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Résumé Le Provencal

du 03 avril 1976

 

  O.M. : LE PLUS DUR ENSEMBLE FAIT !

  Un extraordinaire but de Trésor

et beaucoup... d'occasions ratées (1-1)

REIMS - Avant le match, dans l'autre long couloir des vestiaires de Reims, Jules Zvunka et Pierre Flamion se croisèrent sans se voir. Ils avaient le même visage contracté, les mêmes yeux absents. On eut dit deux ombres se rencontrant dans l'antichambre de l'enfer ou du paradis.

On pouvait déjà deviner ce qui allait se passer sur le terrain. Un match de coupe heurté, indécis, joué de bout en bout sur les nerfs. En fait, si l'on fait le compte de tout, aucune équipe n'a pu vraiment s'imposer à l'autre de façon irrésistible, et ce sont les aléas du jeu qui auraient pu faire la différence, si différence il y avait eu.

Mais il n'échappera à personne, surtout pas à nos lecteurs, que le seul fait pour l'O.M. d'avoir tenu Reims en échec sur son terrain constitue un très net avantage, en fonction du match retour.

Les Olympiens semblent donc avoir fait le plus dur sur la route des quarts de finale de la Coupe de France.

Et pourtant, ils auraient pu faire beaucoup mieux, avec un peu de chance, ou plutôt de sang-froid.

Yazalde eut trois balles de but sur son meilleur pied. Trois fois il les rata, ce qui est inhabituel pour un joueur de son expérience. Les nerfs, encore et toujours.

Mais ne soyons pas pour trop exigeant. L'O.M. avec beaucoup de courage, de bonne volonté et pas mal de technique, a fait hier à Reims ce qu'on pouvait espérer de mieux de sa part. On verra la suite samedi prochaine au stade vélodrome.

UN EXCELLENT BOUBACAR

Surprise agréable, la première mi-temps avait bien débuté pour l'O.M.

Pendant le premier quart d'heure, les Olympiens avaient eu généralement la maîtrise du jeu.

Pour ce qui est de la tactique de l'équipe, Victor Zvunka suivant Bianchi comme son ombre, Bracci marquait Vergne et Gransart Santamaria.

Passé ce premier quart d'heure, les Rémois prirent à leur tour la direction du jeu, grâce à la finesse technique de leur milieu de terrain et un excellent Ravier.

Mais le football n'étant pas une science exacte, tout se joua en une minute.

Boubacar, le meilleur attaquant olympien de cette mi-temps, réussi à échapper franchement à Brucato sur l'aile droite. Son centre ras de terre, intelligemment en retrait, trouva Yazalde seul, au niveau du point de penalty. Nous avions déjà marqué 1 à 0 pour l'O.M., mais le tir de l'Argentin passa très nettement au-dessus de la barre transversale.

Sur la remise en jeu, Vergnes donna à son équipe le seul but de cette mi-temps.

On le constatera une fois encore, le football tient souvent à peu de choses.

LA GRANDE CHEVAUCHÉE DE TRÉSOR

La deuxième mi-temps fut encore plus disputée que la première. Elle fut essentiellement marquée par ce que nous appellerons la grande chevauchée de Trésor. Dans un match de football ou les joueurs se tiennent d'aussi près, il se crée inévitablement de grands espaces libres auxquels on ne pense pas assez. C'est précisément dans un de ses espaces libres sur la gauche de la défense rémoise que s'engouffra Trésor lancé à toute vitesse, balle au pied. Il se servit de Yazalde comme relayeur et trompa Aubour le plus simplement du monde d'un tir croisé.

L'O.M. venait ainsi d'égaliser. La fin de partie fut, nous l'avions déjà dit, très indécise, jouée avec beaucoup d'ardeur de part et d'autre mais avec une certaine maladresse générale.

Il s'agissait vraiment d'un match de coupe et dans ce genre de compétition on sait que les joueurs ne font pas toujours exactement ce qu'ils veulent.

LA PART IMPORTANTE

DE LA DÉFENSE OLYMPIENNE.

Si l'O.M. a finalement obtenu le match nul, un match nul qui vaut une victoire, il le doit principalement à sa défense centrale.

Les Rémois commirent sans doute l'erreur de vouloir passer par le centre ou se trouvaient Vergnes et Bianchi. Mais ils oublièrent ainsi qu'ils se heurtèrent au point fort de l'O.M. c'est-à-dire V. Zvunka et Trésor.

