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Résumé Le Provencal

du 10 septembre 1975

  

UNE DATE DANS L'HISTOIRE DE L'O.M.

 

SAINT ETIENNE bousculé à l'issue

d'une grande dramatique sportive

M. Fernand Meric ne nous contredira pas, un bon match c'est d'abord un bon scénario, avec de préférence une fin heureuse. Le reste a beaucoup moins d'importance quoi que puissent en penser les froids techniciens.

On a vu des rencontres admirablement jouées par les deux équipes et qui se terminèrent par de désolants 0 à 0, devant des spectateurs consternés.

Hier soir, le public du stade-vélodrome fut comblé au-delà de ses espérances les plus optimistes. Un scénario à vous couper le premier et même le deuxième souffle. L'espoir succédant à la désolation et la certitude d'une victoire remplaçant le doute dès le début de la seconde mi-temps.

Dans ces conditions, il faudrait avoir l'esprit tordu pour se pencher sur cette rencontre avec une loupe. Vouloir peser les mérites des uns, les fautes des autres, et faire une distinction entre ce qui fut beau et ce qui fut le fait du hasard. Nos lecteurs, qui se trouvaient, hier soir, en majorité au stade vélodrome, ne comprendraient pas.

Ils ont vu leur équipe remonter les abîmes d'un 0 à 2 pour finalement remonter et dépasser largement le champion de France.

C'est déjà beaucoup pour une seule soirée, et nous retiendrons comme titre le grand cri qui s'éleva de la foule quand M. Wurtz siffla la fin : "On a gagné ! On a gagné !". Il est vrai que la troisième victoire de l'O.M. sur Saint-Étienne en 10 saisons consécutives représente un événement pour les supporters olympiens. C'est un peu comme si on leur avait enlevé un poids de la poitrine.

LE TOURNANT

PSYCHOLOGIQUE

La première mi-temps devait confirmer que le football est une science inexacte, et combien il faut éviter les changements brutaux.

La 35e minute, un petit Saint-Étienne, dont le milieu de terrain ne s'imposait nullement, menée par 2 à 0. Deux buts de contre-attaque. Deux buts de Rocheteau. De l'O.M. jusque-là on pouvait se demander s'il existait vraiment un tant qu'équipe. C'était la désolation dans un grand stade dont les milliers et des milliers de spectateurs commençaient à siffler les Olympiens.

Erreur fatale, Buigues, grand spécialiste des "têtes" dites basses, bondit sur occasion et marqua le premier but de son équipe.

Ce fut le grand tournant psychologique. Le scénario classique en cyclisme d'un coureur échappé, voyant soudain un poursuivant dans son dos. Il a l'impression d'avoir du plomb dans ses jambes, alors que son rival se sent des ailes. En six minutes exactement, l'O.M. allait passer de 0 à 2 à 3 à 2. Un de ses renversements de situation que le public adore, surtout quand ils sont à l'avantage des siens, et qui transforment un simple match en grande dramatique sportive.

EMON :

UN BUT À LA SKOBLAR

Rocheteau ayant marqué deux buts, Emon était-il un peu jaloux ? Il avait en tout cas faire une éclatante démonstration de son talent en début de deuxième mi-temps. De la gauche, sous un angle extrêmement fermé, un but à la Skoblar. Une frappe du gauche, avec effet rentrant, dont la trajectoire trompa complètement Curkovic.

Que la responsabilité de l'international yougoslave ait été un peu engagée sur ce but ne se discute pas. Mais, techniquement, l'exploit d'Emon était joli. Ce but avait en tout cas le mérite de rassurer l'O.M., de confirmer sa victoire. Il ne reste plus alors qu'à attendre le bonus.

Cependant, au bénéfice de quelques contre-attaques, dont la dernière à quelques secondes de la fin, l'O.M. ne rata ce bonus que de très peu.

