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Résumé Le Provencal

du 02 octobre 1976

PREMIERE VICTOIRE A L'EXTERIEUR

 

Les Olympiens brillants puis très courageux

SOCHAUX - Si les supporters sochaliens, encore traumatisés par l'élimination prématurée de leur équipe favorite en Coupe de l'UEFA semblaient avoir perdu tout intérêt pour les choses du football (il y avait à peine 4.000 spectateurs au Stade Bonal, record de non-affluence pour les Sochaux - O.M.), les supporters marseillais, eux, n'ont pas perdu tout espoir de voir Trésor et ses équipiers jouer un rôle intéressant dans le Championnat de France.

C'est pourquoi ce match revêtait une certaine importance pour ne pas dire une importance certaine à un moment où il devient capital de ne pas se laisser distancer au classement.

On espérait donc, hier, un bon comportement des Phocéens en Franche-Comté, et on était prêt à considérer, du côté de la Canebière, un nul, voire une victoire, comme un résultat encourageant pour la suite des événements.

Ces espoirs n'ont pas été déçus puisqu'à l'issue des 90 minutes, d'un match qui connut deux périodes bien distinctes, l'O.M. avait réussi à remporter sa première victoire à l'extérieur.

L'O.M. SÉDUIT...

Que s'est-il donc passé sur la pelouse du stade Bonal ? À vrai dire, les choses ne traînèrent pas en longueur puisque à peine plus de 3 minutes après que M. Bacou eut donné le coup d'envoi, Yazalde signait sa rentrée en déviant en pleine course, un centre d'Emon pour tromper Bats, une première fois.

Il devait récidiver une trentaine de minutes plus tard de la tête, à la suite d'un remarquable travail de Florès.

2 à 0 à la mi-temps, l'affaire semblait bien engagée, le temps que l'heureuse surprise c'étaient les Marseillais qui, en cette première période s'étaient assuré la maîtrise du ballon et avaient conduit les opérations avec beaucoup de sérénité et d'élégance, arrachant même à plusieurs reprises les murmures admiratifs des spectateurs sochaliens.

Autant dire qu'au moment du repos, personne ne songer à mettre en doute la supériorité des Méridionaux...

... ET SOUFFRE !

La deuxième période fut moins à l'avantage des Marseillais. On cherchera sans doute des explications à cette légère défaillance, encore qu'il semble que l'expulsion de Bracci n'ait pas été étrangère à ce déséquilibre que l'on constata alors.

Toujours est-il que les Sochaliens, remis en selle par un but de Soler dès la 53mn, prirent cette fois à leur compte la direction du match et se montrèrent menaçants jusqu'au coup de sifflet final.

Il semble logique de rendre hommage à la défense marseillaise, qui dut alors faire front avec le concours, mais oui, d'Alonso, voir Florès, parvenu longtemps soudain à un poste d'arrière latéral, qui n'est pas spécialement le leur.

Les assauts incessants des Sochaliens ne furent pas couronnés de succès, et tout rentrera dans l'ordre lorsqu'à un peu plus d'un quart d'heure de la fin Arribas se décida à faire entrer un défenseur à la place de Florès qui n'avait pas démérité jusque-là, loin s'en faut, mais qui ne pouvait remplacer au pied levé un joueur à un poste ou il n'a pas l'habitude d'opérer.

Cette victoire, faut-il le préciser, permet maintenant d'envisager pour les Marseillais la suite des opérations sur un certain optimisme. Ce fut donc hier soir, avant tout, la victoire d'une équipe au sein de laquelle Trésor bien sûr, mais aussi Alonso très précieux par ses services précis, et Emon, remarquable durant les premières quarante-cinq minutes, prirent une part prépondérante.

Nous garderons pour la bonne bouche Yazalde qui pour sa rentrée a réussi à marquer deux buts capitaux qui devraient redonner le moral au moral au goleador argentin.

Et on sait que pour un avant centre avoir confiance en ses moyens est une chose primordiale.

Si Hector continue à faire preuve de telles dispositions dans les matches à venir, l'O.M. aura enfin retrouvé l'avant-centre qui, depuis quelque temps, lui faisait défaut.

Quoi qu'il en soit, José Arribas et Jules Zvunka regagneront Marseille aujourd'hui, avec dans leurs valises les deux points de la victoire et aussi, et surtout, de multiples sujets de satisfaction.

ANDRE DE ROCCA

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MATCH TOTAL

Les visites successives au Stade Bonal nous l'ont appris : il pleut souvent en Franche-Comté.

Encore que, hier soir, aucune région n'ait été épargnée et que le Doubs n'ait pas été le plus mal loti, puisque certes une petite pluie fine avait fait son apparition, en fin d'après-midi, rendant la pelouse glissante, sans pour autant gêner outre mesure l'évolution des joueurs.

Quoi qu'il en soit, ne doivent pas être mis en cause les conditions atmosphériques (il faisait très beau cependant pour les piètres résultats de l'équipe sochalienne), il n'y avait guère plus de 4.000 personnes autour du terrain.

Un terrain, et nous le rappelions à Jules Zvunka avant le match, dont le passé avait toujours bien réussi à l'O.M. par l'un de ces mystères qui aiment à se répéter en football.

