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Résumé Le Provencal

du 14 février 1977

 

Le président MERIC à l'heure du choix

Un O.M. tout juste moyen aurait dû, hier, tailler en pièces une équipe de la Paillade volontaire, certes, sympathique même, mais véritablement insuffisamment armée pour mettre en réel danger une formation composée de joueur qui se prétendent professionnels.

Or, on sait ce qu'il s'est passé sur la pelouse du stade de La Prairie.

Fleury Di Nallo et ses équipiers se sont qualifiés le plus logiquement du monde pour les 16es de finale de la Coupe de France, alors que les Olympiens en 90 minutes ont tout perdu : leur Coupe, la face et leur dernier espoir de sauver une saison déjà pour le moins compromise.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Inutile de lire dans le marc de café pour affirmer que cette défaite va immanquablement déboucher sur une crise, une crise à l'état latent depuis déjà quelque temps.

À Marseille, les supporters boudent lorsque leurs favoris n'ont pas en championnat les résultats escomptés.

Mais, quand ces mêmes favoris se font "sortir" de la Coupe de France, "leur" Coupe de France, et surtout dans les conditions que l'on sait, alors ils voient rouge.

Les joueurs qui viennent, des heures peut-être, risquent donc de voir se tourner une nouvelle page de l'Olympique de Marseille.

Souvenons-nous.

Il y a trois ans, Brinder et Biterrois, en trompant Carnus en fin de match à Sète avait assassiné le président Gallian.

Quelque temps plus tard, c'était la prise de pouvoir de Fernand Meric et de son équipe.

Le but réussi hier par le jeune et talentueux Valadier présente de nombreuses similitudes avec celui de Brinder.

Aux mêmes causes les mêmes effets ? L'O.M. va-t-il changer de président ?

La question reste posée.

Hier après-midi, la défaite consommée, le président Meric nous a semblé être au bord du renoncement.

À son arrivée aux vestiaires, quelques secondes après le but des Héraultais, il fit en nous apercevant un salut militaire que nous avons traduit ainsi : "Messieurs, c'en est trop. Je vous dis au revoir".

Ce n'est qu'une impression. Mais même si elle est dénuée de fondement il y a gros à parier que dans les heures qui viennent nombreux sont ceux qui vont demander des têtes. Et pour ce faire on va rechercher des responsables.

On critiquera les joueurs qui, c'est vrai, ne sont que rarement à la hauteur de leur trop grande réputation, mais on critiquera aussi ceux qui sont allés les chercher et ceux qui ont la charge de les entraîner.

M. Fernand Meric va être sur le gril.

Reste à savoir s'il a l'intention de se défendre ou si (et nous penchons pour, cette thèse) il laissera à d'autres le soin de sauver ce qui peut encore l'être.

À condition que l'on fasse vite.

André de ROCCA

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 L'adieu à la Coupe pour un O.M. inconsistant

Il restait une minute et des poussières à jouer. La prolongation paraissait (hélas !) inévitable.

Hélas ! écrivons-nous, car ce que nous venions de voir ne méritait pas d'être prolongé.

C'est alors que le ballon échut, sur la droite du terrain, sous la tribune de presse, à Moh. On le savait redoutable et pourtant il n'était pas marqué. Ni de près, ni de loin. Il eut le temps de caresser le ballon et de s'avancer, comme à l'entraînement, comme à la parade, avant de centrer.

Dans la surface de réparation il y avait beaucoup de monde. Et des grands, Bracci, Zvunka, etc.

C'est pourtant le plus petit, mais le plus explosif, le plus vif, le plus rusé, le presque junior Valadier qui, de la tête, réussit à loger le ballon dans la cage.

Pour l'O.M., c'était le Moh de la fin. Allait commencer dans les vestiaires le temps des pleurs.

RIEN À DIRE

Le plus grave, le plus désolant, est qu'il n'y a pas grand-chose à dire.

Les 11.000 spectateurs entassés dans le stade de La Prairie furent d'une sagesse exemplaire.

