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Résumé Le Provencal

du 09 janvier 1967

 

Une belle passe d'armes !

O.M. - St ETIENNE (2-2)

et satisfaction générale

Le match n'est jamais écrit temps que l'arbitre n'a pas renvoyé les deux équipes aux vestiaires.

O.M. - Saint-Étienne en est un nouvel exemple.

Il restait environ deux minutes à jouer et un accord tactique semblait s'être établi entre les 22 joueurs, le public et les journalistes.

Il s'était fait une raison. Le champion d'automne allait l'emporter par 2 à 1 et l'O.M., s'incliner fort honorablement, à l'issue d'une rencontre disputée, plaisante et bien jouer, en dépit de l'état déplorable de la pelouse.

C'est alors que Casolari, sorti vainqueur de l'un de ses nombreux duels avec Polny, centra de l'extrême droite. Joseph sauta beaucoup plus haut que ses adversaires et, de sa la tête, rabattit astucieusement le ballon dans le coin droit de la cage stéphanoise.

Pierre Bernard étai battu et la défaite se transformait en match nul.

Un match nul au demeurant équitable, si l'on veut bien considérer l'ensemble de la partie.

L'O.M. part bien

mais ne marque pas

Et Skoblar ? vont-nous demander tout de suite ceux de nos lecteurs, n'ayant pas assisté à la rencontre, pour cause de froid !

Et bien ! Skoblar, malgré une cheville droite pas tout à fait guérie, avait tenu à pénétrer sur le terrain avec ses camarades.

En première mi-temps, sa présence fut plutôt symbolique et pourtant, c'est pendant cette période que l'O.M. laissa passer l'occasion de remporté un éclatant succès.

Nos notes en font foi.

Dès la 12e minute, sur centre de "Caso", Joseph, de la tête, ratait le but d'un cheveux.

Deux minutes plus tard, sur une longue balle à suivre de sa défense, même Joseph passait en plein centre et n'était arrêté, une extrémité, que par Bernard.

Venait ensuite la plus belle occasion oémiste de cette mi-temps, et sans doute du match.

Fort bien servi par Joseph, Buron centra sur Skoblar. Une belle balle, ras de terre, dans le sens de la course du Yougoslave. Ce dernier à un mètre à peine de la cage stéphanoise cafouilla son tir.

Le vrai Skoblar n'aurait certainement pas laissé échapper cette occasion.

34e : Fefeu marque

Pendant tout ce temps, Saint-Étienne, tout en jouant de façon claire et précise - Melkloufi est toujours Melkloufi ! - ne s'était guère montré dangereux.

Toutefois, comme cela se produit souvent en pareil cas, l'équipe ayant oublié de marquer allait être punie.

À la 34e mn donc, profitant adroitement d'un contre, Fefeu s'infiltra en plein coeur de la défense olympienne et trompa Escale de près.

Saint-Étienne : 1 - O.M. : 0

Jusqu'à la pause le premier du championnat tint à démontrer, par une domination constante, que cet avantage n'était pas injustifié.

50e : un exploit de Skoblar.

La deuxième mi-temps allait être essentiellement marquée par le réveil de Skoblar.

Dès la 2e minute, semblant avoir retrouvé son style aérien et son étonnante facilité, le Yougoslave mystifiait trois joueurs stéphanois et centrer, de l'extérieur du pied droit, comme toujours à la perfection.

Bosquier, de la tête dégageait en corner.

Un frisson qui, cette fois n'était pas le froid, agitait alors le public.

En avait retrouvé Skoblar !

Les choses alors, se précipitèrent.

Coup franc direct, pour l'O.M., face au mur stéphanois.

Comme Péle l'avait fait contre la Bulgarie Skoblar tenta le tir du droit et tira du gauche.

Après avoir contourné le mur de Saint-Étienne le ballon entra dans la cage gardée par Pierre Bernard côté droit (50 cm).

Saint-Étienne : 1 - O.M. : 1.

Délire dans le stade.

56e : un "canon" de Revelli

Mais Saint-Étienne n'avait pas dit son dernier mot, tant s'en faut.

