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Résumé le Provencal

du 20 février 1978

UN CERTAIN SOURIRE

Les Olympiens rejoints à l'ultime

seconde par Troyes (2-2)

TROYES - "Avec deux buts d'avance, nous pourrions aller à Marseille l'esprit serein, mercredi. Toutefois, soyons logiques. Il nous en faudrait au moins trois, pour que nous considérions notre qualification sinon comme acquise, du moins comme probable".

Ces paroles sont de René Cedolin, l'entraîneur troyen. Il nous donnait son opinion quelques instants avant que ne se dispute le match aller des seizièmes de finale, entre le T.A.F. et l'O.M. Et comme Cedolin ne parle pas pour ne rien dire, on en conclura qu'en réalisant le match nul, l'O.M. a, tout à la fois, atteint son objectif et conservé le renouveau amorcé contre Bordeaux mercredi, en championnat.

Le nul était, donc, obtenu sur un terrain à la limite du praticable, en deuxième mi-temps. Un nul qui, bien entendu, autorise tous les espoirs.

L'O.M., c'est probable (encore qu'il convient toujours être prudent), se qualifiera pour les huitièmes de finale. Et nous aurions pu être beaucoup plus affirmatifs, si les Marseillais qui, après avoir été longtemps menés au score, et qui avaient rétabli l'équilibre, puis pris l'avantage, ne s'étaient pas laissés rejoindre à l'ultime seconde de la partie, au moment même où la pendule électronique du stade de l'Aube venait de s'arrêter sur le zéro indiquant que le temps réglementaire était terminé.

L'O.M. RATE LE K.O.

Mais revenons un peu dans le détail sur la physionomie de la partie.

La première mi-temps avait présenté deux équipes bien différents : la première demi-heure assez égale quant à la maîtrise du ballon, avait vu les Phocéens obtenir les occasions les plus nettes. Surtout dans la première demi-heure...

Les deux plus belles se situant aux 15e et 21e minute. La première fois, Berdoll, après une longue course, eut, dans un premier temps, le tort d'attendre le retour de la défense troyenne, et dans un second, celui de tenter sa chance alors que Florès à sa gauche, et Boubacar à sa droite, étaient merveilleusement placés. La deuxième, lorsque, remarquablement servi par Linderoth, Florès parvint à dribbler Formici, mais gêné par l'état du terrain, il ne put redresser sa course et celle de la sa balle.

Les Troyens allaient être très heureux. Leur première véritable occasion allait être la bonne. Un corner concédé par Bracci était tiré par Verstraete. Migeon cueillait bien la balle, mais la lâchait en retombant. Une aubaine pour Raulin en embuscade..

Enjoué alors depuis vingt-huit minutes, et la fin de cette première mi-temps allait être à l'avantage des locaux plus agressifs, qui faillirent aggraver le score par Fuchs, dont une reprise sur corner fut stoppée par Baulier sur la ligne (42e) et par Raulin qui, de la tête, expédia une balle au ras de la transversale (44e).

Bref, au repos, Troyes menait 1 à 0, une avance somme toute logique.

BERDOLL : EFFICACITÉ RETROUVÉE

Curieusement, la seconde mi-temps allait être beaucoup moins passionnante, les occasions moins nombreuses. Et pourtant, le préposé au tableau d'affichage allait devoir intervenir à trois reprises.

La première fois à la 67e, lorsqu'un centre de Bracci (excellent hier de bout en bout) lobait toute la défense de Troyes, la balle allant jusqu'à Berdoll au deuxième poteau. La reprise de volée croisée de ce dernier faisait mouche.

Une deuxième fois, à la 70e minute, lorsque Bracci (encore lui) lancé Florès évitait la sortie de Formici et donnait intelligemment à Berdoll qui n'avait plus qu'à pousser le ballon au fond des filets.

Une troisième fois à l'ultime seconde du match, lorsque Differding reprit victorieusement dans un paquet de joueurs une balle que son équipier Raulin venait de percuter sur le poteau gauche de Migeon, après un corner, toujours tiré par Verstraete.

Ainsi donc, la rencontre se terminait sur un score nul équitable, mais somme toute inespéré pour les Troyens qui, en la circonstance, revenaient de loin. De très loin, même.

UN BON MATCH

DANS DE MAUVAISES CONDITIONS

Nous ne nous embarrasserons pas de considérations techniques. L'O.M. a joué à Troyes, très exactement comme il le fait sur tous les terrains français, que ce soit au Stade Vélodrome ou ailleurs, à savoir en 4 4-2. Une méthode qui en vaut bien une autre et qui, pour ce qui est des Marseillais, fait ses épreuves. On n'occupe pas par hasard le fauteuil de leader de Championnat de France.