L'O.M. A MARCHÉ AU MORAL

Cette éclatante victoire, qui fera date dans l'histoire du club, l'O.M. l'a surtout obtenue au moral. Il est d'ailleurs facile de constater que ses meilleurs joueurs de cette inoubliable soirée n'ont pas été ceux que l'on considère comme les vedettes de l'équipe. Yazalde et Bereta, en particulier, jouèrent de manière assez anonyme.

C'est des ailes que vint le plus grand danger pour Saint-Étienne. Emon a enfin fait la démonstration, devant son public, qu'il était un attaquant de classe internationale.

Pendant les plus mauvais moments de l'O.M., en début de match, il avait été le seul à faire quelques petites choses très pertinentes. En fin de match, il devait se déchaîner complètement pour nous montrer toutes les facettes de son grand talent.

Boubacar, qui fut à l'origine du deuxième but, un but tout d'enthousiasme, se signala par ses changements de vitesse, il fut celui qui apporta le plus de tonus dans l'attaque olympienne.

Retenons encore l'excellent match d'Albaladejo et de Buigues. Ce dernier, que l'on avait dit récemment en petite forme, a prouvé une nouvelle fois qu'il était un joueur absolument indiscutable.

Quant à la défense, après une première demi-heure d'affolement, elle se racheta totalement.

Il faut bien dire également, pour rester objectif, que nous n'avons pas vu, hier soir, le plus grand Saint-Étienne.

En première mi-temps, même pendant sa meilleure période, nous n'avons pas reconnu l'équipe dont on se plaisait à dire qu'elle valait surtout par son fond de jeu.

Le milieu de terrain stéphanois ne se mettait nullement en évidence, et alors que l'O.M. passait à l'attaque, la défense de Saint-Étienne se mit à commettre des fautes extrêmement graves.

Comme nous l'avons dit au début de cet article, il faut éviter les jugements brutaux. Rien ne prouve encore que Saint-Étienne conservera pas une saison de plus son titre de champion de France.

Toutefois, sur ce que nous avons pu voir, hier soir, on va commencer dans la capitale du Forez à se poser des questions. Il reste à Saint-Étienne la prochaine Coupe d'Europe pour redémontrer qu'il est bien encore le meilleur de France.

Quant à l'O.M., que cette victoire vient de remettre en piste pour les premières places du championnat, il devra, lui, confirmer cette grande performance au cours des prochains matches.

Quoi qu'il en soit, on peut penser que l'effet moral de ce succès à panache sur l'ensemble de l'équipe, sur les dirigeants, sur les entraîneurs, et sur les supporters, et bien entendu sur les joueurs, sera aussi grand que ce que nous voulons bien l'espérer.

Maurice FABREGUETTE

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Le président MERIC : "C'est un grand

jour pour l'O.M. et pour MARSEILLE !"

Si on vous disait que l'ambiance était triste, hier soir, dans les vestiaires de l'O.M., vous ne les croiriez pas, bien entendu. Et vous auriez bien raison car jamais nous n'avons vu personnellement un état si euphorie dans la salle réservée aux joueurs. M. Meric n'avait plus de voix, mais son visage rayonnant indiquait, sans l'ombre d'un doute, qui était un président heureux.

"Oui, nous dit-il, je suis ce soir un homme ravi, car notre équipe vient de remporter un succès qui fera certainement date dans les annales de notre club. C'est un grand jour, à la fois pour l'O.M. et pour notre ville tout entière. La série noire vient donc de se terminer devant cet adversaire stéphanois, et je crois qu'on peut féliciter publiquement notre entraîneur."

M. Meric tourna alors vers Jules Zwunka pour lui dire :

"Bravo Jules, vous venez d'étrenner - et de quelle magnifique façon - votre nouveau titre d'entraîneur !"

JULES ZWVNKA : J'AI

TOUJOURS ÉTÉ CONFIANT

Une coupe de champagne à la main, un sourire encore un peu crispé sur les lèvres (c'est éprouvant de suivre une telle partie depuis un banc de touche), Jules Zvunka savourait, lui aussi, son plaisir.

