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Résumé Le Provencal

du 29 novembre 1971

 

O.M. : QUATRIEME VICTOIRE CONSECUTIVE !

 

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Skoblar et Magnusson :

la part du lion

METZ - Nous avons vu cela comme en cinémascope, à travers la vitre de la tribune de presse, sur le grand écran vert du stade de Lille de Saint-Symphorien. Dans le fond, là-bas, balle au pied, Magnusson, pas très loin de la ligne de touche. Son centre, parti comme une flèche, tendu, était parfait.

A trente bons mètres de son partenaire, quarante peut-être, Skoblar saute, anticipent les actions de Victor Zvunka et de Richard et de gardien Barth. De notre place, assez lointaine, on eut l'impression que Josip ne faisait qu'effleurer le ballon de la tête, et pourtant, celui-ci se trouvait déjà, magistralement rabattu et dévié en même temps, au fond de la cage.

Un but de rêve, un but de grande classe, dû à l'action conjuguée de deux joueurs hors du commun. Le tout aurait duré 30 secondes à peine ; nous étions à la 21e minute, et l'O.M. menait par 1 à 0, sur ce terrain de Metz où il n'avait pas gagné depuis une éternité.

Jusque-là, Magnusson n'avait pratiquement pas touche le ballon. Skoblar c'était surtout manifesté par une série de mauvaise passe, et Barth n'avait eu encore qu'un arrêt à faire. Les deux étrangers de l'O.M. - qui diable a envisagé d'en recruté un autre ? - venaient ainsi de démontrer de façon éclatante qu'un football de qualité, et surtout l'adresse, priment la qualité et l'activité brouillonne.

Deux buts

déterminants

Le plus admirable est que Magnusson et Skoblar allaient renouveler ce même numéro de très grand football onze minutes plus tard, très exactement. La seule différence est que le centre de Magnusson rase le sol et que la reprise Skoblar fut effectuée du pied droit, au nez et à la barbe des trois mêmes opposants, Victor Zvunka, Richard et Barth.

Deux à 0 à la 32e minute, donc, la cause était entendue, et il paraissait évident que par ce gris après-midi de novembre, l'O.M. allait remporter sa quatrième victoire consécutive.

En football, il faut toujours attacher la plus grande importance aux actions qui vont bousculer définitive une rencontre. Il est bien certain que l'O.M. a gagné la partie en une minute (deux fois 30 secondes environ) de très grand football ; le reste, qui lui permit de conserver son avantage en décourageant les Messins par une incessante circulation du ballon et un art certain à défendre, n'était que la conséquence logique de ces deux buts merveilleux.

Le métier

de l'O.M.

a découragé Metz

Dans ces conditions, il est assez peu important que le jeu se soit et dérouler le plus souvent dans le camp de l'O.M., et que les Messins aient accumulé les corners (10 à 3) si nos comptes sont exacts. On ne domine que quand on gagne, et une équipe qui ne perd pas son sang-froid n'est dominée qu'en apparence. Elle n'en devient même qu'encore plus redoutable, quand elle a la chance de posséder dans ses rangs des contre-attaquants de la trempe de Skoblar et de Magnusson.

Car le scénario de la rencontre fut assez uniforme. Presque de bout en bout, les Messins, animés principalement par Bourgeois, Piasecki et Pauwer, essayèrent de forcer le destin, mais par excès d'impétuosité, peut-être par manque de fond technique, ils vinrent assez régulièrement s'enferrer sur la défense de l'O.M., cette dernière généralement renforcée par Gress, Bonnel, Novi, bien sûre et aussi Di Caro, très combatif hier.

Ayant récupéré le ballon, les Olympiens, grâce à des passes latérales, répétées, arrivaient à calmer le jeu, ce qui contribua grandement à énerver et le public et les joueurs messins.

C'était bien joué, car, en perdant leur sang-froid, les footballeurs de la Croix de Lorraine n'ont été que plus brouillons et plus maladroit.

Les cinq minutes

de Carnus

Vous connaissez maintenant le thème général de la rencontre : l'O.M. jouant avec le plus grand calme et une maturité très supérieure à celle de son adversaire les Messins, très volontaire mais trop imprécis, forçant tête baissée avec un esprit de corps digne d'éloges... Et par-dessus tout, ces deux buts Magnusson - Skoblar, qui firent pencher la balance. Le reste, le but de Di Caro et celui de Combin, sur penalty, ne fut que secondaire en regard de ce que s'était produit en première mi-temps.

Il faut cependant ajouter que Carnus entre la 70e et la 75e minute, eut ses cinq minutes de grande classe : trois arrêts presque consécutifs dans les pieds de l'adversaire, qui eurent pour principal résultat de décourager encore plus complètement les infortunés joueurs messins.

