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Résumé Le Provencal

du 28 août 1975

  

O.M. PREMIERE DEFAITE A REIMS (3-1)

 

Malgré CHARRIER et YAZALDE...

REIMS : - Il faut être objectif, l'O.M. n'a pas joué hier soir à Reims un football champagne !

Malgré Charrier qui s'est une nouvelle fois surpassé, et Yazalde qui tira un maximum d'un minimum de balle, la défaite olympienne est indiscutable. Elle récompense la meilleure équipe de la soirée. L'O.M. était parti sur de mauvaises bases, en laissant marquer Vergnes par Buigues, ce qui diminuait le nombre de son milieu de terrain sans que l'arrière libéré de ce fait, Baulier, ou Bracci suivant le cas, n'ait pu tirer un parti suffisant de cette liberté.

Mais cette question technique n'explique pas tout. Il y a eu aussi plusieurs déficiences individuelles.

Emon (qui devait être remplacé par Noguès à vingt minutes de la fin) et Boubacar furent régulièrement bouclés par Marciaux et Brucato, ce qui priva presque totalement l'O.M. de l'usage de ses ailes.

Baulier fut dominé, autant que faire se peut, par Santamaria, et si Victor Zvunka n'a pas à rougir de son match, il faut bien reconnaître qu'il fut dans l'incapacité d'empêcher Bianchi de faire étalage de son grand talent, en dépit d'une demi-douzaine de coups francs sifflés contre lui.

Pour le reste, Bereta, après un bon départ, s'éteignit petit à petit, au fil des minutes, ce qui rendit le milieu de terrain de l'O.M. assez terne.

Dans ces conditions, on n'a pas reconnu l'équipe qui avait triomphé à Lens.

L'O.M. a paru hier soir dépourvu de nerfs et d'ambition. Ce n'est sans aucun doute qu'un mauvais résultat sur l'ensemble d'une saison qui sera vraisemblablement meilleure.

LA PREMIÈRE MI-TEMPS DE CHARRIER

1 à 0 pour Reims à la mi-temps, c'était on ne peut plus normal. Les deux équipes avaient paru engoncées dans leurs tactiques. Reims abandonnant franchement l'aile droite ou l'aile gauche suivant la position de Santamaria. C'est ainsi qu'elle l'ailier argentin, après avoir fait souffrir Bracci pendant le premier quart d'heure, alla tâter Baulier avant de revenir sur la droite.

Quant à l'O.M., il attendait l'adversaire dans sa zone pour tenter sa chance, en contre-attaquant, avec un arrière latéral, tantôt l'un, tantôt l'autre, absolument libre de ses mouvements.

Mais à ce jeu préfabriqué et par suite un tantinet monotone, l'avantage était revenu à Reims, qui en plus de son but, avait mis largement Charrier à contribution, tandis qu'en face Aubour avait eu peu à faire.

On avait cependant noté deux ou trois mouvements offensifs olympiens, à la base desquelles se trouvaient généralement Yazalde et Bereta.

Cependant avec Laraignée, Krawczyk, Simon et Santamaria, les grands hommes de cette mi-temps avaient été Bracci et Charrier.

UN BUT PAR AVANT CENTRE

Cinq minutes avant la reprise, on n'en menait pas large dans le camp olympien.

D'un coup de pied de mule, Vergnes, tenant ainsi à montrer qu'il n'était pas qu'un joueur de tête, marquait irrésistiblement.

Ce but, qui aurait pu être celui du K.O. eut deux effets contraires :

Premièrement, il réveilla l'O.M. et deuxièmement fit commettre à la défense de Reims quelques péchés mignons d'excès de confiance.

Laraignée, qui pourtant connaît fort bien Yazalde, voulut "faire joujou" avec son compatriote. Ce ne sont pas des choses à faire. Yazalde un fort beau tir croisé du gauche transforma en but la première occasion de tir qu'il venait d'avoir depuis le début du match.

À la 55e, on repartait à nouveau, à moins un, pour l'O.M.

Constatation curieuse : il y avait trois avant-centres sur le terrain et cela faisait, à ce moment-là, un but pour chacun.

LE MOT DE LA FIN POUR SIMON

Simon, l'excellent gaucher rémois, qui avait été jusqu'à là l'un des meilleurs joueurs de son équipe, obligeant souvent Charrier à réaliser de remarquables arrêts, eut le mot de la fin.

