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Résumé Le Provencal

du 05 octobre 1975

 

 L'O.M. POUVAIT ESPERER MIEUX !

 

Les Marseillais n'ont pas su préserver

Un match nul archi-mérité

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jean FERRARA)

LILLE - Eh bien non ! L'O.M. n'a pu réussir hier soir à Lille son coup du "Parc des Princes", l'équipe marseillaise n'est pourtant pas passée bien loin de l'exploit. C'est même dans les toutes dernières minutes qu'elle laissa échapper le point du match nul. Un partage qui, somme toute, eut été des plus logique. Mais les remarques faites après la coupe d'Europe concernant les lacunes olympiennes sont malheureusement redevenues au premier plan de l'actualité hier soir.

En somme, c'est encore un manque de réalisme qui fut, une nouvelle fois, la cause de la déception olympienne. Un réalisme qui ne concerne peut-être pas les attaquants, mais du moins la façon de défendre de l'équipe toute entière.

Dommage, l'O.M., hier soir, ne méritait pas ça

FLUX ET REFLUX

La première mi-temps débutait à 100 à l'heure. C'est pour une fois le cas de le dire, elle n'est pas près à ce propos, d'être oubliée par les spectateurs du vieux stade Henri Jooris : 5 buts marqués plus quatre refusés.

Nous n'avons pas besoin de nous étendre longuement pour signaler que le public en avait pris, comment dit pour son argent.

Le match d'ailleurs avait débuté de façon curieuse en ce sens qu'il donna lieu à un complet renversement de situation.

L'O.M., malgré la pression lilloise, parvenait non seulement à dominer son sujet, mais aussi à marquer un but dès la troisième minute, grâce à un coup franc de Emon, que l'arbitre seul ne vit pas pénétrer dans les filets.

Ce départ était plus que satisfaisant, mais l'O.M. n'avait plus qu'à recommencer, ce qu'il fit, empressons-nous de l'ajouter avec une bonne volonté évidente, mais aussi une certaine maîtrise.

Si vous voulez, personne ne s'était découragé dans les rangs marseillais. Mieux même, les Olympiens avaient, semble-t-il puisé des forces nouvelels après un coup du sort qui l'avait privé d'un point parfaitement valable, et comme en football, il y a parfois une justice, le même Emon, sur corner, cette fois, donnait à Nogues la balle du premier but que M. Bacou ne pouvait faire autrement que valider.

Dès lors, les quelques supporters marseillais qui étaient assistés à quelques minutes du coup d'envoi, pouvaient envisager la suite des événements avec pas mal d'optimisme.

Hélas, ce fut le moment précis où les qui marseillaise allait complètement se désunir comme elle le fit à Iena.

Le résultat fut même à ce point identique que les Lillois comme les Allemands de l'Est mettaient à trois reprises la balle hors de portée de Charrier.

Répétons-le, personne n'avait très bien compris ce changement de vue, mais le score lui était bel et bien inscrit au tableau d'affichage et tout était fait pour ramener le camp olympien à la réalité.

UN RETOUR MÉRITOIRE MAIS...

L'O.M. qui est capable du pire, mais aussi, comme l'on sait du meilleur, allait en administrer la preuve en réalisant un retour d'autant plus méritoire qu'on ne l'attendait plus, il faut bien le reconnaître. Un coup franc de Emon, détourné par le mur lillois, et remarquablement tiré, donner l'occasion à l'O.M. de remonter une partie de son retard avant la mi-temps.

Puis, une bonne ouverture de Bracci pour Yazalde permettait à l'Argentin, servi à la limite du hors-jeu, de rétablir l'équilibre cinq minutes après la pause.

Ouf ! Jules Zwunka, sur son banc de touche, pouvait pousser un soupir de soulagement. Mais l'entraîneur ne put savourer bien longtemps son plaisir après que l'arbitre eut refusé un nouveau but à Noguès pour un hors-jeu pas évident du tout, Karasi allait ajouter un quatrième but à trois buts de la fin qui faisait s'envoler définitivement les dernières illusions marseillaises.

Disons-le, cette courte défaite, qui va peser aussi lourd dans les jambes que sur le moral des Olympiens, n'est pas tout à fait justifiée sur la physionomie de la rencontre.

C'est sûr que l'O.M. n'a pas été favorisé par l'arbitrage, mais il doit, une fois encore, ne s'en prendre qu'à lui-même de laisser échapper un point et même deux, dans des conditions qui lui semblaient favorables.

