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Résumé le Provencal

du 23 février 1978

O.M. et BERDOLL : mission accomplie

Les Troyens gaspillent toutes leurs chances

et les Olympiens se qualifient sans problème

Mission accomplie ! C'est évidemment ainsi que l'on est tenté de conclure cette double rencontre jouée par l'O.M. contre les Troyens. Auteur du match nul, sur le stade de l'Aube, les joueurs marseillais, si l'on s'en réfère au score, n'ont laissé aucune chance à leurs adversaires au cours de la deuxième manche.

N'empêche que l'on retient de ce match joué hier soir une impression plutôt mitigée. D'abord en ce qui concerne les spectateurs. À peine plus de 10.000 personnes pour assister à une encore de Coupe de France, épreuve, on le sait, qui a toujours eu l'agrément des supporters phocéens. Nous étions loin de ces publics records enregistrés il n'y a pas si longtemps. Il est vrai que beaucoup d'eau est passée sous les ponts du football depuis la fameuse épopée d'Angoulême en 1969, rencontre pour laquelle le stade-vélodrome avait battu tous les chiffres d'affluence.

Il est vrai qu'à ce moment-là l'équipe marseillaise faisait un grand retour dans le concert national, et qu'à cette époque la coupe d'Europe, qui polarise désormais l'attention générale, n'avait pas une telle popularité. C'est du moins ce qu'a dû penser Roger Magnusson, présent dans les tribunes, et qui avait vécu, on s'en souvient, ce fameux retour de l'O.M. au premier plan.

Impression mitigée, avons-nous dit, parce que l'O.M., d'autre autre côté, a été loin de survoler les débats, malgré l'ampleur du score.

LA SOIRÉE DE BERDOLL

Il est évidemment malaisé de faire la fine bouche après un score sans appel de 3 à 0. C'est certainement ce que penseront les personnes qui n'étaient pas hier soir au stade vélodrome. Mais les quelque 12.000 spectateurs ont dû s'apercevoir, comme nous, que leur équipe favorite avait surtout bénéficié, non pas de la faiblesse de l'adversaire, mais tout du moins des "cadeaux" qu'il lui a généreusement offerts. Ne serait-ce que Raulin, le premier qui nous vient à l'esprit. Il s'est trouvé au moins trois fois en position idéale pour permettre à ses camarades de mener à la marque. Une première fois, en recevant un centre de Fuchs, il tirait à côté. Une deuxième, sur une ouverture de Verstraete, cette fois, il manquait complètement la reprise. Et enfin, sur une nouvelle ouverture de Diallo, il ratait encore l'encadrement. Dans le domaine de la malchance, ou si vous préférez de la maladresse, il ne fut pas le seul à s'illustrer aussi de déplaisante façon.

Deledic, qui fut par ailleurs une des révélations troyennes, Le Lameur, Fuchs et Diallo eurent tour à tour de bonnes balles de but qu'ils ne purent exploiter favorablement, comme on est en droit de l'attendre de la part de footballeurs professionnels. De quoi faire arracher les cheveux à Cedolin, s'il en avait encore...

Bref, c'était un peu la soirée cadeau. Cela n'enlève rien, bien sûr, au mérite personnel de Berdoll, qui se trouva à point nommé pour transformer, quant à lui, les occasions favorables.

L'avant-centre marseillais avait certes bénéficié d'une double erreur de la défense adverse pour marquer son premier but. Le second et le troisième, surtout si l'on se place du point de vue troyen, étaient, semble-t-il, entachés de hors jeu. Mais enfin ce n'était pas de la faute de Marc si l'arbitre a estimé ces deux actions de jeu tout à fait valables.

Berdoll, pour sa part, avait été à ce point marqué par la malchance, lors de récente rencontre, qu'il convient d'accorder leur juste prix à ces trois buts qui en font cinq, on le sait, avec la rencontre du match aller, face aux mêmes adversaires. À l'image de son équipe, on peut donc en conclure qu'il a lui aussi rempli son contrat.

UNE ÉQUIPE EN DEMI-TEINTE

Loin de nous, bien entendu, l'idée de chercher la petite bête au terme de cette rencontre. Il nous a semblé cependant, que l'O.M., hier soir, n'était pas au mieux de sa forme. L'équipe a longtemps donné l'impression de se chercher, sans parvenir à se trouver réellement.

Sa victoire, sa formation olympienne, la doit surtout à ses individualités, plutôt qu'à son système collectif. Nous avons déjà souligné la part prise par Berdoll.