En fin de rencontre, il frôla même le bonus pour Reims. Cette fin de rencontre nous a montré un visage assez décevant de l'O.M. Sans force pour réagir, et sans nerf pour essayer de contrer les incessantes montées de Reims.

Il est certain que l'équipe marseillaise n'a pas justifié, hier soir au stade Delaune, sa réputation. Elle a été dominée, presque de bout en bout, et la victoire de Reims et des plus normales.

Comme nous le disions déjà, après la courte victoire contre Metz, il reste encore beaucoup à faire. Cela est du ressort de l'entraîneur Jules Zvunka.

Quant à Reims, il a présenté une équipe assez séduisante et dont le grand homme fut Bianchi revenu presque à son premier niveau.

Il faut également citer Simon, absolument excellent, et Vergnes pour son second but. Mais la défense dans son ensemble avec en tête un Laraignée qui ne commit qu'une faute, se montra intransigeante.

La période de repos vient à point pour permettre à l'O.M. de se refaire une santé et un moral. Il vient de perdre un match mais tout le championnat reste à jouer.

Maurice FABREGUETTES

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Déception dans les vestiaires

Jules ZVUNKA : "Un O.M. méconnaissable"

Pour l'O.M., plus dure a été la chute puisque, après trois victoires consécutives, l'équipe marseillaise a été battue indiscutablement par Reims, qui n'avait pas réussi à s'attribuer le moindre succès depuis le début de la saison.

Il est évident que tous les gens qui se trouvaient dans le vestiaire marseillais - ou ce qui n'était pas précisément "la joie" - essayaient d'obtenir de l'entraîneur marseillais Jules Zvunka quelques explications à cette surprenante défaite.

- Aujourd'hui, j'ai été extrêmement déçu par mon équipe. Elle a opéré sans rythme et sans vie tout au long de la partie. J'ai été extrêmement pessimiste sur l'issue de la rencontre dès les premiers échanges. En effet, l'O.M. semblait prendre les choses par-dessus la jambe, un peu comme s'il avait sous-estimé son adversaire. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir mis nos hommes en garde. Les Champenois, après leur début de saison hésitant, abordant cette rencontre extrêmement motivée.

"Je crois que, au début de la partie, nous adversaire avaient peur et que c'est notre attitude qui a contribué à les mettre en confiance".

- Estimez-vous que votre défaite a été causée par les difficultés éprouvées par votre défense à résoudre le problème tactique qui lui était proposé par l'attaque de Reims ?

- Je ne crois pas que notre défaite ait été provoquée par cette raison. Même si nous avons eu des difficultés à maîtriser nos adversaires, cela n'explique pas que nous ayons joué extrêmement mollement et que nous ayons été aussi mauvais dans le la relance. À mon avis, je le répète, la cause principale de notre défaite réside dans un manque de rythme et de tonus. Nos hommes attaquaient la balle, semble-t-il, sans conviction et nous n'avons guère réussi à mener des actions d'envergure dangereuses près des buts adverses. Les passes n'étaient pas assez appuyées et je n'en ai pas vu une arrivée correctement à plus de 20 mètres. C'est un O.M. extrêmement décevant que nous avons vu ce soir, et j'espère simplement que mes hommes se ressaisiront et en appelleront rapidement de cette défaite.

LE PRÉSIDENT DÉÇU

Le président Meric se montrait lui aussi extrêmement déçu par cette défaite, et renchérissant après les paroles de son entraîneur : "Il est vrai que nous avons vu ce soir un O.M. extrêmement décevant. Notre équipe a joué sans rythme ni grande conviction. Pour ma part, je crois avoir l'explication à cette carence. Il y a, chez nous, beaucoup trop de gens qui pensent à l'équipe de France, beaucoup plus qu'à leur club. Pourtant, c'est le club qui les fait vivre et c'est le club qui paie les pots cassés !"

René Carrier, qui avait été l'un des meilleurs marseillais de la partie, reconnaissait facilement : "Nous avons été extrêmement mauvais ce soir. Il n'y a absolument rien à dire quant au résultat de la rencontre. Après la partie que nous avons faite, nous ne méritions pas de gagner le moindre point."

