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Résumé Le Provencal

du 12 août 1971

 

ECHEC AU CHAMPION !

La défense lyonnaise imperméable et chanceuse (1-1)

Vous savez déjà que la température avait choisi ce jour d'ouverture pour quelque peu se rafraîchir.

Oh, ce n'était pas encore l'hiver, bien sûr.

Ni même l'automne.

Simplement un temps plus propice pour une première journée de championnat, qu'il s'agisse de Lyon ou de l'O.M.

Personne, d'ailleurs, n'a songé un instant à s'en plaindre, même pas les spectateurs qui ont envahi très tôt les gradins du stade-vélodrome.

Il n'y avait pas de changement par rapport à l'équipe annoncée à l'O.M. ; par contre, les craintes émises au sujet de Kula se sont justifiées.

Le test subi par Édouard et ses douleurs intercostales n'a pas été concluant.

C'est donc Jean-Louis Hodoul qui occupe le poste d'arrière central gauche. Le Boedec étant, pour sa part, douzième homme.

L'O.M. DOMINE

C'est l'O.M. qui engage, après avoir reçu, bien entendu, le digne accueil du au champion de France.

Couecou obtient aussitôt un corner, sans résultat, devant Domenech. Mais c'est Lacombe, parti à la limite du hors-jeu, qui vient le premier inquiéter Carnus, heureusement bien placé (2me).

Le premier quart d'heure est ainsi atteint sans dommage pour les deux gardiens, mais avec une succession de coups-francs généreusement distribués par M. Uhlen.

Exploit de Gress, néanmoins, qui slalome sur la droite après un relais avec Magnusson. Le tir de l'Alsacien frôle le montant (16e minute).

Les Lyonnais, pour une fois, ont eu chaud.

Et ce n'est pas fini, car Skoblar, maintenant, s'en mêle. Mais son tir s'écrase sur la transversale (18me minute).

Ravier, sur le renvoi, tente sa chance à son tour, manquant de peu l'encadrement (22me minute).

L'O.M., toutefois, semble prendre peu à peu la mesure de son adversaire. Chauveau doit se coucher sur un centre tir de Magnusson (23me minute), puis une nouvelle fois sur un coup franc de Skoblar (24me minute). De sorte que la domination de l'O.M. est évidente.

MAIS LYON RESISTE

Il ne reste plus qu'à trouver la faille. Mais répétons-le, les Lyonnais ne font guère de sentiment. Skoblar lui-même est fortement secoué par Baeza (27me) et le public, comme on l'imagine, fait savoir son mécontentement.

Cela n'empêche pas Gress d'être à deux doigts d'ouvrir la marque. Il s'est trompé de quelques centimètres, hélas et une fois de plus la balle sort.

Décidément, rien ne veut passer, même pas ce magnifique centre de Magnusson, capté du bout des doigts par Chauveau.

Encore un centre tir de Gress repoussé par le gardien lyonnais (32me minute), puis Di Nallo échoue à son tour sur sa veille connaissance Bosquier.

Mais le point culminant de cette fin de mi-temps et certainement le centre de Lopez, repris par Couecou et détourné en corner par Chauveau (43me minute).

Il était dit, toutefois, en dépit d'une nouvelle tentative de Gress que cette première période ne connaîtrait pas de but.

ENFIN GRESS

A la reprise, il est dit que Lyon veut se contenter de ce (déjà) bon résultat.

Pour l'O.M., d'un notre côté, tout reste à faire et, ma foi, les hommes de Leduc s'y emploient volontiers.

Skoblar, sur l'aile gauche alerte, au centre son ami Couecou Didier, talonne pour Magnusson Chauveau, pour la énième fois est à la réception (48e minute).

Mais Lyon ne va pas toujours s'en tirer à si bon compte. Un long centre de Lopez lobe enfin la défense lyonnaise. Skoblar se précipité et Chauveau en voulant trop se préoccuper du roi des buteurs, oublie Gilbert Gress. C'est une erreur fatale. L'ex-Stuttgartien surgit comme un bolide et après maintes tentatives infructueuses, la balle maintenant est bel et bien au fond des filets (52e minute).

L'O.M., enfin libéré, fait maintenant feu des quatre fers. Hodoul intégré à l'attaque, centre pour Couecou. Il s'en faut d'un cheveu pour que la reprise face mouche (55e minute).

