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Résumé Le Provencal

du 05 décembre 1977

ECLANTE VICTOIRE

3 à 0 pour l'O.M. : LE VERT EN BERNE

Trois vainqueurs hier au Stade Vélodrome : les diurnes en hiver, le football et l'O.M. N'insistons pas sur l'avantage de jouer hier dimanche après-midi, passer le mois de novembre, nous ne ferions qu'enfoncer une porte largement ouverte. La rencontre fut de celles qui plaisent à tous les publics. Ardente, passionnée, musclée, à la limite du raisonnable mais, pourtant riche de quelques actions de beau football. Intelligence surtout quand Linderoth apporta son grain de sel, ne fut pas absente de ce rude débat.

Cependant, s'il fallait, comme les astrologues, situer ce match sous un quelconque signe, ce serait celui du taureau, de l'engagement, si vous préférez, qui s'imposerait.

On ne citera que deux exemples : un choc de deuxième mi-temps entre Trésor et Bathenay qui faillit bien faire sauter les vitres du secrétariat du club et un autre entre Bracci et Piazza qui ne manqua pas de piment ni de force. En toute sportivité d'abord.

L'O.M. A FRAPPÉ LE PREMIER

La victoire de l'O.M. est de celle qui ne se discute pas. Elle fut à la fois nette et brillante et on lui accordera d'autant plus de valeur qu'elle fut obtenue contre un adversaire qui ne baissa jamais les bras ni les pieds et qui se battit jusqu'au bout avec une grande conviction et une certaine classe aussi.

Nous ne pensons pas qu'il y ait réellement trois buts d'écart entre les deux équipes. Mais l'O.M. eut l'avantage de frapper le premier. Par Boubacar au début de la première mi-temps et par Berdoll au début de la deuxième.

De tous ces faits, Saint-Étienne se trouva dans l'obligation de jouer l'offensive à outrance, permettant ainsi à son adversaire de pratiquer la contre attaque sur son propre terrain. Le but de Berdoll nous en administra la meilleure des démonstrations. Alors que les Stéphanois dès la reprise avaient attaqué bille en tête pour essayer de refaire leur retard, ils se firent piéger par un contre olympien. Une longue passe de Linderoth et Berdoll trompait brillamment Curcovic d'un beau tir croisé.

Pour les "Verts" qui jusque-là n'étaient pas encore définitivement battus, ce fut un véritable coup de poignard.

Mais c'est ça le football. L'O.M. tout en jouant hier à son meilleur niveau, a su pratiquer à la fois beaucoup de réalisme et d'intelligence.

Il ne fallait d'ailleurs pour triompher aussi nettement d'une équipe de la valeur de Saint-Étienne.

LES "BLANCS" ET LES "VERTS"

Il est certain que le drapeau vert a été en berne hier après-midi au Stade Vélodrome. Les supporters ne s'y sont pas trompés quand en fin de rencontre ils ont demandé à l'entraîneur stéphanois, Robert Herbin de leur chanter une chanson. Nous rappellerons que cette plaisanterie et d'origine stéphanoise. C'est en général ce que les supporters du Stade Geoffroy-Guichard demandent à leurs adversaires quand ils ont gagné (juste retour des choses donc). Toutefois, il ne faudrait pas croire que Saint-Étienne a définitivement abdiqué toute ambition.

L'équipe que nous avons vu hier au Stade Vélodrome n'est pas du meilleur cru, c'est certain.

On ne répétera jamais assez qu'il manque au centre du terrain l'équivalent de ce qu'étaient Larque et Hervé Revelli en forme.

Saint-Étienne, le public a pu le constater, joue maintenant en puissance, en force, mais il semble bien avoir perdu ce fond de jeu qui faisait il n'y a pas si longtemps tout son charme et toute sa valeur. Dommage sans doute pour des joueurs comme Rocheteau, Piazza, Lopez et à degré moindre, Bathenay qui, dans une meilleure équipe serait certainement en vedette.

Si le vert était en berne, le blanc et bleu, les couleurs de l'O.M., claqua fier surtout les gradins du stade. Si les supporters venus en grand nombre se rendirent compte que leur équipe jouait à son meilleur niveau, qu'elle jouait pour leur faire plaisir et aussi pour battre un adversaire que l'O.M., depuis une douzaine d'années a trouvé constamment sur sa route.

