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Résumé Le Provencal

du 07 mars 1971

 

C'EST A REFAIRE !

Un grand match au sommet ?

Le mistral ne l'a pas voulu

Ce match, au sommet d'une montagne de glace, que nous avons suivi en claquant des dents, aura au moins démontré que Saint-Étienne et l'O.M., dans des conditions atmosphériques absolument contraires au football, étaient capables de fournir un jeu d'une qualité certaine.

Nous aurons aujourd'hui, toutes les indulgences pour les joueurs.

Le mistral glacial, soufflant en bourrasques imprévisibles, est, avec le terrain verglacé, le pire ennemi du sport de la balle ronde.

Seuls, ceux qui n'ont jamais mis les pieds sur une pelouse peuvent estimer que cette rencontre n'a pas tenu toutes ses promesses.

Nous sommes persuadés que, par un temps normal, devant un public encore plus nombreux et beaucoup plus chaud, nous aurions vécu un après-midi de football inoubliable.

Il y avait dans ce match tellement de promesses, d'actions brillamment amorcées, si pas toujours terminées à cause des caprices du vent et du mauvais état de la pelouse, que l'on doit accorder le plus large crédit aux deux équipes.

Pour nous, Saint-Étienne et l'O.M. ont bien mérité du football français.

Les deux équipes restent dans la même ligne, plus "soeurs siamoises" que jamais, et, même si l'on doit estimer que l'avantage revient à la stéphanoise, la lutte pour le titre est loin d'être terminée.

Saint-Étienne mieux qu'à Saint-Étienne

Cet hommage rendu aux deux adversaires, il faut objectivement reconnaître que l'A.S. de Saint-Étienne a produit la meilleure impression.

Elle a joué beaucoup mieux qu'au match aller, avec un engagement supérieur, une maîtrise collective rappelant les meilleurs crus stéphanois et ces dernières années, et un esprit de combats exemplaire.

Nous n'en voulons pour preuve que la fréquence des "tacles" victorieux des deux ailiers Bereta et Parizon, et l'indiscutable progrès de l'arrière gauche Farizon.

À Saint-Étienne, Farizon avait été le jouet de Magnusson. Cet après-midi, ce quasi débutant dans les rangs professionnels a su limiter les actions du virtuose suédois, obliger son adversaire direct à jouer en marge de la zone de vérité.

 L'O.M. et le milieu de terrain

L'O.M., il faut aussi l'écrire, à un peu souffert de la comparaison.

Son jeu a été moins lié que celui des Stéphanois, les fausses notes (passes approximatives, renvois hasardeux...) plus nombreuses, et sa défense n'a pas, et d'assez loin, l'aisance manoeuvrière de celle de Saint-Étienne.

Tout cela on le savait déjà. L'O.M. n'a jamais été une équipe de charmes, et nous nous demandons si elle n'a pas commis une erreur, en accordant une trop grande importance, surtout en deuxième mi-temps, au centre du terrain.

Quand on a un style, généralement imposé par les qualités et défauts de ses joueurs, il faut s'y tenir.

Pour tout dire, le spectacle de Skoblar, seul à la pointe de l'attaque et de ce fait facilement surveillé par Camerini ou par Bosquier, ne nous a pas plu.

Ce qui peut réussir contre les défenses de moindre qualité, n'est pas bon contre Saint-Étienne.

 Fallait-il faire entrer Couecou !

Voici pourquoi nous adresserons un léger reproche aux entraîneurs olympiens.

À leur place, nous eussions fait rentrer Couecou, dès la mi-temps, en lui demandant de soutenir Skoblar, de l'aider à forcer la brillante défense stéphanoise, en essayant de lui faire commettre des fautes.

La position avancée de Couecou eut, au moins, contraint Herbin à rester derrière.

Le jeu, parfois brillant, mais dispersé de Gress, a fait de Herbin un prometteur solitaire et combien dangereux.

Bien sûr, il ne s'agit que d'une option, discutable comme toutes, et rien ne prouve que l'apparition de Couecou eut apporté la victoire.

Cependant, nous persistons à croire qu'un n.12 n'est pas fait pour rester, à perpétuité sur la touche.

 Retour à la simplicité

L'O.M. aura, malgré tout, fait naître de grands espoirs, en début de match.

Sous l'impulsion de Bonnel, l'équipe tournait dans l'huile, et l'on put croire, un court moment, que Loubet et Magnusson allaient pouvoir faire la décision.

Ce ne fut qu'une illusion. Assez rapidement, les deux ailiers olympiens rentrèrent dans l'anonymat et, en seconde mi-temps, Magnusson, qui jouait sous nos yeux, parut lourd et désabusé.

Peut-être, aussi, la balle n'arrivait-t-elle pas assez vite aux ailes, le jeu olympien faisant l'école buissonnière au centre du terrain.

L'O.M., pour retrouver son efficacité contre des équipes de qualités, doit retrouver sa simplicité.

Il faut jouer avec ce que l'on a, et non rêver à une super-équipe n'existant pas encore.

 Ce Bosquier qui peut tout se permettre

Dernier sujet de satisfaction ayant échappé à la plupart des spectateurs.

