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Résumé Le Provencal

du 17 mars 1969

 

LE LEADER A TREMBLE DEVANT

UN EXCELLENT O.M

BATTU PAR UN SEUL BUT

(De notre envoyé spécial Maurice FABREGUETTES)

SAINT-ETIENNE - En guise de préambule, nous avons eu droit à la petite guerre en dentelles des banderoles. Un commando marseillais - deux supporters exactement - ayant effectué un tour de piste en brandissant un "Tremblez, Saint-Étienne ! " en lettres bleues sur fond blanc, la réponse fut immédiate. On vit aussitôt trois drapeaux vert et blanc prendre le départ pour un 400 mètres plat.

Cela dit le climat de la rencontre est très britannique : ciel gris, pelouse grasse et stade très fonctionnel : un vrai stade de football.

Les deux équipes s'alignent dans leur formation optima du moment, avec Magnusson d'un côté, Herbin de l'autre.

Un excellent départ

La rencontre débute à une allure endiablée, avec l'orchestration incessante du public.

Pas à round d'observation. Tout de suite dans le vif du sujet.

On devine, dès les premières minutes, que l'O.M. va très sérieusement contester la victoire généralement prévue de Saint-Étienne.

Un quart d'heure à fond de train d'excellente classe, avec un seul tir de Revelli de très peu à côté.

Revelli marque

Le deuxième quart d'heure vaut largement le premier. Toujours un très bon match de championnat, qui fait honneur aux deux équipes.

À la 20me minute, sur corner tiré par Gueniche, Joseph s'enlève et frappe de la tête mais Carnus reçoit le ballon dans le berceau des bras.

Là-dessus, Djorkaeff remarquable depuis le début de la rencontre, par sur la gauche et tire fortement à côté.

La réplique stéphanoise et immédiate et marquante. À la 28e minute, en plein centre de la défense marseillaise, Herbin passe à Larqué, lequel dévie sur Revelli, et le tir de l'avant-centre de Gardanne trompe Escale.

St Etienne 1 - O.M. 0.

Un exploit de Joseph.

Le dernier quart d'heure de cette première mi-temps va être à l'avantage de l'O.M.

Magnusson lance le festival par une époustouflante percée en plein centre, suivie d'une passe au cordeau en direction de Lopez.

- Ah - que c'est bien joué ! , s'écrit derrière nous un supporter stéphanois.

Puis sur un centre de Gueniche, Joseph accomplit un bel exploit technique ; ballon amorti de la tête d'abord, de la poitrine la poitrine après et tir immédiat du pied droit sur le poteau.

Bravo tout de même !

À deux minutes de la mi-temps, une faute de Bosquier - excès de confiance ou de bravoure ? - va offrir une occasion de but à Gueniche mais le jeune ailier gauche marseillais enlève son tir.

1 à 0 pour Saint-Étienne, donc, à la mi-temps.

Un bolide de Bosquier

Et ça reprend sur le même rythme.

L'O.M. est tout simplement en passe de jouer l'un de ses meilleurs matches de la saison contre le champion de France.

Marqué par une lutte très égale pour la possession du ballon, ce début de deuxième mi-temps ne voit cependant qu'un tir - canon il est vrai - de Bosquier fort bien arrêté par Escale.

Le deuxième quart d'heure, tout au contraire, va être fertile en occasions de but de part et d'autre.

Tout d'abord, sur corner donné en retrait par Destrumelle, Lopez tire directement et Bosquier doit dévier le ballon en corner.

Les supporters stéphanois sont à peine remis de leur émotion qu'un tir instantané de Magnusson est dévié in extremis en corner par Carnus.

Puis c'est au tour de Saint-Étienne

Keita démarqué sur la gauche, contraint Escale à un arrêt délicat.

Là-dessus une combinaison Keita - Revelli se termine par un tir en pleine foulée du dernier nommé, que le poteau arrête on ne sait comment.

Faisant suite à ces deux tentatives un tir tout en puissance de Larqué qui passe à droite de la cage de l'O.M.

Fiawoo et N'Doumbe rentrent

Peu avant le dernier quart d'heure, Fiawoo remplace Magnusson et N'Doumbe Bereta.

Malgré la fatigue le jeu ralenti à peine et, si seul un tir de Keita, presque à bout portant, est arrêté par Escale, la fin de la rencontre n'en reste pas moins très disputée et très indécise jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre.

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DJORKAEFF a voulu faire oublier WEMBLEY

Ne boudons pas notre plaisir.

Dans le cadre du Championnat de France, nous avons assisté cet après-midi, à Saint-Étienne, une excellente rencontre de Première Division.

Deux équipes trop près l'une de l'autre, jouant de bout en bout sur un rythme soutenu, et un résultat indécis jusqu'à la dernière seconde.

Que peut-on demander de mieux ?

L'O.M. a joué contre Champion de France, ne l'oublions pas, l'une de ses meilleures rencontres de la saison.