"Je suis très content pour les garçons, nous dit-il. Tous ont travaillé d'arrache-pied ces derniers jours pour éviter pour être à la hauteur de l'événement. Je crois qu'ils ont ce soir magnifiquement récompensés de leurs efforts. Sur le match lui-même, je dirais que je n'ai jamais perdu confiance même quand Saint-Étienne menait largement au tableau d'affichage. J'irai même plus loin, lorsqu'on Rocheteau a inscrit le premier but, j'ai pensé tout haut que nous battrions ce soir notre adversaire. Vous savez que l'O.M. dans les récentes rencontres, avait toujours inscrit le premier but avant de s'incliner par la suite. Ce soir, en quelque sorte, c'est un changement de décor. Enfin, en un mot comme en mille, voilà une bonne chose de faite. L'O.M. maintenant va pouvoir travailler avec un moral regonflé. Et cela est très important car la saison est encore longue."

GEORGES BERETA : UNE

EXTRAORDINAIRE

PERFORMANCE

Georges Bereta, on le devine, était très entouré par les représentants de la presse. Lui, ancien stéphanois avait participé, cette fois, la victoire de l'O.M. :

"Je vous avouerai tout de même, nous dit-il, qu'à 2 à 0, j'ai commencé à me faire un sacré mauvais sang. Je connais bien les Stéphanois et en général quand ils ont une avance aussi grande au tableau d'affichage, il est pratiquement impossible de les remonter. Ils n'ont pas leur pareil pour faire circuler le ballon et préserver sans trop de dommages leur avance. C'est justement là que se trouve le grand mérite de l'O.M. Nous n'avons jamais renoncé. Nous avons fait également la preuve que notre technique d'ensemble était au moins égale à celle des Stéphanois. Il s'agit sans aucun doute, d'une excellente performance. Ce succès va non seulement relancer l'O.M. dans la course au titre mais il aura aussi une incidence surtout championnat. N'oublions pas que Saint-Étienne est un demi-finaliste de la Coupe d'Europe. Ce sera pour nous un stimulant de premier choix de lui avoir fait toucher les épaules. Sur le plan tactique, Yazalde et moi-même avions des consignes pour nous tenir en retrait de notre attaque. Cela pour essayer d'attirer la défense centrale adverse. Je crois en définitive, que cette méthode nous a bien réussi."

Voyons maintenant l'opinion d'Albert Emon, qui fut l'un des grands tente de ce match :

"Vous allez me dire que je plaisante, lança-t-il, mais la nuit dernière j'ai rêvé que je marquais deux buts et que l'O.M. emporter par 5 à 2. Je ne me suis trompé que d'un petit but. Mais croyez bien que cela suffit à mon bonheur."

Nous avons demandé à Emon s'il avait voulu réellement tirer au but sur la deuxième action dangereuse victorieuse :

"Non, reconnaissait-il sportivement, j'ai voulu centrer. Mais, voyez-vous, il arrive souvent que des ailiers marquent un but avec au départ la même intention que la mienne. Ce soir j'ai eu de la chance. D'une façon ou d'une autre, nous avons réussi enfin à battre ses stéphanois. Et déjà j'ajouterai en conclusion que ce n'est pas malheureux..."

Boubacar, lui aussi, été réellement après la victoire :

"C'est la première fois, nous dit-il, que je rencontre Saint-Étienne. Alors, vous pensez si je suis content de cette victoire. Farisson, mon garde du corps, et un défenseur déjà en renom dans le football français et je crois en toute modestie que je lui ai donnée pas mal de fil à retordre. Pour moi, ce fus une rencontre extraordinaire."

