'accident survenu à son camarade et, de plus, il vient d'apprendre que Lorenzo jouerait aujourd'hui dans les rangs de Nancy."

Poncet qui était impressionné avant le match, ne l'a pas été pendant, car il a été tout simplement extraordinaire.

TOCORONTE

La nouvelle recrue de Nancy, Tocoronte est certainement un avant-centre de classe. Hier au stade d'Essey, il a fourni sans doute un grand match, mais il a surtout donné l'occasion d'apprécier son mauvais caractère et son incorrection.

On aurait passé sur ses façons de comédien (il se roula à terre pour essayer de faire croire qu'il était touché). Cependant ceci n'est rien. Il a commis contre Johansson le plus parfait des joueurs cadres étrangers opérant en France, deux gestes qui ne plaident pas en sa faveur.

En cours de match, en effet il a frappé violemment le Suédois.

Après le match, il est allé au-devant de lui et il lui a craché en plein visage.

De plus il s'est également pris de querelle avec le Placide Salem, lui lançant quelques coups de poings.

Cette façon inqualifiable, peu dignes d'un joueur professionnel, doit être réprimée comme il se doit.

Espérant que la leçon utile sera faite à l'Espagnol.

ROESSLER : "Le coup franc accordé par M. KOHLER était imaginaire"

On était accablé, à la fin du match, dans les vestiaires olympiens. Belver s'arrachait les cheveux d'avoir raté ce but tout fait. Il ne cessait de proclamer :

"j'étais trop sûr de moi voilà ce qui m'a fait manquer ce but. Ça me fait mal au coeur rien que dans reparler."

Andersson tel un Italien invoquait la Madone, en repensant de ce tir malheureux : "dire que si Belver me repasse le tir, je fusille Nagy."

Mais Roessler en entendant celui-ci intervient et déclara : "non j'approuve Belver d'avoir tenté sa chance. Maintenant revenons au match pour dire qu'il n'y avait pas faute de Johansson sur Tocoronte, mais exactement... l'inverse. Sans l'arbitrage détestable de M. Kohler nous pouvions faire match nul."

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Comment ils ont joué

Poncet, nous l'avons dit a fait une partie formidable, la meilleure de sa carrière sans doute. Sollicité maintes et maintes fois, il a toujours su conserver son sang-froid, même lorsqu'il se blessa en plongeant pour stopper un bolide Deladerrière. Le goal olympien a été magnifique de tenue.

Belver également, a été parmi les meilleurs sinon le meilleur des dix autres joueurs. Sa clairvoyance, sa fougue, sa classe ont permis à l'O.M. d'égaliser. S'il rate le but du match on peut l'excuser en raison de sa très grande partie.

Salem également sauva quelques situations périlleuses. Toujours bien placé il fit une exhibition remarquable de qualité.

Des autres olympiens sont à citer : Mesas pour son ardeur. Andersson pour sa louable énergie et surtout Mercurio "Fanfan" fit une première mi-temps du "tonnerre". Il baissa par la suite quelque peu de pied ; il est excusable en raison du gros travail fourni.

Scotti, par contre, ne reproduisit pas son sensationnel match de jeudi. Roger a peiné ; mais il était grippé.

Nocentini, à une place inhabituelle pour lui, a tenu convenablement son rôle. Rustichelli et Dard firent montre de volonté. Ce n'était pas suffisant pour vaincre une équipe comme Nancy. Quant à Johansson, il flotte beaucoup et Tocoronte prit souvent l'avantage sur lui. Cela aurait pu coûter cher sans... Poncet et Salem.

A Nancy, Piantoni

et le trio central

A Nancy, bonne partie de l'ensemble et surtout de Piantoni. Promu pourvoyeur, l'ex-intérieur ne se gêna pas pour autant de tenter sa chance et faillit y parvenir plusieurs fois. Le trio central Lorenzo - Tocoronte -Deladerriere a gagné le match. Lorenzo en fut le stratège, Deladerriere et Tocoronte en ont été les animateurs.

L'Espagnol est un très beau joueur mais quel truqueur !

 

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