L'arbitre, M. Kitabdjian, fut d'une impartialité presque totale et, au demeurant, il n'eut jamais à prendre de ses décisions épineuses pouvant modifier le cours d'une partie.

Pour un match de Coupe un vieux derby sorti des cendres de l'oubli, le jeu fut très correct. Quelques irrégularités, bien sûr, de part et d'autre, mais pas plus que dans une quelconque rencontre de football.

En outre, et c'est ce qui me chagrine le plus, la Paillade n'a même pas fait un grand match.

De l'avis de tous ceux qui la connaissent mieux que nous, l'équipe de Montpellier aurait fait son match habituel.

Ajoutons que cette sympathique formation, à son rythme habituel, et moyennement classée en Troisième division et a été battue, chez elle, par la réserve de l'O.M.

SEUL ALONSO

Que s'est-il donc passé ? vont nous demander les nombreux supporters n'ayant pas assisté à la rencontre.

Tout simplement qu'à l'exception d'Alonso égal à lui-même, tout les autres Olympiens jouèrent très au-dessous de leur valeur.

De celle qu'on leur prête ordinairement et peut-être généreusement.

Le plus grand fiasco fut celui des ailiers.

Émon, opposé un certain Terrasse qui, tout de même n'a jamais été remarqué par un quelconque sélectionneur, fut aussi timoré et mal inspiré que s'il avait eu devant lui le Fachetti des grands jours de la Squadra.

Zlataric, auquel on ne saurait reprocher de manquer de combativité, se noya dans le désordre le plus absolu.

Au centre, Florès, un peu moins décevant que ses deux partenaires de l'attaque, ne réussit pas à s'imposer face aux deux "Crocodiles" Auge et Béton.

Ces deux ex-Nîmois, pourtant très loin de leur meilleure forme.

Au milieu de terrain, Fernandez courut beaucoup dans le vide. En 74, il avait été meilleur avec Béziers (à Sète) contre l'O.M.

Pour Bereta, le problème est toujours le même. Il joue au milieu du terrain à la cadence d'un ailier émoussé.

Derrière, Baulier, absolument libre de ses mouvements (il n'y avait pas d'ailier gauche à Montpellier) aurait peut-être dû sa s'occuper un peu plus de Moh que d'offensives.

Quant à Gransart, il connut un petit Waterloo devant Valadier.

Si on y ajoute que Migeon est responsable du premier but de La Paillade, on comprendra mieux ce qui s'est passé.

ET MAINTENANT ?

Devant ce nouveau désastre, autant financier que sportive, on ne peut s'empêcher de penser au fameux match de Sète qui vit l'O.M. se faire sortir par Béziers.

Il y a trois ans.

Cette défaite, contre une adversaire pourtant supérieure à la Paillade, avait entraîné la démission du président Gallian.

La même cause va-t-elle produire les mêmes effets ?

Nous ne pouvons vous le dire, comme ça à chaud, mais il est bien certain que l'O.M. et sur une pente très dangereuse.

L'équipe que nous venons de voir hier à Alès et même plus une équipe.

Aux défaillances individuelles est venu s'ajouter le néant collectif, à moins que le second ne soit la conséquence directe des premières.

Car, enfin, une simplement moyenne équipe de l'O.M. aurait dû gagner ce match facilement.

Ne cherchons pas d'excuse de l'esprit de Coupe. Il n'a jamais vraiment soufflé, hier, à Alès.

Nul plus que nous n'est capable de mieux comprendre une équipe de Montpellier et d'applaudire à l'un de ses succès.

Mais le simple bon sens nous oblige à ajouter que la Paillade, que nous venons de voir, n'avait rien d'un foudre de guerre. D'un héros de la coupe.

Malgré tout le plaisir que nous ont procuré Moh, Valadier (un grand espoir sans doute) et l'inusable Landi, cette équipe était bonne à prendre part une simplement moyenne équipe de divisions 1.