René Charrier, à son tour, donna son opinion :

"Ce but, bien sûr, crispant au bout début, quand Saint-Étienne menait 2 à 0 à la marque. Par la suite, je pense que l'O.M. a prit la mesure de son adversaire et nous avons alors dominé dans tous les compartiments du jeu, ou presque. Cette rencontre, à mon avis, aura des heureuses répercussions pour la suite du championnat."

Fernandez, qui était le douzième homme, a lui aussi apprécié le match de ses camarades :

"Sincèrement, ce que l'équipe a réalisé ce soir, est un véritable exploit". Nous dit-il, alors qu'il avait eu la surprise, signalons-le, d'être incorporé dans l'équipe à son retour d'Alger où il avait brillamment participé aux Jeux méditerranéens.

Nous laisserons le mot de la fin au vice-président Roger Heuillet.

"Tout cela est excellent pour le moral de l'Olympique de Marseille. Nous allons aborder le premier tour de la Coupe d'Europe avec un moral tout neuf. Notre objectif à nous tous, les dirigeants, était de déterminé une fois encore le championnat dans les trois premiers. Je pense, en toute sincérité, que nous sommes fidèles à notre tableau de marche."

Jean FERRARA

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Pas seulement une paire de points !

Quel match, mes seigneurs, quel match ! L'O.M. - Saint-Étienne sont décidément semblables aux Galeries Lafayette : il s'y passe toujours quelque chose.

Rappelez-vous : le but de Bosquier contre son camp en 71, celui de Piazza l'an dernier, la "chanson de geste" de Keita la saison précédente, la crucifixion de la 90e minute signée Larqué, en 72.

Et pourtant, cette fois, on n'y croyait pas trop. Il y avait un Saint-Étienne incomplet, les préoccupations européennes, il y avait certes cette date peu favorable dans le calendrier, amenant les deux ogres à s'affronter trop tôt, beaucoup trop tôt dans la saison, pour que l'incidence de leur opposition apparaisse clairement sur le schéma général de l'épreuve.

Il y avait surtout ce début de match hésitant, figée, des équipes que l'on ne reconnaissait pas.

Mais le premier but de Rocheteau n'avait pas pu réussir à allumer la mèche d'un feu de Bengale qui se demandait pourtant qu'à embraser un ciel de fiesta. Et l'on se résignait presque à voir le premier O.M. - Saint-Étienne triste de la décennie.

Et puis, il y eut ce deuxième but de Rocheteau : peut être hors jeu, peut-être pas. Le nouveau petit prodige stéphanois signait là ses premiers pas sur la pelouse marseillaise, de fort joli façon, ma foi, sous l'oeil hautement intéressé de Stéphane Kovacs, l'homme qui fit de lui un internationale après une dizaine d'apparitions seulement chez les professionnels.

Le dénouement, décidément, allait être conforme à la tradition... Et pourtant, sans ce but qui apparemment les anéantissait, les Olympiens n'eussent peut-être jamais gagné ce match. Sentant que tout était perdu, y compris l'honneur, ils se ruèrent à l'assaut comme des soldats ivres, renversant tout sur leur passage, leur crainte, leur plan d'attaque, et l'autorité solidement acquise d'un adversaire peut-être perdu à cet instant précis par un excès de confiance. Au diable les consignes, que vive l'anarchie !

Et le stade, encore nimbé dans sone silence, n'eut pas le temps de reprendre vie...

Et le stade, encore nimbé dans sone silence, n'eut pas le temps de reprendre vie... Pas le temps de décocher ses flèches amoureusement empoisonnées à l'adresse de ces onze feignants trop grassement payés, responsable d'une nouvelle humiliation.

En un éclair, deux d'entre eux avaient changé la face des choses. Minutes extraordinaires d'intensité, comme seuls les O.M. - Saint-Étienne peuvent en offrir. Prolongées jusqu'à la mi-temps par la soudaine détresse de onze garçons qui d'assaillants devenaient assaillis, par libération euphorique de onze autres sentant soudain l'irréalisable à la pointe de leurs chaussures.