Sauf l'an dernier, bien sûr, ou un cinglant bonus sochalien avait douché les espérances marseillaises.

Il ne fallut pas longtemps pour se rendre compte que cette fois-ci ne ressemblerait pas à la précédente.

Deux buts de Yazalde, le revenant, concrétisant justement cette domination de tous les instants.

Cela, c'était en première mi-temps. Et puis, il y eut la suite. Un énervement général, difficilement compréhensible, peut-être dû au penalty refusé aux Sochaliens, sur une faute pourtant réelle de Bracci sur Benoît.

En tout cas, peu après, les deux hommes en venaient aux mains, pas méchamment, avouons-le. Et l'altercation avait paru, la tous, plutôt passible du carton jaune que du rouge. Mais c'est celui-ci qui fit son apparition. Le match, dès lors, bascula et les mauvais coups se mirent à pleuvoir.

Ajouter à cela le but de Soler qui survint aussitôt après la décision de M. Bacou. Et vous comprendrez qu'en quelques instants le combat venait de changer d'âme. De conquérant, l'O.M. devenait assailli.

Mais, comme le notait José Arribas aux vestiaires, l'O.M. avait, en d'autres circonstances, montré des qualités de courage et d'abnégation, méritant elle aussi un grand coup de chapeau.

Un match complet, en somme, brillant durant 45 minutes, courageux ensuite. Un match qui nous a personnellement réconcilié avec l'O.M. que nous n'avions pas vu depuis bien longtemps aussi bon en déplacement.

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

POURQUOI BRACCI A-T-IL ÉTÉ EXPULSÉ ?

La réponse est simple. On jouait depuis 7 minutes en seconde mi-temps lorsque l'arrière marseillais arrêta irrégulièrement, mais sans méchanceté, Benoît. Que se passa-t-il alors ? Bien malin qui peut le dire.

On vit cependant Bracci donner une gifle à son adversaire qui la lui rendit tout aussitôt. Ce n'était pas bien méchant, mais M. Bacou, qui commençait à être dépassé par les événements, sortit le carton rouge et expulsa les deux joueurs.

Bracci, c'est certain, ne jouera pas contre Lille.

M. BACOU A-T-IL BIEN ARBITRÉ ?

Il n'a pas été très mauvais, mais il n'a pas été très bon. Après une première mi-temps ou il laissa trop faire sans rien dire, il ne cessa pas, durant la deuxième période, de sortir carton jaune et carton rouge et pas toujours à bon escient.

Cela dit, il n'a vraisemblablement eu aucune influence sur le résultat final du match. Il faut s'en féliciter car, ne l'oublions pas, c'est lui qui, l'an passé à Lille, avait refusé quatre buts aux marseillais.

LE SUCCÈS OLYMPIEN EST-IL ENCOURAGEANT ?

À notre sens, oui, surtout après avoir vu l'excellente première mi-temps des hommes d'Arribas, qui, vraisemblablement, donnèrent une leçon aux Sochaliens.

Les éternels sceptiques nous diront que l'adversaire n'était pas bien bon. Nous répondrons à cela qu'il est tout de même réconfortant de voir un O.M. bon devant un prétendu mauvais adversaire car, ne l'oublions pas, nous avons souvent vu un O.M. mauvais devant un mauvais adversaire.

Un match qui devrait permettre d'envisager l'avenir avec une certaine sérénité.

4.000 SPECTATEURS À PEINE, POURQUOI ?

À notre sens, deux raisons essentielles. D'abord parce que le prestige phocéen en a pris, qu'on le veuille ou non, un sérieux coup au lendemain du cinglant 4 à 0 de Southampton. Ensuite parce qu'Alonso, pour l'heure, n'a pas la réputation qu'avaient ses prédécesseurs Skoblar, Paulo Cézar, Magnusson, Jaizinho pour ne citer qu'eux.

Une autre raison du peu d'engouement des supporters sochaliens, sans doute l'essentiel, les médiocres débuts de saison des locaux qui, depuis début août, ont soumis leurs supporters au régime de la douche écossaise.

A. de R.

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Yazalde, le buteur :

"J'ai retrouvé le punch !"

"Bravo, les gars ! Vous avez bien mérité de jours de repos complets !". C'est par cette phrase, bien accueillie, on le devine, que José Arribas a reçu ses hommes aux vestiaires.

"En tout cas, poursuivait-il à notre attention, il y a au moins une moralité à retirer de ce match. C'est que lorsque des occasions s'offrent à vous en nombre, il convient de ne pas les manquer. Car on ne sait jamais ce qui peut survenir après. En toute objectivité, je crois que l'on peut dire que nous aurions pu atteindre la mi-temps avec beaucoup plus que deux buts d'avance. Or la suite des événements a prouvé que cela était peu et que nous aurions pu perdre le bénéfice d'une première mi-temps extrêmement brillante.