Il faut ajouter, évidemment, le rôle tenu en défense par Trésor, qui, lui, a survolé les débats.

Deux éléments en fin de comptes qui ont été prépondérants tout au long des 90 minutes. Les autres joueurs marseillais, sans démériter, cela va de soi, n'ont que très rarement joué au niveau de leur réelle valeur.

Le tout nous a donné le sentiment d'une équipe olympienne en demi-teinte. Peut-être les joueurs, inconsciemment ou non, estimaient-ils, que l'affaire était dans la poche avant même le coup d'envoi. Ou bien, se sont-ils réservés pour les tâches futures. C'est bien possible. On voit mal, de toutes façons, comment on leur reprocherait de souffler un peu lorsqu'ils en ont l'occasion.

Pour l'instant, répétons-le, la mission est accomplie. Quelle que soit la manière l'essentiel est fait. Il ne reste plus qu'à attendre la suite.

 Jean FERRARA 

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Le grand retour du buteur

Naguère, la Coupe déchaînait l'enthousiasme. A Marseille surtout. À Marseille où déjà par neuf fois l'O.M. a inscrit son nom sur le socle du précieux trophée en argent.

Les temps ont changé.

À peine plus de dix mille spectateurs hier soir. On pouvait espérer mieux.

On nous dira, et c'est vrai, que le contexte n'était pas favorable. Saturation du public, contraint par un calendrier démentiel, à venir au stade vélodrome et à plonger la main au portefeuille trop souvent en trop peu de temps. Et puis, dans le cas particulier de cet O.M.-Troyes, un manque évident de suspense au départ.

En obtenant le nul en terre champenoise, les Phocéens avaient certes réussi une excellente performance sur le plan sportif, mais avait du même coup ôté une grande partie de l'intérêt populaire.

Les absents, à la lecture du résultat, concluront qu'en l'occurrence ils n'ont pas eu tort.

Il n'y a pas eu de coup de théâtre sur la pelouse du stade vélodrome.

Pourtant que ce 3 à 0 ne vous trompent point. La qualification marseillaise fut loin d'être une simple formalité. Au repos, certes, Trésor et ses camarades menaient déjà au score, mais les Troyens, rendons-leur cet hommage, leur avaient mené la vie dure. On peut même dire que sans la maladresse de Raulin, râtant en tout début de partie une occasion dite royale, les hommes de Skoblar auraient pu attaquer la deuxième mi-temps avec quelque souci à se faire. Il n'en fut rien, et à l'amorce de la deuxième période, on considérait en règle générale que les carottes étaient cuites.

Elles l'étaient bel et bien et pour deux raisons. La première, parce que l'O.M. depuis quelque temps joue mieux en fin de match qu'en début. La deuxième, la principale, parce qu'il est désormais évident, on peut l'écrire aujourd'hui sans crainte d'être démenti, que la réussite a enfin consenti à nouveau à faire risette à Marc Berdoll.

Avant que Bordeaux ne vienne voici huit jours jouer en championnat au stade vélodrome, le centre avant marseillais devait être au bord de la dépression nerveuse. À sa place en tout cas nous l'aurions été. Depuis début novembre, il n'avait pas marqué le moindre petit but. Et puis tout à coup, sans que l'on sache trop ni pourquoi ni comment, voilà que le déclic s'est produit.

Un but contre Bordeaux.

Deux buts à Troyes.

Trois buts hier soir.

En deux mots, six buts en trois matches et en huit jours.

C'est le grand retour de Marc Berdoll. Comme aurait dit Laetitia Bonaparte, pourvu que cela dur...

André de ROCCA 

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 COMMENT EXPLIQUER LA RÉUSSITE DE BERDOLL ?

- Réponse à cette question équivaudrait à essayer d'expliquer l'inexplicable. En football, on voit des choses bizarres, des choses qu'il faut véritablement voir pour les croire. C'est ainsi que Berdoll, avant que Bordeaux ne vienne jouer à Marseille, n'avait pas réussi le moindre petit but depuis le début novembre. Or, voici qu'en 8 jours il en a réussi six. Chercher une explication autre que la réussite ou la non réussite serait assurément perdre du temps.

 A-T-ON RETROUVÉ L'AMBIANCE COUPE ?

- Il faut répondre non sans hésiter. Sans doute pour deux raisons : la première parce que le stade était aux trois quarts vides (pour la plupart des supporters marseillais la qualification ne faisait plus aucun doute après le match aller) : la deuxième parce qu'il faut bien dire que les Troyens, avant même que ne débute ce match retour, ne croyaient déjà plus à leur chance. C'est sans doute pour cela que l'enthousiasme n'a jamais été débordant hier soir.

