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Résumé Le Provencal

du 06 mai 1973

 A STRASBOURG, SKOBLAR sauve l'O.M. du naufrage (1-1)

Les Marseillais, sans ailiers, se

sont contentés d'un petit jeu

STRASBOURG - Nous avons assisté à cette rencontre derrière les vitres embuées par l'humidité d'ambiance, ce qui nous mettait à peu près dans la situation d'un téléspectateurs ayant coupé le son.

Très au-dessous de nous, sur un écran vert de la pelouse, les 22 joueurs rencontraient une première et importante difficulté : maintenir leur équilibre. Hier soir, à la Meinau ce sont des patineurs qu'il aurait fallu. Dans de pareilles conditions, il y a toujours une part de chance. Le scénario de la première mi-temps fut complètement sans surprise. Lazarus marquait Skoblar, Specht suivait Keita comme son ombre, tandis que l'ancien Niçois Serrus assurait la couverture. L'O.M. jouait un 4-4-2 avec les deux seuls Keita et Skoblar la pointe de l'attaque.

Jeu prudent donc la part et d'autre, chaque équipe paraissant davantage compter sur les fautes de l'autre pour trouver l'ouverture plutôt que sur son propre esprit d'initiative.

Pour l'O.M., le danger venait essentiellement de Roy devant lequel Lopez était en réelles difficultés, de Hausser et aussi des jeunes Guiot, très entreprenants, et Kupfer.

Bref, une mi-temps de qualité honorable sans plus, et marquée par une certaine égalité entre les deux adversaires.

L'AVANTAGE

DE STRASBOURG

LA MI-TEMPS

Le but de Strasbourg venait en conclusion de l'un des quatre ou cinq bons mouvements offensifs de cette mi-temps. Guiot dribbla Trésor avec beaucoup de facilité sur la droite du terrain et centra fort intelligemment en retrait sur Roy. Vous connaissez la suite : 1 à 0 pour Strasbourg.

Cependant, aucun des supporters alsaciens présents à la Meinau n'était vraiment persuadé de la victoire de son équipe à ce moment. Il restait encore une marge importante pour l'O.M. dont le métier et la technique paraissaient capables de renverser la situation. D'autant plus que nous venions d'apprendre que Nice menait 1 à 0 et que Mario Zatelli avait dû dire et répéter à ses joueurs pendant la pause.

LE RUSH OLYMPIEN

DURE UN QUART D'HEURE.

Comme nous l'avions prévu les olympiens, renseignés sur ce qui se passait à Nîmes, attaquèrent le début de cette mi-temps avec une énergie et une vitesse décuplées. Les Strasbourgeois surpris par la transformation radicale de leurs adversaires se replièrent massivement en défense.

Pendant un quart d'heure on put croire que l'O.M. allait égaliser. Le haut fait de cette période fut un tir violent de Novi sur lequel le gardien strasbourgeois Montes effectua une parade sensationnelle.

Mais les bonnes intentions de l'O.M. s'éteignirent comme feu de paille et tandis que les Alsaciens recommençaient à menacer Carnus, l'équipe marseillaise recommença donc à la première mi-temps, à jouer au petit trot.

STRASBOURG

COMME SUNDERLAND

Et, pendant la dernière demi-heure, la partie se traîna tandis que nous regardions sans cesse notre montre en espérant un deuxième sursaut de l'O.M. au moins un coup de chance. Et rien ne se produisit, Strasbourg jouait comme avait fait Sunderland après-midi en finale de la Coupe d'Angleterre. Une défense très dense, très courageuse et de temps en temps de périlleuses et extraordinaires contr-attaques. Sur plusieurs d'entre elles on put croire que l'O.M. allait encaisser un deuxième but pendant que nous apprenions à un poste de radio voisin que Nantes avait égalisé à Nîmes.

LE DERNIER COUP

DE PATTE DE SKOBLAR

A notre montre la partie était terminée, mais il restait encore les arrêts de jeu et déjà tout le monde préparait des titres sur la défaite de l'O.M. C'est alors que Skoblar, qui dans des conditions très difficiles avait cessé de se battre pendant toute la partie, réussit, comme un admirable coup de patte, à rétablir l'équilibre.