Dans un match du Championnat de France, les vedettes ont été françaises, malgré la présence sur le terrain de quatre internationaux étrangers.

Bosquier s'est tout permis, même de marquer un but superbe... à Carnus !

Mais on peut se demander si un jour Batteux ne va pas mourir d'un infarctus.

Bereta a fait ce que l'on peut appeler, en termes populaires, "un malheur", et le jeune Parizon semble bien être à l'orée d'une brillante carrière.

Nous citerons encore Herbin et Bonnel, les "vieux" sur lesquels les années ne pèsent pas, et Novi pourtant égaré à une place de lui convenant qu'à demi.

Les quatre "grands" étrangers, le meilleur fut Keita.

Certes, on ne vit pas Keita le diabolique, mais il ne tint qu'à un fil, quelques centimètres de plus ou de moins, qu'il ait été le héros du match.

M. FABREGUETTES

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  Cette foule qui a trop d'appétit

Il nous était promis davantage.

Par delà les trompettes annonciatrices d'événements et les folles prévisions écrites et parlées, vingt-deux hommes devaient, dans le principe, nous offrir un choc aux dimensions européennes. Ces mots, dont on use jusqu'à élargir la géographie du football, sans trop savoir, du reste, ou commencent et ou finissent les frontières de cet art.

Oui, c'est vrai, ce devait être la foudroyant confrontation des équipes - mosaïques, des attaques - canons de championnat.

Ce devait être tant de choses que les batteries de superlatifs étaient déjà en position dans toutes les salles de rédaction de France.

Et ce ne fut qu'un match comme il en est tant d'autres. Avec ses imperfections et ses moments heureux. Avec ses rebondissements ces passages blancs.

Et un temps épouvantable pour principale excuse.

Un match dans les Stéphanois, il faut le souligner, fournirent le contenu, l'essentiel, et pour tout dire le meilleur.

Nous venons de toucher sans doute à un des aspects les plus fondamentaux du mouvement populaire qui se dessine dans ce que nous appellerons l'environnement du football marseillais actuel.

Une sorte de despotisme a gagné la foule du stade, jusqu'à lui ôter le sens de la réalité sportive.

Il y a tant d'amour dans le coeur des supporters de Provence qu'ils en deviennent possessifs, envahissants et quelquefois féroces injustes. Pourtant, ils se sont fort bien tenus hier, dans ce froid de ce jour "J".

C'est cette apparente mélancolique, cette déception nées du résultat nul et d'une absence de victoire qui nous a frappé. Il fallait pourtant convenir, qu'en toute équité, si une équipe pouvait avoir quelques regrets, ce n'était pas la valeur.

Mais le plus grave est qu'il s'en est fallu de peu que l'oeuvre de plusieurs mois ne disparût dans l'oubli, provisoirement peut-être, qu'engendrent les désillusions.

On avait tôt de destiner à une existence tranquille, pour ce match, une équipe qui, répétons-le, voit sa rivale lui coller aux basques depuis six mois.

Le football n'est qu'un jeu et, à ce titre, réclame un gagnant et un perdant. Ce ne sont pas toujours les mêmes qui gagnent et qui perdent. C'est à partir de là que la compétition est possible.

Saint-Étienne est une belle équipe, si l'on veut considérer la récente histoire. C'est une équipe qui a le pouvoir de s'inventer elles-mêmes et de se retrouver, rigoureuse et maladresse de ses réflexes, dans les bourrasques du danger.

Vous nous direz qu'il eut pu en être autrement, en être différemment si d'aventure Josip Skoblar avait été lui-même et mieux soutenir, pour ne citer que ce cas. C'est vrai. Mais est-ce suffisant ?

Que tout un public soit resté sur sa faim est peut être désagréable. Surtout quand on a l'appétit qu'on lui connaît. Mais le football d'un dimanche ne ressemble jamais à celui du dimanche suivant. Cette vérité première et la lecture du calendrier nous font dire que, la route étant encore longue dans la compétition, tout reste à faire.

Les Stéphanois ont bien contourné l'écueil. C'est une évidence. On a peut-être cru, trop tôt ici, qu'ils étaient moins bons navigateurs que par le passé.

 

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Une simple étape

Sans consulter Madame Soleil, l'astrologue en renom, cette pythonisse à la vogue que se plait même à évoquer le président Pompidou, nous savions que "le match" connaîtrait un succès attendu.

Par contre ce que nous ignorions, c'est que Marseille serait en ce jour de fête, la capitale de la Sibérie.

Le boulevard Michelet transformait en toundra au mois de mars relève de l'insolite.

Le bon peuple de Marseille attendait la victoire de "son" O.M. Un O.M. qu'il imagine déjà paré d'un titre de champion de France avec, en prime, la Coupe.

En fait, chacun est resté sur sa faim...

Non pas que le débat ait manqué de vigueur, de relief. Nous aimerions que toutes les rencontres de Division nationale atteignent ce niveau, cette plénitude.

Mais ce score nul - s'il reflète assez bien la physionomie de la partie - nous laisse un goût d'inachevé.

Surtout de la part des Olympiens ratant, en la circonstance, la chance de "lâcher au train" un rival têtu et pas tellement pressé de céder sa couronne.