À la 56e, Melkloufi démarquait et servait Revelli sur sa gauche, avant de poursuivre son action sans ballon.

On attendait la passe du Gardannais à son partenaire et l'on vit partir un de ses tirs qualifiés de "canon". Un tir soudain, violent, tendu et ras de terre, qui laissa Escale sans voix.

Tous ce qui était Gardannais sur les gradins cria son contentement.

Saint-Étienne : 2 - O.M. : 1.

Un match nul équitable

La fin de la rencontre fut passionnante par son indécision.

À chacun de ses départs, à chacune de ses passes, Josip Skoblar mit en péril la défense stéphanoise, pourtant sûre, solide et avisé en son centre.

On la crut même battue, cette défense, à la 76e mn.

Skoblar, parti de la gauche, évita un, deux, trois adversaires, puis passa à Joseph. Celui-ci rendit aussitôt le ballon à son partenaire et anu à hauteur du penalty environ.

But ! Non, Skoblar tira nettement à côté.

On put croire que cet échec sonnait le glas des espérances oémistes. On sait déjà qu'il n'en fut rien et que Joseph...

Bref, un match nul qui a satisfait toute le monde : Saint-Étienne, l'O.M., le public... et nous-mêmes bien entendu.

Maurice FABREGUETTES

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BOSQUIER, MEKLOUFI, JACQUET, la technique

stéphanoise... mais aussi l'inévitable SKOBLAR

Sur une pelouse assez exécrable, profondément gelé en profondeur et très glissante en surface, l'O.M. et St-Étienne ont joué, compte tenu de ces conditions difficiles un bon match de championnat.

Les mauvais terrains favorisent, on le sait, les meilleurs techniciens, et ce ne fut pas une surprise de voir les Stéphanois montrer une plus grande maîtrise.

Les Marseillais répliquèrent avec leur ardeur habituelle, et cette vertu leur permit finalement d'obtenir le nul équitable contre le leader du championnat.

Comme on pouvait s'y attendre, St-Étienne fit la loi au milieu du terrain, remarquablement tenu par Rachid Mekloufi, égal à lui-même et un détonnant Jacquet. Toujours bien placé, virtuose du contre-pied, Mekloufi perd rarement la balle, qu'il oriente à peu près à son gré vers ses partenaires de l'attaque, par déviation, ou frappes sèches.

À son côté, Jacquet qui rappelle le meilleur Ferrier, fait le plus gros du travail. Sa prise de balle et impeccable, ses passes très sûres. Les deux hommes sont très complémentaires.

Pierre Bernard, dans les buts, n'a rien perdu de ses qualités. Il n'a pas été très heureux sur les deux buts marseillais, mais on peut se demander qui n'aurait pas été surpris ? Il eut une parade sensationnelle sur un tir au ras du poteau de Skoblar. Bosquier apporte à la défense une présence rassurante par sa valeur athlétique, sa sûreté et sa frappe de balle. Il est toujours là pour colmater les brèches et pour soutenir ses camarades : Mitoraj, Polny, et le très jeune Camerini qui fit très bonne figure.

L'attaque stéphanoise a eu certainement l'occasion de faire de meilleurs matches. Ce n'était pas le jour de Revelli qui marqua cependant un très joli but. Le Gardannais nous parut mal s'accommoder au terrain glissant.

Mais N'Doumbe, toujours aussi déroutant, n'en parut pas particulièrement gêné, quant à lui, et donna bien du mal à Tassone.

Fefeu, assez peu en vue en première mi-temps eut le mérite d'ouvrir la marque et fit sous nos yeux une bonne seconde mi-temps, tout comme le jeune Larque, qui s'enhardit au fil des minutes et fut vraiment excellent au cours de la seconde période.

Saint-Étienne, sans atteindre son meilleur niveau, n'en laissera pas moins une très bonne impression.

L'O.M. fit match nul avec le leader qu'il avait une chance sérieuse de vaincre, un leader que tout le monde s'accorda à reconnaître très valable.

Pourtant, les Marseillais, individuellement, nous parurent assez loin de leur meilleur rendement. S'ils se tirèrent d'affaire, ce fut grâce à une véritable débauche d'efforts, qui contrastait avec le jeu précis et varié de leurs adversaires.

