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Résumé Le Provencal

du 09 février 1976

 

  L'O.M. ET MIGEON : LA TETE HAUTE !

  

SAINT ETIENNE DE PEU

GRACE AUX REVELLI (1-0)

SAINT-ETIENNE - Eh bien ce sera, pour la prochaine fois ! Mignon en tête, l'O.M. a fait trembler Saint-Étienne jusqu'à la 90e minute, sans réussir à l'ébranler.

Les spectateurs ont eu beaucoup de chance, car ils ont assisté à la meilleure mi-temps, à plus vivante, à la plus disputée.

Celle qui vit l'O.M. sortir de sa réserve se battre sur toutes les balles et poser de sérieux problèmes aux champions de France.

On a aussi constaté qu'une mi-temps pouvait être blanche et tout de même passionnante.

Car, si aucun but ne fut marqué au cours de la période télévisée, ce n'est pas par absence de tirs ou d'occasions de buts.

A tour de rôle, Migeon et Curkovic réussirent d'authentiques exploits au cours d'une fin de match débridée et qui vit, au fil des minutes, Saint-Étienne perde de sa sérénité et de son calme impérial.

Le plus grand mérite de l'O.M. au cours de cette deuxième période, en dépit de quelques bavures que vous avez pu constater, aura été de croire en sa chance et de se battre avec un magnifique espoir de challenger.

Tant et si bien que quand on se souvient du match dans son ensemble, on s'aperçoit que les meilleurs Stéphanois ont été les défenseurs Piazza, Lopez, Bathenay replié et, bien entendu, le bouillant Janvion.

Mais il ne faut pas oublier qu'un match dure 90 minutes et que durant la première mi-temps Saint-Étienne avait mené le grand jeu presque constamment.

UN BUT CENT POUR CENT

GARDANNAIS

La première mi-temps, que vous n'avez pas vue, a été remarquée par un constant avantage de Saint-Étienne (6 corners à 1 et un nombre beaucoup plus grand d'occasions de buts), encouragé par un public en or pour les joueurs du moment, mais effort injuste pour son ancien capitaine Bereta. Les champions de France attaquèrent ce match comme s'il s'agissait de la finale de la Coupe d'Europe.

Très largement dominé au milieu du terrain comme on s'y attendait d'ailleurs, l'O.M. fit front avec une grande détermination et un sang-froid certain en défense.

Migeon, Trésor, Fernandez s'étaient montrés les plus utiles en défense, tandis que Emon avait essayé de relancer le jeu, ce qui n'était jamais facile étant donné la grande domination stéphanoise.

Il fallut cependant attendre la 38e minute pour voir la marée verte passer la ligne Migeon.

Un but à cent pour cent gardannais, un centre de Patrick de la droite, et une reprise directe et Hervé à bout portant. Un but fraternel, un joli but aussi il faut bien le dire.

TOUT POUR LA COUPE

On peut regretter finalement que l'O.M. n'y ait pas cru plus tôt.

Sans doute en première mi-temps était-il sage essayé de contenir les innombrables offensives stéphanoises menées à cent à l'heure, mais un peu plus d'audace et de précision dans les contre-attaques n'eussent pas été un mal.

La deuxième mi-temps précisément a prouvé que l'écart entre les deux équipes n'était pas aussi grand que l'on pouvait le supposer.

À partir du moment où ils ne firent plus le complexe stéphanois, les Olympiens réussirent à s'élever presque au niveau de leurs adversaires. Ce sera la grande leçon de ce match.

Equipe encore très perspective, l'O.M. possède des moyens non négligeables, lesquels devraient leur permettre de faire une belle fin de saison et, à défaut du championnat déjà compromis, de faire une grande carrière en Coupe de France.

MIGEON, TRÉSOR, FERNANDEZ

ET EMON LES PLUS

CONSTANTS

Sur le plan des individualités, Saint-Étienne a montré en première mi-temps toutes les facettes de ce qui fait sa force : son talent collectif. Dans la forme qu'il afficha au cours de cette première période, Saint-Étienne peut envisager avec un optimisme certain son prochain match de Coupe d'Europe contre Dynamo Kiev.

En deuxième mi-temps, les champions de France se désunirent passablement et ils durent beaucoup à leur défense qui fit la loi de dans sa surface de réparation, en dépit de quelques erreurs de Curkovic, rarement heureux contre l'O.M.