Que les conditions atmosphériques aient gêné les nôtres nous n'en doutons pas.

L'adversaire était de taille, certes, mais pas invulnérable. Et en fait, ce partage des points ne désavantage pas l'O.M.

Un mot encore sur Josip Skoblar.

Celui que nous jugions capable à lui seul de faire la décision, notre pied d'or, n'était pas dans son assiette, ou plutôt, cette cheville gauche douloureuse qui avait défrayé la chronique ces derniers jours ne lui permettait pas de s'exprimer totalement.

Avec un Skoblar en pleine possession de ses moyens, la situation eut-elle évolué favorablement ?

Sincèrement, on peut croire.

Petite cause, grands effets. La mécanique marseillaise grinçait hier et ce point perdu risque de manquer, au terme de l'aventure.

Le "match du siècle" n'était-il, en fin de compte, qu'une simple étape parmi tant d'autres, avant de toucher le but ?

C'est toute l'histoire du football de compétition...

Gérard PUECH

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LE GENERAL HIVER

N'EST PAS SPORTIF

Le "général hiver" n'est pas sportif, c'est le moins que l'on puisse dire. 6 mars, c'est une date qui sent déjà bon le printemps. Nous étions en droit de supposer qu'un chaud soleil présiderait au match phare d'hier après-midi. Le froid en a décidé autrement.

DES PLACES NUMÉROTÉES.

Depuis des semaines c'était la chasse à Marseille aux places numérotées. Des "aficionados" passionnés, surexcités, étaient prêts à donner une petite fortune pour avoir un bon ticket dans une bonne travée ; hier matin, nous avons rencontré des "nantis" qui offraient - au prix coûtant - leurs places où ils trouvaient difficilement preneurs !

LA PSYCHOSE.

Les choses, les gens évoluent vite, depuis plus de deux mois, une véritable psychose s'était emparée des candidats spectateurs au choc. Il fallait à n'importe quel prix assister à l'événement, hier tout avait changé à cause de la température.

Une étudiante en lettres, Frédérique Wolkmann, nous a dit à ce sujet : "Je crois qu'il y a une thèse à écrire sur la psychologie du supporter..."

LA MARCHE À PIED.

C'est une faute de français, d'accord, mais cette formule est souvent utilisée par ceux qui ne savent plus faire un pas sans prendre un véhicule à moteur.

Hier, des spectateurs sont devenus des sportifs malgré eux redoutant des encombrements ils ont décidé de se rendre à pied au stade vélodrome. Ils ont eu raison, ils se sont réchauffés avant d'aller applaudir...

LA GUERRE DES NERFS.

La semaine dernière, la guerre des nerfs a battu son plein Marseille et à Saint-Étienne. À croire les deux équipes, elles étaient décimées, par la maladie ou les blessures.

À St-Étienne, Keita, Samardzic, devaient être absents, à Marseille, Skoblar, Novi, Bonnel devaient manquer et finalement tout le monde fut sur le pont. Tant mieux !

LE MARCHÉ NOIR.

Chaque fois qu'il y a un grand événement sportif ou cultural, le marché noir sévit. Les vendeurs de billets en fraude, hier en ont été pour leur frais. À cause du froid... L'un d'eux qui proposait des tribunes 1re série ou des Ganay, s'écriait d'un ton marri : "Mais ce n'est pas possible, plus personne ne veut un billet", et une jeune femme blonde en tenue de ski qui passait à notre hauteur nous confia : "C'est bien fait".

EN CHOEUR

Un certain Michel Roman devait composer un hymne à la gloire de l'O.M. Hier, nous ne savions pas s'il était terminé, mais pour se réchauffer les spectateurs qui pourtant ne font pas partie de la moindre chorale, entonnaient une heure avant le coup d'envoi : "Allez l'O.M. !". Ce n'était pas tellement au point, pour les prochaines rencontres il faudra faire appel à Van Karajan ou aux Compagnons de la chanson !

COMME À RIO.

Quand les olympiens ont fait leur apparition sur la pelouse, nous avons eu l'impression brusquement d'être transportés à Rio de Janeiro. Applaudissements, sifflets, pétards, furies, rien ne manquait. Et un spectateur anonyme nous prenons pour l'envoyé spécial de la capitale avait raison de nous dire : "Eh ! vous n'avez pas la même ambiance à Paris !

C'est bien vrai !

À LA MÉMOIRE DE FERNANDEL.

Une minute de silence a été observée à la mémoire du célèbre comédien marseillais, mais cette minute n'a duré qu'une vingtaine de secondes. Sic transit gloria. Vous souvenez-vous encore des "Rois du sport", ce film dans lequel Fernandez était un gardien de but hilarant ? C'était hier, et à trente-cinq ans !

LE PLUS RAPIDE DES ARBITRES.

M. Wurtz est considéré comme l'un de nos arbitres-athlètes, il l'a prouvé au stade vélodrome où nous l'avons vu remonter Jo Bonnel avec 10 mètres de retard sur une distance de cinquante mètres.

BIEN TRANQUILLE.