Enfin Georges Bereta qui, comme d'habitude, avait combattu avec vaillance, nous disait : "Je crois que les Rémois étaient très contractés au début de la rencontre. Mais en ne jouant pas le match qu'il fallait jouer, nous leur avons laissé prendre confiance au fil des minutes, et ils sont devenus de plus en plus forts. Je regrette pour ma part d'avoir raté en début de match une occasion relativement facile. Dès la 4e minute, j'ai été contré au moment d'un tir, alors que je me trouvais en bonne position. Je crois que si j'avais réussi à marquer à ce moment-là, la face de la partie du jeu était chargée."

PIERRE FLAMION : LES MARSEILLAIS ONT DÉÇU

L'entraîneur rémois, Pierre Flamion qui, rappelons-le est un ancien de l'O.M., était extrêmement satisfait, on s'en doute, de cette victoire qui venait interrompre une série d'insuccès. Nous lui avant d'évidemment demander ce qu'il pensait de l'O.M. et il nous a répondu :

"L'équipe marseillaise, aujourd'hui ne m'a pas fait grosse impression. Je trouve surtout que son milieu de terrain a été nettement dominé par le nôtre, où pour ne citer qu'un joueur, Simon a fait très exactement ce qu'il a voulu. Je dois avouer qu'après les résultats obtenus par l'O.M., nous abordions cette rencontre avec des craintes légitimes, et qui n'était pas justifiée. Il me semble que 3-1 en notre faveur, ce n'est vraiment pas cher pour les Marseillais, et je pense que l'addition aurait été beaucoup plus lourde si notre ailier Santamaria avait été égal à lui-même et n'avait pas gâché de nombreuses occasions. Enfin, pour nous, c'est une excellente affaire ce résultat étant susceptible de remettre notre équipe en selle".

MARCEL AUBOUR : POURTANT

NOUS AVIONS PEUR

Marcel Aubour n'avait pas eu grand-chose à faire au cours de cette partie, et il en convenait facilement :

"A ce rythme-là, je crois que je pourrais jouer jusqu'à plus de quarante ans, disait-il avec sa faconde habituelle. Aujourd'hui, les Marseillais n'étaient vraiment pas des tireurs, et compte tenu des résultats qu'ils avaient obtenus jusqu'alors et notamment à Lens, je dois dire qu'ils m'ont beaucoup déçu. Nous avons abordé ce match avec la peur, mais nous n'avons pas tardé à nous rendre compte que nos adversaires n'étaient pas dans un très bon jour. 3-1 j'estime que ce n'est pas très cher pour l'O.M., car nous avions largement la place de nous attribuer le bonus. Le but de Yazalde notamment, bien que marquer fort habilement par l'Argentin, ayant été un véritable cadeau fait à nos adversaires.

Louis DUPIC

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Qui marquait qui ?

Hier soir, à Reims, l'O.M. avait un problème tactique à résoudre. En effet, l'équipe champenoise est l'une des rares de notre championnat qui opère avec deux avant-centres de métier et de talent qui sont l'Argentin Bianchi et l'ancien Nîmois et Bastiais Vergnès. Il est évident que l'entraîneur marseillais Jules Zvunka avait prit ses dispositions pour contrecarrer ce dispositif peu habituel en désignant deux gardes du corps à ses deux redoutables adversaires. Il s'agissait de son frère Victor qui, dans l'ensemble de la rencontre, fut le garde du corps de Bianchi et de Robert Buigues qui devait s'attacher aux pas de Vergnes.

Mais, Reims avait un troisième attaquant, Argentin Santamaria. Dès le début du match, on vit ce dernier occupait alternativement l'aile droite ou l'aile gauche, plongeant les deux arrières latéraux marseillais Baulier et Bracci dans une certaine incertitude.

En effet, on aurait pu supposer que l'un des deux profiterait du fait qu'il n'avait par moments aucun adversaire à surveiller pour s'intégrer carrément à son attaque. En fait, si Bracci le fit un peu plus couramment que Baulier, cela n'apporta pas grand-chose son équipe.

Quant à Buigues, contraint très longtemps à une tâche défensive, on peut dire que la sa présence manqua énormément au milieu du terrain marseillais qui fut largement dominé par son vice à vis rémois.

Lorsque Reims eut marqué son second but, les Marseillais révisèrent quelque peu leur dispositif. C'est ainsi qu'on vit Baulier, arrière de métier, surveiller du mieux qu'il put Santamaria, alors que le grand Bracci prenait en charge Vergnes et que Buigues se consacrait un peu plus à l'attaque. Mais lorsque se produisit cette modification, le match était bel et bien perdu pour l'O.M.