Le premier ne fit aucun cadeau au super buteur argentin. On pouvait peut-être lui reprocher d'avoir confondu trop souvent les jambes de son adversaire (et cependant collègue) avec le ballon. Il faut jouer avec beaucoup de rigueur, mais ne jamais en abuser.

Un footballeur, même quand il joue dans l'équipe d'en face, et un homme comme les autres, un ami que l'on doit respecter. Surtout quand il s'agit d'un footballeur qui a eu la jambe cassée l'année dernière.

Mais à cette petite remarque morale près, c'est bien Trésor, V. Zwunka, également Bracci et même le jeune Gransart qui étouffèrent dans l'oeuf les velléités offensives rémoises. Grâce leur en soit rendue.

On notera encore le remarquable match de Boubacar qui s'est surpassé, la précision dans les passes de ce gros travailleur qu'est Fernandez et quelques actions à porter au crédit de Bereta.

Bref, un match qui fait bien augurer de celui de samedi prochain au stade vélodrome.

Maurice FABREGUETTES

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Ah ! si Hector...

Est-ce la présence d'Otto Gloria dans les tribunes ? On ne sait. Toujours est-il qu'en deux passes et trois mouvements actions rondement menées, O.M. avait pu démontrer qu'il était, hier, dans une de ces soirées plutôt fastes. Dans un premier temps, c'était, disons, encourageant. On avait même l'heureuse surprise de voir l'équipe marseillaise, non seulement contenir les assauts de l'adversaire champenois, mais aussi lui causer quelques petits problèmes. Des problèmes, ajoutons-le, que les divers observateurs n'avaient peut-être, pas prévu de cet ordre.

Nous avons écrit, dans un de nos récents articles, que quelque chose avait changé dans cette formation olympienne. Un quelque chose qui se situait dans l'état d'esprit. C'était vrai à Nimes. Ce le fut, encore, à Reims. Ne cherchons pas ailleurs les raisons pour lesquelles ce résultat, après l'autre acquis au stade Jean Bouin, apparaît des plus positifs. Et pourtant, croyez-vous, on a aussi quelques raisons d'invoquer une certaine malchance du côté marseillais. Un manque de réussite qui s'apparente fort, d'ailleurs, au peu d'inspiration de Yazalde. Nous avons souvent souligné le mérite de ce joueur, privé la plupart du temps de bons ballons. Et des bons ballons, Hector en a eu au moment ou moins trois, hier soir, qui pouvait faire autant de buts. Vous avez compris que l'avant-centre olympien aurait pu faire, à lui seul, la différence. Hélas, l'Argentin, qui n'était pas dans un de ces soirs de réussite, manqua ces excellentes occasions, ce qui arrive aux meilleurs. Dommage.

Mais, en dehors de ses fausses notes, inévitables peut-être, les Olympiens ont démontré que leurs ambitions en Coupe de France étaient tout à fait légitime. Et, en fait, c'est cela l'essentiel. On a également retrouvé une véritable équipe, aussi bien sur le plan collectif qu'individuel. Un homme comme Boubacar, par exemple, a fait l'unanimité autour de son nom. Bref, c'était la soirée des heureuses surprises.

Un spectateur rémois déçu s'écria à la fin de la rencontre : "Décidément, ces Marseillais, nous ne saurons jamais comment les prendre".

Et bien, pour ne rien vous cacher, ce sera aussi notre sentiment. Il n'empêche : un grand bravo à tout ces Olympiens. En attendant la suite, avec maintenant un optimisme certain.

Jean FERRARA

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Jules Zvunka : "Quelques regrets..."

OTTO GLORIA : "De réelles espérances"

Vous devinez, sans avoir assisté à la cette fin de partie, qu'un homme était beaucoup entouré dans les vestiaires marseillais. C'était Otto Gloria, qui selon son habitude, a répondu avec une grande courtoisie à toutes les questions de nos confrères.

Comment avez-vous trouvé cette rencontre ? était bien entendu la première question à poser au probable futur patron de l'O.M.

"Un bon match dans l'ensemble. Je crois que Reims a dominé la première mi-temps non seulement sur le plan territorial, mais aussi dans une certaine façon de jouer qui m'a paru élégante. Dans cette première période, l'O.M. a eu le mérite de contenir les assauts adverses, mais à mon avis un peu dans le désordre. En deuxième mi-temps, en revanche, l'O.M. c'est très bien repris. On avait changé la disposition des joueurs sur le terrain, et je crois que cette tactique a posé un peu plus de problèmes aux Champenois. Vous me demandez si le résultat est logique. Sur le vu des deux mi-temps, en effet, le score peut paraître équitable. Mais je crois que l'O.M. aurait pu enlever le gain de la partie si Yazalde avait eu un peu plus de réussite dans ses tentatives au but.