Mais l'O.M. est-il toujours une équipe de divisions 1 ?

Maurice FABREGUETTES

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José Arribas abasourdi :

"C'est une honte !"

Triste spectacle dans les vestiaires marseillais.

Lorsque la porte s'est ouverte, 10 bonnes minutes après le retour des joueurs du terrain, n'avons pas osé rompre le silence de cathédrale qui régnait là.

Noguès, le dos tourné, appuyé contre le mur, ne pouvait s'empêcher de sangloter, au bord de la crise de nerf. François Castellonesse pleurait, Marcel Prévost aussi.

Jules Zvunka essuyait furtivement une larme, son frère Victor et Fernandez, la tête dans les mains, ne bougeait pas.

Les autres, prostrés, ne pipaient mot et Albert Emon, les yeux grands ouverts, immobile, donnait l'impression du boxeur K.O. debout.

Du côté des douches, président Meric, blanc comme un linge, semblait vouloir se cacher.

Quant à José Arribas, blême, il allait nerveusement du vestiaire aux douches, des douches aux vestiaires.

C'est lui qui le premier rompit le silence. "Que voulez-vous que je vous dise, il n'y a rien à dire. Et surtout que personne ne cherche à trouver des excuses, style, occasions ratées ou but de dernière minute. Des excuses il n'y en a pas. Cette équipe de la Paillade était mille fois notre portée, mais les joueurs ont été lamentables. Il y avait soi-disant onze professionnels aujourd'hui sur la pelouse, je ne les ai pas vus et je crois que personne ne les a vus. C'est une honte. Certains auraient voulu couler le club qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. Je le répète, c'est une honte".

C'était aussi l'avis de Fernand Meric. "Je crois que nos soi-disant professionnels sont beaucoup plus à l'aide pour la conversation et pour toucher leur chèque à la fin du mois que lorsqu'il s'agit de jouer au football. C'est tout ce que j'ai à dire".

Gérard Migeon, capitaine se contentait de répéter aux micros de confrères de la presse parlée : "Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Je ne comprends pas sans doute parce que c'est incompréhensible".

Le mot de la fin nous la laisserons à Alonso, qui, sous la douche, ignorant sans doute que nous ignorons rien des subtilités de la langue espagnole, se poser des questions pour lui-même "Comment aurions-nous pu gagner ? Ils ont eu trois occasions et ont marqué deux buts, nous en avons eu 25 et nous n'avons pas été fichus de tromper Landi plus d'une fois".

Eh oui, hélas !

A. de R.

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Landi : "Le bonjour des vieux"

Des larmes aussi dans les vestiaires de La Paillade, mais des larmes de joie.

Là, la porte ne resta pas fermée, et le vestiaire fut bientôt trop petit pour contenir tout le monde. La cohue est indescriptible lorsque retentit un triple et formidable "Zig et zig et zig - Aie ! Aie ! Aie !"Moh, le plus entouré, explique :

"J'étais "crevé", mais ce but de la dernière minute, c'est formidable. Je n'arrive même pas à y croire". Et Valadier ajoutait, hilare : "Dire que j'étais au bord du renoncement ; je n'arrivais plus à mettre un pied devant l'autre".

Les vétérans Di Nallo, Augé, Betton, cachaient mal leur émotion. Landi, visiblement plus heureuse que s'il venait de se qualifier pour la finale, voire de la gagner, nous lança dans un clin d'oeil : "Au fait, si vous voyez les Marseillais, donnez-leur donc un petit bonjour des vieux..."

L'entraîneur Nouzaret résuma parfaitement l'opinion générale : "Je crois que nous méritons amplement notre qualification. Notre grand mérite est sans doute d'y avoir cru jusqu'à la dernière minute. Par ailleurs, les Marseillais, il faut bien le dire, ne nous ont absolument rien appris. Ce 13 février, et quelle que soit la suite de notre carrière en Coupe de France, restera à jamais une grande date dans l'histoire de notre club".

On le comprend.

A. de R.

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