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Résumé Le Provencal

du 28 août 1966

ALORS QUE L'O.M. AVAIT BIEN TENU TOUTE LA PREMIERE MI-TEMPS

Deux buts du Gardannais REVELLI

Donnent à St ETIENNE une victoire méritée (2-0)

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

St ETIENNE (par téléphone) - On redoutait la chaleur pour les vingt-deux joueurs, dans la cuvette de Saint-Étienne. Or, faisait hier un temps de novembre, pluie et froid, la pluie n'ayant cessé qu'au moment du coup d'envoi.

Sur un terrain très lourd, gluant par endroits, les deux équipes firent un véritable match nul, pendant le premier quart d'heure.

Beaucoup d'activités de part et d'autre, mais zéro tir à zéro.

Le premier gardien, un peu à l'ouvrage fut Bernard, qui intercepta à la 16e minute un bon centre de Casolari.

L'O.M. jouait le plus souvent, non pas à quatre, mais à cinq arrières en ligne, Djorkaeff se montrant très prudent, et en face Bosquier avec une aisance extrême, faisait la loi devant Joseph, le plus en pointe des attaquants marseillais.

Donc, suivant la formule consacrée, les deux défenses prenaient nettement le pas sur les attaques, celle de St-Étienne essayant de jouer collectivement mais n'y réussissant qu'à demi, celle de l'O.M. précédant par coups de butoir.

Tout s'anima soudain à la 22e minute. Sur une hésitation des défenseurs marseillais, Jacquet se trouva démarqué, ou pas marqué du tout, ce qui revient au même, face à la cage de l'O.M.

Son tir à bout portant fut repoussé par Escale, mais Mekloufi reprit la balle au rebond ; mais Djorkaeff replié put sauver de la tête un but qui paraissait inévitable.

Après que Joseph eût réussi un tir assez loin, que Bernard put arrêter sans peine, St-Étienne se vit offrir une deuxième chance. Revelli passer en dribble sur la gauche, mais Escale opportunément sorti, put intercepter le tir de l'avant-centre stéphanois.

0 à 0 à la mi-temps

St-Étienne qui essaie de faire le jeu, est régulièrement contré par son adversaire marseillais.

C'est ainsi que par deux fois encore les Stéphanois vont laisser passer deux occasions de conclure ;

- Tout d'abord N'DOUMBE, à la suite d'un dribble superbe centra sur Mekloufi ; ce dernier fut arrêté in extremis par deux défenseurs de l'O.M.

- Ensuite (nous étions à la 44e minute), l'arbitre de touche fatigué de lever son drapeau, laissa se développer une attaque de St-Étienne visiblement hors-jeu au départ ; quoiqu'il ensoit Mekloufi se trouva seul devant Escale et du plat du pied glissa la balle à la droite de la cage.

0 à 0 à la mi-temps.

57e minute :

Revelli marque

Le début de la deuxième mi-temps ne nous apprit rien que nous ne sachions déjà.

Très exactement la répétition de la première.

Mais à la 57e minute, la partie va basculer, au moment ou l'on n'y pensait le moins. Sur coup franc pour St-Étienne, Mekloufi passe le ballon à Revelli, le mur marseillais n'ayant pas réagi, le jeune Gardannais marque irrésistiblement.

St-Étienne : 1 - O.M. : 0.

Ce but va tout changer. L'O.M., obligé d'attaquer, se découvrira de plus en plus, ce qui permet à l'attaque stéphanoise de faire une fin de match éblouissante.

Deuxième but de Revelli

Reprenons le fil de la rencontre, après le premier but de Revelli. Tout d'abord une forte réaction de Joseph, lequel bousculant tout sur son passage, met la défense stéphanoise dans ses petits souliers.

Bernard, menacé par Brotons, doit se reprendre à deux fois pour contrôler le ballon ; ce fut la meilleure occasion de l'O.M. au cours de la partie.

Par la suite, Mekloufi, reprenant de volée un centre de Fefeu tira au-dessus de la transversale. Et Escale dévia en corner, un tir très près et appuyé de Jacquet.

Comme au cours de la première mi-temps, l'attaque stéphanoise paraissait incapable de marquer. Ce n'est cette fois qu'une illusion.

À la 75e minute, Revelli, encore lui, part tout seul, évite Zwunka, dribble Artelesa est bien battre Escale à bout portant : St-Étienne 2 - O.M. 0.

Mekloufi sans réussite

Cette fois c'est bien fini : l'O.M. a beau se ruent à l'attaque dans le désordre, la défense stéphanoise laisse rien passer, et au contraire, il s'en faut de peu qu'un troisième but ne soit ajouté au bénéfice de contre-attaque conduite par Fefeu, N'Doumbe, Mekloufi et Revelli.

Le festival de St-Étienne va passer se terminer par une admirable combinaison : Revelli - Mekloufi : ce dernier, seul une fois encore devant Escale, tira à côté.

Ce n'était pas hier le jour de Rachit, dans le domaine de la conclusion, du moins.

Heureusement pour l'O.M. !

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Les Marseillais ont fait de leur mieux

mais ce n'était pas suffisant...