Autant l'équipe marseillaise nous avait peut convaincu dimanche dernier contre Angoulême, autant elle nous a paru, cet après-midi, digne d'accéder aux plus hauts échelons de la Coupe de France. Car son rival, l'A.S. Saint-Étienne, jouant sur son terrain et devant un public vibrant, disputait une rencontre capitale.

Vaincus, les Stéphanois risquaient de retomber dans le rang pour toute une saison. Ils s'en rendirent parfaitement compte et, pendant 90 minutes, se battirent sur tous les points du terrain, comme s'il s'agissait d'un match de Coupe d'Europe.

Que, dans ces conditions, l'O.M. ait constamment flirté avec le match nul et tout à l'honneur de cette équipe capable, on en est rendu compte de s'élever au niveau de la meilleure équipe de France avec Bordeaux.

Magnusson meilleur que Keita.

On avait annoncé un duel Magnusson - Keita. C'était une plaisanterie publicitaire. Les deux hommes, comme on pouvait aisément le prévoir, ne s'était trouvé face-à-face que deux ou trois fois au plus.

Magnusson parti pour une mi-temps est resté sur le terrain pendant une bonne heure, et on ne sait guère aperçu qu'il était encore au lit l'avant-veille de la rencontre.

Certes, il trouva devant lui un excellent Camerini ; mais il prouva largement aux spectateurs stéphanois toute l'étendue de son talent. Certains de ses dribbles soulevèrent le stade, et l'un de ses tirs faillit faire mouche.

Keita lui, impressionna surtout par son double démarrage, encore que, serré de près par Novi et toute la défense marseillaise, il n'ait pas, le moins du monde plané sur la rencontre.

Djorkaeff et Revelli

A dire le vrai c'est l'équipe de l'O.M. dans son ensemble qui mérite nos sincères félicitations.

Escale irréprochable comme d'habitude, Zwunka et Hodoul d'une sûreté rassurante ; Lopez, très à l'aise devant Bereta et un N'Doumbe, et surtout Djorkaeff omniprésent remarquable en défense et en attaque, comme désireux de faire oublier l'affront de Wembley.

Destrumelle, que l'on croyait fatigué ces derniers dimanches s'est pleinement retrouvé et Novi s'est montré un adversaire intraitable pour Keita.

Bonnel, pour les besoins de la cause a dû travailler énormément dans ce que les Belges appellent "l'inters jeu", Joseph face à Bosquier et Mitoraj, les deux titulaires de l'équipe de France, n'a raté que d'un cheveu un but qui eut été extraordinaire.

Gueniche a justifié sa sélection en première tandis que Fiawoo n'a pas eu le temps de montrer au public stéphanois sa force de propulsion.

À Saint-Étienne, bon match de l'équipe également. Herbin et Jacquet ayant couvert un très grand terrain avec mention spéciale à Revelli qui semble avoir retrouvé la forme internationale.

Bref, une rencontre comme on voudrait en voir beaucoup.

M. FABREGUETTES

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Le président LECLERC :

"Une rencontre comme celle-là

on en voudrait beaucoup"

Dans les vestiaires, nous avons trouvé un Marcel Leclerc très souriant :

"Il faudrait qu'il y ait beaucoup de rencontres comme celle-là dans le championnat de France, et le public reviendrait en masse

"Je suis très content de mon équipe, qui a fort bien joué et qui aurait, aujourd'hui, mérite d'obtenir le match nul contre la remarquable équipe de Saint-Etienne.

Mario Zatelli :

"Je suis très content"

Zatelli ne nous a pas caché sa satisfaction.

Certes, je pense que nous aurions pu, aujourd'hui, obtenir le match nul. Mais n'en demandons pas trop. Laissons le championnat à Saint-Étienne pour nous consacrer à la coupe. Si notre équipe joue tous les dimanches comme aujourd'hui, elle ira certainement très loin dans la deuxième épreuve du football français.

Magnusson :

"Il fallait faire rentrer Fiawo"

Un Magnusson ne paressait pas tellement éprouvé par sa grippe. Il nous a dit, moitié en italien, moitié en allemand : "J'étais un peu mou en fin de rencontre, mais enfin, je crois que je suis guéri. Il fallait faire rentrer Fiawoo qui était très frais et je crois qu'il aurait pu, avec un peu plus de temps, faire basculer la rencontre.

Zvunka :

"Un coup au coeur"

Zwunka touché en fin de rencontre, est resté un moment étendu sur le terrain. Il nous a dit dans les vestiaires :

"J'ai ressenti comme un grand coup au coeur ; je ne sais pas ce qui m'est arrivé. Je crois que c'est un coup de coude, mais enfin, ça fait mal.

"Une excellente affaire pour nous "

M. Rochet, le président de l'AS Saint-Étienne, était tout sourire.

"C'est pour nous une excellente affaire, car ce match était capital. Il nous fallait absolument le gagner pour conserver intacte notre chance dans le championnat de France et rassurer le public, un peu déçu par notre échec en coupe".

"Je crois que nous avons assisté à une très bonne rencontre. Marseille a fort bien joué et je souhaite, comme le président Leclerc, que l'on puisse souvent assister en France à de pareilles rencontres.

 

 

 

 

 

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