Si, d'une part, les joueurs ne méritent pas d'être accablés par cet échec, car les uns et les autres se sont battus avec un coeur digne d'éloges, il est certain aussi que l'équipe encaisse beaucoup trop de buts : 4 hier soir face à un adversaire qui était d'une honnête moyenne mais sans plus.

C'est évidemment beaucoup et nous sommes nous-mêmes désarmés pour reprocher quoique ce soit à une défense qui, individuellement ne commit pas de faute grossière. C'est son homogénéité, une fois de plus, qui a été pris à défaut.

Nous ne pensons pas que cette défaite catastrophique. Mais bien entendu urgent que Jules Zwunka trouve rapidement une solution à ce délicat problème de la défense, car à ce rythme-là, il n'y aura plus de place d'honneur possible à l'heure des comptes.

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Le choeur des Olympiens

"Volés comme dans un bois"

Sitôt que M. Bacou eut sifflé le coup de sifflet final, les Olympiens l'entourèrent pour lui dire ses quatre vérités. Puis ils rentrèrent vestiaires pâles comme des morts, certains d'entre eux au bord de la crise de nerfs. Il fallut attendre quelques instants avant de pouvoir les rejoindre, Jules Zwunka ayant tenu à calmer les esprits.

Le premier que nous aperçûmes fut le président Meric. Cette fois, il n'avait pas de coupe de champagne à la main.

"Nous avons été volés comme dans un bois et même pire", déclara-t-il à qui voulait entendre. Et comme un journaliste lui demandait ce qu'il pensait de l'équipe lilloise, M. Meric répliqua sèchement : "Je pense que nous lui avons marqué 7 buts et qu'elle jouait devant ses supporters. Je pense aussi que, néanmoins, nous avons perdu 4 à 3, avouez que les mathématiques modernes sont véritablement une chose bizarre".

Comme on s'en doute, la colère du président était partagée par Jules Zvunka. Le coach était tellement déçu qui ne savait même pas s'il devait rire ou pleurer.

"C'est tout de même extraordinaire, disait-il d'un ton désabusé. Depuis notre défaite contre Iena, on se lamente sur les occasions que nous avons eues et que nous n'avons pas pu concrétiser. Aujourd'hui, on marque 7 buts et on nous en refuse 4. Je vous avoue qu'il y a de quoi vous dégoûtez, car sur ces 4 buts là, aucun, à mon avis, ne méritait d'être annulé. Puis, se calmant un peu, Zvunka continuait : "Ceci précisé, il faut que je vous dise que je suis satisfait de mon équipe. Certes, les Lillois jouant à domicile et attaquant le plus souvent avec le concours de leurs défenseurs, posèrent quelques problèmes en défense. Mais, à vrai dire, c'était une manière de jouer qui devait nous réussir, puisque nous excellons dans l'art du contre.

"Nous avons réussi au-delà de toute espérance. Mais que voulez-vous, en face de nous il y avait un certain M. Bacou et ses juges de touche. Onze joueurs plus trois arbitres, à quatorze contre onze, nous ne pouvions pas gagner.

"Un dernier mot, devait conclure entraîneur marseillais, Je suis également très content de la partie fournie par Fernandez qui a joué avec application et qui a beaucoup mieux terminé qu'il n'avait commencé. Nous tenons en lui un élément d'avenir".

Le capitaine Marius Trésor n'est pas en principe et coléreux, mais cette fois il estimait que M. Bacou avait dépassé les bornes : "Je vous jure sur ce que j'ai de plus cher au monde, que les quatre buts qui nous ont été refusés étaient valables. J'aurais compris, à la rigueur, que c'est arbitre nous refuse le but marqué par Yazalde sur passe de Bracci. Il y a peut-être là hors jeu, mais les autres, véritablement, c'est un scandale. D'ailleurs je ne lui ai pas caché ma façon de penser à la fin de la partie".

On apprit aussi que M. Bacou allait déposer un rapport contre le capitaine marseillais qui, si on le croit, l'aurait traité, lui et ses assesseurs, de voleurs.

Fernandez, à la fois content et déçu expliquait : "Je vous avoue que pour mes débuts, c'est une aventure assez extraordinaire. Évidemment quatre buts refusés, c'est beaucoup. Imaginez que l'on pouvait gagner ici avec le bonus, enfin, je crois avoir fait mon possible, et si la défaite, bien sûr, me peine terriblement, je suis néanmoins assez content de ma partie".