Laissons l'arbitre

arbitrer

Il y eut aussi, au cours de cette petite partie, jamais lassante, quelques décisions de l'arbitre violemment contestées par le public et les joueurs de Metz. Un but refusé pour hors jeu à Combin, un fauchage de Bourgeois dans la surface de réparation et une main de Zvunka presque sur le point de penalty. Nous avons pris pour habitude de ne pas critiquer les arbitres à Marseille. Nous admettrons que par la suite Combin était hors jeu et que Zvunka a touché le ballon de la main involontairement, ce qui d'ailleurs est vraisemblablement exact. Mais la moral de cette histoire est qu'il vaut mieux laisser les arbitres arbitrer. Quand tout le monde s'en mêle, comme on dit populairement, c'est la panique.

Vers un deuxième

titre

La rencontre terminée, l'unanimité s'est faite sur un point : "L'O.M. possède une équipe intrinsèquement supérieure à celle de Metz, et sans doute à toutes les autres équipes françaises cette saison".

Nous n'allons pas citer tous les anciens spectateurs objectifs qui nous dit : il y en aurait trop. L'O.M. possède une telle variété de joueurs de classe et pourtant très dissemblables, que l'équipe d'en face ne sait jamais très bien d'où le danger peut venir.

Hier, le pouvoir de faire la décision est revenu du tandem Magnusson-Skoblar ; la prochaine fois, c'est peut-être d'autres olympiens qui prendront le relais ; et même s'il devait y avoir un jour un accident, comme il en arrive à toutes les équipes, nous ne croyons pas que l'O.M., froid, lucide, réaliste et possédant de surcroît quelques joueurs hors série, puisse, cette saison, ne pas conserver son titre de champion de France. 

 M. FABREGUETTES

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Jules Zvunka : "Cette victoire

je l'attends depuis cinq ans !"

METZ - Nous ne croyons pas trop nous avancer en prétendant que les Marseillais, qui ne gagnent en principe jamais à Metz, auraient signé des deux mains pour un nul leur permettant de conserver leur première place. Ainsi, le coup de sifflet final donné, ils se bousculaient comme des écoliers en revenant aux vestiaires, ou ils allaient devoir se préparer à toute allure pour ne pas rater un avion décollant à 18 h. 30.

"Nous allons pouvoir passer de bonnes fêtes de Noël", soupirait Mario Zatelli, tandis que René Gallian, ce démissionnaire toujours aussi actif, n'était pas loin de se prendre pour Madame Soleil.

"Je vous l'avais bien dit que nous ne gagnerions aujourd'hui. Mais je ne savais pas que ce serait d'aussi belle façon. Songez que depuis le début de ma carrière, ce que j'avais enregistré de mieux ici c'était un match nul".

Marcel Pougenc, qui se fera peut-être un jour historiographe de l'O.M. ajoutait : "Je crois bien que notre dernière victoire remonte à dix-huit ans !"

Et chacun y allait de sa petite galéjade. Bernard Bosquier vociférant :

"C'est moi la mascotte de l'équipe. Car moi, messieurs, je vous l'avais bien dit, je ne perds jamais à Metz".

Nous lui en donnons acte bien volontiers.

Jules Zwunka, son côté, était aux prises avec les radioreporters. L'euphorie de la victoire lui faisait facilement oublier que, sur la pelouse, deux glissades intempestives lui avaient fait frôler la "correctionnelle".

"Cette victoire, il y a six saisons que je l'attendais. A croire qu'une véritable malédiction pesait sur nos déplacements à Metz. Je ne savais pas, à vrai dire, comment allait se solder celui-ci, d'une extrême importance, considérant notre position. Inutile de vous dire combien je suis heureux".

Roger Magnusson félicité de toutes parts expliquait : "Je crois bien que j'ai maintenant surmonté une période difficile, comme tous les joueurs en connaissent. J'ai retrouvé mon second souffle et je ne suis pas du tout fatigué. J'estime ainsi que nous avons trouvé une façon de jouer plus économique et plus efficace, qui se traduit par nos quatre victoires consécutives et très nettes. Nous sommes vraiment sur la bonne voie".

Édouard Kula, auquel on reprochait amicalement d'avoir écopé d'un avertissement protesté : "Il n'y a pas de justice. Ce jeune Piasecki me frappe. Je le repousse. Il récidive, c'est moi qui doit faire tout seul les frais de l'algarade. C'est à n'y rien comprendre".

Carnus savourait, avec son calme habituel, cette nouvelle victoire. Et comme nous le félicitions, il rétorqua : "Je vous l'avais bien dit, pour montrer que je n'étais pas mort il fallait me donner tout simplement un peu de travail".