Battre les "Verts"... c'était le but, le rêve, l'ambition suprême. L'unique objet de leur acharnement. Georges Bereta, qui avait été sous l'habit stéphanois de toutes les campagnes victorieuses, de tous les coups de Trafalgar infligé aux Marseillais, ne pouvait rester étranger au débat.

Dès lors, dès le troisième but qu'il offrit à Emon, il apparut que l'heure de la revanche avait sonné pour un public trop souvent pris au piège des folles espérances, comme pour ses joueurs pour la plupart encore sous le coup des humiliations reçues tant ici même que dans l'antre inviolable de Geoffroy Guichard.

Certes, me direz-vous, perdre à Marseille devait bien survenir un jour dans l'histoire rectiligne de l'A.S. Saint-Étienne qui n'en fera pas autant une maladie.

Certes, le championnat ne fait que commencer et l'O.M. n'a somme toute enlevé qu'une victoire comme les autres sur le plan de l'arithmétique pure.

Mais, je ne sais pas si vous êtes comme moi : je n'aime pas les mathématiques, car elles étouffent trop. Derrière la sécheresse de leurs chiffres, les sentiments peut-être primaires, mais tellement humains que peut faire naître même un simple match de football.

Alain PECHERAL

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M. ROGER ROCHER : "La victoire

de Marseille est incontestable"

La joie ne régnait pas dans le camp stéphanois après la défaite subie contre les Marseillais. Le président Rocher essayait de tirer la leçon de sa défaite :

"Nos joueurs ont cru trop vite en la victoire. Quand on mène 2 buts à 0 en déplacement, on doit demeurer prudent pour éviter d'être remonté, et cela nous n'avons pas su le faire. Lorsque les Marseillais ont égalisé, notre équipe s'est trouvée désorientée et n'a plus su reprendre la direction des opérations. Même si on note que Curkovic est responsable d'un but, cela ne change rien au résultat final. Et nous devons reconnaître que la victoire de l'O.M. n'est pas contestable.

L'entraîneur Herbin était soucieux :

"Nous avons débuté comme il fallait le faire, mais, ensuite, nous avons manqué de concentration et certains de nos joueurs ont accompli des efforts qui ne s'imposaient pas. Ils ont trop porté la balle et, quant les Marseillais ont égalisé, nos joueurs, au lieu de se raidir et de s'appliquer, n'ont pu effectuer le moindre marquage ! Certes l'O.M. a eu beaucoup de réussite, mais mon équipe s'est trop énervée !"

Patrick Revelli était déçu :

"Quand nous menions par 2 buts à 0, nous avons eu tort de croire que la victoire était dans la poche. Les Marseillais ont eu beaucoup de réussite, mais, nous, nous avons commis trop de fautes".

A. DELCROIX

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- A QUOI PEUT-ON ATTRIBUER LE RENVESEMENT DE SITUATION ?

- Il est évident que parmi les 42.000 spectateurs du Stade-Vélodrome, personne ne s'attendait à ce retour fulgurant de l'O.M. Nous pensons, pour notre part, que cette équipe marseillaise, jouant plaisamment au football dans les premières minutes, s'appliquait un peu trop à réciter une leçon. À ce jeu de passe "à toi à moi", les Stéphanois n'étaient peut-être pas les plus forts, mais au demeurant, ils n'avaient pas grand-chose à craindre. Une fois qu'ils furent menés 2 à 0, les Olympiens, jouant leur va-tout, abandonnèrent leurs consignes, pour se lancer à une sorte d'abordage. On retrouva alors le fameux O.M. du "droit au but". Et c'est à ce moment-là que les Stéphanois furent mis en difficulté.

- QUELLE FUT LA QUALITE DU MATCH ?