Qu'est-ce qui vous a le plus frappé dans cette rencontre ?

- Vous savez, il ne faut pas se contenter d'un seul match pour juger une équipe. Aujourd'hui je me contenterai de dire que l'O.M. est une formation pleine de promesses. Les perspectives, si vous voulez, me paraissent encourageantes. Maintenant, on me demande ici est là si j'aurais beaucoup de travail en prenant en main l'Olympique de Marseille ? En général, vous le savez comme moi, un entraîneur qui arrive dans un club a toujours plus ou moins du pain sur la planche.

- Comment voyez-vous le match retour ? Pensez-vous que l'O.M. n'aura pas de problème pour enlever sa qualification ?

- Dans une rencontre de coupe, on a toujours des problèmes, même lorsque l'on doit évoluer devant son public. Mais enfin, après ce résultat d'un à un, je pense que tous les Marseillais, et moi-même par la même occasion, pouvons afficher une confiance certaine.

-Quelles sont enfin les joueurs qui vous ont le plus favorablement impressionné du côté marseillais ?

- L'O.M. a fait, à mon avis, un très bon match d'équipe. Mais il est certain que Trésor, auteur d'un magnifique but, et Boubacar, très en vue dans le champ offensif, se sont peut-être mis un peu plus en évidence que leurs camarades.

- Quand aurons-nous maintenant la chance de vous revoir à Marseille ?

- Peut-être à la fin mai ou au début juin, si les pourparlers engagés avec le président Meric aboutissent, comme j'en ai l'espoir désormais. Maintenant, il est question que si l'O.M. effectue une brillante carrière en coupe de France, il ne serait pas impossible que je vienne le voir à l'oeuvre.

UNE JOIE LÉGITIME

Par ailleurs, dans le camp marseillais, il est inutile de préciser que l'ambiance était nettement à la joie. Jamais, peut-être, le champagne n'avait eu un goût aussi plaisant après une rencontre.

M. Meric, le premier, ne cachait passe sa satisfaction.

"Bien sûr, déclaré le président, j'aurais préféré une victoire par 2 à 1 qui, à mon avis, était tout à fait possible. Mais je crois qu'en obtenant le match nul devant un adversaire très difficile, l'O.M. a fait un grand pas vers la qualification".

C'était également invité du président Heuillet qui soulignait : "Sans l'aide de leurs supporters, je crois que les Rémois se seraient effondrés en deuxième mi-temps. J'espère que les nôtres, samedi, seront les imiter au stade Vélodrome".

Jules Zvunka, de son côté, mettez l'accent sur la malchance de son avant-centre.

"Je sais bien, nous dit-il, tout le monde doit penser que ce résultat de 1 à 1 et des plus favorables à l'O.M. Il me donne personnellement quelques regrets, car, vous l'avez vu comme moi, notre équipe avait ce soir des occasions nécessaires pour créer d'ores et déjà un écart irrémédiable. Mais enfin ne faisons pas la fine bouche. Je pense tout de même que l'O.M. a fait le plus dur. À lui de le confirmer maintenant au stade Vélodrome".

LES JOUEURS : UNE LÉGITIME SATISFACTION

Voyons maintenant l'opinion des joueurs. Là encore, vous devez vous douter que les uns et les autres étaient amplement satisfait du résultat. Gransart le premier nous a fait ses confidences :

"Au départ, j'étais un peu contracté, mais je n'ai pas tardé à prendre confiance au fil des minutes. Le résultat est pour moi très satisfaisant".

Le même avis pour Gérard Migeon que nous avons interviewé au moment où Otto Gloria venait lui serrer la main.

"C'est sur, nous avons eu des problèmes en première mi-temps, reconnaissait le gardien, mais personne ne s'est affolée. Et surtout après le but en contre de Vergne. Mieux même, en deuxième mi-temps, nous avons fait non seulement jeu égal avec les Rémois, mais je crois que qu'avec un peu plus de réussite nous pouvions les battre. Mais enfin, ne soyons pas trop gourmands".

Victor Zvunka et François Bracci était d'accord pour dire que le public marseillais, maintenant avait un rôle très important à jouer, samedi prochain. Quant à Marius Trésor, même si l'on sentait dans son sourire un soupçon de regret, il ne cachait pas lui non plus, que l'opération était bonne pour les couleurs olympiennes.