Gilbert Gress, difficile pour lui comme pour les autres, analyse ainsi la partie : "Nous avons fait vraiment ici le match qu'il fallait faire. Sérieux, efficace et très collectif".

Jacky Novi, ruisselant de sueur, rayonnait : "C'était vraiment un temps magnifique pour courir, se défoncer, et somme toute jouer au football. Surtout magnifique quand on mène constamment le bal".

Enfin Lucien Leduc, hilare, apportait la conclusion du responsable technique :

"Pour nous, les choses se présentaient de façon inquiétante. Nous n'étions pas sans doute rappeler notre mésaventure de la saison dernière. De là à parler de signe indien, il n'y avait qu'un pas. Eh bien, ce signe indien, nous l'avons effacé et nous avons en même temps, amélioré considérablement notre position.

"Aujourd'hui, nous avons joué comme un leader doit opérer à l'extérieur. En gardant le ballon lorsqu'il le faut, en nous dégageant habilement, en variant notre jeu en refoulant dans son camp l'adversaire quand il devenait trop présent. Autant dire que je suis extrêmement satisfait du comportement d'ensemble de l'équipe.

Puis, répondant à une question,

"Je donnerai tout de même le prix d'excellence à Magnusson. En donnant trois balles de but à ses partenaires Roger a eu autant de mérite que Skoblar et Di Caro, qui les ont mises au fond".

 BOURGEOIS ET COMBIN

ADMIRATIFS

Bien entendu, on était extrêmement déçu dans le camp lorrain. L'entraîneur Jacques Fabre avait jeté, évoquant le double forfait de Geitz et Schuth.

"C'est comme si on avait enlevé à l'O.M. Skoblar et Magnusson à la fois !"

Le capitaine Daniel Bourgeois soupirait : "Aujourd'hui, il y avait trop de choses contre nous : le manque de réussite, la maladresse, la nervosité d'ensemble de notre équipe. Certaines décisions de l'arbitre qui ne nous ont pas été favorable, et surtout la classe supérieure de nos adversaires. C'est formidable ce que l'O.M. a pu progresser depuis la saison dernière. Les Marseillais ont beaucoup appris et retenu avec les compétitions européennes. Ils savent maintenant garder le ballon, calmer le jeu et accélérer au bon moment. Nous sommes très déçus, il nous fallait cette victoire sur le leader."

Après avoir vitupéré l'arbitre, Nestor Combin confirmait l'impression de son camarade :

"Bien sûr, l'O.M. est très fort. Sans cela il ne serait pas champion de France et encore leader du championnat. Déjà j'avais eu cette impression en le voyant à la télévision, en Coupe d'Europe. Elle s'est confirmée aujourd'hui à nos dépens.

"Quant à moi, je crois n'avoir jamais été aussi malheureux. Je marque tout de même deux buts contre l'O.M. L'arbitre m'en enlève un et Bosquier un autre. J'espère que ça ira mieux la prochaine fois".

Et nous avons laissé Nestor à ses regrets.

L.D.

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L'O.M., à METZ, efface

un signe indien (3-1)

Le ciel était gris, les eaux calmes de la Moselle, qui entoure l'île Saint-Symphorien étaient grises. La foule qui se pressait vers le stade, revêtue de manteaux et imperméables, était grise. Tout était uniformément gris, et depuis notre arrivée, en quart de Metz, nous attendions à tout moment à voir tomber les premiers flocons de neige que promettait cet univers cotonneux.

"Il ne tombera pas de neige aujourd'hui, nous annoncer notre chauffeur de taxi, il ne fait pas assez mauvais".

- Prétendez-vous qu'il fasse beau ?

- Eh bien, il ne pleut pas !

Bien sûr, il ne pleuvait pas, et c'était toujours ça de pris. Mais la rencontre allait se dérouler sur une pelouse extrêmement grasse, dans une ambiance, nous l'avons dit, très hivernale et donc beaucoup plus lorraine que provençale.

Tandis que de gentils poussins de jaune et de rouge vêtus, et de mignonnes majorettes égayaient l'atmosphère, les pronostics étaient généralement favorables à cette O.M. qui ne gagne pourtant jamais à Metz. Et nous avons même entendu dire derrière nous, de façon prophétique :

"Les Marseillais aujourd'hui vont gagner par 3 à 1"

Ajoutons, pour achever de planter le décor, qu'il y avait hier après-midi, la grande foule. Un public bien décidé à porter son équipe, plutôt décevante jusqu'alors, vers une victoire de prestige, et ne lui ménageant par ses encouragements, applaudissant les actions les plus anodines, en premier lieu celle de Combin, qui paraissait soucieux de mettre en confiance, après toutes les controverses entretenues à son sujet depuis son arrivée en Lorraine.