- Sans parler de génie, on peut dire que cette victoire fut celle de la volonté. Et surtout que l'on ne prenne pas cette observation en mauvaise part. L'O.M. a démontré hier soir qu'il avait des ressources, non seulement physiques mais morales. Et on n'a pas oublié que cet argument fit la grande force de l'O.M. pendant sa période glorieuse. La rencontre valut alors par son intensité, par l'ambiance qui régnait autour du terrain. Et puis, comme l'on dit, il se passe toujours quelque chose lors des matches O.M. - Saint-Étienne. Cela s'est vérifié une fois de plus hier soir, pour le plus grand bonheur du public marseillais. Le moins que qu'on puisse dire, en effet, est que l'assistance en a eu pour son argent.

- COMMENT JUGER L'ARBITRAGE DE M. WURTZ ?

- On sait que M. Wurtz est considéré généralement comme notre meilleur arbitre français. En toute sincérité, il n'a pas été au-dessous de sa réputation. Le public lui a peut-être reproché de siffler ou de ne pas siffler sur des actions litigieuses. Notamment sur le deuxième but de Rocheteau qui était selon un avis quasi général, en position de hors-jeu. Mais n'oublions pas que les arbitres de centres sont généralement tributaires de leurs assesseurs dans ce genre de circonstances. Si M. Wurtz n'a pas arrêté l'action du Stéphanois, c'est que les drapeaux des arbitres de touche étaient restés sans mouvement. On ne peut donc pas lui attribuer la faute, si toutefois faute il y avait. Mais répétons-le, l'arbitre français numéro 1 a su se montrer à la hauteur de sa tâche qui fut facilitée, on peut l'ajouter, par la correction des deux équipes.

- LE PUBLIC A RECLAMER UNE CHANSON A M. ROCHER. ON POURRA PENSER QUE CE N'ETAIT PAS ELEGANT A L4ADRESSE DU PRESIDENT VAINCU ?

- De toutes façons, sur quelque terrain que ce soit, cette sorte de démonstration populaire n'est pas tellement grave. Si les spectateurs se sont aussi adressés au président stéphanois, c'est qu'ils avaient la souvenance que M. Meric, la saison dernière, à Saint-Étienne, n'avait pas été épargné non plus sur ce plan-là. En somme, c'était un juste retour des choses, et une attitude pas très méchante, au demeurant. Et puis, ce n'est pas tous les jours que l'O.M. bat Saint-Étienne. Alors les spectateurs marseillais avaient bien le droit de se libérer un peu.

- POURQUOI FERNANDEZ A-T-IL ETE DOUZIEME HOMME ?

- Oui, effectivement, l'annonce au micro de la présence de Fernandez sur le banc des remplaçants a créé un moment d'étonnement. On se souvient que Jules Zvunka avait désigné Georges Emon pour tenir ce rôle. Seulement voilà, le joueur avait participé samedi dernier à la rencontre Nîmes - O.M. de 3e division. Et comme cette journée avait été avancée (elle était primitivement fixée au dimanche), Georges Eo n'avait plus le droit d'être incorporé en équipe première. Sur ce point, en effet, le règlement est formel : tout joueur qui participe à une rencontre de 3e division ne peut pas opérer en première à moins de quarante-huit heures de battement. Et l'heure de départ est non pas celle du match, mais va de minuit à minuit. L'O.M. qui s'était renseigné sur ce point du règlement, à eu confirmation dans l'après-midi d'hier, de la part de la Fédération. Voilà pourquoi Fernandez, en dernière heure, fut le douzième homme olympien.

Jean FERRARA

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Résumé La Marseillaise

du 10 septembre 1975

SAINT ETIENNE PRIS A LA GORGE...