Mais on peut se poser la question : ce match nul est-il suffisant pour permettre à l'O.M. de conserver son titre ? C'est assez peu probable. Il reste que si l'équipe marseillaise, hier soir à la Meinau, sur un terrain rappelons-le très difficile, à mieux joué que trois jours plus tôt contre Bordeaux, elle n'a pas atteint, et de très loin, ses sommets. En dehors du premier quart d'heure de la deuxième mi-temps, les Olympiens, opérant sans ailier, se sont contentés de faire du petit jeu au centre du terrain, comme s'il menait à la marque. Pourtant, leurs adversaires strasbourgeois, qui hier soir, ont réalisé parait-il, l'un de leurs meilleurs matches de la saison, n'étaient pas de première qualité : une équipe qui se battit avec beaucoup de volonté, mais à laquelle manque une chose qui ne s'acquiert pas ou ne s'improvise pas : la classe.

L'O.M., champion de ces deux dernières années, aurait certainement gagné cette rencontre avec la plus grande volonté. Mais à quoi bon épiloguer, il convient maintenant, tout en essayant de terminer cette saison honorablement, de préparer la prochaine.

 Maurice FABREGUETTES 

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Le choeur des Olympiens :

'Tout pour la Coupe de l'U.E.F.A"

Le président Gallian avait subi le match du haut de la tribune de presse. Durant toute la rencontre, nous l'avons vu crispé, notamment après le premier but de Roy, qui donne l'avantage à l'équipe strasbourgeoise. Tout à la fin de la partie, quand Skoblar, au prix d'un de ses exploits, réussit à arracher l'égalisation inespérée, le président olympien avait retrouvé un semblant de sourire, il se précipita vers nous pour laisser échapper son sentiment :

"Eh bien, voyez-vous, avant le match, je pensais je ne sais pas pourquoi que l'O.M. serait battu ce soir. Je m'étais donc trompé dans mes pronostics, et croyez que cette égalisation me met tout me même un peu de baume au coeur.

"Je sais bien que certains de nos joueurs n'ont plus la condition athlétique désirée pour forcer les grandes victoires. Je me doute aussi que certains doivent être atteints au moral. Et je dois reconnaître aussi que tous se sont bien battus, dans la mesure de leurs moyens, jusqu'à la fin".

Quand nous sommes entrés ensemble aux vestiaires, le président Gallian s'est néanmoins adressé à ses joueurs en ces termes :

"Bravo, les petits, nous êtes parvenus à arracher un nul, somme toute méritoire. Les conditions ne nous étaient pas trop favorables. Vous avez fait la preuve que vous saviez vous battre jusqu'au bout, quand vous le vouliez".

MARIO ZATELLI : "TOUT POUR

LA COUPE DE l'U.E.F.A."

Mario Zatelli, de son côté, avait retrouvé un peu de couleur, après ces 90 minutes vécues dans une angoisse bien compréhensible.

"Je pousse un soupir de soulagement, je le reconnais, nous avoua l'entraîneur, pour la bonne raison que nous avons préservé ce soir, une place dans cette fameuse coupe de l'UEFA.

"Car, désormais, le moment n'est plus aux regrets. Il aurait fallu que nous gagnions ici et que Nantes soit battu à Nîmes. Vous savez que cela n'a pas été le cas. Il faut donc regarder la réalité en face.

"Désormais, je dirai à mes joueurs que notre objectif doit demeurer cette seconde place. Nous avons certes deux rencontres difficiles à disputer, pas plus tard que samedi, devant Nice. Le résultat de ce soir nous promet, tout de même une belle ambiance au stade vélodrome.

- Que pensez-vous de la partie de vos joueurs ?

-- Eh bien, moi, je pense qu'ils ont su se racheter de leur très mauvaise partie devant Bordeaux. Chacun, ce soir, a fait son travail de footballeur professionnel. Ce ne fut hélas pas toujours le cas. N'oublions pas non plus que Strasbourg luttait pour la survie et c'est toujours délicat d'affronter un adversaire sur son terrain, dans de telles dispositions d'esprit.

"Alors, je le répète, je n'ai pas de critiques particulières formulées pour l'ensemble de mon équipe. J'espère maintenant que l'O.M. fera le nécessaire pour battre les Niçois."

M. Bicais estimait que l'O.M. avait manqué de réussite.

"Nous avons encaissé un premier but contre le cours du jeu. Nous a déclaré le vice-président. La physionomie de la rencontre a été complètement transformée. Car par la suite Strasbourg s'est massé devant en défense et, dans ces conditions, il était bien difficile aux attaquants de se mettre en position de tir.

"Moi aussi je pense que tous nos joueurs se sont rachetés de leur très médiocre exhibition devant les Bordelais. Comme le dit Mario Zatelli, il faudra préserver notre place pour disputer la Coupe de l'UEFA la saison prochaine".

Voyons maintenant l'opinion des joueurs.