Nous engloberons tous les joueurs de l'O.M. dans les mêmes félicitations collectives. C'est toute l'équipe qui a voulu cette victoire, qui s'est battue pour l'avoir et qui, finalement, l'a obtenu avec grand brio.

Toutefois, on n'assistera pas assez sur le rôle de Linderoth au milieu du terrain. Ce but stratège qui en dit clair sur la force de percussion de Boubacar. La classe que l'on connaît maintenant complètement de Marius Trésor. On ajoutera en deuxième mi-temps la sûreté de Migeon et la vivacité et l'adresse retrouvée de Berdoll, auteur de deux jolis buts qui firent la différence. Bravo l'O.M. pour terminer, mais attention, nous pensons que Saint-Étienne peut encore redresser la tête.

Maurice FABREGUETTES

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Le dernier coup de la taille

Trois à zéro sans circonstances atténuantes, plus de quarante mille spectateurs transis de froid mais brûlants de joie. Des millions de recettes à compter dix par dix, un président qui dort la nuit, un entraîneur couvert de rouge à lèvre et une douzaine de garçons bien décidés à finir cet ouvrage comme nul ne l'espérait. L'O.M. de ce mois de décembre, c'est tout cela.

Et ce sera peut-être encore mieux encore.

En retrouvant ses instincts historiques, ceux du but et du combat, Onze marseillais est revenu à la seule tradition que chérit le public. Il aime Berdoll nerveusement engouffré dans les défenses comme le faisait Skoblar-le-tigre dans les savannes des championnats passés. Il préfère Bracci agressif guerrier, Trésor au talent impitoyable, Linderoth insolent, opportun, incendiant toutes les actions et tous les autres tels qu'ils le furent hier de la première à la dernière minute.

Football millimétré à l'équerre et au compas, n'a jamais été au celui qu'on préférait ici.

Ce qui fait l'O.M. actuel, c'est son autorité de jeu, son obstination, sans alacrité qui n'est pas de circonstance et qui donne à Baulier, à Bacconnier, à Florès, Fernandez, l'occasion de se surpasser et de s'installer à un niveau qui est désormais le leur sans conteste.

Que l'O.M. ait retrouvé le chemin fleuri ou se bousculèrent les fastueux exploits de sa légende sexagénaire, ne sera bientôt plus douteux. En revanche, on peut avoir quelques tristesses pour Saint-Étienne.

Les vertes années semblent passées. Un certain dépit s'extériorise jour après jour dans le comportement des joueurs et de l'entraîneur.

Robby Herbin crut bon, samedi, d'affecter un humour très relatif pour répondre aux questions que lui posait notre ami Maurice Fabreguettes. Si bien que ce dernier, le "reprenant de volée" dans un style qui, lui au moins n'était pas dépourvu d'humour, fit apparaître toute la maladresse et la discourtoise qu'exalte l'entraîneur d'une équipe en déclin.

Comme si St-Étienne n'avait pas quelques années encore à vivre sur ses lauriers qui firent rire et pleurer la France entière.

Les mauvais coups sur le terrain, les réflexions, les attitudes, les déclarations sont révélateurs. L'élégance ne se découvre pas dans le succès, mais dans l'échec.

Rien de plus estimable qu'un joueur de poker qui, perdant sa fortune sur un seul et dernier coup, se lève, salue et souhaite : "que votre nuit soit bonne, messieurs !"

Il faut craindre que M.Herbin ait tout à fait manqué le dernier coup de la taille.

Lucien D'APO

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Les réponses aux questions que vous vous posez

39.958 spectateurs payants, cela constitué-t-il un record ?

Record de la saison bien entendu, mais record absolu, ni même Des O.M. - Saint-Etienne de l'histoire. Lesquels constituent la fabuleuse série que voici : 1970-71 : 38.65 ; 1971-72 : 38.425 ; 1972-73 : 43.870 ; 1973-74 :40.164 ; 1974-75 : 37.376 ; 1975-76 : 42.844 ; 1976-77 : 39.407 ; 1977-78 : 39.958.

Difficile de faire mieux. Il faut en convenir...

 Le spectacle offert le spectacle offert a-t-il été à la hauteur de l'événement ?