Skoblar, dont la participation était douteuse, ne joua certainement pas en possession de tous ses moyens. Cela ne l'empêcha pas de planer au-dessus du lot, grâce à sa facilité insolente. Il ne s'agissait pas là d'un match amical et ne fut pas ménagé. Son registre extrêmement complet lui permit de faire face à presque toutes les situations, qu'il s'agisse de l'état du terrain ou de l'opposition. On imagine quels ravages pouvait accomplir Skoblar s'il jouait... à Saint-Étienne !

Car ces entreprises ne sont pas toujours bien comprises et soutenues.

Joseph, Casolari et Buron jouèrent avec leurs moyens, et le premier réussit d'un très joli coup de tête, le but égalisateur sur un bon centre du second. Le dernier nommé est sans doute celui des attaquants locaux qui s'entend la mieux avec le Skoblar.

Djorkaeff et Destrumelle souffrirent de la comparaison avec Mekloufi et Jacquet et cela n'a rien de désobligeant pour ceux.

La défense, dans son ensemble, ne parut pas à son aise, devant le jeu des Stéphanois.

Tassone et Lopez furent empoisonnes par N'Doumbe et Fefeu. Artelesa et Zwunka ne dominèrent pas la situation comme à l'accoutumée. L'état du terrain y était peut-être pour quelque chose ?

Enfin, Escale, qui était souffrant avant la rencontre, fut sans réaction sur les deux buts stéphanois.

Telle que, et c'est sans doute paradoxal, l'équipe marseillaise ne vola pas son match nul. Mais le football n'est-il pas fait de paradoxes ?

Louis DUPIC

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JOSEPH : "Il était temps que j'égalise !"

Dans le camp marseillais, les visages étaient souriants. M. Neumann avait apporté des bouteilles de champagnes qui furent débouchées avec une grande célérité.

L'entraîneur, M. Robert Domergue, constatait sans amertume : "Nos deux équipes ont le même langage, mais d'un côté, à Saint-Étienne c'est facile les passes sont aisés ; de l'autre, Marseille, c'est laborieux."

Le président Marcel Leclerc était satisfait : "Nous avons souffert mais en définitive, le match nul et équitable ! Il y avait à Saint-Étienne plus de talent et chez nous plus de fougue".

Skoblar était très entouré et photographié le verre à la main sous tous les angles. Il nous a dit : "Saint-Étienne possède une bonne équipe ! Ma cheville a bien tenue..."

Tassone constatait : "Chaque équipe a eu des passages à vide !"

Escale était soucieux : "Quand on m'a marqué le deuxième but, je reculais, j'ai été pris à contre-pied et je n'ai pas eu la possibilité de faire face !"

Artelesa remarquait : "Les Stéphanois gardent bien la balle ! Ce fut une rencontre acharnée, difficile".

Enfin Joseph été heureux : "Il était temps que j'égalise !"

Alain DELCROIX

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Mekloufi : "Ce n'est pas mal

un nul à Marseille !"

Dans le temps stéphanois on se contentait du match nul.

L'entraîneur Jean Snella a souligné avec sa gentillesse habituelle : "Ce sont les jeunes qui m'ont agréablement surpris en particulier Camerini et Larque, ils construisaient bien et ils font preuve de sang-froid que nombre de leurs aînés pourraient leur envier".

Revelli s'avouait avec franchise : "Nous sommes un peu déçus par résultat final, mais il est certain qu'avant le match nous aurions volontiers signé pour un nul !"

Bernard s'exclamait : "Aujourd'hui ce n'est pas un jour faste pour les goals".

Melkloufi, qui avait reçu un coup de pied à la cuisse, analysait la rencontre en ces termes : "Voilà un match qui finit bien ! Le score reflète bien la physionomie de la partie. Le match fut dur. Enfin, ce n'est pas mal de refaire match nul à Marseille".

Camerini nous déclarait enfin : "Se faire remonter à trois minutes de la fin, c'est vraiment bête ! Nous pouvons dire que nous avons été malchanceux."

A.D.

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(Photos : Collection personnelle Pierre Lanfranchi)

 

 

 

 

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