LACOMBE EGALISE

En regardant le tableau d'affichage, on peut estimer alors que les Lyonnais ne sont pas trop malheureux. D'autant qu'un coup de tête de Skoblar est encore détourné par Chauveau et que, sous le coup de pied de réparation, le gardien doit s'y reprendre à deux fois pour enlever la balle dans les pieds de Couecou (65me minute).

C'est alors que le public du Stade-Vélodrome va essuyer une véritable douche froide. Un coup franc concédé par Gress, sur Di Nallo à la limite de la surface de réparation, est tirée par Chiesa. Tir formidable que Carnus ne peut totalement maîtriser, malgré un spectaculaire plongeon. Lacombe s'empare de la balle et n'a aucune peine à la glisser dans les buts (72me minute).

1 à 1, donc, et le moins qu'on puisse dire est que ce score de parité ne reflète guère jusqu'ici la physionomie de la partie. Il n'empêche que Lyon tient le bon bout et se permet, de surcroît, de mener de dangereuses offensives.

C'est pourtant Chauveau qui se sort sans dommage (on se demande comment) d'un cafouillage monstre devant ses buts (82me minute).

Domenech a beau concéder un double corner à deux minutes de la fin, Lyon n'est toujours pas battu et en profite pour monopoliser le ballon. Il est trop tard pour l'O.M. Quand M. Hulen siffle la 90me minute, le score n'aura pas évolué.

Il faudra donc se contenter de ce premier résultat, en espérant (très bientôt) des jours meilleurs.

Jean FERRARA

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  Marcel LECLERC : "La bonne Mère

n'était pas marseillaise !"

Dans le vestiaire marseillais, fraîchement repeint en bleu ciel, les joueurs faisaient grise mine, sans être toutefois catastrophés. On avait conscience d'avoir accompli son devoir mais d'abord eu à lutter aussi contre une malchance assez exceptionnelle.

Le président Leclerc, le teint bronzé sous un "Lacoste" rouge flamboyant, venait détendre l'atmosphère : "Les gars, vous n'avez rien à vous reprocher. Vous avez fait votre travail correctement et aujourd'hui la "Bonne Mère" n'était pas marseillaise. Elle avait du remonté le Rhône et s'installer à Gerland : car si nous avions eu quatre ou cinq buts d'écarts, personne n'aurait pu crier au scandale.

Mais je dois rendre hommage à nos adversaires Lyonnais : ils ont joué exactement comme ils devaient le faire.

Certes ils sont parvenus à obtenir ce bon résultat en employant quelques fois une "certaine manière". Mais ils ont joué le contre à la perfection et en muselant Skoblar et Magnusson comme ils l'ont fait, ils ont tellement diminué notre potentiel offensif.

Quant à nous nous n'avons pas eu de chance. On ne compte pas les fois où nous avons été à deux doigts de conclure. Mais que voulez-vous c'est ça le football...

Au registre des satisfactions, la très bonne performance de Jean-Louis Hodoul. Nous avons trouvé avec lui un arrière-ailier de grande valeur, qui devrait devenir le pendant de Lopez à l'autre aile.

En conclusion, je dirais que ce point perdu par l'Olympique de Marseille ne rendra que plus attrayante le championnat 71-72. Et puis il reste tout de même 37 rencontres à disputer...

D'ailleurs tous les favoris, ou présumés tels on fait aussi match nul".

 

CARNUS : PAS DE CHANCE

Georges Carnus très applaudi à son entrée sur le terrain, semble être devenu le chouchou du public. Il était bien sûr un peu déçu de ce point perdu pour son premier match officiel : "Je n'ai pas eu de chance. Je n'ai pas eu grand-chose à faire de toute la partie et il faut que j'encaisse ce but sur un contre lyonnais. Sur le coup franc la balle est partie très vite. Je n'ai pu que la détourner sur la barre. Ensuite je n'ai rien pu faire contre le tir de Lacombe qui m'a fusillé à bout portant. De Lyon il n'y a rien à dire sinon il faut s'attendre à ce que toutes les équipes visiteuses pratiquent ici un jeu défensif. Le tout sera de passer ces super-défenses. Et tout cela on peut faire confiance à Josip".

Didier Couecou était un peu désabusé : comme nous lui demandions ce qu'il pensait de Domenech, il nous répondit : "Il s'appelle Domenech, moi je viens de Bordeaux disant que nous avons fait tous les deux un match de rugby intérieur d'un match de football".