Absolument, puisque les deux équipes nous ont offert un match époustouflant et d'un niveau technique très au-dessus de la moyenne.

À vrai dire, d'ailleurs, nous n'avons jamais assisté à un O.M. - Saint-Étienne médiocre... Mais celui d'hier fut meilleur peut-être encore qu'à l'ordinaire.

 Pourquoi Victor Zvunka est-il sorti cinq minutes après la reprise ?

Parce qu'il avait été touché au genou et même assez sérieusement, puisqu'il souffre d'une entorse.

C'est en contrant Synaeghel en première mi-temps, alors que le Stéphanois, en pleine surface de réparation, allait sans doute égaliser, que Victor s'est blessé. "Non pas sur le contre proprement dit, nous a-t-il expliqué sur la table de soins après la rencontre, mais après, lorsque Synaeghel est retombé sur sa jambe gauche.

Heureusement d'ailleurs que M. Wurtz était bien placé sur l'action, car Synaeghel "en a rajouté" alors que j'avais joué franchement le ballon et qu'il n'était tombé qu'en butant sur la balle bloquée, sur mon pied".

"J'ai eu très mal sur le coup, nous a encore dit Victor, et dès la mi-temps, je pensais que je ne pourrais pas continuer. J'ai essayé cinq minutes, mais il était inutile d'insister.

Précisons que ce n'est pas à ce genou, mais à l'autre, que le Marseillais avait été blessé la saison dernière.

 Pourquoi M. Wurtz a-t-il refusé le but de Baulier en seconde mi-temps ?

Il n'a fait que suivre son juge de touche qui lui avait signalé une position de hors jeu de Boubacar et Berdoll.

Et, en l'occurrence, a-t-il expliqué, ces hors jeu n'étaient pas que de position, car les deux marseillais, Boubacar surtout, influencé le jeu dans la mesure où par leur seule présence menaçant devant la cage, ils constituaient une gêne pour le gardien stéphanois".

On n'en félicitera pas moins Baulier, auteur de ce tir splendide et qui fit par ailleurs un match remarquable.

 Saint-Étienne a-t-il perdu le titre hier ?

Robert Herbin le pense, estimant qu'il s'agissait là d'un match à quatre points. Pour les "Verts", qui comptent désormais 6 longueurs de retard sur Nice ils ont de surcroît devant eux des équipes de la valeur de Monaco, l'O.M. et Nantes, la tâche, sans aucun doute, sera très dure et Herbin a d'ailleurs dit que l'objectif forézien devenait une place en coupe de l'UEFA.

Ce n'est peut-être d'ailleurs pas tant le retard de son équipe que son comportement, qui l'emmène à penser ainsi : car si l'on a vu un bon Saint-Étienne hier, on ne saurait le comparer à celui qui s'illustra sur la scène européenne, il y a deux ans.

La roue tourne, c'est un phénomène naturel de transport et l'ASSE n'est plus tout à fait au sommet. Elle n'en demeure pas moins un redoutable "client" qu'il faut bien se garder d'enterrer.

Dans la constante n'étant pas le propre de la foule, il faut s'attendre à voir pleuvoir les critiques sur cette équipe outrageusement adulée naguère...

 Dans quel esprit s'est disputé de ce match ?

Presque dans un esprit de coupe, avec un engagement total de part et d'autre, et une indécision planant jusqu'au premier but de Berdoll. Il y eut beaucoup de chocs, loyaux pour la plupart, si bien que M. Wurtz laissa souvent jouer la règle de l'avantage.

Un seul avertissement fut infligé à Sarramagna qui, en l'occurrence, paya peut-être pour Repellini. "Sara" fit certes un croche-pied à retardement sur Baulier, mais quelques minutes auparavant son partenaire s'était livré à un véritable acte d'antijeu en retenant puis en déséquilibrant sans ballon, Hervé Florès.

Alain PECHERAL

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LINDEROTH : "Notre meilleur match !"

Beaucoup de monde dans les vestiaires marseillais, après la retentissante victoire sur Saint-Étienne.