Georges Carnus, d'ordinaire si optimiste, était cette fois édifié :

"Eh bien, nous dit le gardien international, nous n'aurions désormais plus d'illusions à nous faire. Une victoire aurait pu encore nous laisser espérer une très petite chance. N'avons pas pu battre Strasbourg. Il faudra donc se contenter d'une place d'honneur. Ce n'est déjà pas si mal après toutes les mésaventures vécues tout au long de la saison".

Même remarque à peu près pour Bernard Bosquier :

"Oui, nous confia Bernard, c'est mercredi qu'il fallait gagner contre les Bordelais. Une victoire sur notre terrain et un match nul à Strasbourg auraient constitué des performances honorables. Hélas, nous n'avons pas battu les Bordelais. Ce match nul contre Strasbourg n'est par conséquent qu'un moindre mal : sachons tout de même nous en contenter".

Jules Zwunka quant à lui avait pris une rapide douche, car le départ en avion était fixé dès la fin du match.

"iBen entendu, je suis déçu, nous confia le capitaine, j'avais toujours l'espoir qu'on pourrait renverser la situation. Ce soir, il faut se rendre à l'évidence. Notre titre c'est bien envolé. Je pense comme tous nos dirigeants que nous devons axer tous nos efforts pour avoir le droit de disputer l'an prochain la Coupe européenne. Nous tâcherons de nous en montrer digne, samedi, contre notre rival niçois".

Nous avons ensuite interrogé Gilbert Gress, qui était en pays de connaissance.

"J'étais persuadé avant la rencontre que nous avions enlevé les deux points de la victoire, nous dit le Strasbourgeois. Ce but de Roy à la 13e minute à tout changeait. Après, il était bien difficile de prendre en défaut la défense adverse.

- On parle précisément de notre prochain retour à Strasbourg ?

- Pour le moment, je ne peux rien vous dire, pour la bonne raison que je ne sais pas encore moi-même ce que je ferai à la fin de la saison, je suis pour l'instant dans le même cas que mon camarade Kula, mon contrat il est vrai me permet de reprendre ma liberté avec l'accord de mes dirigeants au mois de juin, mais je le répète sincèrement, mes intentions ne sont pas encore clairement définies.

Le mot enfin de Josip Skoblar, qui fut une fois encore le buteur olympien de la soirée.

"Quel dommage, dit-il, ce but qu'est venu trop tard. Je suis persuadé que si je l'avais inscrit avant, nous aurions battu Strasbourg. Ce n'est pas de chance car ce match semle-t-il ne nous permet pas de conserver notre titre".

 J.F.

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NOVOTARSKI : "Peut-être la survie"

Dans le camp des Strasbourgeois, on était évidemment quelque peu déçu de la tournure des événements. L'entraîneur Novotarski, le premier, regrettait que son équipe ait mené jusqu'à la 89e minute.

"Jusqu'au bout j'avais l'espoir que nous réussirions à battre le champion de France. Et vous l'avez vu, Skoblar, cet extraordinaire joueur, est toujours dangereux jusqu'à la fin. Je reconnais tout de même que les Marseillais nous ont pressés sur nos buts durant toute la deuxième mi-temps. Mais enfin, la défense jusque-là avait tenu bon. Je suis certain que sans Skoblar nous aurions pu enlever le gain de cette partie. Il faut être sportif et pour ma part, je lui adresse un coup de chapeau bien mérité : c'est un exemple pour tous les footballeurs professionnels. D'autre part, l'O.M. semble-t-il a perdu son titre ce soir sué la pelouse de la Meinau. C'est certainement une amère désillusion pour les dirigeants marseillais, mais nous vous savez, Strasbourgeois luttent pour la survie et le spectre de la descente en deuxième division est une situation beaucoup plus angoissante.

J'espère malgré tout que nous arriverons à nous en tirer.

Robert Domergue, quant à lui, regretter, bien sur, ce match nul concédé dans les toutes dernières minutes.

"L'O.M. c'est vrai à dominer la deuxième mi-temps, mais je crois que mes joueurs ont concédé l'égalisation uniquement par un mauvais placement sur le terrain. Sur nos contre-attaques, ils n'ont jamais su prendre l'avantage sur la défense adverse, à ce moment là désorganisée. Ce sont des points de détail qu'il faudra régler.

Je crois que nous avons assisté à un match intéressant, sur le plan du football proprement dit c'est une constatation très réjouissante".

J.F.

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A la dernière minute

STRASBOURG - Strasbourg et son climat continental ont réservé une désagréable surprise à l'équipe marseillaise. Une chaleur étouffante le matin, un violent orage, l'après-midi, de sorte que les conditions au départ ne sont pas tellement favorables.