SAINT ETIENNE - L'O.M. a fait de son mieux, on ne saurait adresser de sérieux reproches à ses joueurs, mais ce mieux n'était pas suffisant pour tenir en échec l'équipe de Saint-Étienne.

Pendant toute la première mi-temps, nous avons voulu croire au miracle, l'attaque de Saint-Étienne piétinait devant le solide défense marseillaise, la chance aussi s'en était mêlée en quelques occasions et nous nous disions :

"Si Saint-Étienne continue à rater ainsi toutes les occasions de marquer qui se présentent à lui, O.M. va profiter de cette situation pour renverser la rencontre en sa faveur."

Un tel résultat eut été peut-être injuste, mais en football il n'y a qu'une injustice : celle reflétée par le tableau d'affichage.

L'importance du premier

but de Revelli

Dès que Revelli eut marqué le premier but, il devint évident que le problème allait se modifier du tout au tout. Ne pouvant plus espérer le match nul par 0 à 0, l'O.M. fut obligé de se découvrir et, à partir de ce moment, la brillante attaque stéphanoise trouva devant elle un terrain beaucoup plus dégarni.

Et c'est miracle, alors que le résultat final restât stabilisé à 2-0.

Car, en toute objectivité, il faut reconnaître qu'aux poussées athlétiques de Joseph et à la ruse de Brotons, le tout sans désordre et sans idée directrice, Saint-Étienne répliqua par des combinaisons de la meilleure veine dont on se demande encore comment elle ne se traduisirent pas par quelques buts supplémentaires.

On s'aperçut alors très clairement que la meilleure équipe du jour, et la meilleure sans doute intrinsèquement, était en train de s'imposer très nettement à sa rivale.

Tout ce que nous pourrions écrire d'autre serait de la littérature.

L'O.M. a été le plus simplement du monde battu par un adversaire d'une classe supérieure.

Il n'y a pas à rougir. Pareille mésaventure arrivera sur le stade Geoffroy Guichard à d'autres équipes.

Vassone, Escale, Artelesa

et Joseph

L'équipe marseillaise n'est pas encore au point. On s'en doutait un peu, Robert Doumergue le premier. La rencontre d'hier balle n'a donc été qu'une confirmation.

Les meilleurs Olympiens furent Escale, qui n'a rien à se reprocher, Tassone, dont la tâche, face au remuant N'Doumbe n'était pas facile, et Artelesa encore que le capitaine de l'équipe de France ait souvent mieux joué.

Destrumelle fit, au milieu du terrain, un travail constant et utile.

En attaque, Joseph, avec les moyens conduits connaît, fut le seul avant marseillais ayant posé de véritables problèmes à la défense stéphanoise.

Brotons eut quelques bonnes périodes, trop rares ; les autres furent invisibles à l'œil nu.

L'A.S. de Saint-Étienne est encore une des meilleures équipes de France avec deux joueurs de classe véritablement internationale : Bosquier et Mekloufi.

Bosquier, hier, par sa technique, son abattage et sa clairvoyance, a fait la conquête de son nouveau public.

Quant à Mekloufi, bien qu'il ait raté trois ou quatre occasions de buts relativement faciles, il fut Mekloufi, c'est tout dire.

Revelli, notre Gardannais, a sauvé l'honneur de la Provence : il nous a paru en gros progrès.

Bernard, Polny, Jacquet et N'Doumbe méritent aussi la citation.

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M. LECLERC :

"Il faut renforcer l'attaque"

SAINT ETIENNE - Aux vestiaires des Marseillais, le calme régné.

M. Leclerc, bronzé comme un Arabe, nous dit :

"Il va nous falloir renforcer sérieusement notre attaque si nous voulons nous cramponner dans ce championnat. Et nous nous en occupons".

- Séraphin l'ailier droit de l'équipe du Portugal est-il décidé à venir jouer à Marseille ?

"Il fait partis des avants que nous envisageons d'acquérir. Et pourtant, vous pouvez annoncer que je ne reviens pas du Portugal, malgré mon teint bronzé, comme on le prétend, mais des glaciers des Alpes".

Entraîneur Robert Doumergue n'est pas déçu. Il reconnaît la supériorité des stéphanois :

"Je ne regrette qu'une chose, dit-il, c'est le premier but, marqué par Revelli, est venu à la suite d'un coup franc immérité contre nous, car dans l'action, c'est Mekloufi qui avait baissé la tête par trop bas, vers le pied de l'adversaire".

- Quelle différence faites-vous entre l'équipe de Valenciennes, que vous entraîniez la saison dernière, et celle de Marseille ?

"C'est le manque de technique des avants marseillais en comparaison de Valenciennes. Mais Saint-Étienne possède, à mon avis, une meilleure équipe que la saison dernière".

Entraîneur stéphanois reconnaissait que son collègue Doumergue était handicapé.

"Avec beaucoup de nouveaux joueurs, il lui faudra du temps pour arriver à donner à son équipe la cohésion que nous avons déjà".

- La technique du hors-jeu pratiquée par les Marseillais semble avoir beaucoup gêné nos savants ?

Robert LEGALERY

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