Les derniers O.M. - Saint-Étienne au vélodrome avait été particulièrement animé hier, les spectateurs ont été bien tranquilles, ce qui a déçu notre consoeur Edmée Santyi qui nous a dit : "J'aurais cru que ce match serait plus nerveux !"

Le froid ? L'enjeu de la partie ? Ne cherchons pas à comprendre, principal c'est que le fair-play triomphe.

Alain DELCROIX

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M. Gaston DEFFERRE : "Le match nul préserve les chances de l'O.M."

"Je suis sportif et à ce titre j'aime la compétition. Aussi, je n'aurais voulu à aucun prix manquer ce match au sommet", a déclaré M. Gaston Defferre. Le député - maire devait ajouter : "Bien sûr, j'aurais désiré que Marseille gagne, mais enfin le match nul préserve les chances de l'O.M. et le "suspense" continue.

M. Defferre se rendit du président Leclerc. Malgré la désillusion que les joueurs affichaient, le député - maire tint à les féliciter pou leur courage et leur volonté d'essayer d'imposer leur jà leurs adversaires.

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ST-ETIENNE PAS MORT !  

Attendons la suite !..

Dans les vestiaires marseillais, on ne trouve pas une joie intense, bien sûr. Mais d'un autre côté, ce n'est pas non plus une profonde déception. Finalement, compte tenu des conditions de ce match exceptionnel, les Olympiens, à quelques exceptions près, semblent non pas se contenter du résultat, mais tout au moins d'admettre avec une certaine physiologie.

Mario Zatelli, qui est le premier aux prises avec les journalistes, lance à la cantonade :

"Et bien : nous sommes toujours premiers. C'est déjà en soi une performance réconfortante. Si vous voulez le fond de ma pensée, je vous dirai que Saint-Étienne nous a aujourd'hui enlevé un point. Mais nous irons gagner d'autres matches à l'extérieur et nous serons tout de même champions".

Comme quoi l'optimisme de la direction technique n'a guère été entamé.

Que pense Lucien Leduc de son côté ?

"Moi je vous avoue avoir été inquiet quand Saint-Étienne nous a menés 2 à 1 à la marque. Puis nous sommes revenus à sa hauteur et je ne pense pas qu'il faille être mécontent. Dans l'absolu je suis certes un peu déçu. Mais une victoire aurait mieux fait notre affaire. Cela va de soi. Nous aurions dans ce cas été plus décontractés pour nous rendre à Angers, tout en étant dans une excellente position d'attente avec deux points de plus que notre grand rival. Mais enfin il faut reconnaître que le résultat est logique".

Écoutons maintenant les joueurs.

ESCALE : Pas moyen d'arriver à les battre (vous devinez de qui il s'agit). J'ai été malheureux sur le premier but de Keita. Je m'étais précipité pour repousser la balle et au même moment Jacky (Novi) m'a heurté la main. La trajectoire a donc été déviée. Le sort a voulu que ce soit dans les pieds d'un stéphanois. Sur le but de Bereta, rien à dire. J'ai été littéralement fusillé.

LOPEZ : Le vent, le terrain gelé par endroits, glissant sur d'autres, nous ont vraiment rendu la tâche difficile. Les conditions de ce match, je pense, ne nous ont pas beaucoup favorisés. Mais enfin, disons-le franchement elles étaient les mêmes pour tout le monde.

HODOUL (il paraît légèrement abattu) : Oui je suis déçu ! Chez eux, nous avons fait tout le jeu et nous avons perdu. Ici nous avons été moins à l'aise et nous leur concédant encore un point. Décidément l'adversaire ne nous réussit guère.

ZWUNKA : Moi aussi j'éprouve de la déception, non pas tellement pour le match nul, mais surtout pour le public. Il s'attendait à notre victoire est maintenant nous l'avons laissé sur sa faim. Et puis, quand on a l'ambition d'être champion de France, il faut être capable de battre n'importe qui. Le succès d'aujourd'hui n'aurait peut-être pas été décisif mais pour ma part j'en aurais été comblé. Enfin n'en parlons plus.

KULA : Ma foi, ce fut un bon match. Que dire d'autre ? C'est dommage, bien sûr, d'avoir fait match nul sur le terrain. Mais le football est ainsi fait. Il faut s'accommoder de tous les résultats une fois qu'ils sont acquis ; et faire les comptes à la fin de la saison. Allons, rien n'est encore perdu. Au contraire...

NOVI : C'est une sacrée bonne équipe ! A Marseille, nous espérions pourtant les battre. Ne serait-ce que pour leur rendre la monnaie de la pièce qu'ils nous avaient donnée au match aller. (Puis, avec un clin d'oeil et un sourire) : les journalistes ont bien fait match nul, eux ! Alors nous pouvons aussi en faire autant, non !.. De la sorte, le suspense continu...

BONNEL : N'est-ce pas paradoxale ? Nous les avions davantage embêtés à Saint-Étienne qu'aujourd'hui, ici, chez nous. Mais croyez-moi, ils sont toujours bons. Ils jouent bien, avec maîtrise, et ne s'énervent jamais notamment quand ils mènent à la marque. Quoi qu'il en soit nous sommes toujours à égalité. C'est déjà pas mal. Nous aurons tout le temps de faire les comptes en fin de saison.

