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Résumé Le Provencal

du 18 décembre 1967

 

Rien à dire à l'O.M.

battu par une brillante équipe... et la malchance

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

SAINT ETIENNE - "Lourdement handicapé par l'absence de plusieurs éléments de base, Saint-Étienne conserve néanmoins sa chance devant l'O.M., ses remplaçants n'étant pas des remplaçants ordinaires", écrivons-nous samedi sans aucune intention de vouloir passer, à peu de frais, pour un esprit original.

Nous pensions sincèrement qu'aucune équipe française, et Saint-Étienne pas plus que les autres, ne pouvait se passer impunément des services de son meilleur buteur et de son tandem intermédiaire majeur...

Un peu comme si l'O.M. d'il y a une douzaine d'années avait du se présenter amputé, non seulement d'Andersson, mais aussi de Jean-Jacques Marcel et Roger Scotti !

Dans les mêmes conditions, certes, les leaders venaient d'obtenir des succès probants, mais l'O.M. sans chauvinisme, nous paraissait autrement mieux armé qu'Ajaccio, Lille et Nice.

Voilà un bien long préambule, mais il nous paraissait indispensable de bien établir l'équilibre des forces en présence.

Le seul avantage des légions stéphanoises allait être de manoeuvrer sur un terrain familier ou elles ne perdent pas beaucoup de batailles, mais de manoeuvrer diminuées, aussi bien en artillerie (Revelli) qu'en l'infanterie (Jacquet) ou en stratégie (Mekloufi), la cavalerie enregistrant la rentrée du blessé Robert Herbin.

Un match très dur

Un match fut, comme nous l'attendions, très équilibrés, indécis presque jusqu'au bout, très dur et même trop dur, un match d'engagement, âpre et presque sans beauté.

Au football précis et beaucoup coup plus élégant des Stéphanois, l'O.M. répondit par un jeu bien organisé, solide et extrêmement sérieux.

Artelesa se tenait en ouverture de cinq camarades, prenant chacun en charge l'un des attaquants stéphanois qui, de cette façon, furent loin d'avoir la partie facile.

Les premières minutes permirent pourtant à l'étonnant qu'Keita de justifier sa jeune réputation. Le but stéphanois de la 8me minute traduisait l'ascendant que l'Africain avait pris sur Zwunka dans le jeu aérien comme dans le jeu au sol.

Ce dernier y mit bon ordre, qui lui fit prendre le chemin des vestiaires dès la 13me mn, à la suite d'une charge loyale, mais extrêmement violente !

Saint-Étienne flotta alors pendant plus de dix minutes, mais lorsque la blessure de Keita s'avéra irrémédiable, la rentrée de Fefeu contraignit les champions à jouer avec deux convalescents.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela n'arrangeait rien pour elle.

La malchance de l'O.M.

aussi dans le vestiaire de Saint-Étienne accueillit en la victoire avec énormément d'allégresse. Le considérant, quant à nous, comme extrêmement méritoire.

Mais aussi, comme plutôt heureuse et peu nous importe d'avoir fait bondir le président Rocher en lui disant cela tranquillement, tout en choquant notre verre contre le sien.

Le nombre d'occasions de but fut à peu près partagé, la défense marseillaise n'ayant jamais laissé son gardien Escale en fâcheuse posture.

Il est dommage que des pieds et un dos marseillais se soient trouvés là à point nommé pour remettre sur rail des tirs stéphanois assez anodins.

Par contre, Carnut eut la chance de renvoyer la balle impunément sur son poteau de but. Puis, plus tard, de la voir rebondir devant lui après qu'elle ait percutée la transversale.

Réussite certaine des Stéphanois, qui n'eut d'égale dans ce domaine que la malchance marseillaise. Ajoutons que Carnut, à la 20me minute, se détendit parfaitement pour dévier le tir le plus dangereux du match oeuvre de Bonnel, puis que Gueniche, en seconde mi-temps, temporisa inexplicablement alors qu'il était seul au point de penalty, et l'on constatera que l'O.M., fit à Saint-Étienne tout autre chose que de la figuration.