Beaucoup de monde, mais aussi beaucoup de sourires, on comprendra aisément pourquoi. Josip Skoblar, très entouré et très détendu, fut le premier à donner son point de vue : "Je crois, dit-il, que notre victoire ne souffre d'aucune contestation. 3 à 0, le score peut paraître sévère, j'estime, pour ma part, qu'il est mérité. L'équipe a très bien tourné dans ses différents rouages, mais je pense que ce qui a fait la différence est que nous avons su imposer un rythme beaucoup plus élevé que celui de nos adversaires". Que pense Skoblar, quant à l'avenir ? Comme il en a prit l'habitude, et demeure très prudent. "Si nos joueurs font preuve du même état d'esprit pour les matches à venir, je pense que nous devrions connaître encore de belles satisfactions. L'important, pour nous, désormais, est de ne pas s'endormir sur nos lauriers. J'ai beaucoup prétendu que tout les matches avaient la même importance, je ne change pas aujourd'hui d'opinion. Certes, les deux points conquis contre Saint-Étienne, auront, sans doute, un plus grand retentissement dans l'opinion publique que ceux ramenés de Troyes, pourtant, ils ont très exactement la même valeur".

François Bracci répondait au micro de nos confrères, la presse parlée. Il expliquait en substance : "Pour nous, il était important de vaincre aujourd'hui. Pour deux raisons. Parce que, quand on veut être compétitif, il ne faut pas perdre de points à domicile et parce que notre adversaire était Saint-Étienne avec tout ce que cela comporte comme retombées en cas de victoire. Je sentiment que nous avons un très grand match qui a du satisfaire le nombreux public présent au stade Vélodrome. Je crois que cet après-midi, nous avons montré qu'il fallait désormais, compter sur nous. Je n'accorderais qu'une circonstance atténuante aux Stéphanois. Ils représentent encore l'élite du football français et à ce titre, chacun de leurs adversaires met un point d'honneur à faire le maximum contre eux. Pour eux, la saison sera dure".

Marc Berdoll ne marquait plus de but, depuis longtemps. Hier il en a réussi deux et si son équipe a gagné, autant dire que l'avant-centre marseillais ne cherchait pas à dissimuler sa joie : "Décidément, disait-il, Saint-Étienne me réussit. Déjà quand je jouais à Angers, je réussissais toujours à marquer contre les Verts. Le match de cet après-midi n'a pas fait exception à la règle. Il va sans dire que je suis content pour moi, car un buteur marche souvent au moral, mais je suis aussi et surtout content pour l'équipe. Je crois que nous avons su forcer notre succès d'entrée en prenant littéralement nos adversaires à la gorge. Désormais, il va falloir rester dans le sillage des Niçois qui semblent afficher une belle forme, mais très honnêtement je pense que d'ici peu, soit avant la trêve, soit peu après la reprise, nous nous installerons dans le fauteuil de leader, et là, il faudra venir nous chercher".

Anders Linderoth est un garçon étonnant. Si on ne voit pas que lui ou presque sur le terrain, dans les vestiaires, "dans la vie civile" il se fait tout petit. Un peu comme s'il voulait passer inaperçu. Hier pourtant, il eut bien du mal à échapper à la meute des journalistes qui voulait avoir l'opinion de celui qui fut sans doute, le meilleur homme sur le terrain. "Je ne crois pas, devait-il confier, que Saint-Étienne ait fait un très grand match. Par contre, pour ce qui nous concerne, j'estime que nous avons joué notre meilleur match de la saison et qu'en conséquence, notre victoire est méritée".

À ses côtés, Boubacar riait à belles dents. "Je suis très, très, très content, disait à qui voulait l'entendre l'ami Bouba qui fut un poison constant pour la défense stéphanoise. St-Étienne reste toujours une belle équipe, mais nous avons joué avec tellement d'enthousiasme, avec un tel état d'esprit, que je ne vois pas comment nous aurions pu être battus. Il faut désormais, que cela continu, pour ne pas laisser les Niçois se détacher. Si l'ambiance dans l'équipe reste ce qu'elle est, je crois que nous pouvons terminer la saison dans le haut du tableau".

Jeannot Fernandez, avant de passer sous la douche, nous a précisé en clignant de l'oeil : "Vous ne vous attendiez pas, je l'espère, à ce que je vous dise qu'on fera mieux la prochaine fois ! En fait, je pense que nous avons réussi un parcours sans faute, face à une équipe qui, ne vous fiez pas aux apparences, est très difficile à jouer et qui ne donne rien".