Aux vestiaires, évidemment, nous avons interrogé Jules Zvunka lui demandant s'il estimait que ses hommes avaient eu du mal à résoudre le problème tactique qui leur était proposé. Il nous répondit par la négative, estimant, quant à lui, qu'il s'agissait plutôt d'un manque d'agressivité et de tonus.

Il n'en demeure pas moins que tous ces flottements défensifs eurent une influence certaine sur le déroulement de la partie et que les deux avants-centres rémois Bianchi et Vergnès, marquèrent bel et bien un but de chacun.

L.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

1re QUESTION : LE PLAN TACTIQUE DE L'O.M. ÉTAIT-IL LE BON ?

R. -Il est toujours difficile de répondre à pareille question. L'entraîneur de l'O.M. avait décidé de faire marquer le numéro 9 rémois Bianchi, en l'occurrence, par Victor Zvunka, ce qui était habile, et le deuxième avant-centre Vergnes par Buigues. C'est aussi généralement le numéro 6 (Novi dans le temps à l'O.M.) qui prend le deuxième avant-centre, quand il y en a un. Mais dans le cas aussi ou l'équipe adverse joue avec deux ailiers. Or, hier soir, comme elle le fera d'ailleurs toujours, équipe rémoise ne jouait qu'avec trois attaquants de pointe : Bianchi et Vergnès, plus l'ailier voltigeur Santamaria, tantôt à droite, tantôt à gauche.

La tactique olympienne aurait pu réussir si l'arrière libéré avait joué franchement au milieu du terrain et était venu aider ses camarades. Mais aussi bien Bracci que Baulier, quand ils furent libres, se contentèrent d'opérer sur le flanc droit ou gauche de leur équipe, ce qui créa un déséquilibre au milieu du terrain en mettant Albaladejo et Bereta en difficulté.

À la fin de la rencontre, après le deuxième but de Reims, Bracci prit Vergnes. Il semble bien que, dans ce cas pareil, celui d'une équipe jouant avec deux avant-centres et un seul ailier, cela soit la bonne solution. Mais il était trop tard. L'équipe de l'O.M. était fatiguée et de plus, comme nous l'avons dit dans notre papier de commentaires, il y eut aussi l'avantage pris par les rémois dans certaines luttes individuelles pour la possession du ballon. Ce qui fait déjà beaucoup de choses car une défaite ne s'explique jamais par une seule petite erreur dans le domaine tactique.

2e QUESTION : POURQUOI EMON EST-IL SORTI ?

R. - Il est inutile de savoir si Emon était blessé ou pas ; mais, enfin, il était évident, du haut des tribunes où nous nous trouvions, qu'Emon c'était laissé "marché sur les pieds" par son adversaire Masciaux. Ce dernier, sans doute ravi d'avoir devant lui un international, a-t-il voulu ainsi démontrer qu'en France il y avait des arrières latéraux aussi bon que ceux du Real ou des autres équipes étrangères. Il faut avouer que la démonstration a parfaitement réussi.

Cette contre-performance n'enlève d'ailleurs rien aux qualités du jeune Emon et nous continuerons à l'encourager. Il est rare qu'un attaquant de pointe n'ait pas, au cours de saison, plusieurs "trous". Au temps de leur meilleure gloire, Magnusson et Skoblar eux-mêmes connurent plusieurs passages à vide ; c'est la loi des attaquants de pointe.

3e QUESTION : COMMENT EXPLIQUER LA FAIBLESSE GÉNÉRALE DE L'O.M. ?

R. - Tous les techniciens du football vous diront que cela ne s'explique pas. Il y a comme cela, en football, des jours sans. Ce fut le cas de Barcelone il n'y a pas si longtemps au stade vélodrome. Hier soir, O.M. fut tellement inférieur, non seulement à sa réputation, mais encore à la valeur que nous lui prêtons, qu'il ne saurait être jugé d'une façon définitive.

Une équipe ne peut se juger sainement que sur l'ensemble de la saison. Nous rappellerons que, quand l'O.M. fut champion de France et même quand il réussit le doublé, il connut de sérieux passages à vide.

L'année de son doublé, il fut en particulier battu par Bastia au stade vélodrome par 2 à 0.

Tout cela pour ne point trop attrister de lecteurs qui risqueraient d'avoir perdu leur confiance en l'O.M.

M.F.

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