"En première mi-temps, nous avons, comme prévu, éprouvé quelques difficultés devant la remuante attaque rémoise, et nous avons prouvé par la suite que nous avions les arguments pour tenir tête à Bianchi et ses camarades. Je crois même que si Hector avait eu un peu plus de réussite, nous n'aurions d'ores et déjà, plus aucun problème. Mais enfin, il arrive à tous les d'avants-centres de manquer des bonnes occasions. Le plus malheureux, c'est qu'Hector, justement, n'est pas homme à laisser passer sa chance de telle façon. Mais enfin, n'en parlons plus".

Interrogé à son tour, Yazalde ne s'expliquait pas comment il avait fait pour raté la cage en trois occasions au moins :

"La première fois, j'ai mal calculé la trajectoire. La deuxième, je pensais que l'arbitre allait me siffler hors jeu et c'est pour cela que j'ai marqué un temps d'hésitation. J'estime malgré tout que l'essentiel est bien le résultat de match nul. Les fautes de ce soir, j'essaierai de les rattraper au match retour".

Bereta nous demandait, quant à lui de souligner le jeu d'équipe qui avait permis à l'O.M. d'obtenir son match nul. Quant au jeune Meunier, entré à quelques minutes de la fin il déclarait :

"Voilà deux fois que je rentre en jeu dans les dernières minutes. La première s'est traduite par une victoire à Nimes, la deuxième par un très bon match nul à Reims. J'espère que cela continuera..."

Ce qui nous fournira une très bonne conclusion.

J.F.

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Flamion : "Résultat logique"

Dans les vestiaires rémois, ce n'était pas la joie. On le comprend.

Le sage entraîneur Pierre Flamion a tiré la leçon de cette première manche : "Le résultat est logique sur la physionomie de la partie. Nous n'avons pas de regrets à avoir. Nous n'étions pas en bonne condition physique et il faudra l'admettre le milieu de terrain marseillais, qui opérait avec une unité de plus que nous, a été plus tranchant. Il faut maintenant analyser la situation. Les dés sont jetés, d'ores et déjà, pour le match retour".

Quant à Marcel Aubour, il déclarait : "On s'en tire bien. L'O.M. a eu plus d'occasions de buts que nous, et l'on tient compte qu'Hector Yazalde a manqué trois ou quatre buts. Nous verrons samedi prochain à Marseille"

R.C.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- Ce match nul est-il suffisant pour assurer la qualification de l'O.M. ?

En football, il ne faut jurer de rien, et l'on sait qu'un match est toujours nouveau. Toutefois, dans l'histoire relativement récente des matchs - aller-retour, un match nul sur le terrain de l'adversaire, à l'occasion de la première manche et presque toujours la certitude d'une victoire finale.

Il faut cependant considérer que Reims au stade Vélodrome peut espérer, avec Bianchi et Verges, marquer sur contre-attaque.

Rappelons qu'en championnat l'équipe champenoise ne s'inclina que par un à zéro. Il faut penser également que la défense de Reims sera plus dense et plus vigilante, samedi stade-vélodrome, qu'elle ne le fut hier, sur son propre terrain.

Cela dit, il faut ajouter que l'O.M. sera le grand favori de ce match retour. C'est dans la logique des choses.

Quelle fut la tactique générale de l'O.M. ?

L'O.M., venu dans l'intention de limiter les dégâts, d'essayer de surprendre son adversaire, ce qui faillit bien se produire, avait tablé sur un milieu de terrain renforcé.

C'est ainsi que Bereta, ailier gauche nominatif, joua pendant toute la partie en position de quatrième joueur de sa division se, ce qui permit à l'O.M. de stabiliser le jeu et dessus surprendre son adversaire.

Le danger pouvait être de laisser Gransart seul devant Santamaria, mais on sait que le jeune arrière marseillais se tira fort bien de cette tâche en apparence épineuse, sans le secours de personne.

Donc, on peut dire en guise de conclusion que la tactique de l'O.M. hier à Reims, fut la bonne.

L'arbitre remplaçant M. Delmer fut-il à la hauteur de sa tâche ?

M. Vautrot malade, on le sait, fut remplacé au dernier moment par son collègue M. Delmer.

Comme toujours, quand l'équipe du pays ne gagne pas, l'arbitrage fut plus ou moins contesté par le public. Il ne reste pas moins que M. Delmer fit de son mieux pour tenir les joueurs, au cours d'une rencontre qui aurait pu être encore plus chaude.

De toute façon, ce qui est le plus important, son arbitrage, n'influa nullement sur le résultat de la rencontre.

Il faut donc dire que M. Delmer a été un suppléant très convenable.

M.F.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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