Les deux autres grandes vedettes de l'équipe, Rocheteau et Larque ne purent s'exprimer totalement pour des tas de raisons, dont la principale est que la défense de l'O.M. fit bonne garde.

À l'O.M., sur les deux mi-temps, les meilleurs furent Migeon, dont vous avez certainement admiré le brio devant notre poste, Trésor, Fernandez, que l'on vit partout et qui relança le jeu fort habilement, plus Emon.

En deuxième mi-temps, Bracci, Victor Zvunka et Buigues se mirent à l'unisson, ce qui donna à l'équipe un tonus supplémentaire.

Le jeune Gransart nullement impressionnée par l'importance et l'ambiance de la rencontre, fit tout ce que l'on pouvait espérer de lui.

Bereta, marqué au centimètre et parfois durement par Janvion, et surtout hué à chacune de ses interventions par son ancien public, eut le mérite de faire un match assez bon.

Boubacar sortit en deuxième mi-temps après s'être battu comme il le fit toujours, mais cette fois, sans beaucoup de réussite.

Quant à Yazalde, il apparut en toute petite forme. Il y a certainement un cas Yazalde en ce moment. Quant à Noguès comme toujours, il sut se rendre utile en fin de match.

En conclusion, nous dirons que cette défaite de l'O.M., défaite extrême justesse, vaut bien certaines victoires difficiles obtenues contre des équipes médiocres.

Maurice FABREGUETTES

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Georges BERETA ;

"Encourageant pour l'avenir"

Depuis une dizaine d'années que nous venons à Saint-Étienne, nous n'avons jamais vu dans les vestiaires marseillais, après un match, des visages gracieux.

Hier encore, c'est un spectacle de désolation qui s'offrait à nous lorsque, quelques minutes après le coup de sifflet final, nous accostâmes les joueurs pour les traditionnelles interviewes.

Quelques-uns étaient déjà sous la douche, d'autres assis sur les bancs, la tête dans les mains, récupéraient.

Le président Meric, enfin, d'ordinaire si volubil6e, se contentait de hocher la tête en silence.

"Bien sûr, bien sûr, un match nul nous aurait comblés, mais, une fois encore, nous avons raté le coche surtout en deuxième mi-temps".

Jules Zwunka, très entouré, s'interrogeait :

"Pourquoi cet O.M. aux deux visages ? On n'arrive pas encore à saisir les raisons qui ont fait que mes joueurs ont abordé la rencontre aussi craintifs. Durant toute une mi-temps ils ont manqué de vivacité, ont été beaucoup trop statiques. Être prudent c'est une chose, mais jouer avec la peur au ventre en est une autre.

"On me demande pourquoi j'ai fait sortir Boubacar a la 60e minute ? Citez-moi des actions percutantes de Bouba ? Vous n'en trouverez pas. Voilà pourquoi j'ai décidé de le remplacer".

Robert Buigues était quelque peu en colère :

"On nous reproche d'avoir été prudents en première mi-temps. Alors donc ! Pensiez-vous que nous allons partir la fleur au fusil ? À mon sens, nous avons bien joué le coup, peut-être nous a-t-il manqué dans les quarante-cinq dernières minutes, un peu de réussite".

Trésor était, lui, plutôt de l'avis de son entraîneur :

"Inexplicable, notre première mi-temps. J'aurais compris que nous jouions mieux durant la première période que durant la seconde. À vrai dire, on ne veut pas parler de peur, car nous avions largement parlé de cette rencontre dans le semaine et nous savions que la tâche serait rude. Nous n'étions pas venus en victimes expiatoires..."

Un qui avait le large sourire c'était bien entendu, Gérard Migeon qui avait multiplié les exploits tout au long de la rencontre.

"Les amis (les supporters stéphanois) m'ont parlé du pays de la première à la dernière minute. Je vous avoue que j'avais commencé la partie très contractée, mais par la suite, malgré toutes les corvées et les sarcasmes, je crois avoir réussir à tirer mon épingle du jeu". C'est le moins que l'on puisse écrire.