 TROYES A-T-IL BIEN JOUÉ LE COUP ?

- À notre avis, non. En se montrant prudents en début de match, les visiteurs avaient sans doute raison puisqu'il leur aurait suffi d'un contre victorieux pour se qualifier. Par contre, où nous ne les comprenons plus, c'est lorsque menés un à zéro ils ont continué à jouer défensivement alors que leur seule chance de salut résidait dans l'offensive à outrance.

Nous ne voyons qu'une explication à cette façon de jouer. C'est que depuis plusieurs saisons les hommes de Cedolin font de la corde raide pour éviter la descente en championnat et en désormais des réflexes défensifs. On s'en rendit bien compte lors des rares occasions troyennes. Les attaquants, sans doute peu habitués à se trouver dans de telles conditions furent d'une rare maladresse. Avec un peu plus d'audace les Troyens ne se seraient sans doute pas qualifiés mais ils auraient en tout cas posé beaucoup plus de problèmes aux Marseillais.

 M. DELMER A-T-IL ÉTÉ UN BON ARBITRE ?

- Disons simplement que son arbitrage n'a eu aucune conséquence sur le déroulement de la partie. Les Troyens lui reprochèrent bien de ne pas avoir sifflé hors jeu sur le deuxième et troisième but de Berdoll. En ces deux occasions, le centre avant phocéen, il faut le dire était vraiment parti à la limite. Nous pouvons affirmer que sur le troisième but, cependant, il brûla la politesse à défense adverse après le départ de la balle, donc il n'était pas hors jeu. Pour ce qui est du deuxième, nous seront moins affirmatifs, mais en tout état de cause, M. Delmer ne peut être critiqué, il a suivi son juge de touche qui, bien placé en la circonstance, n'avait pas levé son drapeau.

A. de R.

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MARKOVIC : "La réussite en plus, c'est tout"

"Nous avons fait une bonne première mi-temps. Mais à 1 à 0, les garçons ont eu tendance à se relâcher, pensant peut-être que la qualification était dans la poche". C'est ainsi que Josip Skoblar analysait la rencontre avant d'ajouter : "Les Troyens au début de la seconde mi-temps, ont eu trois ou quatre occasions assez nettes. Fort heureusement, nous avons senti le danger, et nous nous sommes remis comme il le fallait, si bien que, je pense que ce résultat et en définitive logique. Pour ce qui est de notre relâchement, j'estime qu'il est peut-être dû aussi aux matches difficiles que nous avons joués dernièrement sur des terrains boueux, et qui ont entraîné pas mal de dépense d'énergie et donc une certaine fatigue. Néanmoins, l'équipe a démontré ce soir qu'elle avait retrouvé certains automatismes. C'est inéluctable d'ailleurs car si l'on excepte le match de reprise à Paris, nous n'avons jamais vraiment jamais déjoué même lorsque les résultats n'ont pas été excellents".

Roger Magnusson en visite éclair à Marseille, avait apprécié le spectacle en connaisseur et se félicitait pour son ami Josip : "Trois à zéro dans un match aussi important et avec une équipe aussi jeune, c'est un fameux résultat ! Les jeunes c'est l'avenir et je suis heureux de constater, que Josip a d'ores et déjà gagné son pari délicat".

"Somme toute j'avais raison d'être un peu modéré après le match aller, estimait par ailleurs François Bracci. "Il est toujours difficile d'aborder une équipe comme celle-là qui n'a rien à perdre. Mais enfin, à force d'appuyer nous avons fini par les faire craquer".

Gérard Migeon, lui, revenait sur cette phase de jeu qui, lors de période de domination troyenne, avait bien failli provoquer l'égalisation que les Marseillais redoutaient : "Fuchs a fait un joli dribble en revenant vers l'intérieur. Mais heureusement il a tiré au sorti de son crochet sans relever la tête. Si jamais il avait mit la balle de l'autre côté, je n'aurais pu absolument rien faire. Et à un partout, on ne sait pas ce qui aurait pu se passer".

Nous avons aussi demandé à Hervé Florès, puisqu'il était fort bien placé sur l'action, si, à son avis, Berdoll était hors jeu sur le second but, ainsi que le déclaraient les Champenois : "Sur le troisième, je pense que c'est possible, mais sur le second, je suis sûr que non".