Le seul qui était mi-figue, mi-raisin dans l'enthousiasme général, c'était Victor Zvunka, blessé, il dut quitter le terrain à la 50e minute : "Décidément, hier, c'était ma fête, non seulement je me donne une entorse au genou en contrant un tir stéphanois, mais il a fallu aussi que "la mige" me donne un coup de poing sur le nez en voulant dégager. Enfin, l'important est que nous ayions gagné. Pour le reste, je vais me faire soigner énergiquement jusqu'à jeudi par Marcel Prévost le matin et par François Castellonese après-midi, je ne désespère pas d'être déclaré bon pour le service, samedi prochain, à Laval".

Un autre qui "ratait" un tout petit peu, c'était Baulier : "Vous vous rendez compte, expliquait-il, je n'avais pas encore réussi à marquer un but, depuis que je joue à l'O.M. Voilà que j'en marque un contre Saint-Étienne, il a fallu que l'arbitre signale un hors jeu de position d'un joueur qui se trouvait je me demande bien où. Décidément, c'est pas de chance. Encore heureux, poursuivez Baulier qu'on n'ait pas eu besoin de ce but pour gagner..."

Markovic expliquait simplement le succès de ses hommes. Ils ont joué comme il fallait, ils ont su se faire respecter. Ils ont fait preuve d'enthousiasme et de détermination. Ils ont aussi prouvé qu'ils étaient en bonne condition physique. Bref, ils ont fait un match sérieux, pourquoi dans ces conditions auraient-ils perdu ?

Allongé sur la table de massage, Marius Trésor expliquait : "C'était un match important pour nous, parce que les confrontations O.M. - St-Étienne sortent toujours de l'ordinaire. Je crois que le fait même d'avoir marqué dans les premières minutes a été excellent pour nous dans la mesure où ce but a décontracté. Que nous réserve l'avenir ? Je n'ose me prononcer. Mais, notre équipe est jeune, en conséquence, ambitieuse, et n'oubliez pas que l'appétit vient toujours en mangeant. Quant aux résultats d'aujourd'hui, je pense qu'ils ne souffrent d'aucune contestation. Dans la semaine, j'ai cru lire quelque part que nous étions à court terme. Je crois que nous avons démontré le contraire de la plus élégante des façons".

La conclusion, nous la laisserons au président d'Agostino qui se contenta de dire : "Un grand match, une grande victoire, un public content, une recette substantielle, nous sommes aujourd'hui comblés. Qu'ajouter de plus".

André de ROCCA

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JOUR DE FETE

Quarante mille spectateurs, une ambiance folle, avec majorettes, fifres et tambourins, et au bout du compte une fantastique victoire.

Le Tout-Marseille du football hier soir après-midi a été comblé au-delà de toute espérance dans ce vieux stade Vélodrome qui, depuis longtemps, n'avait enregistré un tel bonheur sans réserve. Des sourires grands comme ça s'étalaient sur toutes les lèvres à l'heure de la sortie : "cette fois, on les a eus !", entendait-on ici et là. Bref, pour résumer l'euphorie générale, c'était jour de fête du côté du boulevard Michelet.

Vous pensez ! Battre les "Verts" et surtout de cette manière... Jamais peut-être dans les annales, la supériorité des fameux maillots blancs ne s'était exprimée de la sorte.

"On aurait pu leur en mettre un ou deux de plus... regrettaient même certains spectateurs. C'est vrai, les occasions n'ont pas manqué aux Olympiens pour corser l'addition. Mais ne faisons pas la fine bouche. Trois à zéro, c'est net, franc et sans bavures. D'ordinaire, c'était plutôt le public de Geoffroy Guichard qui réclamait une chanson aux joueurs marseillais et à leurs dirigeants. Les rôles, cette fois, étaient inversés. La route du football a donc tourné si l'on s'en réfère aux impressions de cette rencontre et aux cris de la foule.

"Vous savez, nous disait Mario Zatelli, ça fait quand même quelque chose de voir enfin ces Stéphanois battus à plate couture. Des quolibets, j'en ai eu ma part. Alors, chacun son tour..."

Marcel Leclerc, lui aussi, était là et son commentaire était plutôt élogieux. "Une nouvelle grande équipe est en train de naître à Marseille, a affirmé l'ancien président. Je suis content pour Skoblar qui, semble-t-il, a su bâtir un O.M. que les Marseillais méritaient. On entendra encore parler de cette équipe, jeune, volontaire et ambitieuse".