MAGNUSSON : Eh bien ! Moi je suis content. Nous n'avons pas perdu. Car je vous le dis sans fausse note honte, ils sont très forts. Les défenseurs sont d'excellents techniciens. Vous avez vu Bosquier ? Quelle assurance ! Oui, je suis satisfait. Les cinq derniers matches que j'ai joués contre Saint-Étienne, je les ai tous perdus. Aujourd'hui, il y a donc du progrès. Alors il ne faut pas se désespérer.

GRESS : La différence entre nous et Saint-Étienne, c'est que nous n'essayons pas de garder le ballon, eux oui. Et ils y parviennent très bien. De toute façon, nous savions qu'ils nous étaient supérieurs sur le plan collectif. Mais nous aussi nous avions d'autres atouts à étaler. Nous avons fait match nul. À part ça, que dire d'autre.

SKOBLAR : 2 à 2 c'est bon ! Je pense que le score est équitable. Mais j'ai souffert de mon pied gauche, surtout dans les vingt dernières minutes. Je crois aussi que nous aurions pu faire la différence en première mi-temps. Ensuite, le rythme s'est un peu ralenti et dans l'ensemble nous avons subi la même baisse de régime. Mais ne faisons pas la fine bouche, le résultat est bien comme il est.

LOUBET : C'est un match comme nous l'avions prévu. En tenant compte du temps et du déroulement de la partie, le résultat, à mon avis, est logique. Nous sommes toujours premiers, c'est bien l'essentiel.

COUECOU : Moi, je dirais simplement que le 12me homme de l'O.M. ne se fatiguera guère cette année. La place est de tout repos mais ce n'est pas non plus excitant...

PANTELIC : Résultat normal. Saint-Étienne est une très bonne équipe. L'O.M. aussi. Attendons encore pour savoir qui aura le dernier mot.

LES STÉPHANOIS "UN SUCCÈS AUX POINTS !"

Dans le camp stéphanois, on estime aussi que ce fut un match excellent, à tous points de vue. Albert Batteux, quant à lui, résumait assez bien le sentiment général de ses hommes en disant :

"Nous avons pris un point à Marseille, nous ne pouvons qu'être satisfaits. Le championnat, quoi qu'on ait pu dire, ne se jouait pas sur cette seule rencontre. Si nous avions été battus, disons sévèrement, peut-être aurions-nous accusé le coup. Mais une défaite par un but d'écart par exemple n'aurait en rien entamé notre moral. Alors vous pensez bien que le partage des points nous autorise les espérances. Maintenant je peux te dire, je n'ai jamais été contracté avant la rencontre. J'avais confiance. Nous avons prouvé par ailleurs que nous avions autant d'arguments que l'O.M., sinon plus. Et s'il fallait donner un vainqueur moral à cette rencontre au sommet, je crois indiscutablement que la palme reviendrait à St-Étienne. Les Marseillais n'avaient fait davantage impression au match aller".

La conclusion à M. Garonnaire : "Aujourd'hui, le grand vainqueur, c'est le football".

Alors : Bravo à l'O.M. et bravo à St-Étienne.

Jean FERRARA

  

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Les questions que l'on se pose

I) Que s'est-il passé entre Keita et Zwunka ?

Rien de bien grave en somme. Chargé violemment par Zvunka dans la surface de réparation, Keita, en se relevant, a expédié son adversaire au sol d'une bourrade.

L'arbitre, M. Wurtz, a donné un avertissement aux deux joueurs.

Nous ajouterons que, pour un match de cette importance joué dans des conditions inhabituelles le jeu fut très correct.

Certes, il y eut de nombreuses irrégularités de part et d'autre, mais les charges dangereuses se comptent sur les doigts d'une seule main.

II) comment un joueur de la classe de Bosquier a-t-il pu marquer contre son camp ?

Dans l'histoire du football, le fait est banal.

Il faut savoir que, dans le cas de Bosquier hier, l'erreur est d'autant plus grossière que le geste à faire parait facile.

Reprendre un centre, de Magnusson en l'occurrence, est un geste automatique pour un footballeur de la classe de Bosquier.

Le pied part, machinalement, mais il suffit que le vent détourne la trajectoire de la balle pour que le résultat soit exactement le contraire de ce que l'on croyait.

Le mérite de Bosquier n'en est que plus grand, d'avoir continué à jouer de façon impériale, après cet incident de parcours.

Seul un footballeur de classe et de grand sans froid peut se le permettre.

III) Qui est Parizon ?

De nombreux spectateurs nous ont demandé :

"Qui est ce Parizon que nous avons découvert aujourd'hui ?"

Parizon âgé de 20 ans, et déjà vainqueur de la Coupe la saison dernière, fut l'une des vedettes de l'équipe de France juniors ayant disputé et perdu (contre la Tchécoslovaquie à Cannes), la finale du Tournoi Juniors 69.

Les autres vedettes de cette équipe étaient d'abord Chiesa, puis Leclercq, Chaumeton et Maccagno.