"Zorzetto est remontée en catastrophe mais alors que la balle était déjà partie. C'est pour cette raison que l'on a eu l'impression que Marco était tout seul et donc hors-jeu".

Des nouvelles de Boubacar aussi qui, bien entendu, avait assisté à la victoire de ses camarades :

"Je vais beaucoup mieux, bien que les ganglions me fassent encore un peu souffrir. La nuit qui a suivi le retour de Troyes a été épouvantable et le lendemain guère plus brillant car la pénicilline m'avait mis à plat. Mais je reprendrai l'entraînement dès vendredi.

Quant au match il a été plutôt bon. Il fallait assurer un résultat et nous avons pu le faire tout en prenant quelques risques. Dans ce genre de rencontre, on a tout de même toujours un peu peur de se faire piéger par un adversaire qui n'a rien à perdre".

"Troyes, c'est peut-être une équipe mal placée, disait de son côté Yvan Markovic, mais c'est un ensemble très combatif et capable, en définitive, de faire souffrir n'importe qui. Évidemment lorsque nous avons mené 2 à 0, ils ont commencé à baisser le pied, mais jusque-là, ils nous avaient mené la vie dure.

"Cela dit, ce résultat large ne doit pas non plus faire tourner la tête. En championnat, c'est la même chose : songez que si nous avions seulement aujourd'hui le point perdu devant Monaco et celui perdu devant Nancy, on chanterait nos louanges en disant que nous sommes les plus forts. Or, nous ne sommes pas les plus forts, nous sommes nous-mêmes tout simplement. Un match cela tient souvent à peu de choses et l'on juge trop souvent sans tenir compte de la part de hasard et de chance qui peut y entrer. C'est exactement la même chose pour Berdoll, il a marqué six buts en trois matches. C'est bien. Mais cela ne doit rien changer pour autant. Lorsqu'il n'en marquait pas, personne ne lui a adressé le moindre reproche. Sachant que la réussite est une chose insaisissable chez un buteur, on lui a simplement recommandé de s'armer de patience. Aujourd'hui, elle est revenue avec lui. Tant mieux pour nous, mais ne tombons pas d'un extrême dans l'autre".

Avec une certaine modestie Marc Berdoll confirmait les propos de son entraîneur :

"Vous savez, je n'ai pas changé. Je me prépare aussi bien qu'avant et je me sens dans la même forme. Simplement, j'ai de nouveau la chance avec moi. Et il en faut lorsque l'on joue avant-centre. Et puis, un but en entraînant un autre, on retrouve petit à petit la confiance en soi".

Victor Zvunka enfin nous disait en guise de conclusion : "Au départ, il fallait marquer absolument. Mais en définitive, une fois que l'on a eu ouvert le score, nous avons eu peur de nous faire surprendre et rejoindre à la marque. Donc, on a bataillé pour réussir un second but. Il faut dire que ses Troyens ne renoncent jamais et qu'ils ont fait tout leur possible pour sauver leur saison. Quant à la nôtre, je l'espère, elle ne fait que commencer !"

Alain PECHERAL 

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CEDOLIN : "Berdoll a été notre bête noire"

L'entraîneur Cedolin a tiré les enseignements de cette rencontre, sans chercher des excuses : "Nous avons fait un cadeau aux Marseillais sur le premier but. En deuxième mi-temps, du moins au début, nous leur avons mené la vie dure. Nous aurions pu égaliser. Si nous sommes éliminés, c'est un peu de notre faute, car nous aurions du faire la différence au match aller en première mi-temps.

"Par la suite, Berdoll marqua deux buts dont un sur hors-jeu et cela s'est encore renouvelé ce soir, puisque sur trois buts l'un d'entre eux était hors jeu. Il a donc été notre bête noire dans cette rencontre de Coupe. Mais l'équipe marseillaise est plus complète que la nôtre. Je lui souhaite d'aller en finale !

"Compte tenu de notre effectif, nous n'avions pas les moyens de courir deux lièvres à la fois et nous aurions risqué de payer l'addition en championnat !

Formici nous a dit à son tour : "Le score finalement importe peu. Un peu but ou plusieurs, cela ne change rien.

Le Lamer s'exclamait de son côté : "C'est lorsque nous étions menés 1 but à 0 qu'il aurait fallu combler le handicap. Après c'était trop tard". Et Diallo d'ajoutait avec humour : "Comme l'on dit dans ces cas là, dorénavant nous pourrons nous consacrer au championnat".

A.D. 

 

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