Hier, sur une pelouse pratiquement injouable, les deux équipes, il faut le souligner, ont fourni un spectacle de bonne qualité. Les Troyens, surtout en première mi-temps. Les Olympiens, en début de match, et dirons-nous, pratiquement toute la seconde période, et ce, bien que Hervé Florès, le meneur de jeu habituel, n'ait pas eu son rayonnement coutumier.

Un peu comme Bordeaux, quatre jours plus tôt (les deux matches ont de nombreux points communs), c'est donc pendant les quarante-cinq dernières minutes que les hommes de Skoblar et Markovic ont laissé la meilleure impression à l'image d'un Berdoll qui, maladroit en début de rencontre, marqua deux buts (il est inutile de souligner leur importance) dont un, le premier, peut être considéré comme un modèle du genre, l'avant-centre marseillais ayant trompé Formici, après une magnifique reprise de volée en extension.

Il reste maintenant aux Olympiens de confirmer dès mercredi à domicile, pour continuer leur bonhomme de chemin en Coupe de France.

Incontestablement, ils en ont les moyens, de Skoblar à N'Gom, en passant par le président d'Agostino, chacun en est, bien entendu, persuadé.

Et ceci explique sans doute un certain sourire...

Celui qui était hier soir après le match, sur le visage de tous les Marseillais.

André de ROCCA

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Equitable

Il fallait jouer. Dans un calendrier déjà surchargé, il n'y a guère de place pour les reports. Et les arbitres de ces 16e de finale, avaient, paraît-il, des consignes très strictes pour n'en arriver au renvoi qu'à la dernière extrémité.

On joua donc sur un terrain certes pas complètement impraticable mais peu propice, en tous cas, à la confection d'un bon football et surtout dangereux : boueux et spongieux sur la moitié et gelé et neigeux sur l'autre. Non pas en largeur mais en longueur, si bien que les chances des deux équipes demeuraient, malgré tout, à peu près égal... dans l'incertitude.

La sensibilité n'ayant rien de comparable sur sol gelé et dans la gadoue, le choix des crampons pouvait avoir son importance : la plupart des Troyens optèrent pour des caoutchoucs courts, les Marseillais pour d'extra longs.

Sans résultat tangible, puisque ce qui était bon sur la droite ne l'était plus sur la gauche...

D'où des chutes en glissade inattendue, faisant parfois rire le public.

D'où aussi des contacts involontairement violents qui auraient pu provoquer le pire. Mais il n'y eut, fort heureusement, pas de blessures graves à déplorer.

On ne s'étonnera pas que dans de telles conditions, trois des quatre buts inscrits en ce froid après-midi pluvieux (cadrant bien mal avec la Coupe) l'aient été à la suite d'erreurs manifestes des gardiens de buts.

Car, si ceux-ci sont loin d'être les seuls à avoir commis des erreurs, ils opèrent à un poste où elles ne pardonnent pas...

Si bien que Migeon, relâchant une balle devant Rollin qui ouvrait le score comme Formici figé dans la boue sur le pied de Berdoll et naïvement mystifié par Bracci sur le second, permirent en définitive, à ce match d'échapper à la grisaille d'un scénario sans but aurait pas manqué de lui conférer.

2 à 2, c'est un score somme toute équitable, même si l'O.M. fut rejoint sur le fil, alors qu'il restait 19 secondes de jeu.

Même aussi si les deux entraîneurs se rejoignaient pour regretter que leur équipe respective ait manqué le break en première mi-temps, ce qui est vrai dans les deux cas, puisque les Olympiens comme les Troyens auraient fort bien pu atteindre le repos avec deux buts d'avance.

Rien n'est joué bien que l'O.M. possède évidemment dans son jeu les cartes maîtresses, étant donné qu'un 0 à 0 ou 1 à 1 suffirait à le qualifier.

Mais on attend tout de même mieux encore mercredi d'une équipe qui semble, cette fois, bien repartie à l'image de l'opiniâtre et précieux Bracci, auteur de deux passes décisives, et d'un Berdoll a qui la réussite veut bien sourire de nouveau.

 Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 Quelles étaient les conditions atmosphériques ?

- Comme prévu, il faisait froid, mais on était assez loin des moins 17 degrés annoncés. Par contre, la neige était bien au rendez-vous (il en est tombé pendant la nuit), à tel point que le terrain, on s'en doute, était loin d'être parfait.

