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Résumé Le Provencal

du 24 septembre 1966

L'O.M. est pris de vitesse à ANGERS

puis taillé en pièces : 5 à 0

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

ANGERS (par téléphone) - Le beau temps ne serait-il plus une exclusivité provençale ? Entre Paris et Angers, nous n'avions pas vu un nuage, et en cette soirée automnale, nous comprenons vraiment pourquoi le poète a célébré la "douceur angevine".

Roger Doumergue a emmené douze joueurs et n'a formé son équipe que quelques instants avant le coup d'envoi. Trois joueurs étaient en concurrence, pour les deux places d'ailiers. Buron s'était déclaré apte à tenir celle d'ailier gauche. Par contre Erhardt ressentant une douleur à la cheville, l'entraîneur a décidé de donner sa chance à Bonnel qui fait aussi ses débuts officiels pour le maillot blanc.

Les équipes s'alignaient donc ainsi :

ANGERS : Gallina, Grobarcik, Mouilleron, Chlosta, Bourdel, Poli, Deloffre, Margottin, Dubaele, Dogliani, Stievenart.

O.M. : Escale, Tassone, Artelesa, Zwunka, Lopez, Djorkaeff, Destrumelle, Bonnel, Fiawoo, Joseph, Buron.

L'arbitre est M. Marville. Il donne le coup d'envoi devant 10.000 spectateurs environ.

4e minute :

but de Dubaele

Après quelques échanges sans importance au centre du terrain, on voit Jean Pierre Dogliani qui effectuait sa rentrée réussir un dribble aérien, aux dépens de Bonnet.

La balle va à Stievenart qui centre puissamment après avoir échappé à Bonnel, bien revenu. Escale ne peut s'en saisir. Margottin survient et en extension la pousse vers la cage ou Dubaele la fait pénétrer.

Peu après Dubaele, de la tête rate de peu un centre de Margottin. Puis c'est Dogliani qui s'en va aux buts, sur une ouverture de Deloffre, à la 10me minute.

Tassone le rejoint in extremis et dévie en corner.

On n'a pas vu, jusqu'alors, l'attaque de l'O.M. La seule action dangereuse pour Angers est à mettre au passif de Gallina qui rate complètement un centre puissant de Bonnel (13me mn).

À la 15me minute, se situe la première percée du tandem Fiawoo - Joseph. Le second nommé, d'une dizaine de mètres plante malheureusement son pied dans la pelouse et tire sans puissance.

Beaucoup plus incisive est l'action angevine qui suit. Menée par Poli - Margottin et Dubaele ce dernier seul, tire à côté, à bout de course (17me minute).

Escale et Artelesa

se distinguent

Escale se signale à la 20me minute en stoppant impeccablement une reprise de Deloffre. Puis quelques secondes plus tard, en plongeant dans les pieds de Poli, arrivé seul devant lui.

La supériorité angevine est écrasante et la défense marseillaise est sans cesse en danger.

Artelesa, à la 23me minute, sur coup de pied retourné de Stievenart, sort littéralement la balle de la cage.

Joseph échoue

A la 30me minute, cependant, sur tir de Bonnel, repoussé par Gallina, Joseph reprend de la tête et place la balle au-dessus de la barre, ratant ainsi une occasion assez nette d'égaliser.

37e, 39e, 40e : trois buts

angevins en 7 minutes

La fortune va très vite sourire aux Angevins. Tout d'abord bien lancé par Poli, Margottin prend tout le monde de vitesse et va marquer seul le second but local.

À la 39me minute, un long centre tir de l'arrière Grobarcik fut repoussé par Escale sur la barre et repris de la tête à bout portant, victorieusement, de Stievenart.

À la 44me minute, servi remarquablement par Jean Pierre Dogliani, Stievenart décrira un véritable slalom à travers la défense marseillaise pour marquer le quatrième but.

62e : but de Margottin

Après la pause les Angevins ne ralentirent pas leur rythme infernal. Escale arrêta à la 57e minute un tir très dur de près de Dubaele.

Mais à la 62me minute, Margottin, servi par Poli, trompa Artelesa et décocha, de la limite un tir en coin qu'il fit mouche, malgré le plongeon d'Escale.

Il ne restait que quelques secondes de jeu lorsque Escale arrêta magnifiquement un tir de plein fouet de Margottin.

Le score n'allait pas changer. Il était déjà bien assez lourd.

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DOGLIANI, STIEVENART, MARGOTTIN

DELOFFRE : Des Angevins déchaînés

ANGERS - On sait quels prolongements directs ou indirects avaient eu pour l'O.M. la tumultueuse rencontre de samedi dernier.

Casolari est pourtant "out". Un doute plâna pendant plusieurs jours sur la participation de Tassone, Fiawoo et Buron. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Robert Domergue n'avait pas pu préparer dans la sérénité le déplacement d'Angers. On ne peut estimer qu'hier soir l'O.M. ait joué sur sa valeur et nos représentants eurent la rare infortune de tomber sur une équipe angevine euphorique, qui ne leur laissa aucune chance.

À la 35me minute, c'est miracle si nous n'étions menés que par 1-0. Tous les Angevins avaient fait feu des quatre fers.

Animée par Jean-Pierre Dogliani, Deloffre et le jeune Poli, l'attaque locale valait surtout par ses rapides ailiers, Margottin et Stievenart, ne laissant aucun répit à défense marseillaise. Celle-ci joua pourtant avec son énergie coutumière, mais elle semblait impuissante à handiguer longtemps le véritable raz-de-marée qui déferlait sur elle. La supériorité angevine au milieu du terrain eut un double effet : celui de priver l'attaque marseillaise de la balle et de placer la défense dans une situation inconfortable.