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JOUR DE FETE

Le froid et la Télévision n'ont pas eu le dernier mot hier à Marseille. Ceux qui avaient pronostiqué une désertion partielle des spectateurs se sont trompés. Pour ce sommet du football, tout Marseille était là. Monsieur le Maire en tête, vêtu d'un caban bleu marine de loup de mer. Après une nuit surgelée à moins six et un après-midi de Pôle Nord tournant autour de zéro, c'était un exploit. Mieux : c'est comme si un miracle s'était produit.

Zéro à Marseille cela équivaut à moins quinze dans le Nord. Qui viendra dire que nous exagérons ?

Et pourtant tout Marseille était là !

C'est le triomphe du sport, le jour de fête du football, victoire sans appel du ballon rond.

Le Stade Vélodrome état plein hier. Mais sans plus. Il faut le dire : pas de grappes humaines accrochées aux grillages de la piste cyclable rose, comme ce fut le cas, il y a deux ans pour O.M. - Angoulême. Mais plein.

C'est étrange. Le public, que l'on croit volontiers désordonné, sait, lui aussi, s'organiser, maîtriser ses pulsations et ses élans. On attendait un grand désordre humain devant le stade, un ballet anarchique de voitures au son d'avertisseurs sonores désespérés : un grand concert vertigineux. Au lieu de cela, on assistait à une sorte... d'étalement du va-et-vient et des entrées. Sagement, calmement, on est rentré au stade depuis 9 heures jusqu'à 16 heures.

En est venu à pied ou en taxi, et des voitures personnelles ont été garées dans une zone de plusieurs kilomètres autour de l'enceinte sacrée : le stade.

Cette organisation rationnelle et consentie du public a fait que la ville et les alentours du stade avaient pratiquement conservé leur visage habituel.

Timide, le soleil ne nous a certes pas traités en bon copain hier. Mais il était là, fidèle au rendez-vous du Midi. Le ciel aurait pu tourner au gris. Mais lui aussi était venu à se parer de ce bleue lavande qu'on ne trouve qu'en Provence.

À 16 h. 30, curieuse comme un rouge-gorge, la lune est également venue jeter un coup d'oeil. À croire que le bruit de cette rencontre est monté jusqu'au ciel. Elle était là, un peu pâle, en demi-lune, juste la verticale du stade.

 Absents.

Mais il y avait en revanche trois absents : l'odeur, la couleur et le rythme.

Pas d'odeur chaude de merguez, pas de poussière poivrées. Balayées par le vent ! Absent également, ce mélange à peine perceptible de bière et de frites.

Uniformément gris, les gradins et les tribunes étaient commue nus. Je n'ai pas vu ces grands pétales de coquelicots remuer, comme une vague, aux virages.

Le "rythme", de son côté, n'a jamais fait trembler le stade : les poumons, les pieds et les mains etaient ligotés par le froid. Il y a bien eu quelques ébauches, mais cela n'est jamais allé très loin : c'était une journée à comprendre comment la plus malheureuse des armées peut perdre une bataille du côté de Moscou. Le vigoureux "Allez l'O.M." ressemblait hier davantage à un authentique qu'à un cri de guerre.

Blessé par le froid, l'armée des supporters de l'O.M. n'était pas morte pour autant. Elle s'est manifestée en bravant les interdits. Lorsqu'on a trop froid pour taper des pieds et pour claquer des mains, on peut encore allumer les fusées vertes de l'espoir. On ne s'en est pas privé.

Dans le domaine des cris de guerre, puisqu'on n'est pas arrivé en place le terrible "1,2... 1, 2,3... 1, 2, 3, 4... O.M.", On s'est contenté d'une formule de remplacement "On a gagné !". Cette formule avant et pendant le match. Après il n'en était plus question.

Mais, nous le répétons, le grand vainqueur, c'était le football.

  Comme la neige

Il fallait voir comment les Marseillais et les Provençaux s'étaient organisés pou pourvoir assister au choc. Les habitués des pistes et des sommets neigeux avaient vu leur week-end voler en éclats, mais il leur restait au moins la tenue : les tribunes et les gradins du Stade-Vélodrome ressemblaient hier à quelque piste ou bar de Val-d'Isère : après-ski, bonnets et anoraks... Les moins favorisés n'avaient pas oublié que les journaux, plaqués sur la poitrine, sont d'extraordinaires par-vent.

Cornes de brume, crécelles et avertisseurs sonores sélectionnés pour l'occasion, ont affiché des voix grippées. Les banderoles - il y en avait 50 méticuleusement choisies - ont déclaré forfait devant le vent. Nous n'avons pas eu droit à la nouvelle : "Marche de l'O.M." - composée dans la nuit et chantée par une chorale de 60 supporters - mais qu'importe, puisque tout Marseille était là.

On ne peut pas avoir le temps d'une façon exacte. Mais ce samedi 6 mars nous aura appris qu'on peut désormais prévoir les réactions des supporters de l'O.M. : ils seront toujours là, par n'importe qu'elle temps.

Pour eux, un match de l'O.M. s'inscrit inéluctablement dans un climat de fête. Ils ont besoin de cette saine joie !

Même lorsque les blancs et les verts repartent dos à dos, la virilité et l'esthétisme qui ont jailli de leur affrontement restent l'une des meilleures thérapeutiques d'oubli.