"À vrai dire, s'il fut acceptable en début de rencontre, en seconde mi-temps il était devenu un véritable bourbier et les joueurs devaient taper comme des sourds dans le ballon pour que celui-ci fasse quelques mètres seulement. Heureusement, en fin de compte, ce terrain en mauvais état n'a eu aucune influence directe sur le score, puisque le nul est équitable et que les défenses se sont partagé les erreurs. Erreurs, au demeurant, bien compréhensibles, car il fallait avoir de véritables dons d'équilibriste pour arriver à contrôler le ballon sans se retrouver les quatre fers en l'air".

 L'O.M. est-il qualifié ?

- Répondre par l'affirmative serait aller un peu vite en besogne. Bien entendu, les Marseillais ont toutes les chances de continuer leur route en Coupe, puisqu'ils ont réussi le plus difficile, à savoir ne pas perdre à l'extérieur. Cependant, ne vendons pas la peau de l'ours.

"À titre indicatif, signalons que Troyes sera qualifié mercredi à Marseille si l'équipe champenoise bat l'O.M. bien entendu, ou si elle obtient un nul à partir de 3 à 3. En effet, à 0 à 0 ou 1 à 1, ce seront les Phocéens qui se qualifieront pour les 8es de finale".

 Berdoll a-t-il retrouvé tout son punch ?

- Si on nous avait posé la question à la mi-temps du match, nous aurions répondu par la négative. En effet, pendant les 45 premières minutes, ce Berdoll-là nous avait rappelé celui qui ne réussissait rien depuis le début janvier. À la reprise, changement total de décor, et l'ex-angevin, redevenu soudain en état de grâce, marqua deux fort jolis buts. Trois buts en deux matches, donc, pour Marc. C'est reparti du bon pied. Tant mieux. Tant mieux pour l'O.M., bien sûr.

 Formici a eu un avertissement. Pourquoi ?

- En quelque sorte, parce que le gardien de but de troyen lavait son linge sale en famille (mais en public) avec les supporters. Coupable, aux yeux du public troyen, d'avoir encaissé deux buts par sa faute, Formici était sifflé chaque fois qu'il touchait le ballon. C'est une attitude qui n'apprécia pas et, après un très bon arrêt, il expédia ledit ballon dans les tribunes et fit à son public le fameux geste que Keita avait fait le président Rocher, au stade-vélodrome. Autrement dit, un bras d'honneur. C'est une attitude que M. Verbaecke devait sanctionner.

"À signaler, d'ailleurs, qu'à sa sortie du stade Formici échangea des coups avec quelques supporters. Il serait étonnant que la saison prochaine ce soit lui qui garde encore les buts du T.A.F.

A. DE R.

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MARKOVIC : "ENCOURAGEANT"

TROYES - De grands sourires dans des blocs de boue, comme au temps des routiers-sprinters de l'entre-deux-guerres, dont seul ou presque l'éclat de la dentition parvenait à impressionner l'objectif du photographe... Crottés mais contents en tout cas.

L'ambiance dans les vestiaires olympiens était... chaude à tous points de vue.

Voici, prises sur le vif, quelques-unes de leurs réflexions d'après match.

Skoblar "optimiste". - "Je regrette le deuxième but encaissé à quelques secondes de la fin. Il équivalait à la qualification. Néanmoins et sans vouloir chanter victoire trop tôt - vous savez que ce n'est pas dans mes habitudes - je suis optimiste pour le match retour. Nous devrions nous qualifier puisque nous avons su résister dans des conditions difficiles à une équipe très motivée d'autant que l'on peut être satisfait, aussi, de notre jeu collectif qui va en s'améliorant.

Norbert d'Agostino : "Excellente partie". - "Le résultat est très satisfaisant pour nous. Surtout que sur une pareille patinoire on ne sait jamais ce qui peut arriver. En seconde mi-temps, le terrain était, à mon avis, injouable. Dans ces conditions, obtenir un nul tout en marquant deux buts à l'extérieur, est une excellente opération".

Francis Martinenghi : "Du piquant". - "Pas si dommage que cela après tout, cette égalisation de la dernière minute ! Cela ne va faire qu'ajouter un peu de piquant au match retour. Mais je ne suis pas inquiet..."

Markovic : "Bon match". - "À la mi-temps on pouvait avoir fait la décision. La suite aurait été plus facile. Mais je ne suis pas mécontent du tout. Le match a été bon et l'équipe est en progrès. Nous avons peut-être manqué des occasions, mais les Troyens aussi, et nous en avons tout de même réussi deux ce qui n'est pas si facile que cela".