C'est ainsi que le puissant Nestor soulevait l'enthousiasme de ses supporters en bousculant Carnus, puis en expédiant un tir dans le virage. Il n'y avait pourtant pas là dedans de quoi fouetter un chat.

MALHEUREUX NESTOR

HEUREUX JOSIP !

Mais une personnalité comme celle du Franco-Italo-argentin trouve toujours le moyen de se signaler. On en était à la 15me minute lorsqu'il fonçait sur une longue ouverture à ras de terre de Pauvert et profitait d'une glissade de son garde du corps Jules Zvunka qui ratait complètement son intervention pour tromper Carnus et marquer un très joli but.

Mais le drapeau du juge de touche s'agitait et le point était refusé pour hors jeu. Inutile de dire que cela provoquait un beau tumulte, le public lorrain à deux doigts de renoncer aux belles résolutions de "fair-play" dont le speaker du stade s'était fait l'interprète.

Et les clameurs ne s'étaient pas tues, quand cinq minutes plus tard, Skoblar déviait, des cheveux plutôt que de la tête, dans les filets du jeune Barth, un très bon centre de Magnusson.

On n'avait vu jusqu'alors ni l'un ni l'autre. Les deux monstres sacrés de l'O.M. venaient de se manifester de façon éclatante et leur équipe, au lieu d'être mené 1 à 0, prenait l'avantage.

Sérieuse différence !

Quant à Combin, héros malheureux de cette première demi-heure, il montrait, sur un joli centre de Natouri, en prenant trop de temps pour contrôler la balle, que ses réflexes n'étaient plus très rapides, mais en tirant un coup franc, avec une puissance inouïe, que sa force de frappe était intacte.

32me MN : MAGNUSSON

ET SKOBLAR RÉCIDIVENT

Magnusson et Skoblar eux, étaient à l'aise sur la grasse pelouse de St-Symphorien, comme des canards dans l'eau.

A la 32me minute, Roger échappait, pour la troisième fois, a Bauda, s'avançait, centrait impeccablement et son compère Josip était là, cette fois encore reprendre la balle victorieusement et à bout portant, d'une pichenette, malgré la présence de quatre adversaires.

Sur les gradins, c'était la consternation et d'un seul coup 20.000 Messins ressentaient le froid. Avant le repos, on avait encore la preuve que ce n'était pas le jour de chance de Combin.

À la 43me minute, il reprenait fort bien de la tête une balle de corner et trompait Carnus qui était sauvé par son ami Bosquier embusqué sur la ligne.

OCCASION LORRAINE.

On s'attendait, bien sûr, à ce que les Messins se ruent à l'attaque, imposant aux champions de France un forcing effréné.

Dès la reprise, ils multipliaient les assauts, mais ne se montraient pas plus heureux que précédemment. Piasecki profitant d'une erreur de Bonnel, filait seul au but, mais tirait de toutes ses formes et de très loin, au lieu de s'avancer et "d'assurer le coup".

Bourgeois qui, au contraire, tardait trop à déclencher son tir, était bousculait dans la surface et de façon suspecte par Novi.

Piasecki partait encore de loin, mais ne pouvait inquiéter Carnus. En revanche, une contre-attaque de Gress aurait fort bien pu valoir un troisième but à l'O.M., si Di Caro avait pu reprendre la balle de son camarade (53me minute).

À la 58me minute, sur une longue passe de son petit frère Victor, Jules Zwunka glissait et recevait la balle sur le bras, en pleine surface. L'arbitre M. Maillard se refusant à accorder un penalty à Metz, ce qui provoquait une nouvelle bronca.

DI CARO ET ENFIN COMBIN

Evidemment, quelques minutes plus tard, l'O.M. obtenait le troisième but qui mettait fin à toute équivoque.

Sur le corner obtenu par Magnusson et tiré par Gress, le Suédois redressait parfaitement du plat du pied la balle au profit de Di Caro qui marquait d'un joli tir croisé de la gauche (62me minute).

Il restait, hier bien sûr, une demi-heure de jeu. Elle permit surtout à Carnus de se distinguer en arrêtant un tir à bout portant de Piasecki, en s'envolant devant Bourgeois et en plongeant dans les pieds de plusieurs adversaires, sur une passe très trop court de Zvunka, et ainsi en détournant à moitié un penalty de Combin, tiré en force et accordé par M. Maillard pour une faute de main bien involontaire de Bosquier (73me minute).

Enfin, ce penalty venait-il du moins en compensation des nombreux malheurs de Metz, lui permettant de sauver un honneur qui n'était pas compromis.

Louis DUPIC

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