La meilleure équipe

Il n'en demeure pas moins que chanceuse ou pas, c'est la meilleure équipe qui a gagné. Mekloufi, Jacquet, Revelli n'étaient pas là. Keita ne joua que treize minutes. Les hommes passent, mais le style demeure et peut-être demeurerait-il encore si l'on amputait cette belle formation de quelques joueurs supplémentaires.

Actuellement, Saint-Étienne semble à peu près invulnérable et c'est tout à l'honneur de l'O.M. de lui avoir posé un problème.

La supériorité du leader s'établit d'abord au niveau de sa défense et à la fois précise sûre et dure !

Précisons que les Durkovic, Mitoraj, Bosquier rendirent avec un intérêt usuraire les coups reçus à l'autre bout du terrain par leurs camarades Keita, Larqué et Bereta.

La justice n'existe que sur les terrains de football !

Destrumelle et Gueniche, victimes innocentes peuvent en témoigner, eux qui ne furent pas ménagés. Il est certain que la défense stéphanoise joua "plus facile" que sa rivale, tandis que l'attaque des champions se montrait dans l'ensemble beaucoup plus pressante que celle de l'O.M.

Ce ne peut être d'ailleurs qu'une impression, mais tout en exprimant les réserves que nous avons déjà faites et en reprenant toutes les considérations habituelles sur la chance de l'un et la malchance de l'autre, nous ne saurions discuter sérieusement le bien-fondé de la victoire de Saint-Étienne.

L'O.M. a été malheureux malchanceux. Il s'est très bien courageusement comporté. Il a joue le jeu. Sa défaite est très honorable. Mais il a été battu !

Louis DUPIC

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Deux buts heureux

SAINT ETIENNE (par téléphone) - Saint-Étienne a eu énormément de mal à traduire au tableau d'affichage sa nette supériorité technique. La malchance de l'équipe marseillaise n'eut d'égale que la réussite du champion de France et le contraste fut évident dès les premières minutes.

5me MINUTE :

GUENICHE ET LE POTEAU :

La première offensive du match faillit se terminer par un but marseillais. Un centre tir de Gueniche surprenant Carnus, assez mal passé, et le gardien forézien était assez heureux pour dévier la balle sur son propre poteau de but.

8me MINUTE :

TASSONE CONTRE SON CAMP

Au lieu de cela, sur une attaque de Keita, qui semait la panique dans la défense provençale, Tassone se précipitait et en contrant l'avant-centre africain expédia une balle à effet juste sous la barre.

13me MINUTE :

KEITA QUITTE LE TERRAIN

A la 13e minute, Keita, qui avait pris sur son adversaire direct un ascendant total, était abattu par Zwunka et se relever victime d'un claquage. Il recevait des soins, essayait de reprendre sa place, mais la laissait définitivement à Fefeu à la 20e minute.

Entre-temps, à la 20e minute l'O.M. avait eu par Bonnel, reprenant une balle au bond une belle occasion d'égalisé mais Carnus faisait bonne garde. Jusqu'à la pause, Saint-Étienne dominait nettement et inquiétait plusieurs fois Escale par Bereta, très actif, et un excellent Mitoraj.

57me MINUTE :

POUR FEFEU LE DEUXIEME

Après un très bon tir de Larqué, bien contrôlé par Escale, les Stéphanois obtenaient leur second but dans des conditions une nouvelle fois assez heureuse : un tir de N'Doumbé était dévié par le dos Artelesa en direction de Fefeu qui réussissait à marquer d'une position difficile malgré la sortie d'Escale.

Peu après, Gueniche placé au point de penalty héritait miraculeusement de la balle, mais temporisait et se faisait contrer par Mitoraj. Blessé sur cette action, il laissait, à la 67e minute sa place à Invernizzi.

77me MINUTE :

ZWUNKA ET LA BARRE

La partie se terminait pour l'O.M. aussi malheureusement qu'elle avait commencé. Sur un corner, Zwunka se lancé avec décision et percutait la balle sur la transversale.