Berdoll : "Allez comprendre..." - "Et voilà le football ! On rate parfois un but facile et puis on réussit le plus difficile. Sur le premier but j'étais à peu près dans la même position que lorsque j'ai marqué contre Bordeaux. Mais cette fois, la balle était en l'air. J'ai repris de volée : petit filet ! Allez comprendre cela si vous n'avez jamais joué... En tout cas, trois buts en deux matches cela fait du bien".

Bracci : "Prudence tout de même". - "Nous avons été assez réservés en première mi-temps, mais, même durant cette période, nous aurions pu marquer. La suite, je crois, a été assez nettement à notre avantage. Voilà pourquoi je regrette cette égalisation et d'extremis. Car, en toute objectivité, je pense que nous méritions de gagner ce match. Pour ce qui est de mercredi, nous serons bien sûr favoris. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver : il y a trois ans, après le 0-0 de Montluçon, Jaïr avait dit : en gagnera 10-0. Résultat : on a fait 1-0 après prolongation, alors, prudence tout de même..."

Baulier : "A l'abri". - "Épuisant ce terrain ! À la fin surtout. Cela collait parfaitement aux semelles qu'on n'arrivait plus à avancer, car même les parties gelées au début étaient devenues glissantes en seconde mi-temps. L'important quoi qu'il en soit ce sont ces deux buts qu'il nous fallait marquer pour nous mettre à l'abri d'une mauvaise surprise chez nous".

Boubacar : "Plus difficile de défendre." - "Un terrain pareil, cela avantage toujours le moins fort techniquement. Voilà pourquoi nous avons eu des difficultés parfois à imposer notre jeu. Surtout que finalement les Troyens ont plus souvent défendu que nous et, défendre, c'est toujours plus facile".

Zvunka : "Ils jouaient leur saison". - "Ils jouaient leur saison sur ce match ou presque. Aussi nous avons eu un peu peur de nous découvrir en première mi-temps. Et cela nous a réussi finalement puisque nous avons terminé plus frais qu'eux".

Florès : "Pas de cadeaux". - "Ils ne font pas de cadeaux ces Troyens ! Je ne suis pas méchant, mais avec les coups que j'ai reçus, vous comprendrez que j'ai également commis quelques fautes..."

Migeon : "De ma faute". - "Le premier but est pour moi : j'ai relâché le ballon en retombant. Par temps sec, je n'aurai pas d'excuse, mais avec cette balle glissante, disons que j'ai des circonstances atténuantes pour cette faute demain. L'essentiel en tout cas, est qu'elle n'ait pas eu de trop grosses conséquences.

BULLETIN DE SANTÉ

Nous finirons par un bulletin de santé, quatre olympiens étant plus ou moins souffrants.

- Truqui : élongation, sans doute forfait pour mercredi

- Boubacar : blessure à l'orteil infectée et ganglions à l'aine.

- Zwunka : coup de genou dans la poitrine sans conséquence grave.

- Marius Trésor, enfin, est atteint d'une très forte grippe.

 Alain PECHERAL

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CEDOLIN : "Pas suffisant"

On était évidemment assez déçu dans le camp troyen ou l'entraîneur René Cédolin remarquait : "Nous avons raté le coche en première mi-temps, en ne parvenant pas à concrétiser les trois ou quatre occasions nettes que nous avions pu nous procurer. Par la suite, nous nous sommes fait piéger deux fois, en contre, et le terrain étant de plus en plus mauvais, il était d'autant plus difficile de revenir à la marque. Sur les vingt dernières minutes, on peut même estimer que nous sommes heureux d'obtenir ce résultat. Car, je le répète, le terrain sur la fin était à la limite du praticable, et l'O.M. durant cette période nous a très nettement dominés.

"Évidemment nous nous sommes peut-être inconsidérément découverts, mais d'une part dès que nous gelons le jeu notre public manifeste, et d'autre part, opérant à domicile, c'était tout de même à nous de conduire le match.

"Quoi qu'il en soit, la situation pour nous est bien compromise. Pour aller à Marseille avec l'esprit tranquille, il nous aurait fallu trois buts d'avance".

Signalons par ailleurs la curieuse attitude du gardien Formici qui, en cours de match, a gratifié son public d'un étonnant bras d'honneur, et de force démonstration de colère, en expédiant le ballon dans les tribunes (ce qui lui valut un avertissement). Hors de lui, après la rencontre, les spectateurs ayant scandé le nom de son remplaçant Harblay, il en vint même aux mains avec un supporter. Il aurait dit aussi qu'il cherchait désormais un club. Après cela on s'en serait douté.

Quant à l'arbitre, M. Verbecke, il n'a rien pu nous apprendre que nous ne connaissions déjà, à savoir que la rencontre s'était disputée dans des conditions difficiles, mais néanmoins à peu près régulière.

A.P.

 

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