À la 35me minute, disions-nous, l'O.M. s'était miraculeusement tiré d'affaire et Joseph avait même manqué une assez nette occasion d'égaliser.

Les minutes qui suivirent sont de celles qui comptent dans la vie d'une équipe et dans celle d'une défense assez valeureuse, comme lest habituellement celle de l'O.M. Certes, à ce moment, la réussite qui avait semblé fuir les Angevins leur sourit-elle enfin avec insolence. Nous étions prêts à croire, un peu avant la pause, que le score était flatteur pour l'O.M., mais non que celui écrasant de 4-0 récompenserait les Angevins de leurs efforts. Mais il faut bien reconnaître que ceux-ci avaient manoeuvré comme à la parade.

Les deux équipent pratiquaient également la défense en ligne, mais tandis que l'O.M. ne parvenait jamais à trouver la détente, les Angevins s'y prenaient de la meilleure manière. Stievenart et Margottin se tenaient à la limite du hors-jeu et, lancé par Deloffre et Dogliani, plongeaient à toute allure dans le vaste espace vide séparant la ligne des arrières marseillais et le but du malheureux Escale qui n'a, malgré l'ampleur du score, rien à se reprocher à notre avis.

Il arriva à l'O.M. hier, la mésaventure qui lui était advenue la saison dernière à Limoges, en petite condition, les Marseillais furent tout à fait impuissants face à une équipe en état de grâce et qui pratiqua un peu offensif rapide, irrésistible et percutant.

Dans le vaste espace vide se situant entre la ligne des arrières marseillais et leurs buts, les courses folles furent toujours à l'avantage des rapides attaquants locaux.

Inutile de préciser qu'ils furent les grandes vedettes du match. Le blond Margottin, insaisissable et absolument déchaîné, se joua de ses adversaires grâce à sa vitesse de course et son tranchant.

Stievenart, de son côté, aussi rapide et plus puissant ne lui fut pas inférieure. L'un et l'autre signèrent deux buts chacun.

Jean-Pierre Dogliani, meilleur technicien que jamais, apporta une note artistique au travail soutenu de Deloffre et Poli.

Il est difficile de parler des Marseillais qui ont des excuses à faire valoir. Escale, bien inspiré et courageux, ne méritait pas d'encaisser autant de buts, de même d'Artelesa et Zwunka qui tinrent solidement dans la déroute générale, le centre la défense.

Louis DUPIC

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DOMERGUE : "ANGERS 66

sur les traces de Nantes !"

NGERS - Comment ne pas commencer la tournée des vestiaires par celui des vainqueurs, ou nous attiraient d'ailleurs les chants de joie et les cris de "Vive Tonin", à l'adresse d'Antoine Pasquini, l'entraîneur d'Angers, qui, pour remercier ses joueurs de la magnifique partie jouée contre l'O.M., les a dispensés d'entraînement pour la journée de dimanche.

Ainsi donc, les Angevins ne reprendront le jeu du stade que lundi matin. À vrai dire, il l'on bien gagné, car ils n'ont pas hésiter à briller leur maillot contre les Marseillais de l'O.M. médusés par la rapidité des exécutions et par les automatismes parfaitement au point de l'équipe angevine !

"Et dire que nous avons joué de cette manière à Rouen, où nous avons été battus injustement par un but à zéro", se lamentait Pasquini, mais il se consolait en disant : "Voyez-vous, c'est ça le football".

De son côté, Jean-Pierre Dogliani, le Marseillais qui effectuait sa rentrée à Angers, était rayonnant de joie. "Je ne pouvais espérer une rentrée plus satisfaisante que celle-là. D'ailleurs mon père avait fait le déplacement de Marseille, pour assister à ce match. Il ne sera pas venu en Anjou pour rien. Je n'ai qu'un regret, celui de ne pas avoir réussi un but. J'aurais tant voulu le marquer, ce but contre l'O.M. qui a pourtant toute ma sympathie encore".

Ce tournant vers un confrère parisien, il lui dit en clignant de l'oeil : "Dites-moi, paraît qu'on a besoin d'ailier là-haut ?" Faisant allusion à l'équipe de France.

Croyez-moi, vous pouvez faire signe à ces messieurs les sélectionneurs, qu'ils viennent donc faire un tour à Angers, où ils trouveront deux garçons dignes de tenir ce poste dans l'équipe de France : Michel Margottin, qui a retrouvé sa très grande forme, et Michel Stievenart, toujours égal à lui-même.

Dans les vestiaires de Marseille, on était évidemment moins exubérant, et moins enclin aux confidences. Robert Doumergue, très fair-play, reconnaissait la très nette supériorité d'Angers, mais n'accablait nullement ses joueurs.

"Ils ont été courageux, dit-il, mais inférieurs en technique aux Angevins. D'ailleurs, l'équipe d'Angers que j'ai vue ce soir, c'est du bon Nantes d'il y a deux ans, en un peu plus athlétiques, même. Mais, cela demande évidemment confirmation. D'ailleurs, en ce qui me concerne, je n'ai pas vu jouer Nantes de la saison mais, incontestablement, en l'équipe d'Angers doit faire une brillante carrière cette année, si elle continue sur cette voie".

Tony EFFLING

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