Nous laisserons la conclusion à un autre Stéphanois Georges Bereta :

"Le public ne s'est pas montré tellement gentil avec moi. Mais je n'en ai cure. Ils m'ont tellement applaudi pendant plus de dix ans qu'ils peuvent se permettre d'un peu me siffler. Pour ce qui est du match, je regrette qu'on ne soit pas "rentré" dans le vif du sujet dès la première mi-temps. À mon avis, nous avons cependant réalisé un match encourageant dans la mesure où nous pensions ne pas être tout à fait au point physiquement alors que, vous vous êtes rendu compte, nous avons beaucoup mieux terminé que nos adversaires".

On verra dimanche, à Nancy, si "la Berete" avait vu juste.

A. de R.

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La malédiction de "Geoffroy Guichard"

A la mi-temps, nous n'aurions pas misé un centime, fût-il léger, et nous n'étions pas les seuls, sur les chances olympiennes. Pire, on se demandait si les "verts" qui avaient attaqué le match flamberge au vent, et avait contraint les "blancs" à la défensive, n'allaient pas obtenir un bonus, que tout un stade envisagé avec un certain sourire.

Et puis, il y eut les quarante-cinq dernières minutes !

L'an dernier, c'est durant cette deuxième période qu'un O.M. jusque là brillant, s'était soudain effondré sous les coups de butoir de l'adversaire.

Hier, ce fut tout à fait le contraire qui devait se produire. En effet, en deuxième mi-temps, faisant preuve d'un courage peu commun, et d'un certain panache, pour ne pas dire un panache certain, les Marseillais allaient étonner, à la fois leurs supporters et ceux de leurs rivaux qui, depuis le début de la saison, étaient jamais venus aussi nombreux à Geoffroy Guichard.

Encouragés par le brio de leur gardien de but qui, jouant à la perfection un jeu désormais appelé "Migeon vole", les Phocéens allaient sortir de leur coquille, et se montrer les égaux de leurs prestigieux rivaux.

Par opposition à l'espoir des supporters phocéens, le doute se mit à planer chez les inconditionnels Stéphanois. Contrairement à une désormais traditionnelle habitude, personne ne demanda au président Meric de chanter une chanson, et pas la moindre voix ne s'éleva des tribunes pour crier "Marseille ridicule". Mieux, on surprit quelques regards anxieux, attendre avec impatience, que l'horloge du stade, marqua l'ultime minute.

À la dernière seconde de la partie, on crut enfin que les efforts marseillais allaient être récompensés. Emon déboula sur la droite, laissa sur place son adversaire, pénétra dans les dix-huit mètres, et centra. Une tête stéphanoise dévia en corner.

Le corner de la dernière chance ? Même pas ! M. Vautrot, en effet, siffla la fin avant même que ne fut tiré le coup de pied de réparation.

Envolé le beau rêve. La malédiction du stade Geoffroy Guy n'est pas effacée. On reviendra l'année prochaine avec l'espoir de faire beaucoup mieux !

André de ROCCA

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Herbin : "Difficile"

Dans les vestiaires stéphanois, c'était comme à l'habitude la sérénité.

Tout le monde estimait que la victoire était des plus logiques même si elle n'avait pas été facile à obtenir.

Robert Herbin résumait ainsi l'opinion générale :

"Je crois que notre succès ne souffre d'aucune contestation, mais je dois vous avouer qu'il était difficile à obtenir. L'O.M. a fait une très bonne deuxième mi-temps. L'équipe phocéenne est peut-être moins brillante que par le passé, mais elle me semble plus complète et beaucoup plus difficile à manoeuvrer".

Quant à Hervé Revelli, auteur du but, il expliquait : "Bien sûr que je ne suis pas fait des amis aujourd'hui du côté de Marseille, mais qu'importe. C'était pour moi un match de rentrée. J'ai marqué un but. Je crois avoir fait ce que l'on attendait de moi. Pour l'instant cela suffit à mon bonheur".

A. de R.

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Le cerveau

Nous n'allons pas bien sur vous commenter les 45 cinq minutes du match Saint-Étienne - O.M. vécues hier sur le petit écran. Nos camarades sur place sont beaucoup mieux habilités pour le faire.

Deux remarques, cependant, pour le téléspectateur moyen que nous étions. La première sur le plan général et que les retransmissions, même pour une rencontre au sommet, n'ont plus aucun intérêt sportif quand elles sont en différé.