Oublier, vibrer, souhaiter et constater le dépassement de ces belles mécaniques musculaires, voilà ce que ressentent sans pouvoir toujours l'exprimer exactement, ceux qui ne savent que crier d'une façon désordonnée.

Ces cris du peuple dans le stade sont garants d'une certaine pureté qui subsiste.

Efforts. Courses. Arabesques collectives : c'est beau parce qu'on n'arrête pas le mouvement. L'effort est une perspective : un devenir...

Ce qui hurlent contre les verts ou les blancs ne savent peut-être pas qu'ils chantent la beauté du football.

Paul-Claude INNOCENZI

  

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Une partie "tremblante"

Tu trembles Bailly !

- Oui ! de froid, répondit l'homme que l'on conduisait au supplice.

Au supplice, nous y sommes - certains, depuis des heures - dans l'immense marmite, emplie jusqu'aux débord, d'une foule grelottante comme une nappe de gelée.

Il est 16 heures. Un soleil trompe-l'oeil baigne la tribune Ganay. Mais il n'est que lumière. L'aigre bise d'hiver passe sur la prairie. Des frissons glaciaux font vibrer l'herbe dure.

Le stade est emmitouflé. Couvert de peau et de duvet, chaussé de snow-boots, coiffé de passe-montagnes, de bonnets de laine ou de fourrures. Des rumeurs de foule rebondissent par saccades sur des bouffées de givre. Des trombes de piétinements se répercutent dans le cirque comme des vagues d'un écho.

-Tu trembles, Marseille !

- Oui ! de froid.

Alibi de la peur ? Le tardif hiver nous garde de l'aveu. Aveu d'inquiétude. Car la chaleur nous fait défaut. Non pas au coeur, certes, mais au sang. Qui en a besoin. Pour qu'il bouillonne. Qu'il aveugle et qu'il assourdisse. Qu'il submerge les flots hostiles d'angoisse, de tourments, de défis.

Le défi ? Il est là, dans la foule. Massé par petits groupes compacts. Discret - les Stéphanois ne sont pas venus très nombreux - mais terriblement présent. Dur, aux rigueurs du trimas. Qui le sert, aujourd'hui, puisqu'il nous dépayse.

On le nargue. A grands mouvements de houle. Par des ha ! par des ho !... Qui ne veulent rien dire. Sinon qu'on l'a décédé. Qu'on lui fait sa part. Qu'on lui prend son droit.

Car sa présence pèse sur le stade comme un mauvais nuage sur la récolte des blés.

- Tu trembles Saint-Étienne !

- Oui de froid.

16 heures 30. Un roulement de tonnerre. Près de cent mille pieds se libèrent de l'engourdissement.

Ils sont là. Verts et blancs. Investie. Encerclés. Prisonniers. Poignets liés dans le dos, face à la mitraille des yeux, des pétards et des fusées.

Des reflets de givre luisent sur leur peau huilée. Les tranchants de la bise font frémir la voilure des maillots.

-Tu trembles, Skoblar !

- Oui ! de froid.

Pile ou face ? La pièce tourne et devient sphère. La sphère devient Ballon. Le ballon devient soleil.

Fini l'hiver, fini le froid. L'énorme bouillotte entre en ébullition. Le feu couvait sous la cendre. Des milliers de souffles l'attisent qui ont balayé le blizzard. Marseille brûlera jusqu'à ses chaumières pour conjurer la menace de l'envahisseur.

Les filets de Carnus ont tremblé les premiers. C'est le délire. Le soleil, à l'aplomb du Frioul, illumine cette joie de la lumière givrée. Et peu à peu l'ombre gagne sur la prairie. Une ombre hostile, mouvante, insinuante, qui menace le seuil ou fuir notre espérance.

Keita vient de raviver les morsures du froid.

- Tu trembles, l'ami !

- Oui !... un peu.

La trêve ne nous libérera pas du givre qui nous paralyse. Dans le déclin du jour. Mars souffle des rafales tranchantes qui mutilent l'ardeur.

Nos filets ont encore tremblé. Le stade relève ses cols et engonce dans ses pelisses.

Peu importe qu'un souffle chaud, quelques instants plus tard, nous ait un peu réchauffé le coeur. Le soleil de Marseille nous a, aujourd'hui, terriblement manqué.

L.P. SEMENE

  

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Au virage nord, j'ai vécu avec

le 38.546e supporter le suspense olympien

"Pas question d'aller faire pipi. Quelle foule ! On est coincé. Il fallait prendre tes précautions..." Me dire ça à moi. Qui a pensé à tout. Avec les "après-ski" de papa, le bonnet de la petite soeur, les caleçons longs du grand-père, la pelisse de l'ami Bernard bourrée d' "en-cas", je croyais être à l'abri du froid et du besoin.

C'était oublié qu'on ne reste pas impunément immobile six heures durant sans être soumis aux effets inéluctables et conjugués de l'absorption de boissons chaudes et des émotions sportives.