Au travers de ses paroles, c'était un peu le passé glorieux qui ressurgissait. Et puisque nous en sommes aux souvenirs, on pourrait ajouter que Georges Bereta, l'ex capitaine stéphanois, n'en revenait pas lui-même après la leçon prise par ses anciens coéquipiers.

"Ben, mon vieux ! disait-il, j'ai beau chercher dans ma mémoire, jamais l'O.M. n'avait à ce point dominé son sujet en revenant les "Verts". Cette victoire sans aucun doute est de celles qui comptent".

Oui, ces Marseillais que l'on prétendait en baisse de forme ont décidément frappé un sacré coup sur la table du championnat. Tout y était, hier après-midi, l'enthousiasme, la manière, et même le spectacle. Car nous avons vécu aussi - et c'est important - un grand match de football. Grâce à Saint-Étienne bien sûr qui n'a jamais fermé le jeu, mais grâce à l'O.M. surtout qui nous a fait voir en 90 minutes ce dont il était capable. Un O.M. qui ne s'est pas seulement contenté de se hisser au niveau de l'adversaire, mais encore de le dominer dans tous les domaines. Une sensationnelle victoire donc, orchestrée par un remarquable Linderoth et ponctuée par les deux fers de lance Boubacar et Berdoll qui, pour sa rentrée, n'a pas fait de demi-mesure. Mais au-delà des particularités, c'est avant toute une victoire collective. Bravo M. Markovic de nous l'avoir servie sur un plateau.

Jean FERRARA

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L'opinion de l'arbitre

M. WURTZ :

"Un bon match"

Après avoir récupéré de ses généraux efforts, M. Wurtz qui arbitra à la satisfaction générale (sauf celle de Patrick Revelli qui fut constamment en train de contester) consentit à nous déclarer : "Je n'ai pas à vous dire si j'estime que le succès marseillais est mérité ou non, mais je peux préciser qu'à mon sens, c'est une très bonne partie qu'ont vue aujourd'hui les 40.000 spectateurs marseillais".

Pour ce qui est du but refusé à Baulier, M. Wurtz précisa encore : "Certes, le tir de l'arrière de l'O.M. était magnifique, mais mon arbitre de touche avait signalé un hors jeu de position de Boubacar. Il fallait, c'est le règlement, qui me le commande, que je le signale et qu'en conséquence, je refuse le point".

A. de R.

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Curkovic :

"Bravo les olympiens"

Déçu Robert Herbin ? Sans doute. Mais on sait que l'entraîneur stéphanois a pour habitude de ne jamais laisser beaucoup transparaître ses sentiments.

Encore qu'il ait été hier soir plus volubile qu'à l'accoutumée.

"Marseille a mérité sa victoire nous a-t-il dit ainsi, car ses attaquants ont joué avec astuce et ont utilisé le contre avec un certain bonheur.

Néanmoins, malgré cette lourde défaite, j'ai trouvé des éléments positifs pour ce match car nous avons beaucoup mieux joué qu'à Bastia par exemple. Nos joueurs n'ont jamais renoncé, ont disputé leurs chances jusqu'au bout avec le même acharnement, et cette volonté retrouvée est à mes yeux très importante.

Je suis persuadé que si nous jouons tous nos matches à l'extérieur avec les mêmes dispositions d'esprit, nous ne tarderons pas à obtenir de meilleurs résultats.

-Votre équipe n'est pourtant plus ce qu'elle était... ?

- "Non. Mais seuls ceux qui n'ont jamais joué au football pouvaient penser que Saint-Étienne allait éternellement se maintenir au sommet... On ne peut toujours être premier, le Bayern menacé de relégation en sait quelque chose.

Nous n'en sommes pas là, Dieu merci, et il n'y a pas lieu de s'affolé. Disons que notre objectif est un peu modifié et que nous viserons plutôt maintenant une place européenne que le titre.

- Vous estimez ce titre définitivement perdu ?

- "C'était aujourd'hui un match à 4 points qu'il ne fallait pas perdre. Nous comptions six défaites, les premiers n'en ont que quatre. C'est deux de trop pour nous et ce sont surtout nos faux-pas à Geoffroy Guichard qui nous coûtent cher...