Édouard Kula était un peu attristé. Le gentil Doudou a probablement senti qui risquait d'avoir un redoutable concurrent au poste d'arrière droit à personne de son ami Hodoul.

Gilbert Gress expliquait à l'un de nos confrères de la presse parlée comment il avait obtenu le but olympien cependant que Jacky Novi lançait à son adresse : "Ces Lyonnais ont eu 50 % de réussite. Ils n'ont eu que deux occasions sérieuses de conclure et ils sont parvenus à marquer un but".

Enfin Jean-Louis Hodoul, le héros de la soirée, s'il était content de sa performance personnelle voyait sa joie atténuée par ce premier point perdu à domicile : "J'aurais préféré moins bien jouer et empocher les deux points de la victoire !

Une réflexion toute à son honneur !

Alain PECHERAL

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 Le piège lyonnais a parfaitement fonctionné

Il n'y eut pas la moindre surprise, en première mi-temps. Tout s'est passé comme archiprévu.

L'O.M. a mené le jeu, presque à sa guise, mais l'équipe lyonnaise fortement repliée devant son Bosquier yougoslave, Mihalovic, a parfois plié, mais n'a jamais rompu.

Certes, entre le 0 à 0 et le X à zéro, la différence est parfois bien mince.

Gress aurait pu, avec un petit rien de plus d'adresse ou de chance marquer trois buts, un tir royal de Skoblar percuta le poteau et, sur le coup de tête de Couecou, Chauveau ne put que dévier en corner, non sans peine et brio.

Mais il faut aussi reconnaître objectivement que jusque là Lyon avait fort bien joue le coup et que son équipe reste encore difficile à manoeuvrer cette saison, surtout quand il disposera de son deuxième Yougoslave, Trivic.

On avait aussi remarqué, ce qui n'est pas nouveau, que l'O.M., Magnusson et Gress intelligemment marqués par Lhomme, Valette... et Miholovic, perdait de son pouvoir offensif quand ses ailiers ne s'imposent pas irrésistiblement.

Le public cria "Loubet... Loubet" sur l'air des lampions.

Ce n'était pas un reproche adressé au vaillant Couecou, mais la constatation d'un fait. Il manque un ailier à l'O.M.

LA PRÉSENCE DE BOSQUIER

Cependant, malgré ce début en demi-teinte et le résultat nul à la mi-temps, nous ne nourrissions aucune véritable inquiétude.

Il est indispensable que l'O.M. ne finisse pas par marquer, tellement était grande son emprise sur le match.

D'autre part, la tenue de défense avait de quoi rassurer.

Il est certain qu'à présent de Bosquier à donner à cette division olympienne une plus grande sérénité.

Pour ses débuts officiels au stade vélodrome, "bobosse", comme l'appellent ses amis n'a pas voulu en rajouter. Il a joué sobrement mais efficacement, et c'est sans doute pour cela que les rapides contre-attaques lyonnais, pourtant menées par Chiesa-le-barbu, Di Nallo et le prometteur Lacombe échouèrent toutes dans l'oeuf. N'oublions pas que le but marqué par Lacombe le fut sur un coup franc magistralement tiré par Chiesa.

LE RIDEAU ROUGE ÉTAIT DE TIRÉ.

Ce but, non inscrit au courant d'une soirée qui devait être de gala fit naître le doute, alors que l'O.M. paraissait s'acheminer vers une victoire difficile mais indiscutable.

Elle fut la goutte d'eau qui fit déborder l'évidence morosité du public.

Il était venu pour voir un O.M. irrésistible, démarrant en fanfare dans un championnat dont il est encore le favori, et il assistait au spectacle son et qui se laissant prendre au piège lyonnais.

Ces derniers, qui avaient tiré le rideau rouge (de la couleur de leur maillot) depuis le début, continuèrent de plus belle en constatant que la tournure prise par les événements.

Qu'auriez-vous fait à leur place ? Quant aux multiples accrochages qui se multipliaient, sous l'oeil de l'arbitre plutôt débordé, ils n'étaient pas faits pour améliorer la cause olympienne.

Le président Leclerc, qui suivait le match à côté de nous, en première mi-temps, nous l'a d'ailleurs dit :

"Ils ont tort de vouloir rendre les coups. Ils vont en oublier de jouer au football !"

NE PAS VOIR LES CHOSES TROP EN NOIR.

Que faut-il maintenant retenir de ce match qui, nous l'espérons, ne sera qu'un accident ?