"Néanmoins, ce soir, les satisfactions sont grandes : ces quarante-cinq premières minutes, tout d'abord, au cours desquelles nous avons posé des problèmes insolubles aux Sochaliens. La rentrée de Yazalde, enfin, qui a marqué deux buts et livré un match de grande qualité. Et même si nous avons été dominés, j'ajouterai la seconde période au cours de laquelle nous avons dû faire preuve de qualités différentes mais tout aussi importantes. Car sur un terrain, s'il importe de faire admirer sa technique et son brio, il est aussi indispensable de faire preuve de courage et d'abnégation. C'est ce que nos garçons ont su faire ce soir, malgré le handicap d'une défense de fortune, durant une bonne demi-heure.

"En tout cas, après le résultat positif obtenu à Troyes, je crois que notre progression à l'extérieur est on ne peut plus nette".

"Je pense, nous disait de son côté Marius Trésor, qu'il est vraiment très rare qu'une équipe parvienne à se créer autant d'occasions de buts à l'extérieur. Cela m'a rappelé le match que nous avions livré ici même, il y a trois ou quatre ans, avec Keita et Magnusson. Nous menions également 2 à 0 à la mi-temps, et nous avons beaucoup souffert ensuite.

"En tout cas, ce soir je ne vous tiendrai pas des propos aussi amers qu'après le match de Laval, car tous les gars méritent des éloges, d'autant pour leur excellente première mi-temps que pour la façon dont ils ont su préserver leurs résultats ensuite".

Le grand François Bracci était le seul à arborer une mine triste.

"C'est la première fois de ma carrière que je suis expulsé d'un terrain, nous disait-il. Ça fait vraiment mal. En plus, je ne suis pas coupable. Enfin, tant pis, puisque l'équipe à gagner. Mais un soir comme celui-ci, qui voit notre première victoire à l'extérieur, je regrette de ne pouvoir être vraiment heureux".

On a pris des coups, mais en a pris aussi deux points, nous disait Florès en posant de la glace sur ses tibias meurtris.

"Personnellement j'ai beaucoup souffert à cause du match de mercredi que je n'avais pas complètement digéré. Mais ce rôle de faux ailier, qu'on m'a fait tenir ce soir, me plaît beaucoup, surtout à l'extérieur, car il me laisse une grande liberté de manoeuvre.

"C'est un grand soir pour moi et c'est, finalement, la première victoire de l'O.M. à l'extérieur cette saison, mais c'est aussi la première victoire que je remporta avec les pros hors de Marseille en compétition officielle".

Tout en se rasant, Gérard Migeon nous expliquait : "La balle glissait terriblement : et en ce moment, depuis le but que nous avons pris contre Bastia, un peu par ma foi, je préfère ne pas prendre de risques. C'est pourquoi je n'ai pas hésité à souvent dégager du poing.

"En tout cas, vous verrez que maintenant ça va être plus difficile de nous battre car nous jouons enfin véritablement en équipe et bien regroupés".

Yazalde, quant à lui, avait fait une rentrée remarquée et en obtenant les deux buts de son équipe et en ce montrant un danger constant pour les défenseurs sochaliens.

"Le terrain souple n'était pas tellement agréable et surtout terriblement fatigant. En outre, les Sochaliens ne nous ont pas fait de cadeaux à Albert et à moi. Mais je sais que j'ai fait un bon match, même si, en deuxième mi-temps, les conditions de jeu étaient plus difficiles pour nous devant où nous parvenaient souvent des ballons perdus. Désormais, la machine est repartie.

Albert Emon précisément nous montrait ses tibias truffés de coups.

"Ces deux jours de repos ne seront pas inutiles. On va enfin pouvoir récupérer car avec Bastia, Southampton et Sochaux nous n'avons pas chômé en huit jours.

Ce match aura souligné qu'avec l'équipe que nous avons, si nous voulions bien faire "tourner le cuir" comme nous l'avons fait ce soir, nous pouvions faire très mal".

Quant à Victor Zvunka il nous lançait en filant sous la douche "2 à 0 à la mi-temps j'estime que ce n'est pas payé, mais le principal c'était bien de gagner".

A.P.

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Roland Courbis :

"Les Marseillais n'ont pas volé leur succès"

On était déçu, bien sûr, dans le camp sochalien : "Nous avons commencé le match en deuxième mi-temps, nous disait le capitaine Robert Pintenat. C'était beaucoup trop tard. Sans doute la faute de Bracci sur Benoît, méritait-elle un penalty qui aurait pu changer bien des choses. Pour les Marseillais, les choses ont été plus faciles en deuxième mi-temps ; en effet, ils ont pu contente de se défendre. Quant à nous, nous nous sommes avant tout battus nous-mêmes, en les laissant jouer en première mi-temps.

"Je ne suis pas seulement déçu d'avoir perdu contre l'O.M., nous disait de son côté Roland Courbis. Vous savez pourtant que j'attache une importance toute particulière à faire de bons matches devant mon ancienne équipe. Mais ce qui est terrible pour nous, c'est que cette défaite nous met maintenant dans une situation dramatique au classement. Cela dit, et même si durant le match j'ai eu quelques mouvements d'humeur, je dois reconnaître que la victoire des Marseillais, qui ont su nous balader durant la première partie de la rencontre, n'est absolument pas usurpé".

A.P.

 

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