Bref j'ai beaucoup souffert... Mais je ne vais pas vous raconter mon histoire. Elle est celle de dizaines de milliers de spectateurs et notamment de M. Henri Garcia, 31 ans, chef de groupe technique dans l'aéronautique, supporter fervent et assidu de l'Olympique, venu avec beaux-frères, neveu et amis, encourager son équipe favorite.

Je dis bien encourager. Car M. Garcia n'a rien de l'aveugle partisan. Il n'est pas de ceux qui accusent l'arbitre d'avoir "des lunettes en bois" ou qui vous mettent "la tête comme une grappe de muscat" en hurlant à tel ou tel joueur qu'il a des "jambes de grive" ou qu'il est "plein de pastaga". Donc le type même du sportif qui connaît les règles de l'art pour les avoir longtemps pratiquées.

 LA "VICTOIRE EN CHANTANT"

Son après-midi a commencé tôt ; comme le mien vers midi, midi et quart, par un pique-nique soigné : sandwich au saucisson, olives, banane, vin rouge, cafés et pousse-café. Le tout couronné d'une bonne cigarette "Fume pas trop, Henri, tu vas t'encrasser les poumons et tu pourras plus crier "Allez l'O.M."."

Muni du pétasson de tout bon habitué des "virages" - "je ne le traîne depuis le début du championnat" - mon sympathique voisin s'est donc installé très tôt sur les gradins du stade vélodrome. À midi 45, son procès favorisait l'O.M. : "ce sera du 2 à 1".

Et puis il y a les matches de pupille et cette mauvaise démonstration de jeu à XIII : "Marseille va prendre une dérouillée", avait-il prédit. Le score final de la donner raison : "Minable ! Zéro ! Heureusement qu'il y a du spectacle dans la galerie".

Indifférents aux évolutions des treizistes, les danseurs de tamouré et porteurs de calicots ont donné en effet un véritable festival qui a mis en joie et en voix notre ami Garcia et ses 38.545 complices. L'habile tambour-major de la musique militaire a fait le reste. L'ambiance était à point. Quelques mesures de la "Victoire en chantant", reprises en choeur ne pouvaient qu'y ajouter l'exaltation des avants combat.

"Espérons qu'on ne va pas déchanter..."

16 h. 30 M. Garcia s'agite : "Le moment tant attendu et veut arriver. Le prestige et honneur sont en jeu... Mais pas de chauvinisme. Que le meilleur gagne, c'est le principal". Les sifflets qui accueillent l'équipe stéphanoise ont l'air de le navrer : "On se fait une mauvaise réputation".

Survint le coup d'envoi. Et cinq minutes après, le but de Bosquier contre son camp. "D'emblée il fallait sa ! ça va les mettre en confiance, les libérer".

Et ça repart ; "Allez-y ! attaquez ! Voilà, y a que comme ça que vous les aurez. C'est bon ! Attention ! Joli ! ça va ! Bravo Magnu ! Pas de fioritures allez dégage ! Ça c'est du ballon. Ils ont le match en main. Ils vont se les manger."

Action se tasse... "Ca dort, c'est du petit jeu, ils se laissent vivre. Vas-y Josip !". But de Keita : "Cet Escale quelle bêtise... Allez tant pis, c'est bon, ça relance le jeu..."

VRAIMENT DECU

Mi-temps. "Qu'en dites-vous M. Garcia ? " - "Le score est équitable. Mon pronostic reste le même : 2 à 1. Avec le vent ça devrait changer".

17 h. 30. On recommence. Le froid n'a pas désarmé d'ardeur de mon voisin. Le soleil quitte pourtant peu à peu, le stade et le froid se fait plus vif. C'est le moment que choisit Beretta pour marquer : "Un beau but. Rien à dire. Mais ce Gress, il arrête le jeu !".

La partie reprend. Tout à coup, une clameur. Je me sens soulevé, enlacé, emporté. Je chancelle sous les bourrades.

M. Garcia est content ! J'apprends que ce que l'O.M. a égalisé...

Keita monte puis... se fait descendre. La "perle noire" se met en boule et boxe Zwunka : "Un vilain geste".

Et c'est le dernier quart d'heure. Celui où se gagnent les grandes batailles. L'ami Garcia commence pourtant à se faire une raison : "Sur le plan collectif Saint-Étienne est plus fort, mais chaque équipe semble vouloir se contenter du match nul.

2 à 2 ! C'est fini.

"C'est vraiment pas le match qu'on attendait, murmure M. Garcia. J'espérais un spectacle d'un autre niveau. Je suis vraiment déçu !..."

Et tandis que les lumières s'allumaient sur la pelouse et que les vomitoires commençaient d'absorber l'immense flot humain, j'ai laissé filer mon compagnon d'après-midi un peu amer mais tout de même serein.

Dans le grand stade vide - enfin presque - ou brûlaient quelques journaux du jour, je pensais aux propos récents d'un autre supporter : "Samedi, vous verrez, il fera doux. Et nous battrons Saint-Étienne en douceur..."

En fait de douceur, le temps ne nous a pas favorisés. Et deux victoires, il n'y en a pas eu. Mais comme disait Henri Garcia "rendez-vous au 28 mars pour O.M. - Red - Star".

Ce sera du gâteau.. peut-être.

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