"Mais je vous l'ai dit, la maison ne brûle pas pour autant...

- Pas d'inquiétude donc ?

- "Non, pas du tout. Nous allons nous efforcer de finir dans les trois ou quatre premiers et préparer au mieux la saison future".

Déception peu apparente également chez Pierre Garonnais :

"Au risque de vous surprendre, je vous dirai que nous avons bien joué aujourd'hui devant une excellente équipe. Nous avons eu en seconde mi-temps de très dangereuses réactions et Migeon a eu deux interventions déterminantes sans lesquels nous aurions pu revenir à 2-2.

"Et je ne suis pas d'accord avec ceux qui nous condamnent d'ores et déjà..."

À l'image de Rocheteau ("Je ne comprends pas ce qui nous arrive"), les joueurs étaient en revanche désabusés, voire accablés.

Seul Curkovic surmontait sa déception pour adresser les félicitations aux Marseillais :

"Ils forment une équipe vraiment extraordinaire qui jouera jusqu'au bout, j'en suis sûr, les premiers rôles. Mes compatriotes Skoblar et Markovic ont fait de l'excellent travail..."

Alain PECHERAL

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"HERBIN : Une chanson !"

Pour agrémenter le "repos des guerriers" à la mi-temps, nous avons eu droit à la charmante exhibition des majorettes marseillaises "Les Phocéennes" et les "Massaliottes" qui ont défilé au son de leur orchestre martial et décidé sous la direction de Christine Bel. Après les coups de pied... les coups de trompette !

LE DOPING

Depuis quelques mois, on murmure dans le lanterneau du football que les joueurs de ballon rond se dopent comme les cyclistes. Pour les Olympiens et les Stéphanois le meilleur doping avant cette rencontre, c'étaient les résultats de samedi soir, leurs adversaires les plus directs, Nice, Nantes et Strasbourg n'avaient-ils pas gagné !

SAINT-ÉTIENNE FAIT TOUJOURS RECETTE

L'an dernier, Saint-Étienne avait attiré 39.000 spectateurs au stade Vélodrome. L'année précédente 42.000 et hier après-midi encore plus de 40.000. Décidément si les Foréziens n'ont plus la classe internationale, ils continuent à être les favoris du public marseillais.

ILS ONT FAIT MENTIR LE PROVERBE

Un proverbe, que l'on répète bien souvent, affirme que nul n'est prophète en son pays. Deux entraîneurs sont en train de le faire mentir : Skoblar à l'O.M. et Gress à Strasbourg.

Ils ont pris en main l'un et l'autre des formations qui se traînaient l'année dernière et ils les conduisent avec brio vers les sommets !

HERBIN UNE CHANSON

Brusquement, à la 65e minute, le public s'est mis à scander : "Une chanson Herbin !"

Il ne faut pas croire que les Marseillais prenaient l'entraîneur des Stéphanois pour le nouvel Aznavour ou un autre Brel. Non, c'était la réponse du berger à la bergère. En effet, au stade Geoffroy Guichard, le public à l'habitude de réclamer une chanson à l'entraîneur de l'équipe visiteuse quand celle-ci a déjà encaissé plusieurs buts.

UNE BOUTIQUE VIDE

A l'entrée du stade Vélodrome une camionnette forézienne portait une enseigne : "La boutique des verts". Elle a attendu les clients, ils étaient rares. Sic transit gloria. Ainsi passa la gloire...

LE FAIR-PLAY DE M. WURTZ

M. Wurtz est un grand arbitre. Il a beaucoup d'autorité et d'élégance. Nous l'avons même vu au cours de la partie s'excuser auprès des Marseillais d'avoir sifflé en leur faveur un coup franc alors qu'ils avaient l'avantage dans la dispute de la balle.

MAIS OÙ SONT LES ÉTOILES D'ANTAN ?

Les Olympiens ont fourni un très grand match, mais en voyant jouer les Stéphanois, on pouvait se poser la question "Où sont les étoiles d'antan ? ". L'équipe d'Herbin a toujours un fond technique très solide mais pas d'attaque. Barthélémy n'a rien d'un canonnier ; il aurait fallu un avant-centre d'une autre trempe pour redonner de la vitalité à une attaque qui en manque beaucoup.

Alain DELCROIX

 

 

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