Que Magnusson et Skoblar vont être marqué de plus en plus cette saison et qu'on ne pourra toujours compter sur l'art diabolique de l'un dans les dribbles et l'efficacité de l'autre pour gagner une rencontre.

Il serait indispensable que les échanges au mieux du terrain, facilités hier soir par la tactique lyonnaise, soient un peu plus rapides.

Quand on voit le ballon traverser le terrain en largeur par petites passes répétées, compliquées de quelques talonnades, on peut être certain que la défense d'en face a tout le temps de se replier de se placer et même de se renforcer.

Au point d'arrivée de toutes ces combinaisons un peu trop "téléphonées" c'est évidemment la mêlée.

Évitons, toutefois, de voir les choses trop en noir.

Il est vrai, aussi que l'O.M., n'a pas été servi par la chance.

Rappelons-nous ! Il y a quelques mois à peine. Au demi-échec devant le même Lyon succédèrent sept victoires consécutives.

Maurice FABREGUETTES

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LA FETE RECOMMENCE !

On repart. Nous ferons mieux d'écrire l'O.M. repart.

Sous les feux de ses 1.200 lux et nanti d'une sono nouvelle, le Stade-Vélodrome a retrouvé sa parure de spectateurs.

Il a même un invité de choix à la tribune d'honneur : Achille Zavatta, le maître du spectacle.

Du spectacle, d'ailleurs, il y a en déjà en puissance, avant même que le coup d'envoi ne soit sifflé, dans cette immense foule supportrice, dont les goûts ne vont précisément pas à un football de salon.

Elle est venue, on le devine à traverser ces clameurs, pour voir éclater sur le terrain cet orage qui s'est promené sur Marseille durant toute la journée. Il lui faut un super O.M. tout neuf, un Skoblar de gala, son Magnusson préféré, un Bosquier plus impérial que ne l'exigerait sa légende stéphanoise... Bref, un menu digne des dieux de l'Olympe.

Le "Lyon" allait-il mourir, hier soir, de la mort heureusement éphémère des stades ?

C'était le secret de cette rencontre, l'éternel et indiscutable "suspense" qui, sans cesse renouvelé, fait tout le charme du football.

Première journée. Premier match. La grande fête recommence, et vive l'O.M., quoi qu'il puisse arriver !

Maurice FABREGUETTES

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PIBAROT : "Un match nul mérité !"

L'ambiance était joyeuse dans les vestiaires lyonnais. Un point pris à Marseille, contre le champion de France en titre, c'est ce qu'on peut appeler un bon début !

Pierre Pibarot, directeur sportif de l'OL, analysait calmement la rencontre : "Nous sommes amplement satisfaits du match nul. Je crois que nous n'avons pas volé le partage des points. L'O.M. a fait tout ce qu'il pouvait faire pour tenter d'arracher la décision, mais notre défense a réalisé le match que l'on attendait d'elle et a été en tous points remarquables. Certes nous n'avons été le plus souvent dominés, mais ce n'était pas de même pas à nous d'attaquer !"

Aimé Mignot, l'entraîneur rhodanien, été quant à lui beaucoup plus volubile : "Tous es gars ont été admirables. L'équipe a fait exactement le match qu'on attendait d'elle, appliquant à la lettre la tactique que nous avions mis sur pied avant le match. Prévoyant départ en trombe des Marseillais, nous avions en effet décidé de laisser passer l'orage, quitte à nous faire sévèrement dominer. C'est ce qui s'est produit. Mais vous avez vu que nos petits attaquants n'ont pas leur pareil pour se montrer dangereux sur contre-attaque.

"La jeunesse de notre effectif et de notre ligne d'attaque en particulier n'a pas été un handicap, loin de la. Les jeunes ont l'avantage être très dociles, de suivre très sérieusement les consignes données.

"Je suis en particulier très satisfait de Lacombe qui a fourni une partie excellente.

Ce point prit au Stade Vélodrome est pour nous un doping formidable. Nous sommes bien partis pour atteindre notre objectif : discuter la coupe de l'UEFA la saison prochaine en etrminant dans les tous premiers du championnat".

Gilbert Ravenello, le douzième homme lyonnais partageait l'avis de son entraîneur. Mais il devait ajouter : "Je plains les joueurs olympiens. J'ai beau être Marseillais, je ne voudrais pas être à leur place : le public est vraiment terrible !"

Un joueur aussi m'a fortement impressionné : Gilbert Gress. "Il est partout et semble insaisissable !"

A.P.

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