Écoutons maintenant Emon : "Lorsque j'ai centré pour Yazalde qui a marqué de la tête, M. Bacou a sifflé un coup franc contre moi, alors que l'arrière qui me chargeait était derrière moi et a percuté mon pied, ce qui a provoqué sa chute. C'était un but parfaitement valable".

Quant à Noguès, il tempètait : "Rendez-vous compte, Albert centre en retrait depuis la ligne de sortie de but et je reprends de volée. Il ne peut y avoir hors jeu. D'ailleurs j'ai vu M. Bacou se dirigeait vers le centre du terrain et j'ai sauté de joie. À ce moment-là, son juge de touche n'avait pas levé son drapeau. Il l'a fait quelques secondes plus tard, et le but a été annulé. Quelle drôle de chose en vérité !"

Nous laisserons la conclusion à René Charrier, lui aussi très vert de rage : "Passe encore de nous refuser quatre buts, chose qui, je crois, et unique dans les annales du football. Mais accordé celui que Karasi marque à l'ultime minute de jeu, voilà qui est incompréhensible. Le Yougoslave a hérité du ballon alors qu'il était à quelques dizaines de mètres de moi et nettement en position de hors-jeu. Quel scandale, quel scandale ! termina Charrier.

Les Marseillais étaient hier soir en colère, et une fois n'est pas coutume, nous leur donnerons raison sans restriction.

A. de R.

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Sept buts pour rien

Il y a à peine trois jours au soir de la défaite marseillaise devant Iena que les spécialistes licenciés ex-football se sont penchés sur l'élimination marseillaise pour tenter de comprendre le pourquoi et le comment des choses.

On a coupé des ballons en quatre et on en a conclu avec une rigueur toute scientifique que les hommes de Jules Zwunka avaient pêché par manque de réalisme offensif. Entendez par-là qu'ils n'avaient pas su exploiter les occasions qu'ils s'étaient créées. Partant du principe bien connu qu'il n'y a pas d'effet sans cause, de cause à effet, chacun unanimement crut avoir trouver le remède aux maux des phocéens.

Qu'ils convertissent en buts les occasions qui se présentent à eux, et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes.

C'est sans doute oublié que le football n'est pas une discipline où la logique a droit de cité. La preuve la plus éclatante nous avons eu ce soir, dans le vieux stade Henri Jooris qui n'en croyait pas ses gradins, de voir M. Bacou perdre les pédales et accumuler les fautes avec une déconcertante facilité. Peut-être n'avez-vous pas suivi notre raisonnement, alors soyons clair. Contrairement à ce qui s'est passé contre Iena, les joueurs marseillais réussiraient, hier soir, à tromper par 7 fois le gardien de but adverse pour un résultat identique à celui obtenu trois jours plus tôt : à savoir un match perdu. La chose est tellement rare et l'injustice fut, hier soir, si flagrante, que pour nous, une fois n'est pas coutume, seul arbitrage peut expliquer la défaite marseillaise. En football, c'est connu, il faut pour gagner, marquer plus de buts que l'adversaire, c'est bien ce qu'on réussit Trésor et ses équipiers. Ce n'est pas pour cela qu'ils ont empoché les deux points qui leur auraient permis de gagner le contact avec Lyon.

Toujours la glorieuse incertitude du sport ?

Laissez-nous sourire M. Bacou !

Désormais, la tâche des protégés du président Meric s'annonce difficile dans les mois à venir. Il leur faudra rattraper sept points aux aiglons, un handicap que certains jugent d'ores et déjà insurmontable.

Quoi qu'il en soit, le 17 octobre, en recevant au stade vélodrome les Katalinski ; Guillou, Huck Musemic et autres Adams à des hommes au haut maillot blanc auront l'occasion de prouver qu'ils sont capables de lutter à armes égales avec les meilleurs. Il faut espérer que le public marseillais se souviendra dans treize jours qu'hier soir, là-haut dans le Nord, à Lille très exactement, leur équipe admirable d'allant et de courage, a marqué sept buts à son adversaire.

Sept buts pour rien, hélas, trois fois hélas.

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PEYROCHE : "L'O.M. supérieur à l'an passé

Dans les vestiaires lillois, Georges Peyroche qui, le matin même avait été intronisé adjoint de Michel Hidalgo désormais responsable des équipes de France, était félicité de toutes parts, et à ce double titre. Pour sa nomination et pour sa victoire de son équipe.