Les dernières minutes étaient pénibles, houleuses et marquées par de nombreux accrochages.

Louis DUPIC

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Domergue :"Deux cadeaux aux Stéphanois"

SAINT ETIENNE (C.P.) - Albert Batteux, l'entraîneur stéphanois, tout en reconnaissant que l'équipe marseillaise avait été très difficile à battre, excusait ses jeunes joueurs qui n'avaient pas tenu jusqu'au bout ce troisième match en huit jours :

"Pourtant disait l'entraîneur stéphanois, notre équipe a mieux joué techniquement et tactiquement. Notre défense, bien organisée ne fut jamais mise en défaut car les deux balles qui frappèrent la barre transversale venaient de tirs lointains. Le claquage de Keita, nous a privé d'un véritable avant centre, a été néfaste aussi au jeu de notre ligne d'attaque. De plus les rentrées d'Herbin et Fefeu ont été un peu prématurée, bien que contraire à notre volonté. Il est heureux que la trêve du championnat survienne car nous sommes à bout de force".

Dans les vestiaires marseillais, les joueurs étaient calmes et dignes. Le président, M. Leclerc tout en reconnaissant que la chance avait favorisé les Stéphanois disait :

"Il n'est pas déshonorant de perdre sur le terrain du leader. Je suis satisfait de la tenue de notre équipe qui a lutté vaillamment".

L'entraîneur Domergue, lui, nous disait :

"Nous avons fait deux cadeaux aux Stéphanois et la barre s'est opposée deux fois à ce que nous égalisations. C'est toute l'histoire d'un match que nous ne méritions pas de perdre". Au sujet de l'avertissement donc avait fait l'objet Zwunka, entraîneur marseillais - après s'être fait lire ce que l'arbitre avait écrit sur la feuille d'arbitrage - déclarait : "Je ne peux que donner raison à mon joueur".

Qu'avait donc fait Zwunka ?

Alors que l'arbitre, qui hacha le jeu de coups francs distribués un peu à tort et à travers, et surtout contre lui, venait de le pénaliser à nouveau pour un tackle glissé, Zwunka déclara à l'arbitre : "Si vous arbitrez comme cela vous nous obligez à jouer comme des "gonzesses" ".

Avouez qu'il n'y avait pas de quoi faire planer sur la tête du défenseur marseillais la menace d'une suspension.

Quant à Joseph, il avait le droit de se plaindre et c'est ce qui fit.

"C'est la première fois, disait-il, que l'arbitre fonce sur moi, tête baissée, et me bouscule pour me faire comprendre qu'il fallait me reculer. Heureusement que je suis solide. Un joueur de petite taille aurait roulé au sol".

Oui, le moins que l'on puisse dire, et que M. Machin a manqué de sang-froid, et si ce match au sommet n'a pas été aussi beau qu'on était en droit de l'espérer, c'est beaucoup de sa faute. M. Leclerc et l'entraîneur Domergue, qui sont partis avant que leurs joueurs soient habillés, leur ont souhaité de bonnes vacances de fin d'année.

Pierre LEGALERY

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HERBIN : "Difficile l'O.M. !"

SAINT ETIENNE - Bien que le jeu fut extrêmement viril sur le terrain, aux vestiaires, il n'y avait pas de rancoeur, ni chez les Stéphanois, ni chez les Marseillais.

"Cette équipe de Marseille est très difficile à jouer, disait Herbin. Ses joueurs, en belle condition physique, Y vont de tout leur coeur et leur marquage individuel nous a beaucoup gêné. Leur place de second me semble très méritée. C'est l'équipe qui nous a donné le plus de mal à Saint-Étienne. "

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Un train spécial

de supporters à St Etienne

C'est un train spécial qui avait amené plusieurs centaines de supporters à Saint-Étienne ou l'O.M., fut évidemment follement encouragé. Banderole, klaxons étant de la partie.

 

 

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