ROY OUVRE LA MARQUE

Sur une pelouse apparemment glissante en raison de la pluie, l'O.M. attaque la partie avec une détermination louable. C'est pourtant Carnus, dès la deuxième minute, qui doit s'opposer à un tir très violent de Hausser, le capitaine strasbourgeois. Après ce coup de semonce, les Olympiens essaient de s'organiser et obtiennent même un corner sur une montée offensive de Novi. Mais jusqu'ici aucune équipe n'a vraiment pris la mesure de l'autre. Cependant, les événements ne vont pas tarder à se précipiter. L'O.M. a donné impression de prendre un semblant d'initiative aux dépens de son rival, quand Guiot tout à coup s'échappe sur la droite ; il résiste au retour de Trésor, l'évite et centre pour Roy démarqué devant Carnus. L'ailier gauche alsacien, sans aucune opposition, récupère et de très près laisse aucune chance à Carnus. Ce type même de but surprise. Mais l'O.M. n'en est pas moins menée à la marque (13e minute).

UN BUT DE RETARD

À LA PAUSE

Une bone combinaison entre Keita et Skoblar donne ensuite un peu d'espoir aux Marseillais, mais Josip, qui a pu ajuster son tir, malgré son garde du corps, ne peut, hélas, lui assurer la force nécessaire et Montes au prix d'une belle détente, réussit à capter le ballon.

Novi et Gress tente à leur tour leur chance, mais leurs deux tirs sont contrés par les défenseurs alsaciens. Daniel Leclercq lui aussi déclenche son fameux pied gauche, en ratant encadrement de la cage.

Quoi qu'il en soit, quand on aborde le dernier quart d'heure de la première mi-temps, l'O.M. fait son possible pour égaliser avant la pause. Témoin cette formidable reprise de Skoblar sur pase de Leclercq, qui frôle la cage strasbourgeoise (32me).

Il a même une petite frayeur en voyant Josip "s'expliquer" avec un défenseur alsacien heureusement, la raison cette fois l'emporte avec peut-être le désagréable souvenir de Lyon et les esprits se calment. Il n'empêche que la situation marseillaise ne s'arrange pas pour autant. Car, sous une pluie battante et malgré les efforts précités, le score ne subira plus de changement avant que M. Debroas renvoit les deux adversaires aux vestiaires.

OCCASIONS PARTAGÉES.

La reprise, les Olympiens l'abordent à 100 à l'heure, notamment avec un bolide de Novi déclenché de 30 mètres. La balle frôle la lucarne de Montes. Une ouverture de Skoblar pour Keita fait encore passer le frisson dans le dos des supporters alsaciens, mais Specht arrive à temps pour sauver son camp menacé.

Nouveau corner obtenu par Novi et tête de Skoblar au-dessus (52e).

L'O.M. domine c'est incontestable, mais l'avantage reste cependant toujours aux Strasbourgeois.

Devant les assauts incessants des Marseillais, la défense adverse est même obligée de se multiplier pour éviter l'égalisation. Mais une longue transversale de Zamojski permet à Roy de filer seul devant les buts de Carnus. Le gardien marseillais est alors bien inspiré de sortir au devant de l'attaquant strasbourgeois opur dégager de justesse au pied (57e).

Aussitôt après Montes connaît la même situation périlleuse en plongeant dans les pieds de Skoblar, puis de Keita. C'est Zamojski cependant qui a la plus nette occasion de but au bout du pied.

Seul devant Carnus il tire au-dessus. Comme quoi l'O.M. ne fait plus du tout la loi.

ÉGALISATION DE SKOBLAR

Mario Zatelli essai alors de renforcer son compartiment offensif. Pour déjouer la vigilance de la défense strasbourgeoise.

À son 70e minute, il fait entrer Ropero à la passe de Kula. C'est un moment pour Skoblar d'échapper à Lazarus et centrer dans la foulée. Dommage ! Personne n'est là à la réception et la balle sort.

Sur le renvoi, Carnus à l'occasion de faire la preuve de sa grande classe, en enlevant, par une sortie opportune, la balle sur le pied de Guiot. Quoi qu'il en soit, il ne reste plus que quinze minutes aux Olympiens pour renverser une situation bien compromise.

Skoblar qui ne se tint pas tout battu tout au long du match réussit à tromper Montes l'arbitre avait sifflé un hors jeu préalable (84e).

Josip, cependant, va avoir sa revanche tout à fait dans la dernière minute du match. Sur un centre de Gress, il réussit en effet, à arriver le premier sur la balle et de son fameux coup de patte, il place le ballon hors de portée de Montes.

L'O.M. a donc égalisé et c'était bien la dernière chance, car l'arbitre siffle peu après la fin de la rencontre.

Jean FERRARA

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