...PAR UN O.M. IRRESTIBLE

L'O.M. qui était bien loin d'être favori, ne pouvait espérer battre Saint-Etienne à ses propres armes. Pour atteindre son but, il lui fallait prendre son adversaire à la gorge, ne pas lui laisser de répit, le priver de ce ballon dont il sait faire si bon usage quand on le laisse tranquillement développer son jeu. Jules Zwunka qui a laissé le souvenir d'un joueur disons... énergique, avait certainement axé dans ce sens la préparation de ses troupes. Et ses hommes, dont le début de saison, satisfaisant sur le plan des résultats, était assez peu convaincant quant à la manière, ont parfaitement répondu à son attente. Pourtant, après trente minutes de jeu les supporters qui avaient envahi le stade vélodrome étaient dans leurs petits souliers... Les "verts", sans avoir forcé tellement leur talent, en trois contre-attaques, menaient deux à zéro, et semblaient s'acheminer vers la presque traditionnelle victoire. Devant un O.M. vaillant, mais qui ne cherchait visiblement, quelques accélérations avaient suffi.

Cependant, même si les deux buts d'avance, au tiers de la partie, pouvaient avoir une influence psychologique considérable sur son déroulement, il se traduisait par une quelconque supériorité des tenants du titre, dont la défense, extrêmement contractée, donnait des signes de nervosité peu habituels. Ce Saint-Étienne, qui menait largement à la marque, nous paraissait tout de même bon à prendre. Quant à cette défense, elle allait, en se paniquant complètement, céder sous les coups des marseillais, dont le principal mérite fut alors de ne pas se décourager, mais d'appuyer leur action au maximum, et de pousser leur adversaire à commettre faute sur faute. Nous avions écrit de Robert Buigues qu'il était l'homme des buts décisifs.

Ce fut lui qui reprit de la tête, après un corner de Emon, une balle que la défense stéphanoise avait laissé imprudemment rebondir. Le but égalisateur, une poignée de secondes plus tard, fut le résultat d'une charge "à la baïonnette", menée par Boubacar, et parachevée par Victor Zvunka, alors que Curkovic se montrait curieusement hésitant. Cependant le troisième but marseillais fut, lui, de toute beauté, et ne devait rien à la complaisance des adversaires. Bereta terminant un débordement classique, sur la droite, par un centre à ras de terre qui échappée encore à Curkovic, et qui été transformé par Emon.

Mais le "maestro" yougoslave devait passer véritablement une bien mauvaise soirée, puisque, dès la reprise, il se laissait tromper par une balle plongeante de Emon croyant vraisemblablement au centre et se préparant à conséquence, pour voir cette balle le survoler, et pénétrer dans son but ! Il restait encore une demi-heure, ou presque à jouer, et nous croyons qu'un bon Saint-Étienne aurait été capable de refaire son retard, devant un O.M. qui avait fourni de gros efforts en première période, et qui avait visiblement besoin de souffler.

Mais, du côté des "verts", le ressort était cassé, l'enthousiasme n'y était plus, et le remplacement de Rocheteau par Trianfilos désabusé, de leur apporta strictement rien. Quant aux marseillais, ils étaient trop fatigués pour cueillir le bonus que leurs supporters, insatiables, demandaient. Apparemment, il semble d'un qu'un bond O.M. ait battu un pâle Saint-Étienne. Il reste à déterminer si Saint-Étienne paru mauvais parce que l'O.M. était bon, ou si l'O.M. fut bon, car c'est incontestable, parce que Saint-Étienne était mauvais hier soir. Il n'en demeure pas moins que l'O.M. à jouer comme il le fallait, et que ces réflexions ne doivent en rien ternir ses mérites. L'équipe marseillaise avait pour elle, l'allant, l'enthousiasme, la détermination, le moral, en un mot, et cela compte énormément, au cours de parties ou celui qui flanche ne peut espérer se tirer d'affaire. Saint-Étienne aurait pu invoquer, à titre d'excuses, le forfait de titulaire comme Janvion, Sarramagna, et surtout Larque, qui aurait pu mettre de l'ordre dans la maison. Mais les responsables stéphanois surent se montrer beau perdant, et mirent plutôt l'accent sur la bonne performance de leur adversaire. Et n'est-ce pas mieux ainsi ?

Louis DUPIC

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