La deuxième est spéciale à l'O.M. Depuis le début de saison, l'équipe marseillaise est à la recherche d'un numéro 10, autrement dit un organisateur. Un joueur qui ait une claire vision du jeu, le sens collectif et autant que possible ne soit pas à proprement parler un réalisateur. Pour ne pas sacrifier dans un rôle de stratège, une part de ses qualités de buteur.

A qui a-t-on pensé en désignant ce joueur type ? À Bereta qui avait apparemment le physique de l'emploi ? Non ! le pied de l'ex-Stéphanois, dit-on, est plus utile à l'aile. Ça peut se défendre.

À Albaladejo ? Non plus, car Michel est à court de compétition. Ce qui se défend aussi puisque ce jeune homme ne joue plus.

À Yazalde, à la rigueur, qui n'étant plus tout à fait un dévoreur de buts, pourrait très bien se reconvertir, sa lucidité aidant à ce poste clé ? Pas davantage.

Après bien des expériences on a choisi Albert Emon. Certains seront pour, d'autres contre. Ou le bas commence à blesser, c'est que le jeune international est le seul capable, avec sa frappe de balle, d'être, devant un danger pour le gardien adverse. Deux occasions nettes, on l'a vu hier, sont venues de lui. Les attaquants de pointe ne son pas si nombreux en France qu'on veuille leur attribuer d'autres tâches, aussi nobles soient-elles. Emon s'y gaspille et c'est dommage.

Dans une équipe, il faut certes un cerveau, mais aussi, ne l'oublions pas, de bons exécutants. Et les deux, par définition, ne vont jamais de pair.

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- POURQUOI LE PUBLIC A-T-IL CONSPUÉ BERETA ?

- Avouons-le franchement, nous ne le savons pas.

Mais l'attitude du public stéphanois nous a choqué, il nous a paru indigne de spectateurs dons l'équipe a battu tous les records de titres.

Bereta est un pur Stéphanois. Il a fait toutes ses classes dans les équipes de jeunes du club.

Pendant de nombreuses saisons, en tant que capitaine, il a grandement contribué à la conquête de tous les titres qui font la gloire de l'A.S. de Saint-Étienne. Il n'a jamais ménagé sa peine. On l'a vu, sur tous les terrains de France, se battre avec le plus grand dynamisme et la plus grande volonté, pour son maillot. Ce fut un joueur stéphanois exemplaire et particulièrement glorieux. Dans ces conditions, il est inadmissible que son ancien public en vienne à le siffler pendant 90 minutes, sans arrêt, applaudissant chaque fois qui recevait un coup.

Tous ces gens-là, qui sifflaient, hier au stade Geoffroy Guichard, leur ancien capitaine, n'étaient pas des sportifs. Nous le déplorons pour eux. D'autant plus que, si Bereta est venu à Marseille, c'est surtout parce que son club d'origine n'a pas fait le nécessaire pour le conserver.

Il y a eu, également, en première mi-temps, une chose encore plus incompréhensible venant cette fois de l'arbitre : alors que Bereta avait été durement taclé par son ancien partenaire Janvion, il voulut se venger quelques seconds plus tard.

L'arbitre, M. Vautrot, sans tenir compte de l'origine de la faute, sortit un carton jaune, infligeant ainsi un avertissement à Bereta.

C'est une injustice et un manque de psychologie.

- POURQUOI BOUBACAR EST-IL SORTI ?

- Nous l'avons demandé à Jules Zwunka, il a répondu : "Parce que, à ce moment de la partie, il fallait faire quelque chose".

Il est certain que l'O.M., à ce moment-là, c'est-à-dire à une demi-heure de la fin, était mené par 1 à 0. Et il fallait donc essayer de renverser la situation, et il est évident que Boubacar n'avait pas été l'un des meilleurs olympiens au cours de la première période. On ne peut savoir, bien sûr, ce qu'il aurait fait en fin de rencontre. Un joueur comme Boubacar est toujours capable de montrer marquer un but à la dernière seconde du match.

Mais, dans les conditions de cette rencontre, on ne peut pas considérer comme une erreur le fait de l'avoir sorti pour faire entrer Noguès. D'autant plus que ce dernier, depuis qu'il est devenu titulaire à part entière du numéro 12, c'est parfois montré très utile sur des petits bouts de matches.

M.F.

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