Analysant la rencontre, entraîneur lillois, qui bien entendu à passer sous silence les erreurs d'arbitrage, nous a dit : "Nous avons assisté ce soir à une très grande rencontre de championnat. Le spectacle a été d'un niveau élevé, et ceux de la première à la dernière minute. Bien sûr, je suis très content de mon équipe, notamment de Parizon qui a éclaté, et de Coste, qui a fait une rencontre honorable, mais je dois le dire, l'équipe marseillaise m'a étonné. Je la trouve infiniment supérieure à celle que nous battîmes ici même l'an dernier, en coupe de France, par un but à zéro. On sent cette équipe capable de faire la différence à n'importe quel moment. Sur le plan individuel, j'ai surtout apprécié Marius Trésor et Albert Emon qui m'ont paru nettement au-dessus du lot. Le troisième international marseillais (puisqu'aussi bien maintenant il faut que je m'occupe des internationaux, même des équipes adverses), Bracci a paru souffrir devant Parizon, mais il ne faut surtout pas le condamner, car il a des moyens énormes et son adversaire, hier soir était en super forme".

Laissons la conclusion au nîmois Michel Mezy : "Je crois que le public a été content de la soirée. Il ne m'appartient pas de juger l'arbitre. Certes, il nous a peut-être donné un coup de pouce en refusant aux Marseillais un ou deux buts valables, mais est-ce que sur l'ensemble de la partie nous de méritions pas notre victoire ?"

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

1.) QUE DOIT-ON PENSER DE TOUS CES BUTS REFUSES ?

L'arbitre, M. Bacou, s'est en effet, distingué, hier soir, en refusant pas moins de cinq buts aux deux équipes. Nous allons d'abord nous attacher au premier, car, incontestablement, il priva l'O.M. d'un avantage mérité.

Sur coup franc, Emon avait réussi à lober le mur lillois et la balle, après avoir frappé le poteau, fut reprise par Gardon, malheureusement, à l'intérieur de ses filets. C'est d'ailleurs là que Duse vint capter cette balle. Et nous avons vu personnellement cette balle bel et bien à intérieure de la cage. L'arbitre de touche en décida autrement et M. Bacou refusa le but de l'O.M.

De toute évidence, il s'agissait d'une faute d'arbitrage, même si, bien sûr, elle n'était pas volontaire. Quant aux autres points refusés, ils le furent tous pour hors-jeu et pour faute préalable. Dans le cas, il s'agit d'une question d'appréciation et c'est bien entendu le directeur du jeu qui est le seul maître sur le terrain. Il n'en reste pas moins que cinq buts annulés font tout de même beaucoup pour une seule rencontre. Le malheur c'est que l'O.M. en fut la principale victime.

2.) L'O.M. EST-IL MARQUÉ PAR LA RENCONTRE DE COUPE D'EUROPE ?

Nous ne le pensons absolument pas. Et la meilleure des preuves c'est que les Olympiens ont non seulement réussi à ouvrir le score, mais, en plus, à refaire un lourd handicap lorsqu'ils étaient menés 3 à 1. Jusqu'au bout on a cru que les Marseillais allaient obtenir un match nul qui était somme toute une bonne performance.

En tout cas, les joueurs n'ont jamais donné l'impression de se ressentir, aussi bien moralement que physiquement, de la défaite contre Iena.

3.) POURQUOI TOUS CES BUTS ENCAISSÉS ?

Il est évident que c'est actuellement la question brûlante à l'O.M., une question que doivent se poser aussi avec insistance tous les supporters. À vrai dire, nous n'arrivons pas à saisir le pourquoi et le comment qui font qu'une telle équipe, constituée en défense par des individualités de valeur, en arrive à être prises si souvent en défaut. Hier soir, nous le disons par ailleurs, Charrier n'a rien à se reprocher. Lemee et Bracci, les arrières d'ailes, on fait tous deux un match courageux et méritoire. Quant à Trésor, qui fut l'un des meilleurs joueurs de son équipe, et à Victor Zvunka, toujours aussi volontaire sur l'homme, ils n'ont pas non plus grand-chose à se reprocher. C'est donc, comme nous l'avons déjà écrit, que le mal de la défense n'est non pas individuel mais bel et bien collectif.

On a déjà dit que la zone serait un moyen plus efficace et certainement plus approprié aux moyens des joueurs qui composent la défense. Après le match de Lille, notre conviction sur ce point est d'ailleurs renforcée.

J.F.

 

 

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